Éducation nationale : le niveau passe de mauvais à alarmant

Le délitement de l’éducation publique en France, accéléré par les dernières réformes, est alarmant pour l’avenir du pays.

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Éducation nationale : le niveau passe de mauvais à alarmant

Publié le 9 mai 2023
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Gentiment, calmement, mais avec une détermination qui confine à l’obstination, les réformes s’empilent à l’Éducation nationale ; après celles du lycée et du baccalauréat, voici celle du lycée professionnel qui, outre l’introduction de rémunérations symboliques des stages en entreprise, va en augmenter le nombre et la durée.

Rassurez-vous, ces rémunérations – entre 50 et 100 euros par semaine pour les stagiaires – ne seront pas prises en charge par les entreprises mais par l’État qui a trouvé là un moyen de faire passer sa réforme sans déclencher d’irritation populaire, ce qui peut aider par les temps qui courent, d’autant que les enseignants n’ont pas été oubliés : moyennant quelques menues « missions » en plus, ils pourraient percevoir jusqu’à 7500 euros brut supplémentaires. Voilà qui mettra un peu d’huile dans les rouages.

Autre bonne nouvelle : le temps de formation accru sera bien évidemment pris sur le temps d’apprentissage des autres matières, comme la lecture, l’écriture et le calcul que nos lycéens maîtrisent heureusement de mieux en mieux.

Sur le papier, les entreprises seront donc ravies d’avoir des élèves davantage présents et encore mieux affûtés par un système éducatif au taquet.

En réalité, les actuelles gesticulations du gouvernement donnent encore une fois cette furieuse impression d’ajouter de la confusion et de la complexité à quelque chose qui n’en manquait déjà pas, et de persister à construire sur des fondations de plus en plus meubles : tenter de réformer le lycée (pro ou non) alors qu’un nombre croissant d’élèves parvient en sixième à un niveau proche de l’analphabétisme, c’est parfaitement idiot.

En fait, les dernières réformes couplées aux confinements des années 2020 et 2021 ont accéléré le délitement complet de l’éducation publique en France. Entre la remontée systématique des notes de toutes les matières pour camoufler le désastre du baccalauréat, la multiplication de profils scolaires comiquement incohérents permis par la réforme (comme la spécialisation « Théâtre-SVT ») ou la modification du bac en contrôle continu, le pilonnage systématique des parcours scolaires par ces bricolages compulsifs aboutit à présent à une énorme disparité entre quelques établissements ayant fait le choix (facturé) de l’élitisme et l’immense reste qui ne forme ni n’instruit plus grand monde que de façon très approximative.

Par exemple, la réforme du bac pousse maintenant à boucler les programmes courant avril, les épreuves de spécialités s’étalant mollement de mars à juin. Autrement dit, la prétendue reconquête du mois de juin (mois traditionnellement bousculé par la présence des épreuves du bac) s’est progressivement muée en reconquête… du mois de mars. C’est grotesque.

Par exemple, l’actuel Plan Vélo lancé en fanfare par les clowns gouvernementaux va encore mobiliser de l’énergie pour faire tenir sur une bicyclette des gamins dont les générations précédentes prouvent qu’ils pourraient très bien l’apprendre seuls ou avec leurs parents plutôt qu’au sein d’une école déjà débordée par des missions de plus en plus accessoires.

Par exemple, l’introduction au vérin pneumatique d’une écologie active et consciente partout dans tous les cours et de façon lancinante a permis de produire des petits écocitoyens climato-anxieux qui ne savent ni lire ni écrire, ce qui est en réalité assez pratique dans la vie quotidienne (du point de vue des politiciens et surtout de ceux qui savent lire et écrire, s’entend).

Mais les bases n’étant pas acquises, tout ce qui est péniblement construit dessus finit par s’effondrer.

Le désastre est maintenant difficile à camoufler, à tel point que même la presse spécialisée et la presse grand public sont obligées d’en faire part dans leurs colonnes elles-mêmes soumises à l’une ou l’autre fautes d’orthographe, de grammaire ou de ponctuation, les journalistes étant passés par la même éducation que les autres : un élève de seconde ne sait plus reconnaître un sujet d’un verbe, le manque de vocabulaire est abyssal, des proportions toujours plus grandes d’élèves ne savent tout simplement pas lire en classe de première…

Du reste, faut-il rappeler que la génération actuelle de professeurs est celle qui fut massivement formée avec ces « nouvelles méthodes » introduites dans les années 1980 et les suivantes, à coups de maths ensemblistes, de méthode globale, de permissivité, de référentiels bondissants et autres couillonneries bien-pensantes qui infusent maintenant toute la société ?

