Les entreprises familiales se caractérisent aussi par un solide ancrage territorial

Les entreprises familiales se construisent au fil des générations. Mais la culture des jeunes générations semble différente aujourd’hui.

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Les entreprises familiales se caractérisent aussi par un solide ancrage territorial

Publié le 22 décembre 2023
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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

Au travers des interactions entre entreprise et territoire, un ancrage se construit dans le temps. Celui-ci apparaît particulièrement fort pour les entreprises familiales qui restent sur le même territoire pendant des années, parfois des générations. Le territoire donne une certaine couleur à l’identité d’une entreprise comme à l’identité des individus qui la composent. L’ancrage territorial s’exprime donc aussi dans le sentiment d’appartenance de ces derniers à cet espace.

Or, ce sentiment d’appartenance apparaît particulièrement marqué chez les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) familiales, dont le pouvoir décisionnel et la majorité du capital sont détenus par une famille, comme le montre la dernière étude de l’Observatoire national de l’entrepreneuriat familial, porté par la Chaire Entrepreneuriat familial & Société d’Audencia en partenariat avec le CIC Banque privée et mise en œuvre par OpinionWay.

 

« On a grandi ici… »

Dans notre échantillon représentatif de 656 entreprises, 25 % des entreprises de plus de 10 salariés en France sont des entreprises familiales.

Celles-ci sont plus présentes en province qu’en Île-de-France (15 %). En tête, le Sud-Est avec 30 % d’entreprises familiales. La deuxième région où leur proportion est la plus importante est le Nord-Ouest (28 %), suivie en proportion égale par le Sud-Ouest et le Nord-Est (25 %).

Les dirigeants de ces entreprises familiales se distinguent notamment par un fort attachement à leur région d’origine. Au niveau national, 92 % des dirigeants interrogés habitent dans la même région que leur entreprise, un pourcentage qui grimpe à 97 % pour les entreprises familiales, contre 91 % pour les entreprises non familiales. En outre, 18 % des dirigeants interrogés sont nés dans la région de l’entreprise et y vivent depuis toujours. Un chiffre qui monte à 22 % pour les dirigeants d’entreprises familiales. 45 % des dirigeants interrogés y vivent même depuis plus de 20 ans, dont 54 % de dirigeants d’entreprises familiales.

Le directeur général d’une PME familiale dans le secteur du bâtiment fait partie de ceux-là :

« On a grandi ici, dans la région, mon frère et moi. […] ce qu’on trouve ici c’est un réel confort de vie et puis un environnement que nous jugeons extrêmement favorable et agréable au quotidien. C’est un élément qui compte pour nous et par conséquent, on veille aussi à le développer ou à maintenir l’attractivité sur notre territoire, donc ça va au-delà de l’entreprise, c’est aussi son environnement ».

En conséquence, les entreprises familiales contribuent davantage à l’économie locale. Une part importante des ventes est en effet réalisée dans la région du siège de l’entreprise, un phénomène encore plus vrai au sein des entreprises familiales. Ainsi, pour 56 % des dirigeants interrogés au niveau national, plus de la moitié des ventes est réalisée dans la région du siège de l’entreprise, avec un écart important de 21 points entre entreprises familiales (72 %) et entreprises non familiales (51 %). Exception notable pour la région du Nord-Est (42 %) qui s’explique par la proximité des pays limitrophes comme l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, avec lesquels les dirigeants entretiennent des relations commerciales plus soutenues.

Le dirigeant d’un fonds de capital-investissement interrogé dans l’étude avance une explication :

« Les petites boîtes ne sont pas toujours attirées par le « Big is beautiful ». Elles préfèrent investir dans l’ancrage territorial et ne pas grossir ».

Par ailleurs, 59 % des dirigeants d’entreprises familiales détiennent plus de 50 % de leurs propriétés immobilières, foncières et d’équipement dans la région du siège (contre 39 % pour les entreprises non familiales). Cela concerne le plus souvent les dirigeants âgés entre 50 et 64 ans (52 %) ou exerçant dans les ETI ayant entre 500 et 999 salariés (71 %).

 

Un moindre attachement chez les salariés

Les résultats de l’Observatoire montrent également que les salariés présentent un moindre intérêt pour l’ancrage régional que les dirigeants, même si cet ancrage reste important.

Lorsqu’on regarde les cinq régions, on constate notamment que les régions du Nord (Ouest et Est) semblent présenter un plus grand attachement des employés à leur territoire. En effet, environ neuf dirigeants sur dix dans ces régions affirment que plus de la moitié de leurs employés viennent de la région. Cela est légèrement plus prononcé pour les entreprises familiales que pour les entreprises non familiales.

Comme en témoigne le directeur général adjoint d’une PME familiale dans le transport :

« Dans notre entreprise historique, 47 % de nos collaborateurs habitent à moins de 25 kilomètres de l’entreprise alors qu’on est en campagne. Et nous, la famille, on habite tous à moins de 5 km de l’entreprise familiale. On est vraiment très attachés au territoire et on essaye toujours d’embaucher des personnes de chez nous ».

Cependant, cette tendance apparaît moins marquée dans les régions du Sud qui attirent principalement des salariés d’autres régions, peut-être en raison de la qualité de vie et du climat. Seulement 58 % des dirigeants d’ENF du Sud-Ouest déclarent par exemple que plus de la moitié de leurs employés viennent de la région.

L’Île-de-France attire également les salariés, mais pour des raisons différentes. Les employés y travaillent, mais ne vivent pas nécessairement dans la région ou n’en sont pas originaires. En effet, seulement 51 % des dirigeants en IDF estiment que plus de la moitié de leurs employés sont originaires de la région de l’entreprise.

 

Et demain ?

Si les entreprises familiales se sont construites localement au fil des générations, la culture des jeunes générations semble différente aujourd’hui. Les jeunes dirigeants n’ont pas les mêmes opportunités ni le même niveau d’études que leurs parents, ils peuvent par exemple étudier ou travailler à l’international plus facilement avant d’intégrer l’entreprise familiale.

De plus, leurs rapports au travail et à la famille ne sont plus les mêmes que pour les générations précédentes. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est devenu fondamental. Pour autant, lorsqu’ils décident de revenir dans l’entreprise familiale, c’est pour la faire grandir, la diriger et la gouverner autrement. À leur manière, ils redonnent du sens à sa mission initiale, décidant, pour certains, à la transformer, par exemple en une entreprise à mission, responsable.

De nouveaux profils, pas toujours repreneurs, se saisissent de cet objet qu’est l’entreprise familiale pour en faire un terrain de jeux pour expérimenter des projets entrepreneuriaux, philanthropiques ou bien encore pour devenir les gardiens du patrimoine immatériel, et donc de l’ancrage territorial de l’entreprise, pour la transmettre aux générations suivantes.

Vous pouvez retrouver cet article ici. 

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