Par Jacques Garello.

Que sont donc les « banques universelles » ? On les a appelées longtemps les « banques bazars » et l’Allemagne a toujours été leur territoire d’élection, dès le 19ème siècle. Bazar : on peut tout y trouver, depuis des opérations de dépôts et de crédits à court terme jusqu’à des investissements à long terme, des participations ou de la gestion de fortunes. Actuellement toute une série de changements sont en train de s’opérer, notamment au sein des banques européennes. Le plus spectaculaire est sans doute celui de la Deutsche Bank, qui semble rompre avec sa tradition de banque universelle.
S’interroger sur le sens et les perspectives de ces restructurations bancaires est nécessaire au moment où on débat du rôle que les banques doivent jouer pour relancer la croissance.
Les structures bancaires : embarras du choix
Le contraire de la banque universelle c’est la spécialisation bancaire, dont Henri Germain, fondateur du Crédit Lyonnais à la fin du 19ème siècle, s’était fait le champion. Pendant longtemps le législateur français a obligé les banques (nationalisées de 1945 à 1986) à se classer en « banques d’affaires » ou en « banques de dépôts ».
En réalité le spectre des banques est très étendu. En allant d’un pôle à l’autre, on trouve grosso modo : les banques de dépôts (appelées aujourd’hui banques de détail) dont l’activité consiste à recevoir des dépôts à court ou moyen terme et à accorder des crédits aux entreprises et aux ménages, les banques spécialisées attachées à un secteur de l’économie (crédit foncier, immobilier, maritime, artisanal), les banques d’investissements (qui disposent de fonds propres ou de ressources à long terme pour s’engager dans des crédits à long terme et des participations), les banques gestionnaires de fortunes. De plus en plus, les banques vont au-delà de leur métier traditionnel pour faire de l’assurance, des fonds de pension, etc..
La tendance, depuis quelques décennies, c’est de tout faire à la fois, d’où le nom de banque universelle.
Des restructurations diverses
La crise de 2008 a mis en évidence les défauts de diverses structures bancaires, des réformes ont été proposées, ou imposées par la législation mondiale (Banque des Règlements Internationaux sise à Bâle). Les banques universelles sont-elles plus fiables que les autres ? Leur poids les met à l’abri de faillites soudaines : « too big to fail » on ne peut imaginer que le scénario de Lehman Brothers se reproduise, l’État les secourra. Mais aujourd’hui la banque de détail est d’une rentabilité très faible, les crédits courants rapportent peu (taux d’intérêt en baisse permanente) et les épargnants veulent des placements rémunérateurs. Le contact avec une clientèle élargie exige un personnel peu qualifié mais coûteux. À l’autre extrême, la gestion de fortunes, assurée par des conseillers très compétents pour une clientèle ciblée, est d’un bon rapport. C’est sans doute le calcul qu’a fait la Deutsche Bank en se séparant de l’une de ses filiales, la Postbank, banque postale d’État rachetée en 2010. Pour cette reprise, il y a des candidats comme BNP Paribas ou Santander. Car ces deux banques font la démarche exactement inverse de celle de Deutsche Bank : elles se veulent toujours universelles, comme la Société Générale d’ailleurs.
Transformation ou sélection ?
Le fond du problème est celui des risques bancaires et de leur sélection. L’argument de la spécialisation bancaire est facile à comprendre : on ne peut employer dans des investissements à long terme des ressources à court terme, transformer une épargne volatile en un engagement durable. Donc les investissements doivent se financer avec des fonds propres de la banque et des ressources durables (comptes à terme, assurances vie ou fonds de retraite, etc.). Seuls des crédits de faible importance peuvent être accordés sur de l’épargne à vue. Sans doute (et nous en avons déjà parlé) les crédits font les dépôts (loans make deposits) : comptablement, les crédits s’inscrivent à l’actif du bilan de la banque et des dépôts « réflexes » proviennent des crédits accordés. Mais la voie du risque est ouverte du même coup.
Le risque est accru quand les banquiers ne font plus leur métier, qui exige un travail rigoureux de sélection de la clientèle. La sélection est la base du crédit, qui est associé à la confiance, donc à la connaissance réelle de l’épargnant et de l’emprunteur. La banque est un « intermédiaire financier », mais les banquiers rapprochent des personnes qu’ils ne connaissent pas toujours. La taille de la banque, la noria du personnel, nuisent à des relations personnelles. On délègue à l’ordinateur le soin d’accepter ou de refuser. Voilà quel est la grande menace qui pèse sur les banques
Cette menace est d’autant plus grave en Europe que le financement de l’économie passe davantage par l’intermédiation bancaire que par le marché financier. Aux États-Unis, les investissements se font surtout en bourse avec une multitude d’opérateurs qui n’ont pas à se connaître mutuellement. En Europe, on confie aux banques une mission difficile qui a été assumée pendant deux siècles par des banques certes, mais des banques qui n’étaient pas universelles, elles étaient personnelles.
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“Loans make deposits” jusqu’au moment où il faut rembourser, d’une manière ou d’une autre. Eh oui, la destruction monétaire, pour n’importe quel agent économique, est la contrepartie de la création monétaire préalable. Cependant, l’Obèse qui n’est pas un agent économique, puisqu’il ne produit rien, exige que tout lui soit donné gratuitement, y compris ses dettes. Ainsi, il imagine que ses dettes sont perpétuelles, la cavalerie publique sur les dettes passées concrétisant ce principe. Le tout petit problème avec la conception du monde délirante du Moloch, c’est que rien n’est jamais gratuit et que tôt ou tard, vient inéluctablement le moment de payer le prix de la perpétuité. Les mensonges collectivistes ne durent qu’un temps, jusqu’à ce que la bulle des Obèses impécunieux explose.
Quelle diatribe !