Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité : 5ème week-end de la Liberté à Dax

Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité : ces notions sont à l’opposé de ce qui, aujourd’hui, détruit la France : le collectif, la société sans risques et l’irresponsabilité.

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Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité : 5ème week-end de la Liberté à Dax

Publié le 19 juillet 2013
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Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité : ces notions sont à l’opposé de ce qui, aujourd’hui, détruit la France : le collectif, la société sans risques et l’irresponsabilité.

Par Francis Richard.

Chaque premier week-end de juillet, le Cercle Frédéric Bastiat organise des conférences à Dax avec le concours de l’Aleps, de Contribuables associés, de Liberté chérie, de l’Institut Coppet et de l’iFRAP. Cette année, le thème était « Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité« . Ces notions sont à l’opposé de ce qui, aujourd’hui, détruit la France : le collectif, la société sans risques et l’irresponsabilité.

Damien Theillier

Vendredi soir, 5 juillet 2013

Liberté, responsabilité et prise de risque

En guise d’introduction, le Cercle Frédéric Bastiat a fait appel à un philosophe, Damien Theillier, qui préside aux destinées de l’Institut Coppet. Et c’est en philosophe que l’orateur a défini liberté, responsabilité et prise de risque et les relations qui existent entre elles.

Qu’est-ce que la responsabilité ?

« Être responsable c’est étymologiquement répondre de ses actes et de leurs conséquences. » Suivant que les conséquences sont bonnes ou mauvaises, le responsable encourt éloge ou blâme, sanctions morales ou juridiques qu’il se doit d’anticiper. Il doit donc être lucide et vigilant et s’assurer individuellement pour en supporter éventuellement les coûts.

Dans son Éloge de la liberté (1958) Isaïah Berlin distinguait deux conceptions de la liberté, la liberté négative et la liberté positive. La liberté négative est la conception libérale de la liberté. Elle se résume à une seule question : « Quel est le champ à l’intérieur duquel un sujet devrait pouvoir faire et être ce qu’il veut, sans l’ingérence d’autrui ? » La liberté positive est la conception romantique de la liberté. Elle « découle du désir d’un individu d’être son propre maître ». L’individu désire agir avec sa propre raison, s’affranchir de ses pulsions irrationnelles. La liberté négative est celle de Locke, Bentham, Mill en Angleterre, de Montesquieu, Constant, Tocqueville en France, de Jefferson et Paine en Amérique. La liberté positive est celle de Rousseau, Mably, Herder, Fichte, Hegel, Marx, et des socialistes français tels que Fourrier ou Jaurès.

La liberté négative est celle énoncée par l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : « La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. » La liberté n’est donc pas absolue et la première contrainte, c’est autrui. Si l’on admet qu’un individu est propriétaire de lui-même et n’est pas esclave d’autrui, il faut admettre qu’il est également propriétaire des fruits de son activité. Dans la tradition libérale, c’est donc le droit de propriété qui délimite la liberté. Il se fonde sur le travail et l’innovation. Liberté et droit de propriété sont indissociables.

La liberté étant délimitée, toute responsabilité ne peut qu’être limitée et ne peut donc pas être collective. Il en résulte que la responsabilité ne peut être bien définie que si les droits de propriété le sont. À partir de la liberté, de la propriété et de la responsabilité peut émerger l’ordre social, et l’autorité peut se contenter d’être juste, chacun s’occupant de son propre bonheur. Benjamin Constant disait que « les fonctions du gouvernement sont purement négatives » :  « Il doit réprimer les désordres, écarter les obstacles, empêcher en un mot que le mal n’ait lieu. On peut ensuite se fier aux individus pour trouver le bien. »

Pour Karl Marx, la liberté négative n’est qu’une liberté formelle. Elle favorise l’antagonisme entre les hommes et le triomphe de l’individualisme. Pour Keynes, il n’y a pas d’harmonies économiques, pas de lois naturelles, pas d’ordre spontané. Pour l’un comme pour l’autre, il faut donc une organisation politique qui régule les intérêts particuliers pour les orienter vers l’intérêt général.

