Kaliningrad au cœur de la confrontation Russie-OTAN

À la chute de l’URSS, Kaliningrad était vue comme une opportunité de coopération entre l’Union européenne et la Russie. Son territoire est aujourd’hui au cœur de tensions grandissantes sur le continent, la zone devenant un enjeu stratégique et géopolitique.

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Russian President Attends 70th General Assembly Debate by United Nations Photo (Creative Commons CC BY-NC-ND 2.0)

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Kaliningrad au cœur de la confrontation Russie-OTAN

Publié le 3 juillet 2022
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Par Cindy Regnier.

Le déclenchement de la guerre en Ukraine, et l’intensification des tensions entre la Russie d’une part et l’OTAN, l’UE et, tout récemment, la Lituanie d’autre part, ont placé au cœur de l’actualité l’exclave russe de Kaliningrad, située entre la Pologne et la Lituanie.

Mi-juin 2022, en application des sanctions imposées par l’UE, Vilnius bloque le transit de charbon, de métaux et d’outils technologiques alimentant la région (oblast) de Kaliningrad depuis la métropole. Ces marchandises constituent la moitié des importations de Kaliningrad. Dès décembre prochain, le pétrole et le gaz pourraient également être bloqués. Suite à ce blocage, Kaliningrad a amorcé la réorientation du transit par la mer des biens sanctionnés alors que Moscou a annoncé des représailles sans en préciser le contenu exact.

Dans le contexte actuel, les déclarations de Moscou n’ont pas manqué de susciter l’inquiétude de certains observateurs : Kaliningrad pourrait-elle devenir le lieu d’une confrontation directe entre les forces russes et celles des pays de l’OTAN ?

 

Les particularités d’une exclave

L’oblast de Kaliningrad est un territoire de 15 100 km2, bordé par la Lituanie au nord-est, la Pologne au sud (toutes deux membres de l’UE et de l’OTAN) et la mer Baltique au nord-ouest. Elle se trouve géographiquement à 360 km du reste de la Russie. Il s’agit de la seule exclave parmi les 83 entités fédérées du pays (85 en comptant la République de Crimée et la « ville d’importance fédérale » de Sébastopol, illégalement annexés en 2014). Avec une population d’environ 1 million d’habitants, l’oblast est la 50e plus peuplée de la Fédération de Russie.

Peter Hermes Furian/Shutterstock

Héritage de la Seconde Guerre mondiale, ce territoire anciennement partie à la Prusse orientale est attribué à l’URSS suite à la conférence de Postdam en 1945. La zone est alors au centre de grands mouvements de populations et se retrouve repeuplée de russophones (au détriment des populations germanophones expulsées vers l’Allemagne), au point de devenir la région la « plus soviétique » du pays dans les années 1980.

Si du temps de l’URSS, l’oblast se transforme en bastion militaire et se ferme aux pays voisins, elle s’ouvre ensuite sous l’impulsion de Boris Eltsine pour attirer les investissements étrangers.

Au début du XXIe siècle, la région est même vue comme un « laboratoire » de coopération entre l’UE et la Russie, notamment avec la mise en place d’une zone franche possédant un statut de zone économique spéciale – statut retiré par Moscou en 2016. Malgré cela, Kaliningrad s’est peu intégrée dans l’espace économique de la Baltique et est restée majoritairement dépendante du reste de la Russie, cette dernière faisant transiter mensuellement une centaine de trains de marchandises vers son exclave via la Lituanie et la Biélorussie (la Lituanie n’ayant pas de frontière directe avec le reste du territoire russe).

« Russie-UE : l’affaire Kaliningrad », le Dessous des cartes (Arte, 22 juin 2022).

En 2015, des sondages indiquent que la population de Kaliningrad s’identifie principalement comme russe, et souhaite que l’oblast soit considérée comme une région à part entière de la Russie. Aucun sentiment spécifique d’indépendance ne semble s’être développé dans cette région, et ce malgré sa position géographique d’exclave et son rattachement relativement récent au territoire russe. En 2018, à l’élection présidentielle, l’oblast vote à 76 % en faveur de Vladimir Poutine, c’est-à-dire dans la même proportion que l’ensemble du pays (même si, comme ailleurs en Russie, le scrutin y est caractérisé par de multiples irrégularités).

