Plongée chez les entrepreneurs de la drogue

Sur le « darkweb » ou « deep web » se développe un marché de la drogue très instructif pour la libéralisation des drogues. Plongée dans ce monde.

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Drogues (Crédits : TaxRebate.org.uk, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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Plongée chez les entrepreneurs de la drogue

Publié le 10 mai 2015
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Par Jacques Robert.

Drogues (Crédits : TaxRebate.org.uk, licence CC-BY 2.0), via Flickr.
Drogues (Crédits : TaxRebate.org.uk, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

 

Il ne semble pas nécessaire d’expliquer en détail au lectorat de Contrepoints les multiples travers inhérents à la prohibition des drogues, d’autres en ont suffisamment parlé ici, ici ou encore ici. Parmi ces travers, un effet négatif important de la prohibition est qu’elle nourrit le crime organisé. L’économie légale et légitime ne pouvant répondre à la demande de drogues des individus, cela crée un vide, et ce vide a pendant longtemps été exclusivement rempli par le crime organisé. Les dealers se battent pour la monopolisation d’une certaine zone, et usent de la violence pour régler leurs conflits. On n’a jamais vu Kronenbourg et Carlsberg s’attaquer à coup d’AK-47 pour gagner des parts du marché de la bière. Ainsi, la prohibition est source d’insécurité.

Un autre effet pervers notable se trouve au niveau des consommateurs de drogues. En effet dans un régime prohibitionniste, ceux-ci ne peuvent connaître exactement le produit qu’ils achètent. Il n’y a pas de marque et encore moins de label indiquant les composants. Un utilisateur non satisfait ne peut porter plainte contre son dealer. À chaque achat, les consommateurs prennent le risque de consommer une drogue très différente de celle qu’ils souhaitent. Les conséquences peuvent être mortelles quand les dosages varient grandement d’une drogue à une autre : un dosage sûr pour une drogue peut être un dosage mortel pour une autre. Les dealers n’ont que peu d’intérêt à fournir un produit de qualité : leurs clients ne pourront pas porter plainte contre eux s’il s’avère que le produit ne correspond pas à la description.

Malgré les multiples effets pervers de la prohibition des drogues qui sont aujourd’hui largement documentés et reconnus au-delà des cercles libéraux, la prohibition continue. En France le débat public est très peu présent sur ce sujet et les politiciens n’osent pas s’afficher en public contre ce régime répressif, même si certains admettent ses failles en privé. Alors que faire ? Faut-il patiemment attendre que l’État admette son erreur et relaxe enfin sa politique des stupéfiants après moult commissions et débats enflammés au parlement ?

En attendant le grand soir de la fin de la prohibition, des solutions alternatives se développent spontanément grâce à ce formidable outil qu’est Internet. Tout d’abord pour les utilisateurs, Internet a permis le développement de communautés où ils échangent des informations riches sur les drogues, leurs effets primaires et secondaires, le dosage adéquat, les manières de réduire la toxicité, les mélanges possibles ou à éviter, la fréquence maximale d’utilisation recommandée, etc. Des sites centralisent ces informations, comme le site Erowid, largement reconnu par la communauté des utilisateurs pour ses informations fiables. Cette encyclopédie des drogues, en permettant de connaître dosages et autres informations d’un très grand nombre de stupéfiants, a probablement sauvé la vie de milliers de personnes à travers le monde. Sa popularité est telle qu’en février le site a remporté un prix de $82,765 avec une compétition de votes organisée par Reddit.

Mais la plus grande innovation de ces dernières années qui permet de rendre la prohibition des drogues non pertinente se trouve être les marchés noirs du darknet. Le darknet, aussi appelé « deep web », est une partie d’Internet souterraine, cachée des moteurs de recherche, et seulement accessible à l’aide du navigateur Tor dont H16 a récemment fait la promotion dans son article sur les outils qui permettent dès aujourd’hui d’éviter la surveillance de l’État. Outre qu’il permet de naviguer sur l’internet classique sans laisser de traces, Tor permet d’accéder à une variété de sites appelés « onions » qui ne peuvent être facilement découverts et attaqués par les services de l’État. Parmi ces « onions » on retrouve des marchés noirs libres dont feu Silk Road est le plus connu. Le site a chuté suite à l’intervention des autorités américaines, mais de nombreux nouveaux marchés ont pris sa suite. Vous pouvez retrouver ici un article sur le procès de Ross Ulbricht, créateur de Silk Road, et ses différents enjeux qui vont au-delà du sujet des drogues.

