Ils sont autour de nous et souvent nous indiquent ce à quoi nous avons à faire : les logos, petits pictogrammes simples, permettent d’identifier visuellement une entreprise, une institution, un produit, un service ou, dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, une méthode de fabrication. Car c’est au « fait maison » que je vous propose de vous intéresser le temps d’un billet…
C’était mi-juillet dernier : dans la moiteur relative d’un été banal, le décret du 11 juillet 2014 relatif à la mention « fait maison » est entré en vigueur dans les restaurants français, afin, selon le gouvernement, de « mieux informer le consommateur sur les plats qui lui sont servis et de valoriser le métier de cuisinier », apparemment pas assez valorisé en France, pays où la cuisine et la gastronomie ont toujours été traités à la légère.
Il était temps : en France et depuis des temps immémoriaux, certains petits filous utilisaient la mention « Fait maison » alors qu’en fait, c’était même pas vrai d’abord, ce qui a poussé le gouvernement à agir avec la fermeté et la rapidité qui l’ont toujours caractérisé.
Jusqu’à présent en effet, certains restaurateurs n’hésitaient pas à faire passer pour un plat « fait maison » de simples recompositions réchauffées de plats préparés et refroidis loin de leur gargote. Le consommateur, trahi, ne revenait pas s’il l’apprenait et en profitait pour faire une publicité détestable à l’établissement cachottier … ou s’en foutait complètement s’il trouvait son repas à la hauteur de ce qu’il avait payé. Depuis que le monde est monde (ou, à tout le moins, que la chaîne du froid permet certains miracles), les clients ne s’en sortaient donc pas trop mal pour valoriser correctement le petit routier aux odeurs graisseuses et l’auberge discrète connue d’habitués au teint rose. Vous le comprenez : la situation était intenable, le gouvernement devait agir !
Pouf, le logo « Fait Maison » était né.
Enfin, « pouf », façon de parler puisque, d’une part, tout ceci aura tout de même pris quelques semaines d’âpres discussions entre les différentes parties prenantes de ce magnifique projet, et que, d’autre part, le logo n’a pas été réalisé gratuitement non plus. Et en fait de discussions, on se souvient de véritables empoignades entre les tenants de cette nouvelle irruption du légal, de l’État et de la règlementation dans la cuisine française, et ceux qui n’ont eu de cesse de pointer les lacunes et les dérives que la loi accompagnant le logo introduisait avec la délicatesse d’un éléphant sous amphétamines dans une fabrique de porcelaine.
Il faut dire que, dès le départ, de solides objections avaient été formulées, à commencer par le fait, gênant, que la notion de « produit brut » ne s’applique pas qu’au frais, mais recouvre aussi les aliments épluchés, découpés, hachés, nettoyés, désossés, moulus, broyés, salés, réfrigérés, congelés ou conditionnés sous vide. Youpi, à cet aune, le « fait maison » s’applique alors aussi sur un plat préparé à partir de produits surgelés : le « chef » qui colle une viande sortie de son sachet avec des rondelles de carottes tombées d’un autre sachet dans un micro-ondes et réchauffe le tout peut fièrement exhiber un « fait maison » tout à fait crédible.
Plus rigolo encore, dans une liste à la Prévert qui laisse penser que des groupes de frétillants énarques et d’inventifs députés en roue libre ont consciencieusement œuvré à la rédaction de la loi, on apprend que le « fait maison » n’impose pas de faire sa propre pâte feuilletée, qu’on peut acheter la charcuterie, sauf pour les terrines et les pâtés, qu’on peut se procurer ailleurs les sauces à condition de le préciser au consommateur, ou les biscuits secs, les fruits secs et confits, la choucroute crue, etc… Eh oui : dans l’excitation du moment, le législateur a voulu joyeusement tenir compte des traiteurs, des commerces non sédentaires (foires & marchés), et d’une myriade d’autres cas qui ont tous, gentiment, contribué à rendre le résultat complètement illisible, et surtout, incompréhensible pour le consommateur final.