 

Une région très militarisée

En parallèle, la zone reste particulièrement militarisée, notamment avec la présence d’une flotte russe dans la mer Baltique, profitant ainsi de la présence stratégique d’un port libre de glace. Le positionnement de missiles sol-sol, sol-air et antinavires dans la région, de nature à entraver une intervention éventuelle de l’Alliance dans la Baltique, crée également des tensions avec l’OTAN – surtout depuis le déploiement en 2016, renforcé en 2018, de systèmes de missiles balistiques à potentielle charge nucléaire Iskander. S’y ajoutent les exercices militaires « Zapad » (Ouest) organisés conjointement avec la Biélorussie tous les quatre ans et simulant un conflit militaire sur ce territoire.

Cette militarisation du territoire de Kaliningrad, dans un contexte marqué par l’annexion de la Crimée, diverses opérations de déstabilisation russes dans la Baltique et, depuis février 2022, l’attaque de grande ampleur de l’Ukraine, ont entraîné un sentiment d’insécurité en Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne – toutes membres de l’OTAN et voisines proches de la Russie. Les villes de Narva (Estonie) et Daugapvils (Lettonie), ainsi que la région de Latgale (Lettonie également), à forte majorité russe, sont ainsi souvent décrites par les médias comme de potentielles « nouvelles Crimées », laissant craindre une attaque russe sous l’alibi de la protection des populations russophones y résidant.

Suite à la guerre en Ukraine, les pays de la Baltique ont d’ailleurs été les premiers États européens à stopper leur importation de gaz russe et à marquer fermement leur soutien à l’Ukraine.

Pour parer à cette insécurité et marquer la solidarité atlantique avec les pays baltes, l’OTAN a, depuis 2017, déployé des troupes en rotation dans la Baltique avec la « présence avancée rehaussée » sur le flanc Est de l’Alliance. En 2022, en réponse à la guerre en Ukraine, les alliés ont individuellement accru leur présence en troupes, navires et avions, et l’OTAN a également amélioré la réactivité de sa Force de réaction, rendant une activation en cas de menace plus rapide.

 

L’enjeu du corridor de Suwałki

La présence de l’OTAN dans la Baltique et en Pologne, et le récent blocage lituanien du transit des marchandises russes, ont par ailleurs ranimé la crainte d’une annexion par la Russie du corridor de Suwałki, qui relie la Biélorussie au territoire de Kaliningrad en longeant la frontière entre la Lituanie et la Pologne.

Pologne : le corridor de Suwalki, prochain objectif militaire des Russes ? (France 24, 6 juin 2022).

Ce corridor, long de 70 km, est considéré depuis longtemps comme le talon d’Achille de l’OTAN. Constitué principalement de marécages, de deux routes et d’une seule ligne de train reliant la Pologne à la Lituanie, ce corridor représente toutefois la plus courte distance entre la Biélorussie et Kaliningrad. Malgré les tentatives russes, après l’effondrement de l’URSS, de sécuriser cette zone en établissant un accord autorisant une présence continue de soldats, seul un accord plus général avec la Lituanie permettant le transit de passagers et marchandises a été signé avec l’UE en 2003.

Une prise du corridor Suwałki permettrait à la Russie de couper géographiquement les États de la Baltique du reste des membres de l’OTAN tout en s’assurant un passage, via son allié biélorusse, vers son exclave. Une annexion de ce type entrainerait le déclenchement de l’article 5 de l’OTAN, qui engage ses membres à se prêter assistance mutuelle dans le cas où l’un d’entre eux serait attaqué.

On l’aura compris : si, à la chute de l’URSS, Kaliningrad était vue comme une opportunité de coopération entre l’Union européenne et la Russie, son territoire est aujourd’hui au cœur de tensions grandissantes sur le continent, la zone devenant un enjeu stratégique et géopolitique.The Conversation

Cindy Regnier, Doctorante FNRS en Relations Internationales, Université de Liège

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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  • Le but du jeu étant d’éradiquer 50 % de la population mondiale, hors usa, ça va péter, ces petits pays se nourrissent essentiellement de blé américain… Pourquoi ? Le climat ou les ours blancs, ils sont tous tarés.

