L’échec de Google Glass ou la déchéance du « cool »

Pourquoi les Google glass sont-elles devenues passées de mode ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’échec de Google Glass ou la déchéance du « cool »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 avril 2015
- A +

Par Charles Bwele.

glassmakesfriends credits Ted Eytan (CC BY-SA 2.0)
glassmakesfriends credits Ted Eytan (CC BY-SA 2.0)

 

La conception d’un produit cool relève plus d’un art que d’une science. Apple l’a démontré à plusieurs reprises dès les débuts du iPhone et a fait des émules chez Google qui a de facto développé et distribué efficacement Android mais n’a pas su insuffler le cool à Google Glass…

Tout le monde a vu ces fameuses lunettes Web sur le nez des mannequins, des créateurs de mode et des geeks influents… pendant que Samsung, Apple et Microsoft matraquaient des publicités de leurs derniers joujoux dans la presse, la télévision, les rues et la page d’accueil de Facebook. Pas à pas, la stratégie marketing de Google Glass privilégiant les relations publiques au détriment de la publicité est devenue élitiste et donc très peu commerciale.

Google Glass a sérieusement pâti de la menace éventuelle qu’il constituait pour la vie privée dans la sphère réelle. L’internaute ou le mobinaute qui fournit déjà quotidiennement son big data personnel au Web social doit également vivre avec l’idée d’être constamment filmé et enregistré par une ou plusieurs micro-caméras au travail, dans les transports, au bar/restaurant, à la maison, etc. Lors de keynotes Apple savamment mises en scène, Steve Jobs et Tim Cooks expliquaient régulièrement pourquoi leurs derniers bébés étaient cool. Sergey Brin & Larry Page n’ont pas fait assez pour séduire et convaincre le public de la sorte, notamment face aux campagnes et aux pétitions anti-Google Glass.

Quelques heures avant la sortie du dernier iPhone ou du dernier Galaxy, les boutiques Apple, Samsung et les distributeurs partenaires sont pris d’assaut par des hordes de joyeux « zombinautes » en quête du Graal. Rien de tel avec Google Glass : la firme de Mountain View n’a jamais publié une date fatidique de sortie. Les Google Stores n’existent pas. Les vendeurs agréés Google non plus. Peu à peu, le public plus ou moins visé (lequel ?) s’est lassé et est passé à autre chose.

Last but not least : Google Glass coûtait 1400 € / 1500 $ (pour les « initiés » qui savaient comment l’acquérir !) soit quasiment deux à trois fois plus cher qu’un iPhone/iPad ou un Samsung Galaxy/Tab. Pourquoi le geek qui attend désespérément une killer app potentiellement disruptive paierait aussi cher un produit inaccessible en constante version bêta ?

Malgré leur charme « techno », ces lunettes Web ne révolutionnaient pas grand-chose (comme le firent l’iPhone dans la téléphonie et l’Ipad dans l’informatique) mais portaient le statu quo sur le nez de l’utilisateur. Toutefois, Google Glass a été une étape marquante dans la conception « d’applications légères » de réalité augmentée (reconnaissance faciale, détection d’émotions, activités sportives, tir assisté de précision, etc.) et réunit maintes caractéristiques qui seront réutilisées ou dérivées dans des concepts plus innovants. 

Sur le web

Voir les commentaires (27)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (27)
  • Cool les Google Glass ? L’esthétique du produit a été une critique récurrente, c’est d’ailleurs pour ça que Google essaye de modifier le design.
    On a pas fini d’entendre parler du produit, surtout vu ses possibles applications.

    • J’en doute. L’argument marketing comme quoi seuls les ploucs n’en ont pas ni n’en voient l’utilité peut marcher, mais s’il échoue, il ne rebondira pas, car il se sera transformé en seuls les snobinards veulent se ridiculiser avec ça.

      • Je répète : On a pas fini d’entendre parler du produit, surtout vu ses possibles applications.
        Dans les domaines de la chirurgie ou de la surveillance on a déjà trouvé de belles applications, dans le tourisme.
        C’est pour cela que Google n’abandonne pas le produit mais le modifie. ça ne deviendra peut-être pas grand public et cool mais ça se développera dans le domaine professionnel.

