L’État, jouet des privilégiés

De quelle aide auront besoin les pauvres, lorsque plus personne ne bénéficiera de privilège ayant pour conséquence d’annihiler toute possibilité pour eux de sortir de la pauvreté ? »

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L’État, jouet des privilégiés

Publié le 20 septembre 2014
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Par Marius-Joseph Marchetti.

contrepoints 709 état jouetUne croyance populaire, toujours autant en vogue dans notre pays collectiviste, est de dire que lorsque le pouvoir aide par son intervention une entreprise, celui-ci mène une politique ultralibérale. Ainsi le capitalisme prédateur se servirait du pouvoir dans le but d’engranger toujours plus de profit avec toujours moins de risque, par exemple en renflouant des banques ou des entreprises.

Or, il y a dans ces diverses réflexions une erreur constante : celle consistant en l’usage récurrent des termes de politique de « laissez-faire », car celle-ci aide « les riches » et les grands patrons « capitalistes ». Il est tout d’abord ironique que certains critiquent le libéralisme par sa nature non-interventionniste, et que simultanément, ils l’accusent de vouloir intervenir pour protéger la richesse et le profit de certains, pour la simple et bonne raison que cette seconde affirmation est en profonde contradiction avec la première. Le terme exact qui devrait être utilisé n’est pas capitalisme (car dans son sens originel, le capitalisme est synonyme de laissez-faire) mais corporatisme. Ainsi, certains individus rétorquent que nous sommes dans un pays ultralibéral car l’État se sert de son pouvoir pour protéger certaines industries et fortunes. Cependant, c’est se tromper que d’affirmer cela. Nous ne sommes pas dans un pays ultralibéral.

« Une société est libérale, lorsque ses dépenses publiques ne dépassent pas 10 à 15% du produit national. » — Milton Friedman

Un des premiers arguments apporté pour justifier le communisme est que le capitalisme entraîne forcément la formation généralisée de monopole dans l’économie, et que le salarié est ainsi exploité de toute part. Là encore, cette observation ne prend pas forme lorsque le laissez-faire est la norme. Celle-ci résulte du corporatisme mis en place et garanti par l’État, par exemple à l’aide de licences, patentes et d’octroi de privilèges comme le protectionnisme. C’est ainsi que la première étape collectiviste est franchie.

Ainsi, Frédéric Bastiat décrit dans La Loi les trois étapes de la spoliation légale : Protectionnisme, Socialisme et Communisme, « qui ne sont qu’une seule et même plante, à trois périodes diverses de sa croissance. » Le protectionnisme, par les barrières et les restrictions qu’il impose à l’entrée de marchandises dans le pays, facilite grandement la formation de monopole sur le territoire concerné. L’argument principal du protectionnisme, c’est le fameux « intérêt général » qui est tellement vanté par nos politiciens que celui-ci est repris à toutes les sauces et pour tous les goûts. L’intérêt général n’est jamais rien d’autre qu’un intérêt égoïste finement déguisé et étant assouvi par le privilège accordé. Car le protectionnisme est bien un privilège. Il n’est pas la panacée des peuples, mais des corporatistes dont les dits « patriotes » prendraient bien moins de plaisir à s’identifier.

Les idiots utiles du corporatisme

Ainsi, que se passe-t-il ? Le peuple, les individus, les « patriotes », se trouvent bernés. Le jeu coercitif n’a une nouvelle fois permis que la victoire du pouvoir. Le pouvoir, après avoir fait planer l’illusion laissez- fairiste sur la société, traînera naturellement celui-ci dans la boue. Il l’accusera de tous les mots que nous connaissons aujourd’hui. Il revendiquera le changement, un nouveau modèle « plus viable », où « les pauvres ne sont pas sacrifiés pour le sacro-saint dividende de l’actionnaire et au profit du grand capitalisme apatride ». Le pouvoir, par sa propagande, crée lui-même ce qu’on pourrait qualifier d’idiots utiles du corporatisme. L’État favorisant le capitalisme (de connivence), ceux-ci revendiqueront naturellement… encore plus d’État, pour réduire la force du « pouvoir économique » ! Une question, cependant, me taraude l’esprit : l’État frappera-t-il réellement un grand coup dans la bedaine capitaliste, étant donné qu’il est constitué de ceux ayant distribué les privilèges et nécessairement, en bénéficient ?

Le peuple est là encore aveuglé par la foi en l’homme politique supérieur. Comme l’a si bien dit Ludwig von Mises, « à la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve  la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets ». Ainsi, après avoir convaincu tous ses sujets du soi-disant « ultralibéralisme » et désormais « libertarianisme » berçant la société, l’État continue doucement mais sûrement sa lente expansion. Et lorsque nous, libéraux et libertariens, essayons d’expliquer notre conception de l’État, allant d’un État régalien à l’anarchie (mais cette différence n’a ici que très peu d’importance et n’est donc pas sujette à débat), on nous rétorque : « Mais qui donc aidera les pauvres ? ». À nous de répondre : « De quelle aide auront-ils besoin, lorsque plus personne ne bénéficiera de privilège n’ayant que pour conséquence d’annihiler toute possibilité pour eux de sortir de la pauvreté ? »

Non, l’État n’est pas la panacée des pauvres, ni même des entrepreneurs. Elle est l’apanage du fort, de celui qui peut s’acheter les privilèges de l’État, et de ceux qui joyeusement, s’amusent à façonner la route de la servitude.

