Geoffroy Didier : non, le consumérisme électoral ne sauvera pas la droite !

La droite française est toujours en quête d’identité. Plutôt que de se soumettre à une approche électoraliste, LR doit se recentrer sur une vision libéral-conservatrice.

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Geoffroy Didier : non, le consumérisme électoral ne sauvera pas la droite !

Publié le 10 octobre 2023
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En perte de repères depuis maintenant plus de dix années, la droite française se voit tiraillée électoralement entre quatre forces politiques tentant toutes de prendre la couverture par des propositions de plus en plus étatistes à mesure que l’inflation et le changement climatique prennent de la place dans la vie des Français.

Dernier parti à incarner une ligne libérale-conservatrice parmi les partis de gouvernement, Les Républicains sont aujourd’hui au cœur d’une lutte interne autour de l’avenir de la droite.

La dernière entrevue accordée par Geoffroy Didier au journal Le Point met en lumière le principal défi auquel est confronté le parti.

Les Républicains ont le choix entre deux visions du renouveau :

  1. Le consumérisme électoral visant à ramener désespérément dans le giron du parti les classes sociales qui l’ont délaissé
  2. La vision plus intellectuelle, libérale-conservatrice, pour qui l’idéologie globale et le long terme sont plus importants que les cadeaux faits à tel ou tel pan de l’électorat.

 

Entre réforme et poncifs

Interrogé par Nathalie Schuck dans les colonnes du journal Le Point le samedi 30 septembre, l’eurodéputé et secrétaire général délégué des Républicains Geoffroy Didier incarne ici l’erreur de paradigme dans lequel est enfermée une partie du mouvement.

Dans un premier temps, il rappelle à juste titre la nécessité pour la droite de se focaliser sur l’après-Macron et les impératifs de débureaucratiser l’administration, et de réduire au maximum le poids de l’État dans la vie de Français.

Mais rapidement, un certain naturel semble revenir au galop, reprochant à la droite de s’être « souvent attaquée aux fonctionnaires et à l’État ». Il ira jusqu’à dire ne pas être « un adepte du moins d’État », avant de citer les poncifs habituels sur les infirmières, les policiers et les professeurs, professions que personne en France n’a jamais attaquées sérieusement.

En somme, Geoffroy Didier se limite à brosser dans le sens du poil les classes moyennes parties au Rassemblement national.

 

Quelle tête de liste ?

Un temps poussé par Éric Ciotti pour devenir tête de liste du parti aux prochaines élections européennes, Geoffroy Didier a poliment décliné l’invitation.

Le hasard fait bien les choses, puisque que le jour même de la parution de cette interview, se déroulait, au Cercle d’hiver, dans le 11e arrondissement de Paris, une soirée organisée par Livre noir, média tenu par des proches d’Éric Zemmour, durant laquelle ce dernier était invité à débattre avec plusieurs personnalités sur le thème de l’immigration.

Une soirée morne, tant les différents contradicteurs semblaient avoir été choisis pour mettre en valeur le champion de la droite radicale, à l’exception notable de Ferghane Azihari. Dans le lot se trouvait Vincent Jeanbrun. Le maire LR de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) est surtout connu pour avoir été victime d’une attaque à son domicile lors des émeutes ayant suivi la mort de Nahel en juillet dernier.

Après Geoffroy Didier, Jeanbrun serait le nouveau favori d’Éric Ciotti pour mener la campagne européenne. Sa prestation au Cercle d’hiver, qui frisait le ridicule, devrait toutefois assécher ces éphémères ambitions.

 

Une bataille entre deux lignes

Il faut dire que Les Républicains se trouvent dans une situation particulière.

Alors qu’Aurélien Pradié fait de la figuration dans les quelques fédérations qui lui ouvrent encore leurs portes, le parti est tiraillé entre la ligne Ciotti-Wauquiez et la ligne Retailleau-Lisnard, incarnant toutes deux des visions de ce que la droite doit faire pour retrouver le chemin du pouvoir. Hasard du calendrier : ce même week-end des 30 septembre et 1er octobre, la première de ces deux lignes a fait un pas de plus vers l’Élysée.

« Je suis prêt ! » a ainsi déclaré Laurent Wauquiez lors du campus des Jeunes Républicains à Valence qui se tenait ce même week-end.

De son côté, le camp retailliste pousse de plus en plus la candidature du maire de Cannes et président de l’AMF David Lisnard.

C’est précisément dans le cadre de cette opposition interne que les partisans de Bruno Retailleau tentent aujourd’hui de maintenir la candidature de François-Xavier Bellamy, déjà tête de liste en 2019. Si certains le voient comme un astre mort, Les Républicains constituent aujourd’hui le grand parti politique français en capacité d’incarner une ligne libérale-conservatrice.