  • Plutôt que de faire des découpages de territoires au gré des caprices de chefs d’état, ne serait-il pas plus intelligent de demander aux peuples par qui ou avec qui ils ont envie de partager leur destin? Cela éviterait peut-être des conflits dûs à des ressentiments et leur donnerait le sens de leur responsabilité dans leur avenir.

    • Sauf que là, les populations initiales ont été déplacées par Staline et remplacées par des Russes.
      Grave erreur que d’avoir donné cette exclave à Staline.
      Ici, c’est le contraire : Poutine devrait rendre cette exclave aux pays riverains : Lituanie et Pologne. Tout un programme !

      • @Franchounet
        Tout l’est de l’Allemagne – y compris la Prusse orientale, dont l’oblast de Kaliningrad constitue la partie nord – a été conquis de haute lutte par l’Armée rouge en 1945. Dans le cadre du « remembrement » de l’Europe centrale et orientale, Staline a expulsé quasiment toutes les populations germanophones / Allemands qui étaient établies à l’est de la ligne Oder-Neisse, frontière actuelle entre l’Allemagne et la Pologne et reconnue depuis maintenant des décennies par l’Allemagne.
        L’expulsion des Allemands a eu lieu pendant l’hiver 1945 dans des conditions épouvantables qu’il serait malhonnête de nier (on peut, entre autres, voir cela dans l’excellent film « Deutschland, bleiche Mutter » – « Allemagne, mère blafarde » de Helma Sanders-Brams sorti en 1980). Mais, sur le principe, personne n’a contesté cette restructuration qui a refoulé les « Germains » à leur point de départ au XIIe siècle, en particulier avant que commence l’expansion de l’Ordre teutonique, fondateur de la future Prusse orientale.
        Ces bouleversements sont intervenus à l’issue d’une « guerre absolue » (selon l’expression de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, auteurs du livre de référence majeur, « Barbarossa 1941. La guerre absolue ») : ni les crimes du régime soviétique, ni la complicité cynique entre Staline et Hitler entre août 1939 et le 22 juin 1941 ne peuvent justifier les horreurs commises par les Allemands quasiment dans leur ensemble (entre autres, le mythe de la Wehrmacht propre a été démonté par les historiens au cours de 20 dernières années), horreurs qui ont abouti à la mort d’environ 27 millions de soviétiques, civils et militaires, dans des conditions atroces et ignobles. Enfin, la présence de populations allemandes en Europe centrale et orientale, y compris les Volksdeutsche , cinquième colonne des IIe et IIIe Reich, a longtemps été couplée à des idéologies et des politiques bellicistes et racistes.
        Une fois de plus, sans nier la brutalité avec laquelle les Allemands furent expulsés à cette époque, les bénéfices territoriaux de la Russie (nord de la Prusse orientale) et de la Pologne (sud de la Prusse orientale, Poméranie et Silésie) en 1945 ne sont pas « scandaleux » en regard des pertes humaines et matérielles subies par ces deux pays (en Pologne, 6 millions de morts pour une population de 35 millions en 1939, soit 17 %). Hans Frank qui dirigea avec férocité le « Gouvernement général » qui correspondait au cœur de la Pologne et qui fut pendu pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité déclara « Il se passera mille ans et la culpabilité de l’Allemagne n’aura pas encore été effacée. »
        Et puis, que signifie cette phrase « Grave erreur que d’avoir donné cette enclave à Staline. » ? On n’a pas « donné » ce territoire à la Russie, elle l’a conquis ! Et puis, faut-il en déduire qu’il y avait ou qu’il y aurait dû y avoir une « autorité suprême » (laquelle ?) qui aurait été la seule habilitée à statuer sur le destin des différents territoires européens, autorité qui aurait pu (du ?) être la seule grande puissance pouvant influer en Europe, à part la Russie, à savoir les États-Unis ? Là, on fait fi des faits et données les plus élémentaires de cette époque.
        Plus généralement, il faut faire attention à, consciemment ou non, s’inscrire dans un mouvement de pensée qui considère la Russie, indépendamment de son régime politique, comme une sorte d’entité arriérée, barbare et brutale qui n’a pas sa place en Europe et qu’il faut refouler dans les profondeurs sibériennes : il y a une certaine continuité entre le mépris que l’on éprouvait encore au XVIIIe siècle pour la Moscovie à la vision de Zbigniew Brzeziński qui continue d’influer fortement la politique russe des États-Unis, servilement suivie par ses minables vassaux européens … à leurs dépens. Pays de Lénine et du goulag, la Russie est aussi celui de Dostoïevski, Rimski-Korsakov, Mendeleïev et d’Eisenstein ; il serait temps de se désintoxiquer de l’emprise culturelle étasunienne, Hollywood en tête, qui aboutit à faire de la culture des États-Unis quasiment la seule référence dans le monde entier : l’ignorance des autres langues, cultures et civilisations est atterrante.
        Si on refuse de s’en tenir à des points de vue primaires opposant les « bons » aux « méchants » et que l’on préfère réfléchir sur la base de faits historiques en étant capable de prendre en compte le point de vue des différents acteurs, on arrive à des conclusions provisoires (car on doit admettre que nous vivons dans l’instabilité et l’incertitude) et bien plus nuancées que les torrents de propagande étasuno-otanienne (ce qui est de bonne guerre, s’agissant des États-Unis) relayée servilement et sans aucun esprit critique par la plupart des dirigeants et médias européens (ce qui est honteux).

  • Puisque Poutine invoque Pierre le Grand, il serait temps de lui rappeler les Hohenzollern et Konisgberg. Et de l’inviter aimablement à rapatrier les russes ou assimilés installés de force là-bas pour que les prussiens puissent regagner leur mère patrie.

    -1
    • @pirouette ;
      Pourquoi pas ? À condition de ressusciter les dizaines de millions de personnes assassinées par les Allemands, reconstituer intégralement les villes (y compris Varsovie détruite à 90 % par les Allemands), les logements, les usines, les œuvres d’art, les bureaux, etc. détruits par les Allemands, etc.
      Un peu de décence, s’il vous plaît !

  • Corridor de Suwaki ? Quesako ? Autant le corridor de Dantzig avait un sens puisque résultant du traité de Versailles, autant il n’ y a pas de « corridor de Suwaki » sauf dans les fantasmes de Poutine. Il y a juste une ligne de chemin de fer et quelques routes en Lituanie ou en Pologne passant à proximité de la ville de Suwaki. La Suisse ou l’Autriche demande t-elle un accès à la mer ? La Biélorussie n’est pas un pays maritime, on n’y peut rien, ils doivent faire avec ou plutôt sans. Et pour ce faire, le mieux est d’être en bons termes avec ses voisins, et là, il y a des progrès à faire au Nord, au Sud et à l’Ouest.

    • @pirouette

      Je me permets de citer un texte intéressant :

      Source : https://jrbelliard.blog.tdg.ch/corridor-de-suwalki
      « La Lituanie et la Commission européenne se sont mis d’accord sur les principes du transit vers Kaliningrad » – 13h13 27 juin 2022

      « Le conseiller à la sécurité nationale du président lituanien, Keistutis Budrys, a annoncé que des accords fondamentaux avaient été conclus avec la Commission européenne sur la question du transit des marchandises vers la région de Kaliningrad. Le haut responsable a souligné que les sanctions ne seraient pas levées.

      « La Lituanie cherche et continuera de chercher l’introduction de sanctions antirusses et s’y conformera strictement, en consultant l’Union européenne en cas de différends et d’incohérences », cite Budrys .

      Il a déclaré que des consultations avec l’UE sur cette question avaient été lancées en avril [2022]. Le conseiller du chef de l’Etat a souligné que la Lituanie n’imposerait pas de blocus à la région de Kaliningrad, et que les personnes et les biens qui ne sont pas soumis à des sanctions peuvent y accéder sans entrave.

      « La Lituanie remplit ses obligations, mais elle jouit également de ses droits souverains – nous contrôlons le trafic des marchandises et des passagers », a-t-il déclaré. »

      Je n’ai pas trouvé d’information plus précises sur le statut de ce « Corridor de Suwalski » ni sur un éventuel accord international relatif à ce territoire. En l’état de mes informations, voici ce qu’on peut déduire ou supposer :
      1 – Le « Corridor de Suwalki » est une expression non pas politique et encore moins la définition d’un territoire internationalement reconnue (contrairement au corridor de Danzig dont vous citez judicieusement le cas à titre de contre-exemple) ; c’est une « expression géographique » désignant une zone « reliant » la Biélorussie à l’oblast de Kaliningrad et « séparant » la Lituanie de la Pologne – pour être plus exact, ce corridor est « à cheval » sur la frontière entre ces 2 pays.
      2 – Pour mémoire, cette zone a fait l’objet d’un différend entre la Lituanie et la Pologne (qui ont été en guerre en 1919-20) lors de l’indépendance de ces 2 pays après la 1ère Guerre mondiale. Une sorte de « compromis » a finalement été trouvé par la signature d’un accord le 07 août 1920, dont l’Article 1 dispose que, concernant la ligne de démarcation la ligne « ne préjuge en rien les revendications territoriales des deux Partis contractants ».
      3 – De la déclaration de M. Budrys ci-dessus reproduite (« La Lituanie remplit ses obligations »), on peut déduire qu’il existe une sorte d’accord (dont j’ignore la nature, la date ou la forme) entre la Lituanie et la Russie, en vertu duquel la Russie bénéficie de « facilités » en ce qui concerne la circulation des personnes et des marchandises dans ce « Corridor de Suwalki ».
      Mais, toujours d’après les propos de M. Budrys (« elle [la Lituanie] jouit également de ses droits souverains – nous contrôlons le trafic des marchandises et des passagers » »), la Lituanie n’a renoncé à aucune souveraineté sur cette partie de son territoire et elle a donc notamment le droit de contrôler ce qui y circule.
      NB : de son côté, la Pologne a toujours refusé de signer ou de convenir d’un accord quelconque avec la Russie au sujet de la circulation de personnes ou de bien dans sa partie de cette zone, le « Corridor de Suwalki ».
      4 – La restriction, voire le blocage, de la circulation entre l’oblast de Kaliningrad et la Biélorussie par la Lituanie constituent-ils une violation de la lettre ou, au moins, de l’esprit de la « sorte d’accord » que j’évoque ci-dessus dans le § 3 ? Sous réserve de la production d’autres informations ou documents fiables, il ne semble pas que ce soit le cas.
      NB : je comprends que, actuellement, la circulation de certaines marchandises est bloquée tandis que celle des personnes est (très) contrôlée, voire restreinte.
      5 – À mon avis, un facteur limite les risques de tension, voire de « dérive armée » dans cette affaire : il existe une alternative pour relier – sans restriction ni contrôle – la Russie à l’oblast de Kaliningrad, à savoir la voie maritime (700 – 800 kms entre Kaliningrad et Saint Pétersbourg – 36 heures de navigation en moyenne).
      Autrement dit, même si la Lituanie décidait d’interrompre toute circulation terrestre entre la Biélorussie et l’oblast de Kaliningrad, cela n’équivaudrait pas à un blocus, comme celui de Berlin que Staline tenta en 1948. Simplement, cela compliquerait et renchérirait les liaisons entre la Russie et l’oblast de Kaliningrad.
      Par conséquent, Il me semble qu’il existe ainsi des possibilités de « gesticulation » (avec divers effets de « communication ») de part et d’autre plutôt que des risques d’affrontements armés qui ne seraient de l’intérêt de personne, en particulier parce que ces heurts pourraient dégénérer.
      Mais ce n’est que mon avis et je serais intéressé de connaître d’autres opinions, à condition, bien entendu, qu’elles soient documentées et intellectuellement honnêtes … sans parler de la courtoisie, toujours indispensable.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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