Ces marchés sont rien de moins qu’une révolution dans l’organisation de la distribution des drogues. Anonymes et utilisant la monnaie électronique bitcoin, ils permettent à offre et demande de drogues de se retrouver et d’échanger librement et pacifiquement en ligne.

Leur première vertu est qu’ils permettent de retirer de la rue les trafics de drogues, les consommateurs pouvant commander en ligne et recevoir chez eux les produits qu’ils souhaitent. Ainsi ils permettent de réduire les combats entre criminels qui se partagent les marchés de la drogue. À défaut de pouvoir se faire la guerre avec des armes à feu, les dealers du darknet n’ont d’autre choix que de se battre en offrant des produits qui plaisent aux consommateurs. Dans quelques rares cas, ces dealers tentent de s’attaquer en se piratant respectivement. L’avantage est ici net pour l’ensemble de la population en termes de baisse de l’insécurité. Plus le trafic de drogues aura lieu en ligne, moins les dealers et organisations criminelles auront l’occasion de s’agresser avec violence sur la place publique, plus la société s’en trouvera pacifiée.

Une autre vertu de ces marchés est qu’ils permettent la naissance d’un ordre spontané de la distribution des drogues qui s’approche de celui qu’on connaîtrait si le marché des drogues était légal. Hayek serait émerveillé devant l’organisation des marchés du darknet, avec leurs nombreux mécanismes auto-régulateurs.

Un des mécanismes central à ces marchés est celui de l’« escrow », ou escompte en français. Un acheteur commande un produit, mais n’envoie pas les bitcoins directement au vendeur. Ces bitcoins sont d’abord mis en attente sur un compte tiers et ils ne seront libérés qu’une fois que l’acheteur déclare avoir reçu le produit. Ce mécanisme permet d’éviter qu’un vendeur peu scrupuleux encaisse l’argent sans envoyer de produit. Il y a évidemment un risque que les acheteurs déclarent ne pas avoir reçu le produit alors qu’il a été envoyé, et dans ce cas le vendeur peut avoir une politique de renvoi systématique. Si une des deux parties n’est pas satisfaite et peine à parvenir à un accord, une tierce partie viendra arbitrer le conflit pour décider à qui doit revenir l’argent placé en escompte. On assiste ainsi à la naissance d’un embryon de système judiciaire qui vise à régler les conflits sans usage de la violence, et ce sans aucune intervention de l’État.

Mais ce type de problème est peu commun grâce au mécanisme essentiel de réputation. En effet, tel Ebay ou Amazon, après chaque achat un acheteur donne une note au vendeur et un commentaire s’il le souhaite. Un dealer de drogue peu scrupuleux ne peut longtemps faire du business sur le darknet puisqu’il obtiendra très rapidement de mauvais avis. Or une bonne réputation est une clé essentielle du succès pour un vendeur du darknet.

Le contrôle de la qualité ne s’arrête pas aux avis des acheteurs. En effet ceux-ci peuvent acheter auprès de différentes organisations des kits de test qui leur permettent de s’assurer que le produit reçu est bien celui commandé. Pour plus de précision, les utilisateurs des marchés peuvent aussi procéder à des tests des produits auprès de laboratoires. Peu nombreux sont les laboratoires qui acceptent de recevoir des drogues illégales en vue d’analyser leur composition, et parmi eux on retrouve le laboratoire Energy Control en Espagne qui est toléré par les autorités espagnoles. Pour 50€ payés en bitcoin, le laboratoire analyse la composition de l’échantillon reçu et envoie le résultat en ligne. Chaque utilisateur peut garder le résultat de cette analyse pour lui, mais on observe régulièrement qu’il le publie afin que chacun puisse avoir une connaissance précise de la qualité des produits de tel ou tel vendeur. Ainsi, bien qu’il n’y ait nulle agence d’État en charge de l’hygiène des produits, ces marchés s’organisent spontanément de sorte à promouvoir les meilleurs produits et exclure ceux de qualité moindre.

Ces marchés du darknet étant ouverts à tous, il n’est pas nécessaire de faire partie d’une organisation criminelle pour vendre. Un grand nombre de vendeurs sont de simples citoyens dont on peinerait à deviner l’activité si on les croisait dans la rue, et nombreux sont ceux qui ont une fibre entrepreneuriale remarquable.

Poussés par le fait qu’ils ont extrêmement intérêt à satisfaire leurs clients, les dealers du darknet se transforment en effet en de véritables entrepreneurs. La qualité des drogues vendues étant un critère essentiel de succès, on peut trouver sur le darknet des drogues d’une pureté rarement égalée par celles disponibles dans la rue. Au-delà de ce critère essentiel, les entrepreneurs du darknet se battent contre la concurrence sur différents critères : le prix, les options de renvoi de produits, les délais de livraison, la discrétion pour le paquet envoyé, la réactivité, etc. Chaque vendeur a une vitrine sur laquelle il peut décrire l’ensemble de sa politique, à côté de laquelle on peut retrouver les avis des précédents acheteurs. Il est d’ailleurs étonnant de retrouver sur ces vitrines l’ensemble du vocabulaire qu’on a l’habitude de lire dans l’économie légale : les entrepreneurs du darknet ne cessent de mettre l’accent sur la satisfaction inégalée de leurs clients.

Au-delà de la concurrence entre les vendeurs, on assiste aussi à une concurrence entre les marchés. Après la chute de Silk Road 1 puis Silk Road 2, le marché Evolution est pendant un temps devenu le plus grand et populaire. Cependant ce succès ne fut pas de très longue durée, puisqu’en mars dernier les administrateurs du marché ont opéré ce qu’on appelle un « exit scam » qui consiste à fermer le site et partir avec l’ensemble des bitcoins déposés par les utilisateurs. On estime à des millions de dollars la cagnotte emportée par ces personnes. Suite à la fin d’Evolution, d’autres marchés sont venus le remplacer dont les administrateurs promettent toujours plus de sécurité pour éviter la possibilité d’un « exit scam », mais aussi une interface attrayante, une rapidité de fonctionnement, etc. Chaque marché a une politique spécifique sur les types de produits ou services acceptés. Si tous les marchés acceptent le commerce de drogues, aucun marché de taille conséquente n’accepte l’échange de fichiers pédopornographiques. Peu de marchés acceptent les armes à feu, généralement disponibles en nombre très réduit.

Tous ces marchés ont cependant le défaut d’avoir une structure centralisée et donc susceptible d’une attaque par des pirates, une fermeture par des autorités ou un départ soudain des administrateurs. On peut donc imaginer que les marchés futurs seront entièrement décentralisés et c’est notamment le projet d’Open Bazaar.

Les bénéfices de cet ordre spontané sont nombreux. Pour les utilisateurs de drogues ils sont évidents puisqu’ils peuvent acheter depuis le confort de leur domicile des produits de grande qualité plutôt que des drogues à la composition douteuse achetées dans la rue. Si ces utilisateurs ont grâce aux marchés du darknet de moindres problèmes de santé, c’est l’ensemble de la société qui bénéficie du travail d’individus productifs. Ce sont des familles qui ne perdent pas tragiquement leur enfant qui a pris une drogue de synthèse très puissante alors que le dealer de rue a clamé lui vendre du LSD. D’après l’État américain, 6 personnes sont mortes de drogues achetées sur Silk Road. Si chaque mort est tragique, ce chiffre de 6 morts est exceptionnellement bas étant donné les quantités massives de drogues vendues sur Silk Road.

En outre, l’ensemble de la société bénéficie d’une réduction de l’insécurité suite au déplacement en ligne d’un commerce qui avait autrefois lieu dans la rue. L’insécurité est aussi réduite grâce au fait qu’une part importante des vendeurs est constituée d’individus entrepreneurs indépendants, comme le permettent les marchés du darknet. Plus ce sera le cas, moins le crime organisé sera financé, limitant sa capacité de nuisance.

Enfin, de manière plus surprenante, la société peut aussi bénéficier de la générosité de certains entrepreneurs du darknet, tel ce dealer qui a versé une partie de ses profits à l’aide humanitaire au Népal. En transférant 5 800$ en bitcoin, l’homme espère pouvoir améliorer l’image des marchés du darknet. La publicité personnelle qu’il obtient par ce geste n’y est sûrement pas pour rien non plus.

En conclusion, on assiste peu à peu à la fin de la prohibition des drogues, avec notamment le mouvement de légalisation du cannabis aux États-Unis. En France, cependant, la prohibition est toujours présente et bien peu de personnes osent publiquement la remettre en cause. Ses effets pervers sont nombreux, mais en attendant que l’État décide enfin de changer sa politique relative aux stupéfiants, les choses sont en train de changer. Internet a permis une circulation jamais vue auparavant d’informations vitales sur les risques et bénéfices de chaque drogue ainsi que leurs dosages respectifs, venant ainsi remédier à l’absence de prévention dont l’État pourrait se charger.

Informer les citoyens sur les risques et bénéfices associés à chaque drogue reviendrait à reconnaître que les gens consomment malgré l’interdit, ce que l’État ne peut se permettre dans un régime de prohibition. Internet a aussi permis depuis quelques années l’émergence de marchés noirs du darknet où l’ordre spontané qui y règne bénéficie non seulement aux utilisateurs de drogues mais à la société toute entière. Il s’agit là d’une expérience grandeur nature qui confirme de manière très pratique les thèses que défendent depuis plus de deux siècles les libéraux sur les vertus du capitalisme libre.

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  • Vous venez de prouver par l’absurde que la prohibition est en fait une bonne chose : l’humain a trouvé une solution tout seul : le dark web , qui se passe de l’état . Alors qu’une légalisation aurait mis les drogues et leurs usagers dans le giron de l’état avec moult taxes et leçons de morale sur le thème « la drogue nuit gravement etc. mais prenez en quand même car ça me rapporte  »
    Donc pour moi je trouve que tout cela est convenable , pour une fois chacun est à sa place.

    • Ce serait amusant s’il n’y avait pas autant de pognon cramé dans la lutte contre les réseaux de trafiquants, en pure perte, et si tant de personnes ne mourraient pas lors de ces trafics.

      • Avec aussi 15-20% des places de prisons occupées innutilement.

      • Allons allons H16 , avec tout le respect que j’ai pour vous, croyez vous que les trafiquants muteraient en honnêtes boutiquiers ? Quand la prohibition d’alcool a été abolie aux US , les trafiquants ont tout simplement muté et essayé d’autres domaines , ils n’ont aucunement disparu . Il en serait de même ici pour les drogues .
        Perso , je crois qu’en l’état actuel de notre pays , la légalisation de cannnabis (pourquoi seulement celle la d’ailleurs ???) est juste un moyen d’obtenir de l’argent et d’asservir encore la jeunesse (comme me disait un toubib , un camé se tient bien plus tranquille qu’un alcolo, c’est tout benef )

        • « les trafiquants muteraient en honnêtes boutiquiers ? »
          Vous voulez dire comme les pharmaciens, les buralistes et les cavistes ? Oh non. C’est trop improbable ! Tout le monde sait que ces trois dernières professions sont des repaires de dangereux tordus.

          « Quand la prohibition d’alcool a été abolie aux US , les trafiquants ont tout simplement muté »
          Ils ont changé d’activité, donc. Ce qui veut dire que ce n’est pas la drogue qui fait le criminel. You made my point.

          • @H16 , je doute fort que nos anciens trafiquants d alcool se soient rangés en tant que pharmaciens , cavistes … etc . un trafiquant quel qu’il soit cherche l’argent en gérant le risque qui est important , c’est un style de vie , je le comprends. Il existe tant de choses à monnayer autres que les drogues , ils changeront de produit (organes ? esclaves ? contrefaçons ? )
            Quand je dis changer d’activité , il s’agit de changer de produit mais pas de mode opératoire , ne faites pas semblant de ne pas comprendre .Au fait, etes vous pour la légalisation de vente d’organes ?

            • « changer d’activité , il s’agit de changer de produit mais pas de mode opératoire « 
              Still my point. Ce n’est pas la drogue et le fait d’en vendre qui pose un problème et crée les trafics, mais la prohibition. Virez la prohibition, vous virez les trafics. C’est pourtant limpide. Et le fait que les méchants restent méchants n’a rien à voir avec la drogue en l’espèce.

              • Ok , mais alors il faut tout permettre , d’ou ma question : êtes vous pour la légalisation de la vente d’organes , d’humains (l’esclavage est toujours en vogue et pas pres de se tarir à ce qu’il parait )

                • L’esclavage est une atteinte au droits naturels d’autrui (ceux de l’esclave), cela n’a donc rien à voir.

                  Personnellement, je suis favorable à la légalisation de la vente d’organes.

                • Oui à la vente d’organes bien sur et là encore si le marché est libre il évincera le marché illégal en faisant baisser les prix à des niveaux ou le risque n’en vaudra plus la peine.
                  Quand au trafic d’être humain il a toujours été combattu ne serai ce que par ceux qu’on entend vendre et leur familles, amis… De plus dans bien des cas ce trafic est ou à été réalisé avec au moins le consentement bienveillant des gouvernants si ça n’a n’est leur participation active donc quand on parle de prohibition cela prête à sourir…

            • Il faudrait voir les chiffres, si tant est qu’il soit possible d’en obtenir des fiables, mais j’aurais tendance à penser que le chiffre d’affaire et les effectifs de la mafia ont eu tendance à diminuer (fortement?) à court et moyen terme à la suite de la fin de la prohibition. Idem pour la criminalité crapuleuse.
              Quelqu’un aurait ce genre d’estimations?

          • @H16 je vous suis sur le fait que ce n’est pas la drogue qui fait le criminel . Mais si vous ne courez pas apres à cause de la drogue, vous courrez toujours apres pour une autre raison (squatt de mamie , saucissonnage de petite vieille etc . )

            • Vous oubliez un détail (à plusieurs milliards) : les sommes inutilement consacrées à la lutte contre le trafic de drogue peuvent être redirigées contre le « squatt de mamie , saucissonnage de petite vieille etc . » Et n’oubliez pas : les gens veulent de la drogue. Ils ne veulent pas être squattés et saucissonnés. Ca fait une différence assez essentielle dans les comportements de millions d’acteurs.

              • +1

                Si les moyens dépensés auparavant pour traquer des comportements qui ne nuisent pas au droit naturel d’autrui sont dépensés pour traquer des comportements qui nuisent au droit naturel d’autrui, c’est tout bon, peu importe dans quel sens on prend le problème.

              • meme remarque que plus haut , votre raisonnement ne vaut que si vous légalisez tout : tous types de drogues et autres denrées prohibées (organe , sang , médocs , etc )

                • Personnellement, oui (les médocs sont en vente légale, mais peut-être confondez-vous vente légale et vente sans aucune réglementation associée). Ce que fait autrui librement avec son corps ne regarde ni moi, ni vous, ni l’État dès lors qu’il n’y a pas atteinte au droit naturel d’autrui.

                • « votre raisonnement ne vaut que si vous légalisez tout »
                  Diversion & Marche en petit mais pas en grand ? Mais c’est un stratagème rhétorique connu (le 11 et le 29 chez ce brave Shopie).

                  • @H16 pas vraiment une diversion mais bon , le raisonnement est attaquable . Soit . Mais bon si nous en restons aux drogues , donc , défendez vous la légalisation de tout type de drogue ? Moi non pas maintenant et ce n’est pas l’urgence . Je reconnais que c’est une forme de prohibition . Je reconnais que l’idéal serait de tout autoriser et que chacun fasse le tri en son âme et conscience . Mais voila , nous sommes dans une société qui interdit tout . Et la , si on autorise les drogues ça donne : bon les jeunes , il est interdit de fumer à peu pres partout, de rouler à une vitesse correcte à peu pres partout, il est interdit de marcher sur les pelouses et même d’aller ds certains parcs quand il gèle (oui oui ) etc etc mais vous avec le droit de boire à donf et de vous shooter à ce qui vous plaît et ta gu**le (c’est magique) et par ici la petite taxounette et au fait , se droguer c’est pas bon pour toi (paf un petit coup de moraline)
                    Je préférerais que l’on donne plus de libertés constructives : création d’entreprise , et faire sauter tous les verrous liberticides qui nous entravent tous et apres , pourquoi pas , les drogues . Sinon ça fait tres pays coco ou tout était prohibé sauf se bourrer la gu**le et b**** comme des lapins .

  • peut on penser que l’état libéralisera la drogue lorsqu’il comprendra que cette manne financière lui passe sous le nez ? aprés tout les caisse sont vides et vu la vitesse avec laquelle l’argent public est dilapidé ……

  • Excellent article. Ou quand la réalité vient prouver la justesse de la théorie. Connaissant un client de ces sites, ils m’avait parlé de leur fonctionnement, qui est bien celui que vous décrivez, notamment sur la qualité des produits vendus et les avantages par rapport au rapport à l’achat « dans la rue » ou par des connaissance. Cependant, leur illégalité provoque parfois une certaine « instabilité ».

  • Internet, et maintenant Tor, sont les bouées de sauvetage en plein esclavage étatique.
    Les applis pour éviter les radars, les applis pour chauffeurs qui contournent les législations des taxis, la monnaie virtuelle pour éviter le système bancaire, les places de marché du dark web pour éviter les lois anti objets qui parfois font mal … Ca s’enchaine et ça s’accélère.