Ce dernier, en effet, lorsqu’il voit le fameux logo, ne sait plus exactement à quoi s’en tenir puisqu’en définitive, il ne sait plus si tout est effectivement fait maison ou si ce qui se trouve dans son assiette est, essentiellement, un assemblage réchauffé de morceaux déjà cuisinés. Neuf mois plus tard, le constat est sans appel : le logo n’est apposé que rarement, et personne ne le connaît ni ne le reconnaît.
Pouf, le logo « Fait Maison » est un échec.
Il faut dire qu’en plus de l’ambiguïté pour le consommateur, les gérants d’établissements ont hésité à utiliser ce logo car – nous sommes en France, ne l’oublions pas ! – ils encouraient ensuite le risque de voir débarquer des membres de la délicieuse Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRFCPEF), venus vérifier que le dit logo n’était pas apposé à la légère… Ce qui ne manque pas de sel lorsqu’on voit les conditions d’application que d’aucuns pourraient taxer de farfelues.
Bref, en un mot comme en cent, le logo est un échec, même si la député girondine à l’origine de l’initiative, Pascale Got, se refuse à employer ce terme (« puisque le label ne disparaît pas »). Quand bien même : encore une fois, l’État a cherché à légiférer ce qui devait plus que probablement (au vu du résultat) être laissé à la société civile. C’est un échec parce que la définition du « fait maison » se doit, une fois décrétée, de couvrir la multitude de cas que la réalité comporte et qui (méchante réalité !) ne se plie pas aux injonctions légales. C’est un échec parce qu’en plus, d’une profession à l’autre, cette définition change, l’intérêt de l’utiliser varie, et les bénéfices retirés auprès du consommateur n’est pas toujours le même. C’est peut-être aussi un échec parce que l’initiative tient beaucoup plus d’un lobbyisme d’une certaine catégorie d’acteurs que d’une démarche générale de l’ensemble des personnes concernées. C’est enfin un échec parce qu’en ayant ainsi recherché un compromis qui ne froisse personne dans la transparence nécessaire à l’autorisation d’arborer le logo, on obtient quelque chose qui permet un peu tout et n’importe quoi et n’est plus du tout transparent…
Heureusement, l’entourage de la secrétaire d’État en charge du Commerce et de l’Artisanat, Carole Delga, concocte une nouvelle version « plus lisible, plus simple, plus pragmatique ». Tous aux abris ! Nous voilà rassurés !
Encore plus de lisibilité, encore plus de pragmatisme, encore plus de simplicité, à l’évidence, la prochaine mouture du logo gouvernemental va cogner du chaton mignon !
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Sur le web
Forcément quand je rentre dans un restaurant avec un menu à 15 euros avec une carte avec 15 plats principaux je me doute que je ne vais pas trouver la même qualité que dans un restaurant où le menu est 50 euros avec 3 plats au menu.
Il y a que moi pour raisonner ainsi ?
ça me fait penser à toutes les tracasseries administratives quand ce n’est pas l’interdiction pur et simple que subissent les food truck alors que c’est juste quelque chose de formidable et de entrepreneuriat accessible facilement.
Mais non on préfère laisser mourrir les petits indépendants et favoriser les grandes surfaces et les chaines de restaurants…
On aura ce qu’on mérite..
http://www.contrepoints.org/2013/11/04/144982-pourquoi-je-me-suis-lancee-dans-laventure-du-food-truck
oui , il n’y a que toi , le prix de vente n’a pas d’influence sur la qualité du produit , le cout le plus important est le service , le décor , l’emplacement , pas le contenu de l’assiette..ce qui fait que le camion pizza fait de bonnes pizzas pour pas cher alors qu’en pizzaria….
@reactidude reposez vos pieds sur la réalité libérale ! Si justement vous dite que le service et l’emplacement sont les plus grosses charges alors si le prix est faible ça signifie que le prix des produits à été sacrifié ou que du service n’est pas fournit (eg c’est congelé ou lieu d’être préparé).
Excusez moi mais vous me faite penser à un socialiste dans son nuage et en plus vous déformez mon raisonnement. Mais je ne vous empêcherai pas d’aller dans un restaurant qui propose 30 menus à 15 euros à la carte si vous êtes convaincu que c’est un indice de qualité.
au lieu de parler de restaurant parlons boulangerie : un bon pain dépend essentiellement de la qualité du boulanger , libre a lui de vendre cher ou pas en fonction du cout de sa boulangerie et de sa clientèle..le prix de la farine compte pour du beurre..un restaurant sans bon cuisinier fera de la merde comme dirait Coffe et ça a n’importe quel prix alors autant qu’il utilise de l’industriel , il aura plus de clients contents .
