Véhicules autonomes : un futur assombri par des cônes de chantier ?

À San Francisco, un groupe de rebelles lutte contre les voitures autonomes en plaçant des cônes de chantier sur leur toit. Un obstacle inattendu au développement technologique…

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Véhicules autonomes : un futur assombri par des cônes de chantier ?

Publié le 27 juillet 2023
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Quand on se prête à un exercice de prospective pour anticiper ce que pourrait être notre environnement contextuel à horizon dix ans pour la société et nos entreprises, on n’échappe pas à une vision futuriste du développement des technologies, avec partout de l’intelligence artificielle, des robots, et bien sûr, des véhicules autonomes.

Pour certains, c’est un futur très désirable, source de progrès et d’innovations. Pour d’autres, les rebelles en révolte contre la technologie, c’est une tendance à combattre.

On a déjà connu ça au XIXe siècle avec la révolte des Canuts, ouvriers tisseurs de soie, à Lyon, en 1831, qui ont cassé les machines à tisser en signe de protestation. Ce sont quand même les machines qui ont gagné la bataille.

Mais ce style de révolte n’a pas disparu.

Prenez les voitures autonomes. Elles commencent à circuler, notamment en Chine qui est le premier pays à autoriser leur circulation dans certaines de ses villes. Et la circulation de robots taxis sans conducteur est déjà une réalité à Pékin.

Mais à San Francisco, une parade a été trouvée par les rebelles pour empêcher les robots taxis de la compagnie Waymo et de Cruise de circuler.

Cela consiste à placer un cône de chantier sur leur toit, en signe de protestation contre la circulation de tels véhicules en ville.

Les rebelles agissent la nuit, en plaçant ces cônes sur les toits. Résultat : le véhicule allume ses feux de détresse et s’arrête en pleine voie. Et il faut l’intervention d’un technicien pour les faire redémarrer.

Pour le collectif Safe Street Rebel, pro-piéton et pro-vélo, il s’agit en fait de s’opposer à tout type de voitures, quel que soit le conducteur, autonome ou pas. Mais cette contestation des véhicules autonomes grandit. Ils sont aussi accusés par le chef des pompiers de San Francisco d’empêcher la circulation des véhicules d’urgence et des bus.

Et les rebelles ont encouragé les habitants à les suivre dans ces actions de blocage des véhicules et à faire de même, grâce à des tutoriels diffusés sur les réseaux sociaux.

La contestation porte aussi sur la revendication d’un « droit à la ville », afin de bloquer l’empiètement des entreprises sur la ville.

 

En Europe, la pénétration des voitures autonomes est encore en retard.

La législation européenne n’autorise que les véhicules de niveau 3 (sur 5), c’est-à-dire avec quand même un humain derrière le volant : il n’a pas besoin de tenir le volant, mais seulement en cas d’absence de piétons sur la voie, et s’il circule à moins de 60 km/h.

Alors, l’horizon de ce niveau 5 de l’autonomie des véhicules n’est-il pas en train de reculer, voire de disparaître ?

Déjà, au niveau technique, les constructeurs eux-mêmes ont des doutes :

C’est Luca de Meo, directeur Général de Renault, qui déclarait déjà en octobre dernier :

« Le véhicule autonome de niveau 5, je pense que c’est une utopie […] On travaille sur la voiture autonome mais je n’ai vraiment pas envie d’être le premier constructeur à en mettre une sur le marché… ».

Si maintenant ce sont les rebelles aux cônes de chantier qui s’y mettent, on devient moins optimistes.

Voilà de quoi construire des scénarios prospectifs différenciés.

La quatrième révolution industrielle n’est pas encore complètement écrite. À nous de l’imaginer et d’en être acteurs.

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  • Comme disait Carlos Tavares, « la voiture autonome existe déjà. Son propriétaire est assis à l’arrière ».

  • A la fois , une voiture autonome qui reste plantée là à cause d’une cône sur un toit de voiture, lui confiez vous votre vie ? … Ca fait bien longtemps que je pense comme le directeur de Renault pour une raison simple : nos routes , nos liaisons réseau intelligent sont en voie de clochardisation , aucun outils de navigation actuel n’est en mesure de me conduire à bon port dans La Défense , ma voiture moderne et ses multi caméras peut voir des « monstres » là où il n’y a rien, elle me demande parfois un freinage d’urgence sur autoroute quand un camion doublé ne lui revient pas ou qu’un halo le recouvre lors de grosses pluies … Les voitures autonomes seront d abord les camions , sur route balisée , voies d’autoroutes par ex . et pour les tres longues distances . Apres bien sûr que cette innovation viendra et c’est très souhaitable , mais nous ne sommes pas prêts, nos infrastructures ne sont pas prêtes . Quand ? Apres la prochaine guerre dis je devant des jeunes médusés .

  • bonjour
    Les voitures autonomes niveau 5 sont un mythe. Car nous disposons quelque chose de plus qu’elles : le pouvoir de négociation. Par exemple « place de l’Etoile a Paris a 17h ».
    Voilà voilà.

    Je vous renvoie a l’excellente conférence de Luc Julia que l’on retrouve un peu partout sur les Interweb.

    • Si elles sont incomplètes et sans avenir, pourquoi se fatiguer à les empêcher de rouler avec des cônes de chantier ? Pour s’affirmer en emm… le peuple ? Une attitude de chef d’Etat…

    • @grain de sel les voitures ne seront pas autonomes justement . Elles seront branchées à un système central , qui les pilotera façon essaim ou banc de poisson, permettant un trafic fluide sûr et ultra rapide. Enfin , c’est comme ça que le vois les choses et on reprendra la main en fin de parcours .

  • Le véhicule autonome qui exige pour fonctionner des infrastructures adaptées existe déjà, c’est le train!
    Ma voiture munie de capteurs a parfois des réactions bizarres quand elle détecte un obstacle inexistant ( bas côté non désherbé, panneau mal aligné etc…) qui nuit à la sérénité de la conduite par ailleurs procurée par la boite auto, et les régulateurs/limiteur de vitesse permettant d’échapper aux pièges des radars.
    Ceci étant, j’ai eu l’occasion dernièrement de louer en Islande un véhicule équipé de cette intelligence artificielle qui prétend remplacer le conducteur humain et je dois avouer que c’est fatigant quand ce véhicule vous alerte par un bip que vous mordez la bande pointillée tout en agissant (ou pas) sur la direction assistée pour vous ramener dans le droit chemin, sans jamais ramener la direction dans l’axe initial une fois la trajectoire corrigée! Quand ce n’est pas sur une « gravel road » sans marquage au sol ou l’intelligence se réveille brusquement alors que vous êtes en pilotage manuel pour vous diriger violemment sur le bas côté!
    Alors, la voiture autonome, elle devra faire encore beaucoup de progrès avant de gagner ma confiance!

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