    Vivement les réseaux de police privé pour se défendre des agressions des services étatiques.

  • Enfin un article de quelqu’un qui sait de quoi il parle. Merci !

  • Article édifiant ! rédigé par un économiste qui n’a absolument aucune idée des problèmes et des pathologies d’addiction. Sur le papier, la légalisation des drogues est très tentante et semble ne présenter que des avantages énumérés dans l’article. L’héroïne, les opiacés en général, la coke et ses dérivés, PCP, métamphétamine etc ne sont pas des produits anodins : ils induisent chez l’utilisateur une forte dépendance. Aucun parallèle avec l’alcool ne tient la route sur ce point : on ne tue pas, on ne vole pas, on ne se prostitue pas, pour s’acheter ou se procurer une bouteille d’alcool, pour l’héro et la coke , le crack etc … si !
    Une libéralisation sous contrôle de l’Etat ne résoudrait rien : la toxicomanie est une maladie honteuse, le toxico vit dans le déni, et très souvent dans la marginalité. Ses revenus souvent sont d’origine douteuse !
    Par ailleurs s’il en a les moyens, rien ne l’empêchera de continuer de s’approvisionner dans la rue en plus car avec l’accoutumance, on en veut toujours plus ! A moins que l’Etat ( parce que ce ne peut être que lui ) les prenne totalement en charge, créant une nouvelle catégorie d’assistés, condamnés à plus ou moins brève échéance. Parce que oui, il n’y a pas de toxico en bonne santé, son état physique se détériore inexorablement.

    La vente sur le Darknet est un confort, une facilité pour des consommateurs occasionnels. Mais sur l’ensemble de la population , ils sont peu nombreux, même si les chiffres de Silk Road et autres sont élevés. Mais cette solution, pour tentante qu’elle soit, ne changera rien à la vente dans la rue, les cités et autres. La crainte du fichage ( qui sera nécessaire pour que le système n’explose pas ) rebutera de nombreux consommateurs.
    Et la libéralisation ne résoudra pas le problème de santé publique grave qu’est la toxicomanie.
    J’ai pu hélas en voir les dégâts sur des proches, et c’est autrement plus grave que l’alcool.
    Car si tous ceux qui boivent ne sont ni ne deviennent pas alcooliques, tous ceux qui touchent à la coke au crack , à l’héro etc, deviennent dépendants, puis accros. Ce n’est qu’une question de temps, et au début on ne s’en rend pas compte, jusqu’au moment où …

    La référence à la prohibition aux USA ne tient pas : la majorité de la population masculine consommait de l’alcool à l’époque. Le développement de la contrebande était fatal. La population toxico est estimée à 100 000 personnes en France, peut-on honnêtement parler de prohibition , dans le même sens ?

    La dépénalisation de l’usage, l’effort sur la substitution, la prévention , mais avec des images et des paroles réalistes, sont pour les produits précités la seule option.

    • Sauf que l’interdiction n’a jamais fonctionné pour prévenir les dégâts dues aux drogues…
      Quand on prend l’exemple du Portugal, premier pays à avoir légaliser l’ensemble des drogues, et bien quelques années après, la consommation et les conséquences ont diminuées.

      Pour l’alcool, je ne peux pas être d’accord avec vous. Qui n’a pas son alcoolique dans son entourage. Personnellement, j’en compte plusieurs dans ma famille avec leur lots de femme battue, de conduite en état d’ivresse, …
      D’un point de vue métabolique, l’alcool la drogue la plus dangereuse. C’est la seule dont le sevrage peut tuer à lui seul. Mais voila, cela fait partie de notre culture, donc cela ne pose pas de problème. Personne ne s’émeut plus des syroses, des cancers des voies ORL, des encéphalopathies alcooliques, des déliriums tremens, …
      La prohibition ne fonctionnait pas parce qu’il y avait une forte demande et pas d’offre légale encadrée. C’est la même chose aujourd’hui pour les drogues. La seule chose qu’a amené la prohibition, c’est son lot de gangster, d’alcool frelaté et de dommage sociaux. Pour avoir déjà vu les conséquences d’une intoxication au méthanol, c’est au moins aussi dangereux que n’importe quel drogue.
      La légalisation de l’alcool a permit d’assurer une qualité minimal, de contrôler la vente et plus ou moins la consommation.

