Les contradictions de la gauche

Plusieurs des politiques de la gauche apparaissent indéfendables lorsque l’on considère l’ensemble de leurs impacts sur la société

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Les contradictions de la gauche

Publié le 16 septembre 2011
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Plusieurs des politiques de la gauche apparaissent indéfendables lorsque l’on considère l’ensemble de leurs impacts sur la société.

Par Le Minarchiste, depuis Montréal, Québec

La gauche et les libertariens partagent beaucoup d’objectifs communs : vivre dans un monde où il y a moins de pauvreté, de chômage, de récessions, d’endettement, de guerres, de corruption et où l’environnement est sain (l’objectif de la gauche qui n’est pas partagé par les libertariens est la réduction des inégalités).

Cependant, les moyens favorisés pour atteindre ces objectifs sont fort différents de part et d’autre! La gauche préconise l’intervention de l’État alors que les libertariens préconisent la liberté. Cependant, plusieurs des politiques de la gauche apparaissent indéfendables lorsque l’on considère l’ensemble de leurs impacts sur la société. Ce texte comporte une multitude de liens vers des billets que j’ai publiés dans le passé; amusez-vous à les découvrir si ce n’est pas déjà fait!

Par exemple, lorsqu’il est question de l’économie, on voudrait éviter les crises financières et les récessions. La gauche ne veut rien savoir des solutions libertariennes comme abolir la banque centrale et adopter un système bancaire à réserves entières parce que la gauche a besoin de la banque centrale étatique pour financer, par la création de monnaie ex nihilo, les déficits gouvernementaux résultants des excès de l’État-providence. Car éliminer les déficits signifierait, en partie, réduire les dépenses de l’État, chose impensable pour la gauche. On préfère plutôt une lourde et coûteuse règlementation, voire même la nationalisation du système bancaire, malgré tous les problèmes que cela causerait, car il leur est évident que la dernière crise financière a résulté de la dérèglementation du système bancaire américain (sic) alors que la crise de la Zone Euro est causée par les satané spéculateurs et par l’avarice des investisseurs obligataires (re-sic). Ensuite, la gauche s’insurge face aux gigantesques profits des banques (réalisés grâce à l’aide de la banque centrale et en violation des droits de propriété des déposants) et de leur impact sur les inégalités, et elle s’inquiète aussi face à la hausse de l’endettement des ménages, conséquence directe des politiques monétaires expansionnistes des banques centrales! Par ailleurs, la gauche oublie que l’endettement de l’État, facilité par les banques centrales, a largement servi à financer d’odieuses guerres inutiles (voir ceci).

Concernant le chômage, on sait bien qu’il est notamment amplifié par un manque de flexibilité du marché du travail. Pourtant, plutôt que de favoriser une plus grande flexibilité, la gauche prône la rigidité par le syndicalisme, le protectionnisme et l’accroissement de la règlementation du travail. Le résultat obtenu est l’inverse de ce qui est souhaité. Par ailleurs, les impôts élevés, nécessaires au financement des programmes sociaux supportés par la gauche, nuisent aussi à l’investissement, ce qui affecte négativement la création d’emplois.

La gauche se scandalise face aux profits des grandes entreprises et à leur impact sur les inégalités. Les libertariens favorisent quant à eux une économie dynamique où règnent la libre-entreprise et la concurrence. Pourtant, les gauchistes ont des nausées lorsqu’il est question de concurrence, qu’ils considèrent « sauvage ». Ils encouragent un lourd fardeau règlementaire qui nuit à la concurrence (exemples ici, ici et ici), des monopoles d’entreprises d’État (ici, ici et ici), la protection de la propriété intellectuelle, des mesures protectionnistes et des subventions (ici), supposément pour protéger les petits travailleurs peu productifs des impacts de la mondialisation des échanges et protéger les « intérêts nationaux ». Nous tuons ainsi le dynamisme de l’économie ce qui permet aux grandes entreprises d’accumuler des profits sans trop d’efforts car elles bénéficient de ces largesses, s’adaptent mieux à la règlementation et ont de puissants lobbys pour s’accaparer des privilèges de l’État.

La gauche est encore plus allergique à la concurrence lorsqu’il est question des services publics, dont le manque de concurrence a permis à la bureaucratie de grossir sans contrôle et au sein desquels le gaspillage est prépondérant (ici et ici). La fonction publique soutenue par de puissants syndicats est devenue une classe bénéficiant de conditions au-dessus de la classe moyenne (voir ceci et ceci) déconnectée du marché. Cela fait grimper les coûts et comme les budgets sont limités, le gouvernement rationne la demande en engendrant des pénuries. La privatisation de ces services (voir ceci) et leur ouverture à la concurrence permettrait de régler ces problèmes, mais la gauche préfèrerait augmenter les impôts pour y pelleter encore plus d’argent, oubliant qu’à partir d’un certain niveau, les hausses d’impôts réduisent les revenus de l’État et la croissance économique (voir ceci). On ne ferait donc que permettre au problème de perdurer indéfiniment et pendant ce temps des gens meurent sur des listes d’attente et à l’urgence… alors que la crainte face aux soins de santé privés est que des gens pourraient hypothétiquement être laissés pour contre…

La gauche est répugnée par les profits, qui démontrent selon eux que les entrepreneurs s’en mettent plein les poches en exploitant les petits travailleurs prolétaires. Pourtant, les profits indiquent que les producteurs créent de la richesse; que ce qu’ils produisent a plus de valeur que les ressources utilisées dans la production et donc que ces ressources ne sont pas gaspillées. Les profits sont le moteur de l’investissement, de l’innovation et, par conséquent, de l’amélioration de notre niveau de vie.

