État : Faites ce que je dis, pas ce que je fais, et merci pour tout

Les agents de l’État dénoncent des comportements qu’ils adoptent eux-même, une étrange conception de l’exemplarité.

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État : Faites ce que je dis, pas ce que je fais, et merci pour tout

Publié le 7 février 2013
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Les hommes politiques français n’hésitent pas à dénoncer l’exil fiscal des uns et l’optimisation fiscale des autres. S’ils veulent conserver une once de crédibilité, qu’ils commencent par empêcher les entreprises publiques de se soustraire à l’impôt.

Par Baptiste Créteur.

L’once de crédibilité d’un élu français est une ressource qui se raréfie au même rythme que l’once de bon sens. On pourrait dénoncer le ridicule de leurs déclarations, par exemple lorsqu’ils dénoncent l’irrationalité des marchés pour la remplacer par leur propre irrationalité, lorsqu’ils dénoncent l’égoïsme de leurs compatriotes tout en préservant d’immenses avantages, appellent les Français à faire des sacrifices tout en versant à leurs proches collaborateurs des primes colossales ou encore font un devoir pour les Français de s’acquitter de l’impôt quel qu’en soit le montant mais en protègent leurs propres rémunérations et indemnisations. Mais ils ne se contentent pas de n’épargner qu’à eux-mêmes les difficultés que leur irresponsabilité fait peser sur le pays entier ; le comportement de l’État et ses ramifications va à l’encontre de leurs recommandations.

L’ennemi de François Hollande, c’est la finance. La finance internationale, le grand capital apatride et les spéculateurs sont responsables de la crise, n’ont que faire du sort des travailleurs français et imposent leur dictature des marchés aux États qui aimeraient continuer à dépenser pour le bien-être de la population. L’État investit pourtant sur les marchés, dans une optique de rentabilité ; un bel exemple pour tous ceux qui, par leurs impôts, lui permettent de ne pas se soucier des pertes qu’il réalise.

Les suppressions d’emploi, les difficultés de trésorerie des entreprises et le manque d’investissement seraient le fait d’actionnaires trop gourmands. L’État a en la matière un comportement exemplaire, en exigeant des dividendes colossaux sans tenir aucun compte de la conjoncture et en investissant avec assez de discernement pour que les entreprises dans lesquelles il investit perdent 15% de leur capitalisation boursière alors que le CAC 40 prenait 5% sur la même période ; un actionnaire incompétent et impitoyable.

Les entreprises publiques françaises installent désormais leurs holdings dans des pays où la fiscalité est plus avantageuse. Elles pratiquent ainsi une optimisation fiscale que les hommes d’État dénoncent régulièrement et assimilent à de la fraude. EdF, dont l’État détient 84%, investit via les Pays-Bas et la Belgique. Rien qu’en Belgique, l’entreprise dispose de 7,6 milliards d’euros.

La minorité éclairée qui nous dirige ne peut pas l’ignorer ; pourtant, personne au sein de l’État ne dénonce le comportement de l’État lorsqu’il est investisseur, actionnaire et monopoliste. L’État et ses agents peuvent donc aujourd’hui se permettre de faire ce que les citoyens qui le financent et qu’il est censé servir ne peuvent plus se permettre.

Nous approchons rapidement du stade de l’inversion ultime : le stade où le gouvernement est libre de faire tout ce qu’il lui plait, alors que les citoyens ne peuvent agir qu’avec sa permission ; le stade des plus sombres périodes de l’histoire humaine, le stade du règne de la force brute. (Ayn Rand, « The Virtue of Selfishness »)

Il est grand temps que les citoyens se souviennent que l’État est leur serviteur et non l’inverse. Il leur appartient de se réapproprier ses prérogatives, de l’empêcher d’imposer à tous des sacrifices qu’il refuse pour lui-même, de rappeler aux fonctionnaires et élus que leurs salaires sont financés par les salariés du privé et non l’inverse. Les Français ont perdu le contrôle de leur vie politique ; les débats se déroulent à une échelle nationale et supra-nationale qui ne leur permet plus d’échapper aux décisions prises par les prétendus représentants du peuple.