      Faut il que tout le monde se drogue ? Évidemment non. Faut il plonger ceux qui le font dans la clandestinité, le crime organisé ? Évidemment non.
      Et d’un point de vue purement pragmatique, notre système actuelle ne fonctionne clairement pas. Il n’a jamais été aussi facile de se procurer tout et n’importe quoi. Il est peut être temps d’essayer autre chose, non ?

    • « L’héroïne, les opiacés en général, la coke et ses dérivés, PCP, métamphétamine etc ne sont pas des produits anodins : ils induisent chez l’utilisateur une forte dépendance »
      Exact, rien à voir avec l’alcool et le cannabis (qui rendent souvent malade, tuent (en tout cas l’alcool), mais épargnent beaucoup aussi).
      Il n’y a pas de « bonne coke » ou de « bonne héro ». En sortir est une véritable épreuve, en sortir sans casse est rare.

    • « on ne tue pas, on ne vole pas, on ne se prostitue pas, pour s’acheter ou se procurer une bouteille d’alcool, pour l’héro et la coke , le crack etc … si ! »

      Rendez l’accès à l’alcool aussi difficile que la drogue et vous verrez si votre affirmation tient toujours.

  • J’étais déjà tombé sur un article sur le darweb et j’étais allé faire un tour par curiosité (et aller, encore des points pour mon fichage…).

    J’étais assez… dubitatif… D’un coté, ca semble permettre effectivement de se mettre en contact avec des revendeurs sans passé par le coté dealer louche. Tout se trouve du gros revendeur étranger qui ne vend pas en dessous du kg au petit producteur qui vend ce qu’il fait pousser.

    Mais on se retrouve également au milieu des revendeurs de CB, des arnaqueurs, des demandes de faux papiers, des instructions sur comment faire une bombe…

    Ce qui est a retenir, c’est qu’en retirant la pression policière, on se retrouve quand même avec quelque chose de plus sains… Mais bon, il parait que l’exemple du Colorado, de la Californie, du Portugal, … ne sont pas concluant….

    • D’accord pour retirer la pression policière sur les consommateurs, donc dépénaliser, mais il n’en demeure pas moins que ces consommateurs se mettent en danger de mort, et de mort rapide ! Le problème avec les drogues , y compris le cannabis , c’est que la dépendance est forte, très forte. L’usage récréatif est une illusion. OK, on connait tous des personnes, bien insérées socialement qui fument des joints le week-end, mais ça reste marginal. Ce qu’on voit plutôt , ce sont des gamins qui fument tout le temps, et qui décrochent complètement de la réalité. Alors oui à la dépénalisation et à l’accentuation de la prévention/prise en charge , substitution etc…
      Mais croire que la légalisation va faire disparaître le trafic c’est raconter un beau conte de fées !

      • Vous connaissez beaucoup de trafic illégal d’alcool ?

        Pour les conséquences, je suis absolument d’accord. L’exposition aux drogues des jeunes est bien trop importantes et personne ne recommandera jamais ça (en dehors de quelques cas d’usage thérapeutique bien particulier).
        Le problème de la dépénalisation, à mon sens, c’est qu’on ne s’attaque qu’au problème de la criminalisation des consommateurs. Ça permet de lever (un peu), l’attrait de l’interdit, mais on conserve du coup une main mise des cartels sur la production et la distribution.
        La légalisation permet de créer des circuits surveillés, tracés, limitant les possibilités de financement obscurs. Elle permet de plus d’avoir bien plus de contrôle sur la distribution, même si imparfait lorsque l’on voit les statistiques de consommation d’alcool des jeunes.

        J’ai tendance à penser que les problèmes de désocialisation ne sont pas un problème liés aux drogues, mais à un environnement. Un jeune qui tombe dans l’héro (pur exemple), aurait très bien pu sombré dans les jeux vidéos, l’alcool, le foot, … La drogue n’est pour moi qu’une expression d’un mal être et c’est donc celui ci qu’il faut essayer de combattre.

        J’aime beaucoup l’exemple du Colorado. Ils ont légalisés complètement le Cannabis. Ce commerce est donc taxé comme tout autre et à rapporter plusieurs millions de dollars cette année qui ont été reversé intégralement dans l’éducation et la prévention. Ils ont même eu un surplus de taxe que les citoyens auraient du retoucher. Mais je crois qu’ils ont finis par voter pour permettre à cet argent de tout de même financer l’éducation.

        Comme je dis dans un autre commentaire, le problème c’est que la prohibition ne marche pas. Elle permet simplement de renforcer le crime organiser et de n’avoir aucun contrôle sur la qualité des produits, grand facteurs de risque pour les consommateurs. Donc on peut soit continuer une politique en échec depuis plusieurs dizaines d’années, soit essayer autre chose.

  • Au nom de la « guerre contre le terrorisme » les états se sont dotés d’instruments d’intrusion et de contrôle de leurs citoyens dont les régimes totalitaires du XXe siècle n’ont pu que rêver.

    Pendant quarante ans, ces mêmes états ont cherché à imposer les mêmes instruments au nom de la « guerre contre la drogue ». Comme ça avait tout de même un petit relent d’interdiction, ça n’était pas tout a fait accepté, peut être grâce à des restes d’esprit soixante huitard.
    Aujourd’hui, avec la peur comme vaseline, toutes ces mesures sont passées avec une sinistre unanimité des politiciens.
    Le prétexte de la prohibition n’étant plus nécéssaire, et les besoins financiers étant grands, la liberalisation de la vente et de la consommation de drogues ne devrait pas tarder.

  • Non mais les réac ont déjà pas digéré le fait qu’on laisse les pédés se marier, alors imaginez ce que ça va donner si on leur annonce que leurs enfants pourront fumer de la marie jeanne légalement.
    C’est déjà pas facile de se maintenir au dessus des 10% dans les sondages, on va pas commencer à foutre le bronx, comprenez.

    • Bah déjà, il ne faut pas leur annoncer comme ça.
      Les libéraux savent faire : Imposer progressivement ses idées en faisant 2-3 concessions qui sauteront bien assez vite.
      L’autre technique est d’adopter le langage de l’opposant et le but qu’il poursuit mais en proposant ses idées pour y arriver.
      Par exemple ici au réac : Je suis d’accord, la drogue c’est mal, il ne faut pas que vos enfants en fument. Mais pourquoi en fument-ils ? Parce que ça fait cool. Et ça fait cool parce que c’est interdit. Il faut donc enlever cet aspect cool et vos enfants n’en fumeront plus. Et ce avec exemples à l’appui. (Portugal…)

      • Ouais là on parle de réac, pas de débiles. Et puis bon, lorsqu’il s’agit de sujets de société, la place n’est pas faite à la réflexion ou la rationalité.

        Mais si vous arrivez à convaincre vos réac comme ça, je vous en félicite, moi je n’en n’aurais pas la patience.

        • PS : notez que je ne traite pas les Portugais de débiles. Même s’ils sont un peu plus poilus que la moyenne, je les considère quand même comme faisant parti du genre humain.

  • Ceci dit, je ne suis pas certain que le darknet soit réellement plus safe quand à la qualité de la drogue. Au final on a pas plus de garantie sur la qualité du produit qu’avec le dealer au coin de la rue.

    Le mieux reste encore d’avoir la main verte.

    • « [Les acheteurs] peuvent acheter auprès de différentes organisations des kits de test qui leur permettent de s’assurer que le produit reçu est bien celui commandé. Pour plus de précision, les utilisateurs des marchés peuvent aussi procéder à des tests des produits auprès de laboratoires […] parmi eux on retrouve le laboratoire Energy Control en Espagne qui est toléré par les autorités espagnoles. »

      Faut lire les articles avant de commenter.

      • Du coup, quelle est la différence avec le dealer du coin? Ils te remboursent si Energy Control dit que c’est pas bon? Energy Control n’accepte de contrôler que la beuh de Silk Road? Non.

        Faut réfléchir avant de répondre des conneries.

        • « Ils te remboursent si Energy Control dit que c’est pas bon? »
          Encore une fois, faut lire l’article avant de commenter :
          « Un des mécanismes central à ces marchés est celui de l’« escrow », ou escompte en français. Un acheteur commande un produit, mais n’envoie pas les bitcoins directement au vendeur. Ces bitcoins sont d’abord mis en attente sur un compte tiers et ils ne seront libérés qu’une fois que l’acheteur déclare avoir reçu le produit. »

          « Energy Control n’accepte de contrôler que la beuh de Silk Road? »
          Energy Control teste n’importe quoi. Des médicaments aux drogues de synthèses. Il aurait fallu aller sur leur site avant de commenter des « conneries ».

          • « Encore une fois, faut lire l’article avant de commenter »

            En quoi est ce contradictoire avec ce que je viens de dire?

            « Energy Control teste n’importe quoi. »

            Je m’en doutais, merci, ma question était sarcastique.

  • Très bel article. Merci 🙂

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Article initialement paru le 25 octobre 2020.

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