<h3Ne pas confondre le deep web, le dark web et le(s) darknet
La liberté d’expression dans le monde n’est pas dans la meilleure des formes qu’il soit, c’est un euphémisme. L’internet originel, cette porte fenêtre ouverte sur le monde n’est plus depuis bien longtemps : explosion du nombre d’usagers (en janvier 2024, il y avait 5,35 milliards d’internautes dans le monde, soit 66,2 % de la population mondiale), usage des médias sociaux (5,04 milliards d’usagers), dérives multiples, nécessité de modération, succession de lois d’encadrement de par le monde. En France, moult lois qui ont de façon récurrente occasionné de nombreuses polémiques liées à ce qui a été considéré par de nombreuses organisations comme attentatoires aux libertés publiques, ciblant souvent l’anonymat, dont entre autre la loi de sécurité globale, les algorithmes « modérateurs » pas toujours transparents, le shadow banning pour invisibiliser des propos, une réalité loin d’être un fantasme. Si la censure sur le net existe, elle est naturellement pratiquée de façons très différentes selon les pays. Le curseur est simplement plus ou moins élevé : il est un monde entre un Intranet iranien coupé de l’Internet, et l’internet français.
Mais revenons à notre sujet :
Le deep web est la section invisible du web, une partie volontairement (la plupart du temps) non indexée par les robots d’indexation, incluant les bases de données et sections privées de sites. Par exemple, une partie non indexée d’une entreprise à destination uniquement des salariés. Il y a, d’un côté le web classique dit « web surfacique » qui représente 10 % du web, et le deep web, à savoir toutes les ressources non indexées, qui représentent pas moins de 90 % des ressources. (quand on ne souhaite pas qu’un contenu apparaisse dans l’index d’un moteur de recherche, on utilise une directive noindex)
Le dark web, proche du deep web dans l’esprit, serait le web non indexé, ne nécessitant pas d’outils spécifiques hors la connaissance de l’adresse URL. Le terme est utilisé pour désigner le dark web, qui, en définitive, n’existe pas réellement, il est généralement considéré comme la partie cybercriminelle du deep web.
Un darknet, ou plutôt les darknets puisqu’il en existe plusieurs, sont des réseaux parallèles. C’est un ensemble de sous-réseaux d’internet, qui nécessitent des outils spécifiques pour y accéder comme hyphanet (freenet avant 2023), I2P ou Tor. Tor demeure le navigateur le plus utilisé pour accéder au réseau (liens) du darknet. Ce dernier est souvent présenté, pour ne pas dire toujours, pour ses aspects les plus sombres. Il n’est pour autant qu’une partie du dark web, souvent associé à des contenus cachés et effectivement majoritairement illicites. Cependant, tous les contenus du dark web, tous les contenus du dark net ne sont pas illicites.
À l’origine, Tor, qui est un navigateur indispensable pour – en suivant mes instructions – accéder au darknet, a été créé par la US Navy pour assurer la confidentialité des échanges. Ceci étant dit, c’est au lecteur de se faire une opinion sur les évolutions d’usages. Notez que ne serait-ce que le terme dark associe le darknet à la malveillance, ce qui est, nous allons le voir, un raccourci simpliste et fallacieux, pourtant largement utilisé lorsqu’il est évoqué. Il est vrai que le sensationnel, la délinquance, la criminalité, la vente de drogue, font toujours plus d’audience. Ainsi, dans les esprits, le darknet a fini par être compris comme un espace dédié aux pires crapules, c’est tout simplement FAUX ! Mais les préjugés, comme le disait notre brave Voltaire, ne sont-ils pas la raison des sots ? Ou la raison de ceux qui ne souhaitent pas que les citoyens en situation critique (censure abusive, maltraitance de dissidents politiques, d’activistes etc. ) s’y réfugient, ou la raison de ceux qui ne souhaitent pas voir leurs consommateurs potentiels se soustraire à leur économie : Gafam, BATX ?
Comprendre le(s) darknet
Le darknet regorge de contenus qui ne peuvent être trouvés à l’aide des moteurs de recherche traditionnels. Vous pourrez trouver des sites anonymisés, des marchés illégaux et bien d’autres choses.
Néanmoins, il serait parfaitement faux de dire que la seule chose qui relie toutes les activités relève de la criminalité. Le darknet – ou plutôt les darknets – sont des pages proposant un certain nombre de liens classés par thématique, c’est aussi l’un des rares endroits où se rencontrent des activistes, des journalistes, des hackers éthiques, et quiconque souhaite, souvent pour des raisons de sécurité voire « vitales », protéger ses données personnelles, ses échanges etc. En matière de contenu, vous y trouverez des forums de discussion, des outils « traditionnels » qui se trouvent sur le web pour créer un site par exemple, des messageries, des bibliothèques numériques, et même et comme énoncé précédemment des activités illégales voire sordides : vente d’armes, tueurs à gage, drogue (cf. le célèbre supermarché de la drogue comme le défunt silk road), pédopornographie (cf. le démantèlement le 3 mai 2021 par la police judiciaire allemande du sordide « Boystown », probablement l’un « des plus grands site de pédopornographie au monde » avec une estimation de plus de 400 000 membres).