 

L’impératif doctrinal avant l’impératif personnel

Car tel est bel et bien l’enjeu actuel auquel sont confrontés les libéraux-conservateurs actuels.

Outre LR, la droite est aujourd’hui tiraillée entre trois forces : Renaissance, le Rassemblement national et Reconquête, soit entre social-démocratie, social-nationalisme et identitarisme.

L’offre libérale-conservatrice a pour moment une seule incarnation capable de se présenter à des élections nationales : Les Républicains.

Dans ce sens, plutôt que de se focaliser sur la personne, le parti aurait tout intérêt à se recentrer sur son corpus idéologique. Si cela a bien été compris par David Lisnard, cet impératif ne doit pas se transformer en concours Lépine des propositions les plus démagogues pour capter tel ou tel pan de l’électorat, chose que semble prendre en compte Éric Ciotti lui-même après avoir nommé, le 2 octobre dernier, Emmanuelle Mignon vice-présidente en charge des idées et du projet, ainsi que Kevin Brookes, libéral convaincu, en tant qu’adjoint à la direction des études. Conservatrice au sens anglais du terme, l’ex-directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy aurait même déclaré en 2004 être « pour une privatisation totale de l’Éducation nationale ».

 

La faillite du consumérisme électoral

Au final, l’entrevue de Geoffroy Didier incarne la principale difficulté posée par une frange des Républicains.

En se focalisant sur un consumérisme électoral fortement court-termiste qui est déjà une des causes de notre malaise démocratique avec le poids exorbitant du président de la République dans nos institutions, Geoffroy Didier semble penser que la droite sera sauvée, non en étant claire sur ce qu’elle est, mais en tentant de ramener certains pans de l’électorat à la manière des classes moyennes et des retraités, partis respectivement au Rassemblement national et à Renaissance.

Entre le raisonnement de classe et le raisonnement de masse, la droite doit choisir l’option la moins crasse si elle souhaite espérer sortir de l’impasse.

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  • Vous parlez de la droite, ou de la gauche ?

  • Les LR ont plusieurs problemes. L un est la credibilité. C est le parti de Chirac et Sarkozy (lequel a carrement soutenu Macron aux dernieres elections). Qui va voter pour des gens dont on sait qu ils ne feront rien une fois elu ?
    En ce qui concerne le programme et s il veut faire de vrai economie dans les depenses, LR est prisonnier de ce qui reste de son electorat : 50 % des depenses c est les pensions de retraites et les soins medicaux et ce qui reste de ses electeurs sont … les vieux. Si Fillon avait eliminé les economies sur la securite sociale de son programme apres les primaires, c est pas pour rien

    La meilleure chose qui puisse arriver a la France c est que les LR disparaissent

    • il est difficile de faire la promotion de « la droite » sans en même temps mettre en évidence que la gauche. est répulsive..
      démocratie représentative…voire démocratie tout court..
      or tu es mon représentant mais tu ne représentent pas mes idées…

  • Hélas, la droite n’est pas badass. Ça jacasse, ça jacasse. Mais plus radasse que bombasse, plus nécromasse que brutasse, elle est à la ramasse. Alors que faire dans cette bourbasse, à part tirer la chasse ? Ou l’enrober d’argamasse et la couler dans la mer des Sargasses ?
    Je passe !

  • Le libéralisme je m’en fais une idée. qui fait que je ne m’apparente ni à la droite ni à la gauche, mais si je comprends l’idée derrière l’article c’est que voter pour la droite, quand elle est libérale me sauvera de la gauche..mais surtout tu du collectivisme..
    C’est une vision similaire à « Pinochet c’est mieux que castro. ». car Il est PLUS libéral..

    Parce que l’économie importe..comme un ventre plein..même pour une tête bien faite..

    Or oui….mais non..

    Certes , la richesse n’est pas un objectif collectif acceptable.. La gauche prétend souvent que c’est son cas, mais justement pourquoi ne pas se contenter de mettre en évidence son hypocrisie.. la gauche est en vérité obsédée par la richesse et l’argent..c’est sa mesure des « injustices ».. Elle ne remplace pas le moine mendiant rapperait à chacun que la charité est une vertu. Son discours est faussement moral..

    Mais laissez moi faire le pognon que je veux glisse aussi toujours vers mettons en place les conditions pour faire « ensemble « de max de pognon.. et que l’épargne( de quoi ?) est en soi une vertu..alors que toute épargne est une spéculation..

    Je ne veux pas vacciner économiquement les gens de force..sauf dans le cas où la survie de la nation; et non des ses habitants; est en jeu…

    enfin bref..
    la gauche a parfois raison, au sens libéral, face à la droite..

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