Un bon cuisinier cuisine mieux qu’un mauvais cuisinier.
Un bon produit est meilleur qu’un mauvais produit.
Si vous avez d’autres portes ouvertes à ouvrir n’hésitez pas..
Et pour les gens comme vous j’en finirai presque à être convaincue qu’il faut un logo.
au contraire , des gens comme moi fuient les logos comme ‘BIO’ , les marques , en général j’évite le marché et au super je choisi le premier prix , les gens comme moi ne sont pas du tout de bons clients pour les publicitaires ni pour le commerce en général , par contre le sourire de la crémière me fera acheter n’importe quoi…si j’en ai réellement besoin et comme investissement pour mes prochains achats…raisonnés .
; )
AMHA, les gens comme vous, et c’est pour leur bien, feraient bien de faire un peu plus attention à ce qu’il s’enfilent dans le gosier, au lieu de mener, par leurs achats, une croisière anti-consumérisme.
Quand je lis : « j’évite le marché et au super je choisi le premier prix », j’en soulève le sourcil gauche.
exactement ma pensée…
Il mange de la merde si elle lui fait un sourire et vient nous dire qu’il veut pas de la merde de supermarché.
pardon, c’était trop drôle.
Je ne me suis pas relu, je voulais parler de croisade, bien évidemment, pas de croisière, lol.
Dans le propos d’Adèle, il y a deux critères, le prix d’une part, le nombre de plats proposé à la carte.
Pour ce qui concerne le prix, vous avez raison. Tout les deux apparemment, car Adèle parle des Food-Trucks et vous, vous parlez des camion pizza, ce qui au demeurant est la même chose.
Pour ce qui concerne l’offre, elle a raison, vous ne pouvez pas trouver de la qualité dans un restaurant qui propose 10 entrées, 10 plats, 10 desserts au choix, ce n’est matériellement pas possible.
faut le dire et le rappeler , on mange mieux au restaurant qu’a la maison …..mais il est préférable d’engloutir un produit industriel aseptisé et contrôlé a un plat préparé dans une cuisine a la rentabilité très aléatoire..hors plat du jour , point de salut et gastro assurée.
ils sont vraiment timbrés nos créateurs de label !
On ne plaisante pas avec la nourriture !
J’ai remarqué, cependant, une baisse globale du rapport/qualité prix en France.
En réalité cela se comprend très bien:
Quand vous devez payer des charges (salaires et autres petites taxounettes, vous mettez moins dans la qualité !)
Donc à la fin, bah, on se tape du congelé. Berk !
Par contre je me demande:
Quand vont ils pondre une loi iso-truc pour les finances du pays ?
Par exemple, la cours des comptes dit:
Il faut faire des coupures franches et nettes des dépenses, et là, pouf, un contrôle citoyen et vivre ensemble tombe sur le dos de l’Etat….en coeur de Charlie !
A charge de la société dite civile de créer des organismes pour contrôler l’Etat, et de l’obliger à respecter nos droits. (Et les siens en seront renforcés)
Voilà ! C’est dit.
N’oublions pas:
L’État nous contrôle, mais qui contrôle l’État ?
DICTATURE !!!!
« A charge de la société dite civile de créer des organismes pour contrôler l’Etat »
Ça existe déjà. Ça s’appelle l’IFRAP (http://www.ifrap.org/) et leur revue s’appelle justement « Société Civile ».
Oui, je connais.
Hélas, leur pouvoir est assez faible, face au léviathan.
Je veux dire, un pouvoir « réel » qui serait donné pour éviter ce genre de dictature que nous avons aujourd’hui !
Ce n’est pas le logo l’échec mais bien tout le label.
Ce sera le même résultat avec l’idée lumineuse de la ministre de la santé, consistant à mettre des pastilles de couleur (décidément, c’est une manie chez les socialistes) sur les aliments. Ils n’ont qe ça à faire apparemment, la signalétique….
