Pourquoi les petites entreprises peuvent faire mieux que les grandes

Un secteur dominé par de grandes entreprises n’est pas forcément plus difficile d’accès pour une petite entreprise. Paradoxalement, c’est peut-être même le contraire comme le montre le cas de la bière.

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Pintes de bière Fosters (Crédits : Octave.H , licence Creative Commons)

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Pourquoi les petites entreprises peuvent faire mieux que les grandes

Publié le 9 février 2014
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Par Jérôme Barthélemy.

Pintes de bière Fosters (Crédits : Octave.H, licence Creative Commons)L’évolution du secteur de la bière aux États-Unis

En 1983, il ne restait plus que 43 brasseries aux États-Unis. Michael Porter utilisait ce secteur pour illustrer les concepts d’économie d’échelle et de barrière à l’entrée. Quatre brasseries détenaient 80% du marché… et il semblait impossible pour une nouvelle entreprise de s’y implanter.

C’est alors que le nombre de brasseries américaines a explosé. Depuis 1997, il y en a même plus qu’en Allemagne ! Que s’est-il passé ? Comment est-on passé de moins de 50 brasseries au début des années 1980 à 2500 en 2010 ?

Concentration et partition

Comme l’ont observé Glenn Carroll et Anand Swaminathan, la plupart des secteurs d’activité évolue de la même manière. Dans un premier temps (phase de concentration), les entreprises luttent pour attirer le plus grand nombre possible de clients. La concurrence est féroce. Comme les économies d’échelle jouent un rôle crucial, seules les plus grandes entreprises parviennent à survivre.

Dans un second temps (phase de partition), la disparition de la plupart des entreprises laisse le champ libre à de nouveaux entrants. Ces nouvelles entreprises présentent un profil particulier :

  • Elles sont plus spécialisées que les grandes entreprises qui dominent le marché ;
  • Elles répondent à des attentes en termes de qualité et d’authenticité auxquelles les grandes entreprises sont incapables de répondre.

Retour sur le secteur de la bière aux États-Unis

C’est exactement le phénomène que Carroll et Swaminathan ont observé dans le secteur de la bière aux États-Unis (grâce à une étude portant sur 2250 brasseries de la fin des années 1930 à la fin des années 1990…). Jusqu’au milieu des années 1980, le nombre de brasseries a constamment diminué (phase de concentration). Par la suite, la domination des brasseries « industrielles » a favorisé l’émergence des microbrasseries, plus soucieuses de la qualité et de l’authenticité de leurs produits (phase de partition).

Pour lutter contre ces nouveaux concurrents, les brasseries « industrielles » ont rapidement trouvé la parade. Elles se sont mises à lancer leurs propres « specialty beers ». Ces bières sont parfois meilleures que celles des microbrasseries. Leur qualité est également plus constante. Pourtant, les « specialty beers » des brasseries « industrielles » ne sont pas parvenues à enrayer l’essor des microbrasseries…

Pourquoi ? Sur le plan de l’authenticité, les brasseries « industrielles » ne peuvent pas lutter avec les microbrasseries. Certaines brasseries « industrielles » ont alors lancé des « specialty beers » en cachant le fait qu’elles leur appartenaient… mais les « vraies » microbrasseries se sont empressées de dénoncer cette filiation !

En bref, les petites entreprises ne sont pas condamnées lorsqu’un secteur d’activité est dominé par de grandes entreprises. Si elles arrivent au bon moment et si elles parviennent à se positionner différemment (en jouant par exemple la carte de l’authenticité), tous les espoirs leur sont permis.


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  • On peut appliquer ce raisonnement à beaucoup de secteurs aux US. Le secteur des télécoms a bien montré ce phénomène d’accordéon de consolidations/fragmentation pour finalement arriver à un oligopole très fermée (une quasi entente) qui provoque une hausse des prix et une baisse de la qualité des produits. La seule difficulté avec les télécoms est que l’état régule et dérégule, ce qui amplifie souvent le mouvement dans un sens ou dans un autre.
    Les opérateurs télécom américains sont aujourd’hui en situation de quasi monopole, avec des prix astronomiques pour les consommateurs et une qualité très faible (bande passante insuffisante, télephonie cellulaire pourrie etc…) En Europe, c’est un peu le contraire avec un plus grand nombre d’opérateurs qui se concurrencent, ce qui fait baisser les prix… et pousse les opérateurs a mieux gérer leurs entreprises… Les Etats Européens doivent-ils pousser a la consolidation des opérateurs en Europe pour arriver à la situation des Etats Unis? Faut-il aider les canards boiteux mal gérés, ringards et pas innovants et leur donner une prime en leur permettant de créer (ou recréer) un vaste monopole qu’il faudra ensuite faire exploser parce qu’on aura perdu notre compétitivité en matière de télécommunication?…

  • tout à fait d’accord ! avec un exemple prés de chez moi:
    un type ( grande gueule avec tous les culots … ) s’est lancé il y a quelques années, dans la brasserie artisanale. on trouvait cela cocasse, dans un pays ou la consomation de bière n’est pas en hausse. et pourtant, ça marche: il a récolté de nombreux prix, emploie,du monde, et semble belle et bien trouver une clientelle…

  • c’est bizarre, ça me donne soif !

  • Les commentaires sont fermés.

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