Pauvreté et écologie : la fausse bonne idée du Pape

L’enfer est pavé de bonnes intentions… fût-ce de pavés verts, roses ou rouges !

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Le Pape François au Vatican (Crédits Catholic Church (England and Wales), licence Creative Commons)

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Pauvreté et écologie : la fausse bonne idée du Pape

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 août 2015
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Par Max Falque.
Un article de l’Institut Turgot

Le Pape François au Vatican (Crédits Catholic Church (England and Wales), licence Creative Commons)
Le Pape François au Vatican (Crédits Catholic Church (England and Wales), licence Creative Commons)

La Ville Sainte serait-elle mal inspirée ? La nouvelle encyclique Laudato si propose un changement de politique afin de faire face à la pauvreté et à la crise écologique. Ce texte que l’on peut soupçonner d’avoir été Inspiré par la « Théologie de la libération » visant indirectement à réconcilier socialisme et christianisme a, à ce titre, suscité l’enthousiasme des media bien-pensants.

Le Pape est pourtant bien placé pour savoir que l’enfer est pavé de bonnes intentions… fussent de pavés verts, roses ou rouges !

Examinons la réalité :

En ce qui concerne la pauvreté, The Economist du 1er juin 2013 publiait un très important article démontrant que, contrairement à l’opinion dominante, à la croissance démographique attendue d’ici 2030 correspondra une augmentation très sensible du niveau de vie des populations les plus pauvres.

Le taux de pauvreté a d’ailleurs commencé à baisser à partir de la fin du siècle dernier en raison de la croissance économique des pays en voie de développement de l’ordre de 6 % par an. Par exemple la Chine, largement responsable de ce phénomène, a réduit son taux d’extrême pauvreté de 84 % en 1980 à 10 % aujourd’hui.

Tout indique que, sous réserve d’une meilleure gouvernance fondée sur l’État de droit (notamment la suppression de la corruption et d’une diminution des inégalités) l’extrême pauvreté de masse pourrait appartenir au passé.

Bien entendu il ne s’agit que d’une prévision et du prolongement d’une courbe qui est le fruit de la généralisation du capitalisme et du libre-échange. Par ailleurs il faut noter que si l’on a réussi à élever le niveau de vie d’un milliard de personnes en passant de 1,25 $ par jour (en dessous duquel on parle d’extrême pauvreté) à quelque 4 $ par jour ; on est encore loin du niveau de pauvreté des pays développés de l’ordre de 15 $ quotidiens.

Les prévisions de sortie de l’extrême pauvreté sont d’ailleurs fort différentes selon les pays : si l’Extrême-Orient, avec l’exemple de la Chine et de l’Inde, sont dans la bonne voie, l’Afrique (notamment subsaharienne) connaîtra pour longtemps un pourcentage élevé de sa population restant dans l’extrême pauvreté, notamment en raison de l’incertitude concernant la sécurisation des droits de propriété.

À ce point on peut s’interroger sur l’efficacité de l’aide aux pays en voie de développement. Elle a pu jouer un rôle positif dans certaines zones mais il est difficile de prétendre qu’elle a quelque rapport avec la diminution de 50 % de l’extrême pauvreté qui, pour l’essentiel, s’est produite en Chine, et qui n’a rien à voir avec l’aide internationale et les objectifs du millenium développement des Nations unies.

Ces bonnes nouvelles de sortie de la pauvreté sont également favorables à la protection de l’environnement.

Si on en croit l’écologie militante catastrophiste, il faudrait plusieurs planètes pour faire face à la pression d’une consommation croissante des ressources.

À ce point nous devons considérer le modèle proposé par la courbe environnementale de Kuznetz. Bien qu’approximative et contestée, cette courbe, fondée sur l’observation de deux siècles de croissance économique, met en évidence que si, dans un premier temps, à l’augmentation de la richesse correspond une dégradation de l’environnement, la courbe s’inverse dès lors qu’apparaît l’abondance.

 

Dans la mesure où l’on escompte une sortie massive de la pauvreté il faut donc s’attendre, toutes choses étant égales par ailleurs, à une pression importante sur les ressources environnementales. Ceci est bien illustré par la Chine qui a probablement atteint le point d’inflexion de la courbe environnementale de Kuznetz et commence à se préoccuper des externalités insoutenables liées à sa croissance.

Il est probable que ce phénomène va concerner tous les pays échappant à l’extrême pauvreté. Il faut donc s’attendre au cours des 20 prochaines années à une croissance économique mondiale susceptible de porter atteinte à la qualité environnementale des pays concernés mais aussi de l’ensemble de la planète.

Une autre voie

pape françois rené le honzecSi l’on accepte ces hypothèses il est temps d’encourager et de mettre en œuvre des politiques susceptibles de concilier croissance et environnement.

Tout d’abord, puisque l’aide aux pays en voie de développement sous sa forme actuelle est largement inefficace et parfois même contreproductive (corruption), il convient soit de la supprimer soit d’en modifier le contenu. À savoir :

  • encourager la responsabilité individuelle par la diffusion des droits propriété privés ou en commun ;
  • renforcer l’État de droit (Rule of law) et le pouvoir des citoyens.

En fin de compte, comme le précisait The Economist, dès 2005 « la main invisible verte : les marchés constituent un atout pour l’environnement pour autant que les écologistes puissent apprendre à les aimer ».

Il convient de rappeler qu’entre 1850 et 2015 le prix des matières premières a été divisé par cinq tandis que la population mondiale a été multiplié par 5 et le revenu par habitant multiplié par 10… et tout indique que cette extraordinaire performance se poursuivra au XXIème siècle. Faut-il aussi préciser que les pays placés en tête dans les classements en matière de liberté économique et de revenu par habitant sont également ceux qui disposent du meilleur état écologique, précisément ceux qui ont recours aux institutions dénoncées par l’Encyclique !

Faits et propositions que l’on aurait aimé voir figurer dans une Encyclique, hélas, largement inspirée par John Schellnhuber, climato-malthusien, membre du fameux « Club de Rome » qui parlait déjà en1970 des « Limites à la croissance » et prévoyait lui aussi la catastrophe à court terme… sauf à changer de politique. Certes le monde n’est pas parfait mais les solutions proposées pourraient bien aggraver la pauvreté et l’environnement !

Pour conclure le pessimisme n’est plus de saison et l’espoir est là pour autant que les institutions permettent la liberté et la responsabilité des hommes. La pauvreté et la destruction des ressources environnementales associées à la rareté, peuvent être résolues en recourant aux institutions élaborées et sélectionnées par les hommes au cours des siècles.

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