Bien peu de pays industrialisés se tiraillent encore autant sur la question de l’avortement que les États-Unis. Depuis la décision Dobbs, qui a annulé l’arrêt Roe vs. Wade, c’est le branle-bas de combat dans les États pour (dé)serrer les lois sur la procédure controversée.
Ce sujet brûlant a sans doute eu une influence sur les élections de mi-mandat en 2022 – les sujets locaux ont généralement préséance. Pourrait-ce être le cas en 2024 ?
On en discutera sûrement en Ohio. Un référendum récent a rejeté la proposition, soutenue par les Républicains, mettant un seuil de 60 % pour amender la Constitution de l’État. Ladite proposition visait à mettre des bâtons dans les roues d’un autre référendum à venir en novembre, où l’on demandera si l’avortement devrait être consacré dans la loi suprême de l’État.
Jusqu’à présent, seul le Maryland a prévu un référendum sur la question en 2024. La quasi-totalité des autres États ont déjà leurs lois, mais comme les lois référendaires sont spécifiques à chacun, d’autres pourraient avoir des consultations plus tard.
Complaisance républicaine?
Par ailleurs, du côté républicain, ça semble être le silence radio sur l’avortement.
Le site Internet principal du parti montre que les principales résolutions depuis 2020, outre honorer certaines personnes, ont davantage à voir avec la « guerre culturelle » qui sévit qu’à faire avancer un quelconque agenda.
Oh, une résolution l’hiver dernier a bien été adoptée, montrant leur support inébranlable « pour la vie », où l’on encourage tout candidat à crier sa position sur tous les toits à l’approche des élections de 2024.
Toutefois, le moteur de recherche des communiqués de presse n’offre même pas ce sujet en accès rapide. Et depuis le 28 octobre dernier, il n’y a eu qu’un seul communiqué de presse sur l’avortement. Il révèle toutefois des sondages très intéressants, commandés par le parti, qui devraient faire passer un message aux extrémistes qui refuseraient l’avortement en toute situation – ce qui a coûté la victoire au Michigan.
Le sondage montre donc que les indépendants (pas officiellement Démocrates ni Républicains) supporteront un candidat – probablement Républicain – qui permet des exceptions à l’avortement en cas de viol, d’inceste, ou de danger immédiat pour la mère (ou même jusqu’à 15 semaines de grossesse) dans une proportion de deux contre un. On affirme même que les Républicains qui supportent ces exceptions ont été élu depuis Roe vs. Wade.
Le même sondage montre aussi que seuls 15 % des électeurs soutiennent la position apparente des Démocrates pour l’avortement à n’importe quel moment de la grossesse, et pour n’importe quelle raison. Les conclusions du sondage invitent les candidats à questionner leurs opposants pour connaître leur position et les pousser pour savoir s’ils appuient l’avortement sur demande.
Mais les conseils aux candidats ont conclu en affirmant que « la majorité des votes seront décidés par l’économie et une montée du crime. »
Bref, si les Républicains veulent de meilleures chances en 2024 (et 2023 au niveau de certains États), ils devront suivre leur propre conseil : ne pas transformer les femmes en fabrique à bébés. Des sondages internes montrent que des exceptions raisonnables – et même jusqu’à 15 semaines – sont plus populaires qu’un avortement à une heure de l’accouchement.
Reste à voir qui sera le candidat. S’il a plusieurs accusations contre lui, sa présidence pourrait être trouble. Et reste à voir si le GOP adoptera les stratégies démocrates comme le vote par correspondance et l’aide à la récolte de ces votes. Cela évitera les désastres comme la dernière élection en Arizona.
Avortement. Est modus in rebus.
Républicain. Audi, vide, tace, si vis vivere.
Démocrate. Quieta non movere.
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