Cette autre conception de la liberté, la liberté positive, revient à dire que je ne suis libre que si j’ai un minimum de biens garantis. Il faut que je sois libéré des besoins, de ce qui m’aliène, des déterminismes, de tout ce qui diminue ma capacité à agir. Les libertés positives sont ainsi par exemple le droit au logement, à la santé ou au crédit… Dans cette conception de la liberté, la solidarité se substitue à la responsabilité individuelle. Les maux économiques et sociaux résultent des dysfonctionnements de la société. L’action publique doit donc la transformer pour y remédier. L’assurance est transférée à l’État : maladie, chômage, retraite… L’environnement économique et social est imparfait : celui qui se retrouve au chômage n’est pas responsable, c’est une victime. En résumé la main visible de l’autorité est plus efficace et plus juste que la main invisible du marché. Autrement dit les décideurs publics – ceux que Frédéric Bastiat appelle les publicistes – sont plus éclairés que nous. Le problème est qu’ils ne supportent pas les conséquences de leur choix.

La thèse de Frédéric Bastiat, dans Les harmonies économiques, est que la responsabilité individuelle permet seule par un processus de découverte, de progresser et de réduire les maux sociaux. C’est pourquoi on peut dire qu’elle est la grande éducatrice des peuples. Car, en supportant les conséquences, bonnes ou mauvaises, de ses décisions, l’homme tend à s’améliorer et à tirer les leçons de ses expériences.

Le monde social n’est pas parfait et ne le sera jamais, mais il est perfectible. La responsabilité, par la sanction naturelle, est le ressort du progrès social. La souffrance qu’engendre le mal fait comprendre ce qu’est le mal et remet celui qui le commet dans le droit chemin. Connaître le mal fait progresser vers le bien. Le libre arbitre est éclairé par la responsabilité. L’initiative et la prise de risque développent en chacun l’autodiscipline et la vertu de prévoyance.

Il y a une incontestable solidarité naturelle entre les hommes. Mais ils ont tendance à faire en sorte que les conséquences utiles de leurs actes leur reviennent et que les conséquences nuisibles retombent sur autrui. Aussi la réprobation sociale peut-elle avoir un effet correcteur de cette tendance. C’est ce que Bastiat appelle la loi de solidarité qui est une force de résistance de la masse aux actes qui lui nuisent. Le danger est cependant de faire de cette réprobation un instrument pour multiplier les interdits législatifs et amoindrir, voire détruire, la responsabilité.

Comment renforcer la responsabilité ? En dehors de la liberté, il y a deux moyens :

1) La morale religieuse et philosophique qui agit par purification et correction de l’action humaine. Elle s’adresse au cœur. C’est la plus noble.

2) La morale économique qui agit de façon indirecte en faisant connaître à l’homme les effets de ses actes. C’est la plus difficile d’accès.

Comme disait Jean-Baptiste Say, pour faire cesser le désordre introduit par l’hypocrisie dans une famille honorable, il faut « corriger Tartuffe ou déniaiser Orgon » : il y aurait moins de Tartuffe s’il y avait moins d’Orgon pour les écouter. C’est dans cet esprit que, grâce à la science économique, il faut dénoncer les sophismes économiques afin de dépouiller la classe spoliatrice de sa justification et de son pouvoir.

La morale, la religion, la science économique sont les auxiliatrices de la liberté et de la responsabilité, qui est le remède à l’imperfection humaine :

La responsabilité, mais c’est tout pour l’homme : c’est son Moteur, son professeur, son rémunérateur et son vengeur. Sans Elle, l’homme n’a plus de libre arbitre, il n’est plus perfectible, il n’est plus un être moral, il n’apprend rien, il n’est rien. Il tombe dans l’inertie et ne compte plus que comme une unité dans un troupeau. » (Frédéric Bastiat, Harmonies économiques, « Services privés, services publics« ).