Force est de constater que lorsque les médias évoquent le darknet, ils ne lui font pas souvent bonne presse, et pour cause, cf les faits que je viens d’évoquer. Pour autant, expérimenter c’est connaître. Pour que vous vous forgiez votre propre opinion, suivez-moi et allons-y, vous serez pour certains surpris de constater qu’une fois expliqué, n’importe quel usager aussi peu qualifié en informatique qu’il soit peut y avoir accès…
Nous allons donc explorer les mystères du darknet et donner à voir des outils et techniques permettant de « naviguer dans l’ombre de big Brother » et ses vocations louables.
Avertissement
Cependant, avant de plonger dans cet univers clandestin, il est important de connaître les risques et les précautions à prendre. Préparez-vous à découvrir le côté sombre trop souvent mis en avant, mais aussi le côté lumineux dont on parle malheureusement bien peu.
Cependant, si je peux me permettre une recommandation, une fois dans la place, n’allez pas, JAMAIS sur les sites parfaitement délictueux, fût-ce par une curiosité aussi inconsciente que déplacée, et naturellement n’échangez pas, vous vous doutez bien que de nombreux sites sont bien heureusement infiltrés, ce qui permet de faire tomber notamment les sites les plus sordides.
Boîte à outils pour accéder au darknet
Pour parcourir le darknet en tout anonymat, il faut prendre quelques précautions et disposer d’un certain nombre d’outils : un VPN  (liste de VPN gratuits) et TOR qui est très facile à installer (télécharger TOR pour Windows, MacOs, Linux ou Android). Le VPN (réseaux privés virtuel), vous permettra de dissimuler votre identité, à savoir votre adresse IP, dotez-vous en, et ce avant de télécharger TOR (inutile que votre fournisseur d’accès le sache). Tor, kesako ? Pas de panique : Tor est le « moteur de recherche » requis pour aller à la quête du darknet, c’est un logiciel gratuit et à code source ouvert, cela signifie que le code est transparent et peut être modifié, il est « administré par le Projet Tor et une communauté de bénévoles dans le monde entier ». Il se connecte à Internet en utilisant les nœuds de relais pour garder l’anonymat lorsque vous faites des recherches (Ndlr : le principe de fonctionnement de TOR est anonyme, car il fonctionne par paquets d’informations censés empêcher l’identification de l’utilisateur ; une fois TOR lancé, vous pouvez donc changer une nouvelle fois d’adresse IP. Cependant, si vous lancez TOR et que vous n’avez pas de VPN, votre FAI le détectera, avec un VPN, en complément il ne saura pas que vous vous êtes connecté… ni naturellement ce que vous y faites.)
Récapitulons :
- Se doter d’un VPN pour dissimuler votre IP, à votre fournisseur d’accès.
- Télécharger TOR à l’abris ipso facto de la surveillance de votre fournisseur d’accès.
- Installer Tor (un click suffit).
- Lancer TOR (un deuxième click).
Voilà … nous y sommes…
Une fois Tor lancé, derrière votre VPN  : cherchez alors « The hidden wiki », il vous faut accéder à cette page, cette page est la page officiel 2024.
 http://zqktlwiuavvvqqt4ybvgvi7tyo4hjl5xgfuvpdf6otjiycgwqbym2qad.onion
Les risques et précautions à prendre avant de plonger dans le darknet
Pour conclure, il est important de prendre quelques précautions lorsqu’on décide d’explorer le darknet.
Ce monde parallèle est en effet extrêmement dangereux. Il peut vous conduire à être détourné, piraté ou être victime de différents types de crimes. Bref, prudence. Par conséquent, et comme énoncé, l’utilisation d’un VPN pour masquer son adresse IP reste recommandée. De même, cela nécessite un système d’exploitation propre et correctement mis à jour ainsi qu’un antivirus en bonne et due forme. Bien sûr, il faut ne divulguer aucune information personnelle.
Enfin, et au-delà du darknet qui était l’objet de notre article : les outils proposés peuvent servir, dans certains contextes, à assurer la sécurité. Dans un cybermonde de plus en plus surveillé, se doter d’un VPN et de TOR n’est pas un luxe… Naturellement, vous vous doutez que Tor n’est l’ami ni des GAFAM, ni des BATX dans ce capitalisme de surveillance. Hier encore, comme l’aurait dit Desproges « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ». Aujourd’hui, d’aucuns l’auront peut-être constaté « on peut parler de tout, mais… pas avec tout le monde. »
PS : le nec plus ultra pour un anonymat total, avant de se doter des outils que j’ai pu évoquer : Tails, un système d’exploitation portable (Clé Usb) qui protège contre la surveillance et la censure.
« Le côté obscur de la Force, redouter tu dois. » Yoda
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