Il est grand temps que les citoyens comprennent que les décisions irresponsables prises par ceux qui les dirigent les engagent. Ce n’est pas l’État ou les hommes politiques qui devront rembourser la dette, mais les Français. Ce n’est pas l’État ou les hommes politiques qui financent les politiques de redistribution, mais les Français. Ce n’est pas l’État ou les hommes politiques qui financent les partis politiques, les syndicats, les associations et les entreprises subventionnées, mais les Français. Ce sont aussi les Français qui financent les guerres menées alors que nos frontières ne sont pas menacées, les annulations de dette offertes aux pays qui ne veulent pas rembourser et aux Français qui sont capables d’assez d’irresponsabilité pour se surendetter et pour lesquels les plus responsables paient, les subventions à une production audiovisuelle florissante mais incapable d’atteindre le seuil de rentabilité.

Les Français financent sous la contrainte les privilèges de l’État et de ses favoris, qui entendent leur dicter leur conduite. Combien de temps faudra-t-il pour qu’ils comprennent que la liberté leur est souhaitable en tous points et que le pouvoir, étant son ennemi, est le leur ?

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  • Tout le monde (ou presque) est hypocrite! Que l’on soit de gauche ou de droite, le réflexe est exactement le même. Quand l’impot augmente, on cherche à y échapper totalement ou, à défaut, au moins partiellement. Quel ménage, quelle entreprise se dit : chouette, on va payer plus d’impôts? Tout le monde essaie de diminuer ses coûts, personne n’échappe à cette règle. J’ai travaillé dans différentes sociétés, dont certaines relevaient du secteur public et étaient dirigées par des gens de gauche, et ce réflexe était partout le même. Les gens n’ont pas idée de l’énergie et de l’ingéniosité qui sont déployées dans les grandes entreprises pour payer moins d’impôts, avec l’aide de cabinets d’avocats fiscalistes qui se frottent les mains à chaque nouveau texte fiscal alambiqué. Quand quelqu’un vient vous dire que l’impôt c’est bien, c’est qu’il pense pouvoir en bénéficier (subventions, allocations, promotions etc) directement ou indirectement aujourd’hui ou demain. Cette attitude peut finalement se résumer à la formule de Bastiat : tout le monde essaie de vivre aux dépens de tout le monde via l’Etat.

  • Cela me rappelle ce qu’on disait dans le temps, « je roule pour vous, vous roulez pour moi, l’etat nous roule, nous sommes tous roules. »

    Rien de nouveau sous le soleil. Il a furieusement raison H16, ce pays est foutu.

  • Encore un article rempli de bon sens, merci Baptiste!

  • C’est ce que je clame haut et fort depuis fort longtemps, et ce bien avant 2007 c’était vers 99/2000
    Certains collègues me disaient : mais il faut de la dette ça fait tourner l’économie, regarde les USA……..
    Tous nos politocards vivent sur un train de vie royal grâce à cette dette accumulée depuis 30 ans par eux seuls.
    Cette dette leur a permis d’avoir une paix royale, malgré les crises depuis 81, et de se faire réélire sans souci, d’un côté comme de l’autre, ils ont pu continué à profiter des privilèges monarchiques qu’ils se sont attribués en toute légalité.
    Tous nos politocards depuis 81 sont responsables du désastre actuel, ils tentent d’accuser la finance, alors qu’ils se mettent à genoux devant elle en leur faisant des pi.es chaque fin de mois, depuis plus de 30 ans et ça continue.
    Toute cette dette est un détournement de fonds à leur profit => tous en tôle, mais il faut construire des prisons, il n’y a pas assez de place.

  • Voilà encore une belle photo de l’arret de bus de l’Elysée.

  • Super texte. Merci.

  • Les commentaires sont fermés.

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