Vous voulez avoir une idée où peut mener la logique socialiste qui commence avec un logo anodin ou du manger 5 fruit et légumes ?
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024614763
Car tout ou tard au prétexte de, par exemple, la « malboufe » « une exigence de santé publique » ils imposeront ça aux restaurateurs …. ILS N’ONT AUCUNE LIMITE car ils sont convaincus qu’ils agissent pour le BIEN et n’ont qu’un mot à la bouche « Puissance publique ».
Un bon resto ?….
pas plus de 3 entrées, 3 plats et 3 desserts…
les cartes à l’infini sont un grand risque d’assemblage avec cuissons sous vide et produits congelés…
Toutefois devant les improvisateurs de la restauration…
La matière première représente moins de 40% du prix de l’assiette.
L’Etat une fois de plus se même de ce qui ne le regarde pas à défaut de traiter les VRAIS PROBLEMES.
Compte tenu du fait que les problèmes actuels ont été créés par des actions antérieures, à propos de sujets qui ne le regardaient déjà pas à l’époque, il est illusoire d’espérer que l’Obèse puisse jamais corriger ces problèmes dont il est entièrement responsable. Obtenir qu’il cesse ses activités néfastes serait ainsi un premier pas notoirement insuffisant. Tôt ou tard, il conviendra également d’attaquer à la dynamite les diverses couches réglementaires, jusqu’à rejoindre les strates les plus anciennes. Le temps est venu de mettre l’Obèse à nu.
Tiens ! Dernier exemple en date du mensonge étatique décomplexé, Culbuto vient de déclarer en direct à la TV que si les investisseurs étaient prêts à payer pour investir dans les bons publics français, c’était soi-disant la preuve que ces titres étaient les plus sûrs au monde ! Si, si, il a osé !
Désormais, le travestissement de la réalité outrepasse toutes les bornes pour la caste terroriste.
Et Marc Veyrat, forcé par l’administration de suivre un stage pour ouvrir sa « ferme auberge » – celle qui vient malheureusement de brûler en partie -… après 30 ans de métier dont plusieurs à la tête d’un 3 étoiles, c’est assez croustillant aussi.
Sans oublier tout ce que ca a du coûter au contribuable en termes de réunions d’expert s, d’élaboration du logo et autres joyeusetés qui ont permi à quelques copains de s’en mettre plein les poches avec notre argent gratuit.
oui mais ce qui est curieux c’est qu’il y a une cheminée et non un panneau solaire sur le toit (voir logo). Vu que les feux de cheminée à Paris sont responsables du réchauffement climatique et de million de morts c’est tout juste scandaleux.
Si si, la cheminée c’est très bien pour ceux qui croient au Père Noël.
Il faut mettre une amende sévère a tous ceux qui mange du pain ou de la pizza cuits au feu de bois
Heureusement, l’entourage de la secrétaire d’État en charge du Commerce et de l’Artisanat, Carole Delga, concocte une nouvelle version « plus lisible, plus simple, plus pragmatique ».
Moi aussi, je suis rassuré 🙂 Je sens que l’on va encore se tordre de rire. Cela démontre que 50 députés suffiraient largement. Ils doivent s’ennuyer, alors, ils bouchent les trous.
Pour la nouvelle version du logo, au secrétariat du Commerce et de l’Artisanat, on pense agrémenter le présent d’une rose symbolisée, dans le toit ou la casserole, c’est pas encore défini.
Quand est ce que l’Etat arrêtera de se mêler de tout avec ses labels, estampillage, écoles spécialisées (Jeux videos etc …)
Cela devrait relever de l’initiativé purement privée, pourquoi ?
Si il y a un réel besoin d’un label « Fait maison », alors un organisme de lui même se créera soit sous l’initiative d’un entrepreneur, soit d’un groupe de restaurateur mécontent de voir leurs concurrents mentir à leurs clients, soit d’une association de consommateur etc … C’est alors que ce label, si il est bien conçu, géré et selectif selon des critères impartiaux deviendra une référence pour lequel les restaurateurs postuleront et paieront ensuite une cotisation.
Que l’Etat et ses sbires arrêtent avec leurs labels à la c** qui font pschitt à chaque fois.
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