Alors que le CAC40 bat des nouveaux records de bénéfices en 2023 malgré une activité qui stagne, tout semble indiquer que la rentabilité des TPE et PME est à la peine. Moins de 60 % d’entre elles seraient bénéficiaires.
Par Eric Delannoy. Président de Tenzing
Existe-t-il un lien entre ces deux constats ? Plus largement, que penser de l’insolente bonne nouvelle des résultats des grandes entreprises, alors que la pauvreté remonte, les associations peinent à se financer et que l’État est surendetté et cherche à réduire ses dépenses ?
Tout d’abord, la bonne santé des grandes entreprises devrait tous nous réjouir. Dans une économie de marché, rythmée par la compétition mondiale, être rentable reste le meilleur moyen d’investir pour conquérir des parts de marché et faire rayonner le modèle européen, premier acteur économique mondial. Et qu’on le veuille ou non, la création de valeur financière fournit les ressources pour financer notre modèle social. Au contraire, l’appauvrissement conduit au sous-investissement et à la perte progressive du leadership au profit de géants étrangers moins scrupuleux, susceptibles d’imposer un dumping social et normatif. Seule la puissance économique permet la puissance politique.
La question de la rentabilité
Se pose pourtant la question des niveaux de rentabilité, en France comme dans le monde. Dans un monde fini et qui prend de plus en plus conscience de ses limites, comment ne pas imaginer qu’une lucrativité sans limite ne soit possible que par un déséquilibre croissant dans l’appropriation des richesses de quelques-uns au détriment de tous les autres ? Ainsi l’augmentation de la lucrativité devrait-elle toujours être soumise à la question : au détriment de qui est-elle rendue possible ?
Le moyen le plus vertueux d’augmenter les bénéfices consiste à augmenter les parts de marché, soit par l’innovation soit par une meilleure réponse aux besoins des consommateurs. Mais cette course à la croissance se fait au détriment de la préservation de l’environnement. Dans ce schéma, les grandes entreprises profitent de leur pouvoir de marché : par le poids qu’elles représentent sur leurs marchés, elles ont la capacité d’imposer leurs conditions tarifaires et se prémunissent ainsi contre l’inflation en imposant des augmentations de prix au-delà des hausses de leurs coûts. La hausse des bénéfices qui en résulte se fait alors soit au détriment du consommateur qui paie plus cher les produits et services, soit au détriment de l’État qui, dans un souci politique de préserver le pouvoir d’achat, amplifie les mécanismes d’aide, et s’endette.
Seulement voilà, entre 2018 et 2023, le chiffre d’affaires du CAC40 a augmenté de 28 %, profitant de l’inflation en 2022 et subissant la baisse de la consommation et le ralentissement de l’économie mondiale en 2023, quand les bénéfices eux, ont augmenté de 64 %.
Quelles sont les autres pratiques, aux conséquences souvent désastreuses sur l’ensemble des parties prenantes autres que les actionnaires, qui permettent ce décalage ?
L’État doit, par exemple, accroître sa vigilance sur l’optimisation fiscale des grandes entreprises qui leur permet encore aujourd’hui de payer 5 points de moins d’impôt sur les sociétés que les PME. Dans ce cas, c’est le contribuable qui trinque. Il doit également sanctionner plus sévèrement les pratiques de « réduflation » consistant à baisser la quantité de produit au lieu d’augmenter le prix, qui se sont multipliées avec l’inflation. Une fois de plus, c’est le consommateur, mal informé, qui paie. Enfin, Les amendes de la DGCCRF pour délai de paiement excessif des fournisseurs ne cessent d’augmenter.
La question des coûts
Parmi la panoplie de ces pratiques, des grandes entreprises mettent la pression sur leurs fournisseurs pour limiter les coûts. Le rapport de force en leur faveur crée une polarisation entre des fournisseurs, souvent des PME, fragilisées par leur incapacité à répercuter dans leur tarification leurs propres augmentations de coûts, et des grandes entreprises qui bénéficient, elles, de leur pouvoir de marché. Les PME trinquent une fois encore.
Enfin , bien sûr, l’augmentation de la productivité, légitime sauf quand elle se transforme en productivisme, ainsi que la pression sur les salaires qui n’ont pas augmenté aussi vite que l’inflation, constituent les deux autres moyens de dégager de la marge. Une fois de plus, le salarié subit, et l’État compense.
L’économique ne sert le politique que par les mécanismes de construction, puis de répartition de la valeur créée, sous-tendus par un intérêt collectif. Il est certes évident que, pour assurer sa pérennité dans un milieu en perpétuelle évolution, une entreprise doit développer une rigueur dans la maîtrise de ses coûts et identifier ses poches d’inefficacité. Il n’empêche que la double nécessité de prendre soin de ses parties prenantes internes comme externes pour construire un pacte social juste, et de prendre toute sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique, condition de leur durabilité, constituent des axes de vigilance et de responsabilité majeurs des dirigeants et des actionnaires. Avec, pour conséquence, une meilleure répartition de la valeur en faveur des parties prenantes et une limite assumée à la lucrativité, vue non plus comme une fin mais comme un moyen de la pérennité.
Car la recherche de lucrativité à tout prix dans une économie en croissance structurellement faible engendre des comportements qu’il est nécessaire d’interroger sur la base des paramètres extra financiers de l’activité. Ainsi, afin de continuer à promouvoir les dynamiques de création de valeur, le pilotage des entreprises doit-il évoluer et poursuivre une performance globale : financière, sociale et environnementale, seule gage de durabilité. Cela suppose également la prise en compte du long terme dans les mécanismes d’allocation de capital, bien au-delà de la seule recherche de rentabilité à court terme.
La question est intéressante, mais l’argumentation de cet article est très pauvre.
Dans un marché libre les acteurs agissent sur les prix en fonction de leurs intérêts bien compris. Le point d’équilibre est celui qui satisfait le client et le fournisseur, ou alors la transaction n’a pas lieu. Les considérations extra-financières (environnement, justice sociale, bien-être des travailleurs, etc.) font partie des critères qui pèsent sur le prix.
La notion de “lucrativité” excessive est dénuée de sens.
Le cac 40 comprend les 40 meilleurs entreprises françaises……celles qui subissent de mauvais résultats passent en 2 ème division dans le sbf 120
C est le cas tout récemment d Alstom, casino, atos, sodexo wordline……
Par construction le cac 40 promeut que les bons élèves économiques
E Delannoy a créé un cabinet de conseils Tanzig qui veut lutter contre les inégalités…….
Ce prisme explique largement les teneurs de l article qui appellent à l intervention de l état pour régler le monde économique
C est typiquement les propos que l on peut lire couramment dans le media le monde…….🥳🥳🥳🥳🥳