Cours du baril : qui dit mieux ? Quel est le prix d’équilibre ?

Un baril à 30 $ – 40 $ ? Pourquoi pas 10 $ si l’on veut se référer au passé ?

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Cours du baril : qui dit mieux ? Quel est le prix d’équilibre ?

Publié le 5 décembre 2014
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Après la décision de l’OPEP de ne rien faire face à la baisse des prix du brut, le monde s’interroge… À quel prix les cours du brut vont-ils s’ajuster ? Une redite de 2008-2009 ? Certains annoncent même 30 $/baril ! D’autres en 2007 -2008, prévoyaient bien 200-300$ ! Qui dit mieux ?

Par Aymeric de Villaret.

pétrole credits Mark Rain (licence creative commons)

Vendredi 27 novembre, le PDG de Canadian Natural Resources, compagnie pétrolière canadienne, Murray Edwards, a déclaré qu’il voyait la possibilité d’une division rapide des cours du baril par deux. Et bien sûr, cela impactera en premier lieu, l’industrie pétrolière canadienne dont les points morts sont élevés dans les sables bitumineux de l’Alberta.

À juste titre, Murray Edwards a rappelé qu’en 2008, le baril de pétrole a chuté à un peu plus de 30 $… Cependant, il a relativisé cette chute en précisant que les conséquences seraient désastreuses avec notamment le report de nombreux projets… permettant au baril d’ensuite se stabiliser à 70-75 $ le baril.

Mais posons-nous la question : quand Murray Edwards parle de 30 $ en se référant à 2008, pourquoi ne pas parler de 10 $ en se référant à 1998 ?

D’autres prévisions 60 – 70 – 80 ?

equilibre baril rené le honzecLes prévisions, ce n’est pas ce qui manque, chacun s’évertuant à peser :

1) Le court terme, tel que vient de le faire dans ses déclarations Murray Edwards, avec le surplus actuel d’offre, la volonté de l’Arabie de « laisser les marchés » décider… Et quand les marchés décident, qui sait où cela s’arrête. Comme nous l’avons déjà écrit, bien malin celui qui savait en juillet 2008 que le baril serait moins de 6 mois plus tard à 30 $, et qui pouvait prédire fin 1997 que le baril tomberait à moins de 10 $ !

2) Le moyen terme et les fameux points morts. Nombreuse est la littérature ces derniers jours sur le point mort de l’huile de schiste américaine :

Les avis sont partagés car il y a différents bassins. Nous retiendrons cependant le message de l’économiste en chef de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), le Docteur Fatih Birol, qui lundi 1er décembre, lors d’une présentation du « World Energy Outlook 2014 » à Paris répondant à une question sur l’huile de schiste américaine déclarait « que les coûts étaient en moyenne de 75 $/baril. En conséquence, comme la chute de production d’un puits y est extrêmement rapide, il faut investir très souvent et aux prix actuels (hors ce que nous pensons de ce qui est des productions couvertes (hedgés)), la chute de production américaine du pétrole non conventionnel risque d’être rapide.

Rappel du passé… garder la tête froide

Face à toute cette littérature, et surtout aux prévisions des Cassandre, rappelons comment les observateurs (et même les industriels – Gazprom en l’occurrence-) peuvent s’emballer.
Et c’est vrai que maintenant que l’on a vu comment le baril a pu s’effondrer à partir de septembre 2008, après la faillite de Lehman Brothers, on réalise combien les spécialistes peuvent se trouver (même en tant qu’acteur majeur dans le monde des hydrocarbures) pris par la folie des marchés :

villaret1Conclusion

Aujourd’hui, nous ne savons pas ce que sera le baril dans 3 mois, 6 mois. L’expérience du passé prêche pour la modestie. En revanche, ce qui est sûr, c’est que tout excès se paie un jour ou l’autre : le choc de 2008-2009 est là pour le rappeler.

Certains parlent d’une nouvelle ère de pétrole. Ne faut-il pas raison garder et se souvenir que l’huile de schiste américaine est du pétrole non conventionnel, nécessitant des investissements constants et élevés, vu la vitesse de déclin de chaque champ. Après l’ère de l’huile de schiste –pic vers 2019-2020 ?-, les fondamentaux vont reprendre le dessus avec le besoin du pétrole du Proche-Orient :

villaret2Or 2020 se prépare aujourd’hui ! Les investissements d’aujourd’hui sont la croissance de demain ! C’est en 2015, qu’il faut décider d’investir pour 2020… et qui, comme le rappelait le Docteur Fatih Birol lundi 1er décembre, a envie d’investir aujourd’hui en Irak et en Libye ?