 

Samedi matin, 6 juillet 2013

Henri Lepage

La propriété privée

Sous l’angle de l’économiste, Henri Lepage, ancien président de l’Institut Turgot aborde la complexité du concept de propriété privée. Tout part du monde de rareté dans lequel l’homme vivait et qui générait des conflits. La solution pour résoudre ce problème de rareté a été de créer les droits de propriété.

De quoi s’agit-il ? Il s’agit de régler les rapports des hommes entre eux quant à l’usage des choses et de répondre à la question de qui décide de cet usage. Il existe une infinité de systèmes juridiques qui règlent ces rapports. Le système juridique de la propriété privée est un système où les droits sont personnels et individuels. Ces droits sont exclusifs, transférables et en conséquence négociables. Mais il existe d’autres formes de propriété. L’État est le véritable propriétaire, alors les droits sont collectifs. Au Moyen-Age, le propriétaire des terres est le seigneur et les paysans les cultivent. Jusqu’au XIXe siècle les prés peuvent être communaux. Il y a encore comme autre système juridique l’autogestion.

Quoi qu’il en soit, la propriété privée s’identifie à l’Occident. Les droits subjectifs qui sont relatifs aux individus se distinguent des droits positifs qui le sont à l’État. Ce système de propriété y est devenu dominant. Il s’y est étendu et approfondi.

Les droits de propriété peuvent en effet se subdiviser en une infinité de droits élémentaires. Un terrain, par exemple, peut être loué sous forme de fermage moyennant le paiement d’un loyer ou sous forme de métayage moyennant une partie du fruit de la récolte. Mais il est également possible de céder la perception des loyers, c’est-à-dire une partie de la propriété. À propos de la propriété privée, Henri Lepage parle donc d’un « panier de droits » qu’il est possible de segmenter et de tronçonner à l’infini. C’est une innovation propre à la société occidentale. Et il y a un lien entre ce processus de marchandisation et le développement économique. La révolution industrielle est en effet liée à cette innovation juridique. Auparavant la justice s’occupait d’équité, elle s’occupe désormais de faire appliquer les contrats.

Dans le système de propriété privée, les droits de propriété sont exclusifs. L’avantage de l’exclusivité est qu’on gère bien sa propriété. Les droits sont transférables. L’avantage de la transférabilité est qu’elle permet de magnifier l’exclusivité, en agitant la carotte du profit et le bâton de la concurrence. Les droits sont négociables. L’avantage de la liberté des contrats est de démultiplier les droits. Henri Lepage donne l’exemple de la pêche et de la rareté de ses produits. Quand les zones de pêche sont mises en commun, l’épuisement s’ensuit. Une manière de l’empêcher est de créer des quotas et de les rendre négociables comme cela s’est fait en Islande. Il est évidemment possible de passer au mécanisme du marché pour différents autres usages.

Les droits de propriété permettent en conséquence de liquéfier le capital et, maintenant, grâce à Internet, de le segmenter à l’infini ou presque.

 

Jacques de Guenin

Les risques encourus par l’entreprise

Jacques de Guenin, fondateur du Cercle Frédéric Bastiat, parle des risques encourus par l’entreprise et des menaces qui pèsent sur elle.

Il y a trois sortes de risques : l’insuffisance ou le changement de nature de la demande des biens produits par l’entreprise ; les risques matériels ; les risques dus à l’intervention de l’État dans la vie économique. Par exemple, HP et Dell ont souffert de la concurrence japonaise. Par exemple, la catastrophe d’Icmesa à Seveso (1976) et l’explosion à l’usine d’AZF à Toulouse (2001), les naufrages de l’Exxon Valdez (1989) ou du Concordia (2012) sont des risques matériels. Les risques dus à l’intervention de l’État se traduisent par un accroissement des charges fiscales et des prélèvements sur les salaires, mais aussi, en France, par un harcèlement administratif (10 000 pages de réglementation), par un Code du Travail toujours plus gros (2700 pages en 1990, 3200 pages plus serrées en 2008). Dans l’édition du 1er juin 2013 de The Economist on peut lire que c’est la bureaucratie et non pas la gravité qui empêchent les entreprises de s’envoler…