Le bilan est sans appel : beaucoup ont du mal à écrire sans faute d’orthographe. Pour certains, les calculs de base sont un défi du quotidien. Autant d’éléments qui expliquent les critères de plus en plus faibles de recrutement au CAPES et autres concours. Sans surprise, ce sont aussi ces professeurs qui ont subi le plus gros du déclassement dans l’enseignement, avec un niveau de vie qui n’a cessé de chuter. Il faut dire qu’à force de voter consciencieusement socialiste, la plupart d’entre eux ont fini par obtenir ce qu’ils souhaitaient, même si l’égalité ainsi obtenue aura surtout consisté en un nivellement par le bas dont ils sont leurs propres victimes.

Dans ce contexte, inutile de dire que les élèves formés le sont de plus en plus approximativement, et sont donc de moins en moins aptes à trouver leur place dans une société qui, du reste, ne fait plus rien ni pour s’adapter à eux ni même pour tenter de fonctionner sainement. Le malaise global de la société française ne provient pas d’ailleurs, à savoir des cohortes d’adulescents mal dégrossis, qui n’ont appris ni à réfléchir ni à temporiser leurs passions, ni à canaliser leurs instincts, car l’instruction (oubliée par l’État) comme l’éducation (évitée par des parents déresponsabilisés) ne sont tout simplement plus fournies.

Ce constat est alarmant pour l’avenir de la France.

Certes, l’économie est en berne suite aux coups de boutoirs de 40 années de gouvernements dépensiers et jmenfoutistes, et les pirouettes débilissimes de Burneau Le Maire n’ont rien arrangé. Certes, la classe politique est probablement l’une des pires héritées depuis des lustres : même face aux traîtres et aux veules des années 1940 du siècle précédent, cette classe se compare défavorablement. Néanmoins, ni l’économie déplorable ni la classe politique lamentable ne scellent aussi sûrement pour le pays le destin funeste qu’une génération entière d’enfants abrutis par une éducation et une instruction complètement sabotées.

Ce pays va droit à la catastrophe et seule cette dernière lui permettra de nettoyer un tel passif.

Ce pays est foutu.

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  • Maxime depuis Mitterrand : « Pour éviter le chômage, distribuons le bac ». Tant que les cancres seront bac + 5 toujours en première année de fac, les statistiques du chômage resteront à leur plus bas niveau.
    Et pourquoi travailler à l’école ? De toute façon, on touchera le RSA comme papa et maman. C’est quand même mieux que
    de se lever le matin et travailler pour un patron pourri.
    Tout le monde trouve son compte à cette situation :
    1) le cancre apprend à ne rien faire dès son plus jeune age, à manifester pour le communisme et contre ces riches qui travaillent, et à pour objectif de toucher le RSA
    2) l’enseignant en fait de moins en moins (1 millions d’enseignants pour 15 millions d’étudiants devrait faire une moyenne de 15 élèves par classe et non 35. Trouvez l’erreur)
    3) le politicien n’a pas besoin de trouver un job pour cette masse de cancres et met ses enfants dans le privé comme Pap Ndiaye : la mixité sociale c’est bon pour les sans-dents comme disent les socialistes.

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  • Triste constat.
    Où nous en sommes il faudrait refaire passer un « permis d’enseigner » aux maitres et professeurs puisque les concours d’admission ne jouent plus leur rôle de sélection. A recruter des enseignants incultes, sans notion d’orthographe etc… et « coachés » par des responsables d’académie « hors-sols » (référentiel bondissant…): l’ensemble de la structure de l’éducation nationale est « globalement » inefficace et l’on ne peut que déclarer son décès.
    Il faut tout raser et revenir aux fondamentaux.
    Comme le disait « le » général : « Vaste programme » !
    Pour clouer le cercueil de l’institution, le dernier ministre de la destruction nationale est woke, racialiste…et s’occupe de tout (de rien plutôt), sauf de l’essentiel.
    Très bon billet.

  • « Du reste, faut-il rappeler que la génération actuelle de professeurs est celle qui fut massivement formée avec ces « nouvelles méthodes » introduites dans les années 1980 et les suivantes, à coups de maths ensemblistes »
    Euh! les maths ensemblistes sévissaient déjà fin des années 60! j’en ai fait l’amère expérience d’essuyer les plâtres de cette nouvelle réforme en 67 l’année du bac! Une fois en école d’ingénieur, savoir croiser des patates ne suffisait plus pour tenir une place honorable dans le supérieur! Donc la génération actuelle de professeurs est déjà bien talée et depuis longtemps et on comprend mieux la catastrophe éducative d’aujourd’hui!