Oui, la période 2010-mi-2014 était une période où les groupes investissaient, où le renouvelable commençait à devenir de plus en plus compétitif, où les consommateurs trouvaient leurs comptes.

villaret3

 

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  • On vit des temps vraiment intéressants.

  • bonjour , de la même façon , de part la chute du pourvoir d’achat en regard de la baisse des salaires ,il était clair qu’un jour on devrait payer pour travailler .Tout à rebours avec la chute du prix du baril ,on s’attend logiquement à ce qu’un jour ,non seulement le carburant sera gratuit à la pompe , mais encore il sera remboursé ! Comment cela ? D’après certaines informations , les banques Suisses & internationales n’ont plus de coffres assez vastes pour contenir les pétro dollars . Les Emirs du Golfe en sont réduits à acheter n’importe quoi pour s’en débarrasser : Des routes menant à des tours dans le désert , des stades climatisés pour joueurs de baballes , les joueurs eux-mêmes , organiser des convois maritimes de transport des glaces du pôle ,pour l’apéro *, etc….
    * Les Emirs vont devoir se mettre à boire ! Par Allah quelle déchéance !!

  • Quel sont les conséquences pour les finances de la France?

  • « Oui, la période 2010-mi-2014 était une période où les groupes investissaient, où le renouvelable commençait à devenir de plus en plus compétitif, où les consommateurs trouvaient leurs comptes. »

    Pourriez vous être plus clair et expliquer en quoi les consommateurs trouvaient leurs comptes ?

    Vous semblez conclure que la baisse du pétrole est une catastrophe parce que le renouvelable devient moins compétitif ? Où avez vous vu une quelconque compétitivité du renouvelable ? Et en quoi le renouvelable est-il vraiment en concurrence avec le pétrole aujourd’hui ?

    Ce qui est fou dans cette histoire de chute des cours, c’est qu’on ne sait pas bien si on doit l’attribuer à une concurrence dans la production ou à des accords géopolitiques entre les américains et les saoudiens. Il me semble cependant qu’une baisse durable des cours à des impacts économiques et géo-politiques énormes.

    • Je partge l’interrogation de Pragmat au sujet de l’apriori du bienfait du « renouvelable ». Sauf quelques ruptures technologiques majeures dans plusieurs domaines, la seule chose qui est « renouvelable » pour longtemps est l’incapacité de ces technologies fétiches des verts à répondre aus défis de la production d’énergie industrielle.

      Par ailleurs, il est intéressant de se souvenir de ce qu’écrivait il y a quatre ans Paul Krugman, Prix Nobel d’économie (http://nyti.ms/1ynzXG9)

      « Ce que les bourses de marchandises nous disent est que nous vivons dans un monde fini, dans lequel la croissance rapide d’économies émergentes fait pression sur les provisions limitées de matières premières, faisant monter leurs prix. Et l’Amérique est, pour l’essentiel, juste un témoin dans cette affaire »

      Krugman parlait spécifiquement du cours du baril de pétrole, au-dessus de 90 $ à ce moment-là …

      Peut-être que les Economistes devraient éviter, et les Climatologues aussi pour les mêmes raisons, de faire des prévisions portant sur … le futur …

      • « Peut-être que les Economistes devraient éviter, et les Climatologues aussi pour les mêmes raisons, de faire des prévisions portant sur … le futur … »

        C’est tout le problème : dans les 2 cas, ils prétendent analyser dans le détail alors que les fondamentaux sont flous, non-vérifiés ou différents suivant les « écoles ». Et bien entendu, les prévisions issues de leurs analyses détaillées ne se réalisent jamais autrement que par accident.

        Et quand il y a divergence entre la prévision et le résultat, ils prétendent toujours que l’erreur porte sur le court terme, sans jamais admettre qu’ils ont pu se tromper sur les fondamentaux et que l’erreur porte sur le long terme.

  • A méditer: « Les investissements d’aujourd’hui sont la croissance de demain »… mais ils sont également le fruit des profits d’hier!

  • les petrodollars ne sont que du pk imprimes par les us dont plus personne ne veut car ils coutent trop cher a bruler …donc vive l or ou le franc suisse ..!

  • Les commentaires sont fermés.

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