Malgré tous ces risques, toutes ces difficultés qui les attendent, des personnes tentent de créer des entreprises. Car l’esprit d’entreprise, même s’il est rare, reste chevillé au corps et sauve l’humanité. Ces entrepreneurs ont des responsabilités à l’égard des actionnaires (qui peuvent être des caisses de pension, des personnes qui y mettent de l’argent pour leurs vieux jours, des institutions financières etc.), des prêteurs, du personnel, des fournisseurs (qui peuvent subir les défauts de paiement de leurs clients).

Contrairement aux idées reçues, l’objectif numéro un des entreprises n’est pas le profit immédiat, mais leur survie à long terme. Jacques de Guenin peut en témoigner en tant qu’ancien cadre dirigeant d’Exxon et de PSA. Alors que les politiques ne voient pas au-delà de la durée de leur mandat…

Quelles sont les armes pour se prémunir contre le risque ? La prévision, la prévention et l’adaptation. A contrario, la précaution n’est pas une arme contre le risque, mais un refus du risque. Il en est ainsi des OGM (dont on ne connaît aucune conséquence néfaste depuis 12 ans et qui ont été autorisés dans 20 pays) et des gaz de schiste.

Il faut essayer de prévoir et si un risque se produit l’analyser pour qu’il ne se reproduise pas. L’entreprise se doit d’engendrer plus de richesses qu’elle n’en consomme. Elle doit s’adapter ou mourir. Jacques de Guenin donne l’exemple de l’entreprise Radiall, fondée par Yvon Gattaz et son frère Lucien en 1952. Cette entreprise spécialisée dans les connecteurs coaxiaux pour la télévision et les radars, a commencé à connaître des difficultés en 1989, qui se sont aggravées en 1992, avec la réduction des budgets militaires. L’actuel dirigeant est Pierre Gattaz, qui vient d’être élu président du MEDEF. Ingénieur Télécom et titulaire d’un Certificate in Administrative Management de l’Université George Washington, il travaille tout d’abord chez Dassault pendant cinq ans puis dans deux autres entreprises. Il rejoint l’entreprise familiale en 1992 et en devient le président deux ans plus tard. Pierre Gattaz repositionne l’entreprise dans les domaines de l’électronique professionnelle, du médical, du spatial et de l’aéronautique (Airbus, Eurocopter etc.). Après 3 ans de recherche et développement, Radiall met au point un connecteur rectangulaire qui est adopté par Boeing pour son 787, après 3 ans de qualification (il y en a 3 500 par appareil …). En 2012 Radiall a retrouvé son chiffre d’affaires de l’année 2000 : l’entreprise s’est adaptée, envers et contre tout.

Tout en effet s’oppose en France au développement d’une entreprise : l’enseignement, l’État, les syndicats. Plus particulièrement, l’État freine les initiatives individuelles, accroît les risques, cultive l’irresponsabilité et freine l’adaptation. Il n’y a au fond rien d’étonnant à cela :

  • la quasi totalité des politiques n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise ;
  • la culture économique est nulle ou biaisée : lutte des classes ou Keynes (ce dernier disait qu’il fallait dépenser pendant la crise et économiser pendant la prospérité, mais quand l’Etat commence à dépenser, il ne sait pas s’arrêter) ;
  • tout emploi créé par l’État engendre la destruction de 1,1 emploi ailleurs dans l’économie ;
  • on ignore qu’une personne ne sera embauchée que si son coût marginal (salaires + charges) est inférieur au revenu marginal qu’elle apporte à l’entreprise (en régime de plein emploi la négociation entre employeur et salarié est favorable à ce dernier).

Il ne faut pas oublier que les employeurs doivent faire des efforts pour être meilleurs et que les moins bons d’entre eux sont obligés de s’améliorer. C’est un cercle vertueux. Comme le montre l’Indice de Liberté Économique de l’Heritage Foundation, publié chaque année, les performances des entreprises sont d’autant plus élevées qu’elles se trouvent dans un pays à l’indice de liberté économique élevé. Selon cet indice, en 2013, la Suisse est au 5e rang mondial et au 1er rang européen, tandis que la France se situe au 62e rang mondial…

 

Jean-Philippe Delsol

Les impôts tuent l’initiative individuelle

Jean-Philippe Delsol, avocat, contributeur de l’IREF, à la création duquel il a participé, expose comment les prélèvements obligatoires tuent l’initiative individuelle et la croissance.

C’est Angela Merkel qui a mis en lumière les disproportions intenables qui caractérisent l’Europe et expliquent son déclin. Dans le monde, l’Europe représente 7% de la population, 17% de la production et… 50% des dépenses sociales. Sans parler du taux spoliateur de 75%, la France détient le record avec 57% de dépenses publiques en 2013. Alors que le taux de l’impôt sur les sociétés baisse en Slovénie, au Royaume-Uni, il augmente au Portugal et en France. En Irlande il est de 12,5% et représente 2,8% du PIB, en France il est supérieur à 34% et représente 2,9% du PIB… En France le poids des charges sociales est égal à 70 ou 80% du salaire net, alors qu’il est de l’ordre de 20% en Suisse, au Luxembourg ou au Royaume-Uni. Le coût horaire moyen du travail est de 34€ en France, de 30€ en Allemagne, de 26€ en Italie et de 20€ au Royaume-Uni. Le taux de marge brut des entreprises est en moyenne de 28% en France et de 40% en Allemagne…

À cela s’ajoute que la loi change sans cesse en France et que le poids élevé des prélèvements obligatoires est imprévisible. Les droits de cession d’actions, par exemple, ont varié entre 2011 et 2012. Les plus-values mobilières devaient être exonérées au bout de la période 2006/2011, mais une loi a supprimé l’exonération avant l’échéance des 6 ans. Les plus-values immobilières ont été successivement exonérées au bout de 15 ans, puis de 30 ans sous Nicolas Sarkozy, et devraient l’être au bout de 22 ans sous François Hollande…

En Allemagne 1/3 ne paient pas d’impôts sur le revenu et 1/4 des 2/3 restants ne paient que 7% du total. En France 50% ne paient pas d’impôts sur le revenu et 10% seulement paient 74% du total.

Officiellement les emplois publics représentent 23% de l’emploi total en France. En réalité c’est beaucoup plus. En effet il y a 5,2 millions de personnes qui travaillent dans le secteur public, 2 millions dans le secteur parapublic. Comme 60% des recettes des associations proviennent de subventions, en réalité, sur le 1,8 million d’employés des associations il faut compter 1,08 million d’emplois payés par l’État. Les bénéficiaires de contrats aidés sont au nombre de 0,5 million, les apprentis de 0,2 million, les contrats de génération de 0,05 million, les agriculteurs de 1 million, les chômeurs de 3,22 millions et les bénéficiaires du RSA « socle » de 1,3 million. Au total cela représente 14,55 millions de personnes sur une population active de 28 millions de personnes, sans compter les entreprises concessionnaires et les chômeurs de catégories B et C (environ 1,2 million). C’est pourquoi, en France, le public devient la norme des coûts et du niveau des rémunérations… et que l’esprit du public l’emporte.

Il y a toutefois des différences entre le public et le privé. Dans le public l’horaire hebdomadaire moyen est de 35 heures, dans le privé de 39,6 heures. L’absentéisme dans le public s’élève en moyenne à 23 jours par an et à 9 jours par an dans le privé. L’âge moyen de départ à la retraite est de 58 ans dans le public, de 62 ans dans le privé. Se vérifie ce que disait déjà Frédéric Bastiat il y a un siècle et demi : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

