Ron DeSantis entre dans l’arène présidentielle. Peut-il créer l’enthousiasme pour ses idées au niveau fédéral comme il a pu le faire en Floride ?
Le secret de polichinelle est enfin révélé au grand jour : Ron DeSantis, gouverneur républicain de la Floride, a officialisé sa candidature pour 2024. Malgré une annonce débordante de bogues sur Twitter, elle lui a permis de récolter huit millions de dons en seulement 24 heures.
Mais il a du pain sur la planche – j’ose même dire la boulangerie au complet – pour se frayer un chemin au sommet des intentions de vote de la primaire. En effet, Donald Trump recueille la majorité absolue des intentions de vote, quelle que soit la source du sondage. Toutefois, CNN affirme que 80 % des sondés sont ouverts à l’idée de considérer un autre candidat.
Cela pourrait permettre à DeSantis d’exposer ses idées au grand jour pour s’attirer la faveur des électeurs. Mais quelles sont-elles, au juste ?
Anti LGBT ?
Si vous vous attendiez à un candidat libéral, vous risquez d’être déçus.
En effet, DeSantis embrasse la « guerre culturelle » qui sévit présentement chez l’Oncle Sam. L’année dernière, il a adopté une loi controversée formulée de telle façon que les avocats en manque de cas à traiter peuvent allègrement poursuivre une école portant atteinte à la « dignité » d’un élève. Ladite dignité interdisait l’enseignement de l’orientation sexuelle jusqu’en troisième année (à l’âge de 8 ans) ; un amendement récent l’interdit maintenant jusqu’à la fin de l’école secondaire, soit la douzième année (à l’âge de 17-18 ans).
Toutefois, les lobbys LGBT+ exagèrent grandement quand ils évoquent plusieurs règlements leur faisant supposément la guerre. Empêcher une fille transgenre (donc au génotype XY) de participer à une compétition avec une fille au génotype XX ne relève pas de la marginalisation, c’est de l’équité. N’en déplaise aux wokes et aux relativistes, les différences entre les hommes et les femmes sont indéniables et significatives. Sans compter que permettre aux femmes transgenres de partager les vestiaires avec d’autres femmes crée un fort malaise, voire un sentiment d’atteinte à la dignité. Ce n’est donc pas pour accumuler davantage de clics.
Quant au ban présumé de livres, c’est un verdict mixte. À l’instar de l’Utah, on a bien fait d’interdire un livre qui serait considéré pornographique dans n’importe quel contexte.
Mais ces débats stériles pourraient bientôt devenir caducs avec l’intention de DeSantis d’étendre sa politique de choix scolaire au niveau fédéral. En effet, tous les écoliers de l’État peuvent maintenant choisir l’établissement qu’ils souhaitent sans être pénalisés. Il affirme que les élèves, particulièrement issus des minorités ethniques, ont grandement profité de ces choix – contrairement aux villes où les syndicats sont tout-puissants comme Chicago ou Los Angeles, où ils sont relégués dans des écoles publiques qui peinent à enseigner la lecture.
Une réduction mitigée du pouvoir de l’État
Comme c’est le cas avec l’éducation, plusieurs autres politiques de DeSantis sont mitigées d’un point de vue libéral.
Entre autres :
- La peine de mort peut désormais s’appliquer quand le jury est divisé à huit contre quatre plutôt qu’à l’unanimité. Certains affirment que cette politique « éviterait » de sauver des tueurs comme celui qui a massacré des dizaines d’étudiants à l’école Marjory Stoneman Douglas de Parkland en 2018.
- Les avortements, sauf décision contraire de la Cour suprême de Floride, seront interdits après six semaines de grossesse, et tout médecin ignorant cette loi sera pénalisé. Même avec une période de grâce en cas de viol, inceste ou danger pour la vie de la mère, ce délai est ridiculement court. Donald Trump questionne la pertinence d’une telle loi.
- Toute entreprise d’au moins 25 employés devra désormais s’assurer de la légalité de leur statut. Les cartes d’identité d’autres États seront même refusées. Bref, et n’en déplaise aux conservateurs profitant des maladresses des Démocrates, les cultures vont effectivement pourrir dans les champs et aggraver l’inflation.
- Il crée des lois qui l’avantagent, notamment en ne démissionnant pas de son poste pour sa campagne présidentielle, en éliminant les obligations de montrer son agenda public, ainsi que les rapports mensuels des comités électoraux (PAC).
Toutefois, d’autres lois sont certainement les bienvenues dans ce monde qui semble devenir de plus en plus woke.
- Les institutions publiques post-secondaires ne peuvent désormais plus financer des programmes de Diversité, Équité et Inclusion (DEI). Non seulement ces programmes n’atteignent pas le but espéré, mais exactement le contraire de ce pourquoi ils militent. En effet, on s’attarde sur des caractéristiques génétiques visibles arbitraires plutôt qu’à la compétence.
- Parallèlement, les fonds publics ne peuvent être investis dans des compagnies soutenant les objectifs dits Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). DeSantis rejoint ainsi plusieurs autres gouverneurs refusant de supporter ce cheval de Troie digne du Forum économique mondial qui croit que la sagesse des technocrates peut améliorer la société. Même un ancien haut placé de BlackRock pense que c’est l’équivalent d’un placebo.
- La Floride permet maintenant le port dissimulé d’une arme presque sans restriction. Bien que de telles lois peuvent augmenter le nombre d’homicides par arme à feu, leur effet sur le nombre total d’homicides et de crimes violents demeure incertain. Sans compter que des villes comme Chicago, où le port d’arme est fortement restreint, comptent de nombreux blessés et morts chaque semaine sans que les Démocrates ne lèvent le petit doigt.
Bref, Ron DeSantis est un conservateur tiède : il adore l’intervention du gouvernement quand cela l’avantage, lui et ses idées. S’il réussit à vaincre Donald Trump lors des primaires ainsi que (fort probablement) Joe Biden à l’élection générale, ne vous attendez pas à une révolution libérale dans la façon de gouverner.
Et à ceux qui pensent que la Floride est dangereuse pour les personnes LGBT : allez donc faire un tour à Key West…
Peut-être serait-il plus intéressant de savoir ce que ce postulant pense des questions économiques…
Les lois qui semblent déranger l’auteur sont facilement négociables au pire, ou au mieux totalement logique…
N’oublions pas que la Floride est un état conservateur où tous les démocrates vont en vacances, même s’ils haïssent tous ces états conservateurs racistes dans leurs différents shows…
Le plus dangereux dans cette décision, c’est plus de diviser les Républicains entre Trump et De Santis, ce qui pourrait donner une autoroute aux Démocrates et papy Biden…