        • c’est évidement l’avenir même pour le grand public avec la vision améliorée de la route..bien avant la google car automatique. un autre usage , la tv , la liberté de programme dans chaque foyer et adieu les conflits 😉

        • Agree ! ils concotent autrechose d’ailleurs… 🙂 l’etape suivante. A marche acceleree depuis l’avenement des HoloLens de Microsoft…

  • « Google glass un échec », hum, n’est ce pas la communauté planétaire décérébrée que vous nommez joliment « zombinautes », qui n’a de cesse de parler de ce produit ? Google est une machine à clics, avec leur Google glass, tout le monde clique et parle d’eux (votre article…), c’est une publicité d’autant plus gratuite qu’elle passe par leur canal.
    Les Google glass sont comme les prototypes automobiles qui apparaissent dans les salons, pour dire : regarde ce que je sait/peut faire, ces produits assurent une publicité gratuite à la marque.

    Croyez vous que Google n’était pas au courant qu’ils n’avaient aucun point de diffusion ?

  • Il ne sont pas passé loin de la réussite, il leur a juste manqué une bonne technologie, une bonne ergonomie, de bonnes applications, un bon design, un bon prix, un bon concept et un bon marketing. A part ça c’était parfait : une bonne innovation de rupture qui leur a pété dans la gueule.

  • je ne sais pas pour vous mais pour moi , porteur de lunettes de vue , si en plus je porte sur le nez mon gps mon téléphone ma télé ma collection de series d’ebook et de films et mon pc et ma carte bleue …c’est génial et 1500 euros n’est pas cher

  • Les retours en internes des propres employés de Google sur le produit ont beaucoup refroidis les intentions de l’entreprise concernant le grand public: Moches, gênantes (vous perdez de votre attention visuelle à l’inverse d’un véritable affichage tête haute+ les gens vous regardent comme un crétin) et particulièrement inutiles.
    Des applications plus spécifiques sont probables, mais il faudra peut-être attendre le développement d’autres solutions/programmes autour du concept qui sait on jamais relanceront l’intérêt pour les quidams de la rue.

    • « les gens vous regardent comme un crétin »
      En fait, ils paieraient presque pour que vous les portiez 🙂

    • Aucune importance de passer pour 1 crétin ! ce qui compte c’ est que mes lunettes que j’ ai bidouillées sont bien plus pratiques à porter et surtout je les égare plus c’ est infernal de courir après

  • Ce qui est compliqué, c’est qu’il faut à la fois inventer « l’innovation de rupture » et le business model qui va permettre de la financer. Et même pour Google ce n’est pas facile : il se sont manifestement planté sur les 2 tableaux :
    – pas assez ergonomique et premières applications décevantes
    – réticences sur le principe de collecte et valorisation des données – en particulier quand d’autres collectent VOS données.

    Peut-être l’avenir appartient-il à d’autres sociétés qui sauront trouver d’autres business model.

  • Google glass = 1984 sous stéroïdes.

    Dans les endroits que je fréquente, il n’ y a pas de CCTV. Et si quelqu’ un y entre avec des google glasses, je les lui fais enlever, de gré ou de force. Et si c’ est par l’ option force, je les écrase.

    Leur propriétaire pourra toujours essayer de me retrouver sur internet 😀

    • et tu crèves les yeux de ceux qui te regardent de travers ou pas…

    • Vous savez que votre portable permet déjà d’avoir les mêmes infos?

      • Non, je ne suis pas d’ accord. Pour avoir votre localisation avec téléphone portable, il faut faire appel à des services étatiques (ou assimilés).

        Alors qu’ un simple snapshot de google-glasses, et c’ est tout le réseau facebook/instagram/whatever du porteur qui vous voit instantanément.

        Avouez que ça n’ est pas tout-à-fait la même « audience ».

        @ reactitude : pour vous répondre : non. Je ne considère pas les regards de travers comme une agression, et je crève les yeux des gens s’ il y a agression létale. Même si effectivement, je pense utiliser ma lame en priorité dans les yeux de l’ adversaire, cela n’ est jamais arrivé, heureusement.

