Adhésion de la Finlande à l’OTAN : enjeux militaires et budgétaires

L’adhésion de la Finlande à l’OTAN a des effets géopolitiques en matière de ligne de front avec la Russie, mais aussi des conséquences logistiques et budgétaires pour la Finlande.

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Prime Minister Sanna Marin by finnish government (creative commons CC BY 2.0)

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Adhésion de la Finlande à l’OTAN : enjeux militaires et budgétaires

Publié le 1 avril 2023
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Le Parlement turc a ratifié la demande d’adhésion de la Finlande à l’Organisation du traité Atlantique Nord.

Avec l’accord de la Turquie, l’ensemble des membres de l’OTAN a accepté la Finlande dans l’Alliance. Une situation qui a des effets géopolitiques en matière de ligne de front avec la Russie, mais aussi des conséquences logistiques et budgétaires pour la Finlande. Surtout à l’heure des élections législatives qui ont lieu le 2 avril.

 

Une frontière commune de plus de 1000 km avec la Russie

La Finlande, qui avait maintenu une position de neutralité du fait de sa proximité avec l’URSS et la Russie, a changé sa position depuis le début du conflit en Ukraine.

Cette décision a pour conséquence l’apparition d’une nouvelle frontière commune de 1340 km entre l’OTAN et la Russie, qui devient la plus vaste zone frontalière séparant les deux acteurs. Bordée par l’Estonie et la Finlande, la mer Baltique se transforme peu à peu en lac OTAN. Une situation similaire avait eu lieu après l’annexion de la Crimée qui s’était traduite par une présence accrue de flottes alliées en mer Noire.

Toutefois, gérer cette potentielle ligne de front est aussi un défi pour les deux camps. Aussi bien pour les Russes que pour les pays de l’Alliance, l’enjeu va être de le sécuriser. La Finlande ne part pas de rien en la matière :

« Les États-Unis et la Finlande sont tous deux membres du partenariat renforcé en Europe du Nord (E-PINE), aux côtés du Danemark, de l’Islande, de la Norvège, de la Suède, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. »

Les États-Unis ont vendu divers équipements comme des systèmes de roquettes guidées à lancements multiples — portée étendue (GMLRS-ER) et systèmes de lancement vertical MK 41 ; des missiles air-air avancés à moyenne portée (AMRAAM) AIM-120C-8 ; des missiles AGM-158 Joint Air-To-Surface Standoff Missiles Extended Range (JASSM-ER) ; et des missiles RGM-84Q-4 Harpoon Block II, Stinger Block 1, et Evolved Sea Sparrow.

Plusieurs pays membres de l’OTAN comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont participé à des entrainements dans ce pays en 2022.

 

Une question budgétaire à venir

Se pose enfin la question budgétaire. L’OTAN impose à chaque pays membre un budget de la défense représentant 2 % de son PIB : la Finlande prévoit d’atteindre les 2,25 % en 2023. Or, l’opposition de droite a pour programme la diminution des dépenses publiques afin de réduire la dette (actuellement à 73 %) pour la ramener à 60 %. Si la droite gagne les élections ce dimanche, cette question budgétaire va devenir une source de tension importante

En conclusion, la gestion de l’adhésion à l’OTAN par le nouveau gouvernement sera à la fois source d’opportunités et de défis.

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Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • La Russie est entrée en guerre en Ukraine pour ne pas avoir l’OTAN à sa porte, que croyez-vous qu’il arrivera si on veut installer des troupes étrangères en Finlande?
    Et croire la Baltique un lac OTAN, c’est oublier un peu vite Kaliningrad et Saint-Petersbourg, amener des renforts en Finlande par cette voie sera quand même très risqué

    • L’OTAN était en sommeil profond (mort cérébrale selon Macron), n’a même pas soulevé un sourcil lors de la reconquête de la Crimée, le Kremlin a cru pouvoir tranquillement avaler tout le reste du gâteau, l’électrochoc a ranimé le malade.
      Bref, Putin et sa clique ont ressuscité l’OTAN, coup de Poker, Echec et Mat, ou grosse bourde?
      Et Oncle Xi tout sourire attend de ramasser les miettes.

      • Oncle Xi, l’air assoupi comme un gros chat avec son éternel sourire et ses yeux mi-clos, hypnotise tranquillement mais sûrement sa proie

  • On remarquera que la population de la Finlande n’est soigneusement pas consultée sur un sujet majeur pour son avenir.
    A l’origine, l’OTAN est à l’origine le parapluie nucléaire américain en 1949. Aujourd’hui, c’est un outil de colonisation des USA. Tous les pays membres de l’OTAN doivent supporter des bases américaines (sauf la France, merci le général de Gaulle) et perdent de facto toute souveraineté (voir la situation de l’Allemagne).
    Certains pays ont même des armes nucléaires américaines sur leur sol !
    Avec la perte de leadership des USA sur le monde, cette situation ne fera qu’empirer (surtout avec les démocrates au pouvoir).
    Il me semble aussi que la Finlande est restée indépendante en 1945 (non envahie par l’URSS) contre sa neutralité…

    • @Breizh
      Bonjour,
      « Il me semble aussi que la Finlande est restée indépendante en 1945 (non envahie par l’URSS) contre sa neutralité… »
      L’URSS a envahi la Finlande en 1939 pendant l’hiver.
      Je pense que la Finlande et les Finlandais savent très bien ce qu’ils font.

  • Peut-être qu’il faudrait réviser l’histoire des relations Russie-OTAN à l’aune des derniers événements et commentaires constructifs (exclure de fait LCI et ses bustes bêlants) , pour mieux développer sur les causes et les conséquences actuelles, pas facile de rester neutre mais une nécessité morale pour éviter la noyade !

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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