En environnement, la gauche est inquiétée par la destruction de systèmes écologiques causée par la pollution humaine et par d’éventuelles pénuries de ressources naturelles. Curieusement, la solution gauchiste consiste à confier la protection de l’environnement et la conservation des ressources à l’État, alors que l’on sait que c’est justement ça le problème (voir ceci et ceci)! La propriété privée, un élément essentiel du système capitaliste, est le meilleur moyen de protéger l’environnement et de s’assurer que les ressources naturelles soient utilisées au meilleur escient possible (voir ceci). Cependant, la gauche se refuse à considérer la propriété privée pour régler les problèmes environnementaux puisque cela réduirait possiblement les revenus de l’État (en redevances et royautés directes), qui servent à financer leurs programmes sociaux chéris! Et la gauche craint encore plus que de vilains capitalistes puissent potentiellement s’enrichir en exploitant ces ressources!

Concernant l’immonde pauvreté qui affecte les pays du Tiers-Monde, il est clair que ces pays ont cruellement besoin de plus de liberté économique, de plus d’entrepreneuriat, de plus d’ouverture aux marchés internationaux, de plus de protection des droits de propriété privée, d’un État moins accaparant et moins arbitraire : un État de droit (voir ceci). L’aide internationale ne fonctionne pas, elle ne fait que permettre au système vicié de perdurer et bloque le changement. Quant aux programmes d’ajustements structurels de la Banque Mondiale et du FMI, ce ne sont que des mascarades mal ficelées.

L’aide internationale demeure toutefois la solution privilégiée par la gauche, qui craint le capitalisme et la mondialisation car selon eux le libre-marché condamnerait ces populations à œuvrer dans des sweatshops indéfiniment (est-ce que c’est ce qui s’est produit pour les Tigres Asiatiques? Non!). La gauche pense que l’État et les ONGs peuvent tout régler simplement en y pelletant plus d’argent des pays riches. Ils sont bien ouverts aux exportations comme moyen de sortir ces pays de la misère, mais à condition de bloquer les importations pour favoriser les industries locales; le vieux réflexe mercantiliste qui a coulé tant de pays dans le rouge. Ils oublient que le commerce international libre bénéficie aux deux parties qui participent à un échange, même à la moins productive des deux (voir ceci). Ils oublient aussi que les mesures protectionnistes font du tort à tous, mais surtout aux pays les plus pauvres qu’ils aimeraient tant aider.

Notez par ailleurs que l’abolition de la protection de la propriété intellectuelle permettrait de réduire les coûts des médicaments et soins médicaux pour tous et permettrait d’aider les pays du Tiers-Monde à émerger de la pauvreté en créant des entreprises dont la production a plus de valeur ajoutée.

Lorsqu’il est question de corruption, la gauche jette le blâme sur les corporations et leurs lobbys, qui mettent tant de pression sur les « pauvres » politiciens pour que ceux-ci fassent pencher la balance de leur côté. Pourtant, le meilleur moyen de combattre la corruption est de réduire la taille de l’État et de se fier au marché et à la concurrence plutôt qu’aux fonctionnaires. Les entreprises nationalisées sont de véritables foyers à corruption alors que l’interventionnisme étatique déploie généralement trop de pouvoir pour que celui-ci ne soit pas détourné vers des intérêts autres que celui de la population. Les statistiques sont claires : plus l’État a de pouvoir, plus il y a de corruption.

En ce qui a trait aux inégalités de richesse, entre une société A plus pauvre, mais égalitaire et une société B plus riche, mais plus inégale au niveau de la répartition de la richesse, la gauche préfère la société A même si les pauvres y sont plus pauvres que dans la société B! Selon eux, la société B est plus riches non pas parce que sa liberté économique est supérieure, mais bien parce que ses pauvres ont fui vers la société A, rendant celle-ci plus pauvre… Si le sort des pauvres était la vraie inquiétude, la société B serait préférable, mais il semble que la gauche préfère sacrifier de la richesse pour obtenir plus d’égalité, ce qui est insensé.

En dernier lieu, les libertariens tentent de rappeler à la gauche que l’étatisme nous met sur la route de la servitude, laquelle mène à l’affaiblissement de la démocratie au fur et à mesure que les libertés économiques et politiques s’érodent. C’est que les politiciens gauchistes considèrent que tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins collectivistes et égalitaires, même la force coercitive et les politiques liberticides. C’est ce qui est en train de se produire au Vénézuela sous Chavez, entre autres.

La gauche blâme les innombrables échecs de l’étatisme sur le dos du corporatisme. Selon eux, l’État moderne sert les intérêts « bourgeois » : il subventionne les grandes entreprises et sauve les banques de la faillite. La gauche oublie que plus l’État prend d’ampleur, plus ce résultat est inévitable. Les politiciens travaillent à se faire élire et n’hésitent pas à utiliser leurs pouvoirs élargis pour s’acheter des votes. C’est pourquoi l’expansion de l’État mène inévitablement à une forme de corporatisme malsain.

La gauche oublie aussi qu’historiquement, l’État a été implanté de force par les envahisseurs, les conquérants et les colons pour asservir la population locale et pour mieux l’exploiter. Cette situation n’a pas vraiment changé et ne changera jamais (voir ceci).

Conclusion :

Tout comme les libertariens, la gauche est bien intentionnée, la plupart du temps. Elle part du principe que le marché est imparfait, et c’est vrai (il n’y a qu’Eugene Fama pour nier cela)! Cependant, elle pense qu’elle peut corriger le tir vers un résultat plus optimal en utilisant le pouvoir coercitif de l’État; c’est là qu’est l’erreur. La plupart du temps, l’intervention étatique empire la situation et mène à un résultat inférieur à celui du libre-marché. Le problème est que les conséquences indirectes négatives des actions étatiques sont souvent moins visibles à court terme que les conséquences directes positives; ce qui faisait dire à Frédéric Bastiat qu’il y a « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas ». Cela pose un défi colossal à toute politique libertarienne quant à sa capacité à convaincre les masses que la liberté est le meilleur chemin à prendre, et non l’étatisme…

—-
Sur le web.

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  • Excellent article mais le raisonnement vaut tout autant pour la droite.

  • J’ai publié le commentaire ci-dessous il y a quelques jours, mais je le publie à nouveau ici pour ceux qui ne sont pas encore au courant de l’analyse du sociologue brésilien Olavo de Carvalho.

    Les propositions de la gauche sont tout à fait cohérentes avec le mode de raisonnement révolutionnaire, qui a a été très bien analysé par le Olavo de Carvalho (voir son site : http://www.olavodecarvalho.org/semana/080721dc.html) lorsqu’il parle de « l’inversion révolutionnaire en action » et de la « MENTALITE REVOLUTIONNAIRE » qui a 3 caractéristiques :
    1) – L’inversion de perception du temps : les personnes normales considèrent que le passé est immuable et que l’avenir est incertain. Le révolutionnaire raisonne différemment : pour lui, le futur utopique est un objectif et une certitude ; le futur est donc immuable. En même temps, le révolutionnaire croit que le passé peut et doit être modifié par la réinterprétation de l’histoire et la déconstruction idéologique.
    2) – L’inversion de la morale : En fonction de la croyance dans un avenir utopique certain et déterminé et de la croyance que la société s’achemine vers cet avenir, le révolutionnaire croit que cet avenir sera parfait (absence de mal et d’erreurs). Tous les moyens nécessaires pour atteindre cet avenir radieux sont donc justifiés. Il s’agit d’une morale téléologique : les fins justifient les moyens.
    3) – Inversion du sujet et de l’objet : la faute des actes barbares commis par les révolutionnaires est toujours des victimes parce qu’elles ne comprennent pas les notions révolutionnaires qui amèneraient à l’avenir parfait et, en plus, inexorable. Les victimes de la mentalité révolutionnaire n’ont pas été assassinées par Che Guevara, Hitler ou Staline, mais elles ont été les coupables de leur sort parce qu’elles ont refusé de comprendre l’inexorabilité de l’avenir parfait dont les révolutionnaires sont les maitres d’oeuvre providentiels.
    Déjà Paul Sérieux dans son livre « Les Folies Raisonnantes. Le Délire d’Interprétation » parlait de ces phénomènes il y a plus d’un siècle.

    Les racines du socialisme/communisme étant révolutionnaires, cette analyse est valable pour le mode de raisonnement socialiste. Bien sur que les socialistes canadiens ou français actuels ne mettent pas en œuvre les politiques meurtrières et esclavagistes de leurs ancêtres idéologiques ou de leurs cousins actuels (Cuba castriste, Iran des ayatollahs gauchistes, Corée du Nord de Kim Jong-il, etc), mais leur mode de raisonnement est identique.
Les propositions des socialistes/communistes aussi bien au Québec qu’en France ou ailleurs sont donc cohérentes avec la mentalité révolutionnaire et c’est le contraire qui serait surprenant.

    Je termine avec une belle phrase de Lénine : « l’important dans un débat n’est pas la vérité mais la victoire »
    (la traduction n’est peut-être pas la plus exacte, mais l’important c’est le sens de la citation)

  • excellente analyse.

  • Oui, excellente, merci aussi à Pagifer pour son très intéressant complément en commentaire.
    Question : pourquoi au Canada dit-on libertarien pour libéral ?

  • Les commentaires sont fermés.

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