  • Très bon article. Au Portugal c’ est pareil et la presse n’ en parle même pas…

  • Je ne suis pas complotiste, mais je me demande d’où viennent ces attaques (concertées ?) de toutes parts sur la civilisation occidentale : anticapitalisme, wokisme, genrisme, décolonialisme, racialisme, écologisme, mondialisme …, et la plus grave d’entre elles contre nos enfants, car c’est saper tout l’édifice à la base ?
    Thomas Sowell l’avait dit « La Civilisation Occidentale a survécu aux invasions de Genghis Khan à l’Est, de l’Empire Ottoman au Sud, et à 2 guerres mondiales auto-engendrées. Mais survivra-t-elle aux attaques de ses propres intellectuels, c’est beaucoup plus douteux ? » (dans “Is Reality Optional , and other essays”)

    • Concertées, sans doute pas. Consensuelles. Elles viennent de la possibilité pour chacun de se poser en arrogant donneur de leçons, et d’obtenir une cour de suiveurs si ce qu’il prétend flatte, quand bien même ce serait totalement contraire aux évidences matérielles. N’importe quel petit frimeur a autant de poids sur les réseaux sociaux qu’un sage reconnu, sans doute plus même parce que le sage ne dit pas toujours ce qu’on aimerait entendre. La civilisation occidentale ne survivra pas. Mais la civilisation survivra sous une autre forme, alors…

  • Avatar
    jacques lemiere
    14 mai 2023 at 6 h 53 min

    si ce déclin est le reflet de la volonté des parents. ..pas de problème « libéral »..
    un peu comme la décroissance choisie par un individu…
    où la montée du radicalisme religieux.. ou la croyance en la terre plate..
    ou la liberté vaccinale…
    ça ne fait que rendre le darwinisme social plus brutal.. mais ça …

    Le problème est la collectivisation de fait;.. on pourrait imagine run système collectif « qui marche » , façon à la chinoise.. si on regarde niveau pisa ou autre.. mais ça serait aussi dérangeant pour un libéral.

    Il ne faut pas rester flou sur les libertés des parents de choisir pour leurs gosses..

    Ce que je constate est que des gens , aveuglé par l’importance du résultat global en appelle à une « tyrannie éclairée ».. interdire les écoles religieuses ou interdire le créationnisme dans des écoles libres est alors acceptable..
    Or ce qu’une état libéral est endroit d’xiger est que l’enfant soit instruit sur les valeurs fondatrices de la société afin de vivre comme un citoyen responsable et de comprendre ce qu’il n’ pas le droit de faire… faire justice lui même..et imposer des opinions aux autres..

    On va rappeler il faut reconstruire une société où les parents sont responsables..
    le parent est suspect ..
    En Californie je crois le dossier médical des enfants n’est pas communiqué aux parents.. car ils se pourrait qu’ils maltraitent leur enfants..

    Enfin, il faut à l’evidence toujours rappeler qu’il n’y pas pas de formule miracle pour instruire et éduquer un enfant..
    Le parent responsable spécule sur l’avenir de la société..et évalue les capacité de son enfant.. il ne sait pas faire alors il va voir une personne qui a fait ses preuves…

    Il existe des sociétés racistes mais libres où les gens ne se mélangent pas , on peut le déplorer mais c’est du point de vue libéral acceptable , il existe des sociétés religieuse e mais libres il existe des gens qui font le choix responsable de la pauvreté, de la fuite de la technologie;..
    ou autre..

    bon ensuite assumer…

    • Avatar
      jacques lemiere
      14 mai 2023 at 8 h 41 min

      les competence en math ou autre des autres gamins que les miens gamins ne sont pas un « problème » que je suis en droit de gérer ou pas mon problème.. jepeux le déplorer comme je déplore les gouts demon voisin en terme de décoration de jardin.

      je dois chercher une école qui me va..
      en fonder une le cas échéant ou enseigner moi meme…

      si vous mettez le doigt dans un engrenage…
      j’accepte des limites… j’accepte que les gens décident que je n’ ai pas le droit de vie ou de mort sur mon enfant… voire lui refuser l’alpahbetisation par exemple… mais je n’accpete pas le blanc seing reposant sur « l’experstise » INDISCUTABLE de gens qui ne seront in fine pas responsables…et ne subiront rien en cas d’echec…

      u

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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