    • Cet engouement déraisonné pour les produits google est en effet assez ridicule. Des alternatives plus respectueuses de la liberté de chacun existent : DuckDuckGo, Firefox, TorBrowser, etc. sans toutefois rejeter par principe les produits de google. Mais pourquoi devrions nous utiliser exclusivement leurs produits pour le navigateur, le moteur de recherche, les courriels, etc. ?

      À noter que c’est le même problème avec Microsoft et Apple.

      • Duckduckgo, tor browser sont geniaux,pour trouver ce qui est introuvable ailleurs. Mais en terme d’efficacité au quotidien, retaper des url en .onion, désolé mais non. C’est réellement des usages différents et par conséquent incomparable à google search.

        • J’utilise DuckDuckGo au quotidien. Tor ne permet pas seulement d’accéder aux .onion, mais aussi (et surtout) de naviguer avec une IP anonyme.

          On peut aussi rendre son Firefox moins traçable, mais c’est un peu moins efficace : il faut pour cela installer les extensions du type NoScript, AdBlock (indispensable quoiqu’il arrive), SSLeuth…

          • À noter que DuckDuckGo est particulièrement pratique grâce à son système de raccourci : !~ pour effectuer la recherche sur un domaine particulier (par exemple : !g pour google encrypted, !gallica, !cnrtl etc.)

  • le modele a la mode c’est Pivothead Durango Chameleon.Je parie que google a retarde son produit pour sortir une solution vraiment innovante et pratique.

  • J’en portais en me déplaçant sur mon Segway. Je suis rentré dans le mur. Heureusement, mon IPhone n’a rien.

  • Il reste à inventer un vrais affichage tête haute réellement efficace, discret et utile. La technologie n’est pas prête, il faut une sacré puissance de calcul pour avoir un affichage fluide et pertinent mais ça va venir tôt ou tard.

    • « il faut une sacré puissance de calcul pour avoir un affichage fluide et pertinent »

      pourquoi ?

      • Pour de la réalité augmentée avec par exemple, un étiquetage des objets alentours suivant demande.* Il faut un décodage de l’image en temps réel et une IA de la mort. Et une fois décodé, il faut un suivi parfait de l’étiquetage sinon bonjour le mal de tête.

        Pas demain donc.

        *Par exemple en forêt le nom des plantes au milieu du champ de vision & informations, même chose pour la géologie, les nuages, pour les monuments, le nom des rues. Les applications de ce décodage du monde à but utilitaire ou pour les curieux, les amateurs ou les scientifiques sont innombrables.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans sa fameuse interview de 1995 que j’ai citée dans d’autres articles (c’est une mine d’or), Steeve Jobs revient longuement sur cet épisode de la création du Macintosh.

 

Le contexte

Après l’incroyable réussite de ses débuts, Apple vit sur sa rente et, au début des années 1980, est devenue une grosse entreprise bureaucratique qui a du mal à se renouveler. Classique.

Steve Jobs, pourtant cofondateur de l’entreprise, a été peu à peu marginalisé. Il réussit à monter une équipe pour se lancer dans un projet fou : créer... Poursuivre la lecture

Selon le Wall Street Journal du 6 septembre, après la Russie, la Chine a décidé d’interdire les iPhone et autres smartphones de marques étrangères à l’ensemble de ses fonctionnaires, lorsqu'ils sont au travail.

Autant dire que pour Apple, la nouvelle n’est pas à ranger dans le dossier des bonnes nouvelles. Cette décision a fait l’effet d’une bombe à fragmentation dans la mesure où elle ne cible pas Apple spécifiquement, mais elle est un moyen pour mettre à mal la stratégie de l’administration américaine dans sa volonté d’hégémonie tech... Poursuivre la lecture

Les entreprises en déclin ont tendance à créer un double imaginaire dans lequel elles s’enferment. Ce double, c’est elles-mêmes mais en version idéalisée. C’est un masque qu’elles créent pour se cacher et s’affranchir d’une réalité qu’elles refusent, laissant le monde se construire sans elles, voire contre elles. La dissolution de ce double, c’est-à-dire l’acceptation de la réalité aussi déplaisante qu’elle soit, est un préalable à tout redressement. Une bonne illustration en est fournie par le redressement d’Apple en 1997.

En août 199... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles