Élections sénatoriales de 2023 : stabilité a droite, revers macroniste et retour du RN…

Le Rassemblement national refait surface au Sénat, tandis que les macronistes essuient de lourdes pertes. La droite, bien ancrée, conserve sa majorité.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Sénat By: Jacques Paquier - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Élections sénatoriales de 2023 : stabilité a droite, revers macroniste et retour du RN…

Publié le 29 septembre 2023
- A +

Comme nous vous l’avions annoncé, les élections sénatoriales n’ont pas bouleversé les grands équilibres de la Haute Assemblée dominée par la droite et le centre, et les difficultés des macronistes, dans un scrutin marqué par le retour du Rassemblement national, avec trois élus.

Ils étaient 119 à se représenter parmi les 170 sénateurs sortants. La grande majorité ont été réélus. Au total, 80 % des candidats à leur réélection conservent leur siège au palais du Luxembourg, qui s’est par ailleurs légèrement féminisé, avec quatre sénatrices supplémentaires, et rajeuni en passant pour la première fois sous la barre des 60 ans.

78 000 grands électeurs étaient appelés, dimanche 24 septembre, à renouveler 170 sièges de sénateurs, dans 38 départements métropolitains (du numéro 37 au numéro 66), et les départements d’Île-de-France ; six territoires d’Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, et la Nouvelle-Calédonie) ; ainsi que 6 des 12 sièges de sénateurs représentant les Français établis hors de France.

 

Le groupe Les Républicains reste le premier groupe du Sénat

Les Républicains conservent la mainmise sur le Sénat où il détient toujours la majorité absolue avec ses partenaires de l’Union centriste.

Mais l’évolution du rapport de force au profit de ces derniers pourrait infléchir la teneur des débats sur l’immigration. En effet, Les Républicains constate tout de même une petite érosion, et table sur un groupe d’environ 140 sénateurs, contre 145 auparavant, selon les dernières estimations dimanche soir. Le rééquilibrage est favorable au groupe allié de l’Union centriste d’Hervé Marseille, réélu dans les Hauts-de-Seine, qui espère « enrichir » ses troupes et « atteindre la soixantaine de membres ». Dans l’Hémicycle, la droite va rester majoritaire avec 200 sièges sur 348.

 

Le camp présidentiel en difficulté

Les troupes macronistes, réunies au sein du groupe RDPI (24 élus) vont diminuer, payant ainsi leur faible ancrage local, avec une série de revers. Dès dimanche matin, une défaite emblématique, celle de la secrétaire d’État à la Citoyenneté Sonia Backès, seule ministre en lice, battue au second tour en Nouvelle-Calédonie par l’indépendantiste Robert Xowie. En accord avec la règle jusqu’ici appliquée par le président de la République pour ses ministres aux législatives, la ministre a démissionné ce mercredi. L’ancienne ministre Brigitte Bourguignon, déjà défaite aux législatives 2022, a quant à elle été battue dans le Pas-de-Calais.

Les macronistes n’ont plus aucun élu à Paris.

La liste du sortant Julien Bargeton n’a recueilli que 6,03 % des suffrages exprimés et n’a obtenu aucun siège. Horizons, le parti d’Édouard Philippe, remporte quelques élus.

Le chef du groupe LR Bruno Retailleau a fustigé un « nouvel échec du président de la République » au Sénat, en raison de la « déconnexion du macronisme avec le terrain ».

 

La gauche se rapproche des 100 sièges

Le groupe socialiste (PS et apparentés) devrait rester la deuxième force du Sénat en maintenant son socle de 64 sénateurs, selon son recensement dimanche soir avant les derniers résultats attendus dans les Antilles.

« Symboliquement, c’est important », reconnaît le chef de file socialiste – réélu dans le Nord – Patrick Kanner, satisfait d’avoir signé « un accord gagnant-gagnant » avec les communistes et les écologistes dans une quinzaine de départements. « Je m’étais fixé, avec mes collègues communistes et verts, la barre des 100 sénateurs (de gauche), je crois qu’on va la tutoyer », a-t-il affirmé.