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  • Excellente explication

  • en effet, j’ai jamais compris pourquoi les gauchistes n’arrivaient pas à comprendre cela. c’est pourtant simple: le vrai probleme est le capitalisme de connivence, c’est quand l’État soutient certaines entreprises, soit qu’il cède à leur pression par corruption, soit que ce soit de sa part une volonté délibérée à des fins politiques. le probleme de l’état est que contrairement à ce que croit tous les socialistes (de gauche et droite), ce n’est pas quelque chose de bien mais c’est un instrument aux mains de l’élite au pouvoir (ump et ps) qui s’en sert souvent pour ces propres intérets, pour aider ces copains. l’état francais aide les grandes entreprises à créer le monopole. les politiciens viennent presque tous de la fonction publique donc ils ne comprennent rien à l’économie. ce qui crée des richessses c’est l’entreprenariat, et ce qui crée les emplois c’est les pme pas les grands groupes. aujourd’hui, en france, la surtaxation et la surréglementation détruisent les pme et l’entreprenariat. il faut supprimer toutes les niches fiscales ( qui permettent aux grands groupes de payer moins d’impots), il faut arreter la surréglementation ( qui ne sert l’intéret que des grands groupes (qui font du lobbying pour avoir de la réglementation à leur avantage) et qui peuvent se payer des avocats pour détourner les règles à leurs avantages. plus la justice est complexe plus cela avantage les riches. il faut aussi arreter de sauver les banques et les multinationales avec l’argent du contribuable. en vérité ce qu’il faut c’est séparer l’état de l’économie, l’état doit s’occuper des fonctions régaliennes (éducation, sécurité, justice,…) pas de l’économie. les pays scandinaves séparent l’état de l’économie et ce sont les pays les plus égalitaires au monde. les pays qui font cela, sont les pays qui s’en sortent le mieux (autriche, pays bas,…). il faut réformer la fonction publique qui coute bcp trop chère et qui est très incompétente. la france est paralysé par la surrréglementation.

    • « il faut supprimer toutes les niches fiscales ( qui permettent aux grands groupes de payer moins d’impôts) »

      je préférerais que les grands groupes (et les petits) paient moins d’impôts, les niches fiscales n’auraient ainsi plus d’utilité pas plus que la fraude et encore moins les fonctionnaires chargés du contrôle et des punitions !!

      le pb, ce sont plus les fonctionnaires que les impôts et les niches. Les premiers vivants des deux dernières

    • « plus la justice est complexe plus cela avantage les riches. »

      Les riches ou l’état ? Battez vous contre le fisc (ou les urssaf) après on en reparlera

  • oui… toutefois, on constate que ceux qui a un moment donné quelque soit la raison ont de l’argent arrivent toujours d’une façon ou d’un autre à « acheter le pouvoir » et donc à asseoir leur position en empêchant d’une façon ou d’une autre la concurrence.

    dans le monde réel il faut aussi imaginer un moyen qui empêche totalement la corruption des décideurs politiques, cet absolu le semble difficile à atteindre …

    une petite question existe il un pays libéral?

    • c’est la raison principale pour laquelle les libéraux défendent un système où il n’y aurait pas de pouvoir à acheter. Vu que comme vous le faites remarquer, dés que les politiques disposent d’un pouvoir, il va se trouver un acheteur potentiel, donc de la corruption.

      Les politiques ne doivent pas être des décideurs, tout simplement. Les décideurs doivent être les individus qui entreprennent, signent des contrats les uns les autres, achètent, vendent… Le politique ne doit être là que pour gérer au mieux les 3 fonctions régaliennes qui assureront le bon fonctionnement de la société en question : justice, police, défense. Évidemment que ça ne leur plait pas…

      • certes mais l’histoire de l’humanité nous enseigne que la notion de collectif ou de communauté a un sens pour les gens qui acceptent en conséquence de donner du « pouvoir » à un zigoto persuasif.

        Il faut faire des progrès petit à petit en utilisant des principes de justice et de liberté et non prétendre d’un coup acceder à un paradis libéral.

        • on est d’accord qu’il est illusoire d’accéder d’un coup à un « paradis libéral ». En attendant limiter au maximum le pouvoir de nuisance des personnalités politiques me semble un bon premier pas.

          • oui, mais ce n’est pas facile, quand on voit avec quelle facilité la liberté d’expression de circuler est remise en cause sans que les gens ne réagissent , je suis pessimiste et pense que nous assistons à un mouvement inverse.
            Même les mises en causes des politiques sont faites d’un mauvaise façon, sur des motifs secondaires.

            Les hommes politiques ont su se rendre indispensables en faussant quasiment toute l’économie par un interventionnisme tout azimut…

            mais soyons positifs…on peut essayer

  • Pourriez-vous indiquer la source précise de votre citation de Milton Friedman ? Merci.

  • C’est parce que le peuple est (peu et mal) éduqué par l’État collectiviste et tout puissant.

  • Les commentaires sont fermés.

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