Pendant un an, en 1987, en Islande, à la faveur de la transition entre l’impôt déclaratif et l’impôt à la source, aucun impôt sur le revenu n’a été prélevé. La même année la croissance est passée de 3,29% du PIB à 8,55%… Plus on taxe, moins l’argent rentre dans les caisses. Un ministre du roi Henri IV, Barthélémy de Laffemas, l’avait déjà constaté : « Les hauts taux tuent les totaux. » Ce qu’Arthur Laffer a illustré par sa célèbre courbe… Il ne faut pas chercher plus loin les 14 milliards d’euros qui manquent au budget de la France (TVA -4,5 ; IS -2 ; IR -1 ; droits de mutation – 2 ; recettes sociales -3 etc.). Cela prouve, s’il en était besoin, que plus de dépenses publiques se traduit par moins de croissance : « À force de taper sur la bête, elle ne bouge plus… » Grosso modo 10% d’augmentation des dépenses publiques se traduisent par une baisse de 1% de la  croissance. L’exemple de la Suède est éclairant. Sur la période 1984-1993, les dépenses publiques ont augmenté de 13% et la croissance n’a été que de 1%. Sur la période de 1995-2010 les dépenses publiques ont baissé de 19,58% et la croissance a été de 3%.

En France l’IR paie tout juste les intérêts de la dette ! En France toujours, les dépenses en faveur de l’emploi s’élèvent à 1,1% du PIB et ailleurs à moins de 0,3%. Le taux d’emploi est de 63,8% en France et supérieur à 70% ailleurs.

Tous ces chiffres et ces exemples montrent qu’en France le citoyen est déresponsabilisé par l’intrusion publique dans toutes les relations sociales et les rapports économiques. Ils montrent également la multiplication d’emplois qui ne répondent pas à la logique économique mais à des sujétions politiques et parfois syndicales. L’Etat réprime, nivelle, se substitue aux personnes. Alors que les entrepreneurs privés font des erreurs et les corrigent, l’État pérennise les siennes. Il est en conséquence impératif que les dépenses publiques baissent pour libérer l’économie. La seule solution, pour que l’austérité soit positive, est d’amaigrir l’État, de réduire la dette et le déficit.

Après sa nomination par le roi Louis XVI, dans une lettre adressée à ce dernier le 24 août 1774, Anne Jacques Robert Turgot résumait son programme en trois points : « Point de banqueroute; point d’augmentation d’impôts, point d’emprunts. » Ce programme devrait être celui de tout gouvernement.

(À suivre)


Sur le web.

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  • « Officiellement les emplois publics représentent 23% de l’emploi total en France. En réalité c’est beaucoup plus. En effet il y a 5,2 millions de personnes qui travaillent dans le secteur public, 2 millions dans le secteur parapublic. Comme 60% des recettes des associations proviennent de subventions, en réalité, sur le 1,8 million d’employés des associations il faut compter 1,08 million d’emplois payés par l’État. Les bénéficiaires de contrats aidés sont au nombre de 0,5 million, les apprentis de 0,2 million, les contrats de génération de 0,05 million, les agriculteurs de 1 million, les chômeurs de 3,22 millions et les bénéficiaires du RSA « socle » de 1,3 million. Au total cela représente 14,55 millions de personnes sur une population active de 28 millions de personnes, sans compter les entreprises concessionnaires et les chômeurs de catégories B et C (environ 1,2 million). »

    Voilà pourquoi aucune révolution libérale ne sera jamais possible avant la faillite annoncée. Le reste du corps électoral, en gros les étudiants et les retraités, ne voteront jamais pour un candidat qui pourrait remettre en cause, ne serait ce que d’un iota, leurs acquis. Bref, aucun changement majeur à l’horizon. La faillite de l’Etat est scellée.

  • S’il vous plait, serait-il possible d’attribuer , en tête d’article , à qu’elle catégorie de votre classement il appartient : politique, international, économie , société, ….. afin de faciliter ultérieurement sa recherche?
    Je sais, ce n’est pas évident…., car disait péremptoirement un de mes chefs, en guise d’instruction finale:
     » Tout est dans tout et réciproquement ».

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