Dans la capitale, ce rassemblement envoie au palais du Luxembourg huit des douze sénateurs parisiens, pendant que la droite divisée obtient quatre sièges. L’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot fait ainsi son entrée au Sénat, tout comme le communiste Ian Brossat. Le groupe communiste va lui aussi légèrement progresser : il a annoncé compter 17 sénateurs contre 15 avant l’élection. Cette alliance de gauche n’a pas plu à la France insoumise, écartée faute de disposer d’un maillage local suffisant pour garnir les rangs du Sénat. « Le refus de l’union autour de la Nupes aura coûté à la gauche près de 10 sièges », a dénoncé LFI dans un communiqué.

 

Le RN fait son retour parmi les sénateurs

Enfin, le Rassemblement national, absent au Sénat depuis le départ de Stéphane Ravier chez Reconquête, fait son retour à la chambre haute.

Le parti de Marine Le Pen a obtenu trois sièges : Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais, Joshua Hochart dans le Nord et Aymeric Durox en Seine-et-Marne. Tous trois occupent déjà des mandats locaux. Pas de quoi, cependant, constituer un groupe politique autonome, le seuil étant fixé à dix sénateurs.

 

Des sénateurs plus jeunes…

Avant le scrutin, la moyenne d’âge était de 62 ans et 9 mois, selon les services du Sénat. Pour la première fois, la moyenne d’âge des sénateurs est passée sous la barre des 60 ans, avec 59 ans et 11 mois de moyenne.

L’écologiste Mathilde Ollivier, nouvellement élue, à 29 ans et trois mois, devient la benjamine de l’Hémicycle. Le doyen reste le sénateur MoDem Jean-Marie Vanlerenberghe, avec 84 ans et 5 mois. À titre de comparaison, les députés de l’Assemblée nationale avaient 48 ans et demi en moyenne lors de leur élection en juin 2022. La chambre haute s’est aussi légèrement féminisée dimanche, avec quatre sénatrices de plus, soit 36 % de femmes, lesquelles n’avaient d’ailleurs jamais été aussi nombreuses à se porter candidates (46,67 %). Mais seulement 26 % d’entre elles figuraient en tête de leur liste dans les départements où les sénateurs sont élus au scrutin proportionnel.


Stabilité au « plateau »

La stabilité devrait aussi être de mise à la tête de l’institution avec l’élection – pour la cinquième fois depuis 2008 – à la présidence du Palais du Luxembourg, du sénateur (LR) des Yvelines Gérard Larcher, réélu à 74 ans pour un sixième mandat.

Le scrutin est prévu le 2 octobre, pour la reprise de la session parlementaire. 

Pour le sénateur (LR) de la Manche Philippe Bas, réélu dimanche soir :

« Dans les territoires, la droite modérée a un soutien du réseau des élus qui est très fort et qui est sensible à la stabilité. Par contraste avec les divisions de l’Assemblée nationale, beaucoup de grands électeurs ont souhaité éviter un Sénat divisé et sans majorité. »

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pour Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre signale la concrétisation d’une alliance entre Emmanuel Macron et Les Républicains, mais aussi la position de force du Rassemblement National. Entretien.

 

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre. Que signifie ce choix d’Emmanuel Macron ?

Frédéric Sawicki : La première chose à souligner, c’est que Michel Barnier vient de la droite et qu’il a forcément reçu le soutien d... Poursuivre la lecture

Jusqu’à présent, lors des élections précédentes, comme nous l’expliquaient tous les médias, on devait officiellement choisir entre la continuité et le chaos. Manque de pot ou petites boulettes malencontreuses de nos élites maladroites, sur les sept dernières années, nous eûmes surtout la continuité dans le chaos, ce dernier prenant maintenant une place prépondérante.

Et ce chaos s’est parfaitement illustré avec la décision lunaire d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée au soir du 9 juin 2024, suite à une déculottée saignante aux él... Poursuivre la lecture

Les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 sont l’occasion pour les oppositions de la majorité présidentielle de… manifester leur opposition ! Pas étonnant que leurs programmes se ressemblent énormément.

 

Certes, les affiches sont différentes : un totem de gauche d’un côté, le Front populaire, un totem de droite de l’autre, le « national ».

Mais si on gratte un peu, c’est plutôt la ressemblance qui prime, avec le mythe du Front populaire, à droite comme à gauche.

Les oppositions sont ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles