Le mathématicien russe qui a révélé la nature cannibale du socialisme

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Le mathématicien russe qui a révélé la nature cannibale du socialisme

Publié le 17 juillet 2024
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Igor Rostislavovich Shafarevich a montré que le socialisme était fondamentalement anti-individualiste. Igor Rostislavovich Shafarevich n’est pas un nom très connu, mais cet homme mérite amplement qu’on se souvienne de lui plus d’un siècle après sa naissance, et sept ans après sa mort. Il est né le 3 juin 1923 à Zhytomyr, en Ukraine, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Kiev. Il est décédé en 2017 à l’âge de 93 ans, laissant derrière lui des contributions remarquables aux mathématiques, et un puissant réquisitoire contre la calamité connue sous le nom de socialisme.

Article original paru dans the Foundation for Economic Education.

Shafarevich figure en bonne place dans le panthéon des mathématiciens du XXe siècle. Son nom est associé à de nombreux théorèmes et formules d’avant-garde qui sont célébrés comme du génie par les connaisseurs du monde numérique. En 1981, il a même été intronisé à la prestigieuse Royal Society de Londres comme l’un des scientifiques étrangers les plus brillants à en faire partie.

Ayant grandi en Ukraine sous le socialisme imposé par l’Union soviétique, M. Shafarevich a nourri des doutes sur le système dès son plus jeune âge. Dans la trentaine, il a commencé à s’attirer les foudres du régime en raison de son soutien affiché à la foi orthodoxe orientale dans un empire officiellement athée. Il finit par devenir un véritable dissident antimarxiste et un allié d’Andreï Sakharov, le physicien célèbre pour avoir défendu les droits de l’Homme contre les assauts du régime. Malgré ses références de classe mondiale en mathématiques, Shafarevich a été renvoyé de l’université de Moscou en raison de sa collaboration avec Sakharov.

Lorsque le grand Alexandre Soljenitsyne (auteur de L’Archipel du Goulag et d’autres ouvrages de référence) a prononcé son célèbre discours à l’université de Harvard en 1978, il a cité un livre d’Igor Chafarevitch paru trois ans auparavant. Soljenitsyne a d’ailleurs rédigé l’avant-propos de la traduction anglaise de ce livre.

Intitulé The Socialist Phenomenon (Le phénomène socialiste), il s’agit de l’incursion la plus importante et la plus mémorable de Shafarevich en dehors des mathématiques, et il devrait être considéré comme un classique parmi les critiques volumineuses et définitives du socialisme.

Les 200 premières pages du livre passent en revue les idées et les expériences socialistes dans l’histoire, de Platon et la Grèce à la Mésopotamie, l’Égypte et la Chine, jusqu’à la civilisation inca en Amérique du Sud. La nation inca n’a pas duré longtemps (elle n’a pas pu se défendre contre quelques centaines d’Espagnols), mais elle pourrait bien être la société la plus rigoureusement réglementée et la plus centralisée que le monde ait jamais connue.

Dans le dernier tiers du livre, soit une centaine de pages, Shafarevich présente son analyse du socialisme.

Il affirme de manière convaincante qu’« au moins trois composantes de l’idéal socialiste – l’abolition de la propriété privée, l’abolition de la famille et l’égalité socialiste – peuvent être déduites d’un seul principe : la suppression de l’individualité ».

Le socialisme se présente sous de multiples facettes, bien sûr, mais la version la plus pure promet « la plus grande égalité possible ». C’est le comble de l’hypocrisie et de l’illusion, affirme Shafarevich, car en même temps, le socialisme propose « une stricte régimentation de toute la vie, qui serait impossible sans un contrôle absolu et une bureaucratie toute-puissante qui engendrerait une inégalité incomparablement plus grande ».

Les individus participent à la vie en tant qu’individus pensant et agissant, et non en tant que parties indiscernables d’un bloc collectiviste.

« La créativité culturelle, en particulier la créativité artistique, en est un exemple », souligne l’auteur. Les Italiens de la Renaissance n’ont pas peint La Cène. C’est Léonard de Vinci qui l’a fait. « Et dans les périodes où les mouvements socialistes se développent, l’appel à la destruction de la culture se fait de plus en plus entendre », explique M. Shafarevich.

Le socialisme est fondamentalement anticulturel parce qu’il cherche à supplanter l’initiative individuelle par des diktats uniques et imposés d’en haut. Son plan centralisé et obligatoire est en fin de compte un arrêt de mort, car « non seulement les gens, mais même les animaux ne peuvent exister s’ils sont réduits au niveau des rouages d’un mécanisme ».

Shafarevich écrit :

« Tous les aspects de la vie qui la rendent attrayante et lui donnent un sens sont liés aux manifestations de l’individualité. Par conséquent, une mise en Å“uvre cohérente des principes du socialisme prive la vie humaine d’individualité et prive simultanément la vie de son sens et de son attrait […] cela conduirait à l’extinction physique du groupe dans lequel ces principes sont en vigueur, et s’ils devaient triompher à travers le monde, à l’extinction de l’humanité. »

Le collectivisme dont le socialisme se fait le champion n’est en fin de compte qu’un mirage. Il n’y a pas de « masse » qui pense et agit. Il n’y a que des individus. Le soi-disant « collectif » se réduit donc à quelques individus exerçant un pouvoir sur d’autres individus. Le socialisme est donc un cannibalisme animé par la philosophie. Shafarevich l’a essentiellement dit au monde il y a un demi-siècle, et le monde peine encore à l’apprendre.

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  • Allez donc raconter ça aux Français. Ils vont bien en rire depuis 1981 qu’ils sont éduqués au collectivisme par l’éducation nationale : il faut spolier les riches de leur individualisme créatif pour distribuer aux benêts fainéants adeptes du droit à la paresse.
    Ils n’ont pas compris que le droit à la paresse s’arrêtera le jour où le France sera dirigée par un marxiste-léniniste comme Mélenchon. Alors, ce droit à la paresse sera transformé en droit au goulag.
    Pour le moment, 60% de la population adore notre société socialiste qui va du NPA, LFI, écolos, communiste, socialistes, macronistes, horizontistes jusqu’aux LR. Toutes leurs têtes pensantes ont appelé à voter extrême gauche et cet appel a été suivi. Et tout indique que ce n’est pas prêt de s’arrêter. Le collectivisme stalinien en France n’est qu’une question de temps.

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