La France en miettes : Benjamin Morel lanceur d’alertes 

Benjamin Morel neutralise les mensonges des régionalistes français et dénonce l’arrogance de la classe politique française.

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La France en miettes : Benjamin Morel lanceur d’alertes 

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 mars 2023
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Dans La France en miettes. Régionalismes, l’autre séparatisme, le politiste Benjamin Morel neutralise les mensonges des régionalistes français et dénonce l’arrogance d’une classe politique française qui se croit la seule d’Europe capable de tendre la main aux séparatistes sans se faire manger le bras.

 

Les mensonges des régionalistes français

Le premier des mensonges colportés par les régionalistes français est dans leur nom : trop romantique, le terme régionaliste fait fi d’un héritage raciste que ses partisans ont tout intérêt à faire oublier. C’est pour ne tromper personne que Benjamin Morel les appelle « ethno-régionalistes » et revient sur quelques figures fondatrices de ces idéologies.

Le fondateur du nationalisme basque, Sabino Arana, croyait ainsi en la supériorité génétique des Basques et condamnait les mariages interethniques. Les nationalistes du Parti national breton, eux, furent d’illustrent antisémites et n’eurent aucun souci à s’acoquiner aux nazis : Pétain le leur rendit bien en réintroduisant l’enseignement des « langues dialectales ». Sur la collaboration des nationalistes bretons, Benjamin Morel relaie les travaux précieux de Françoise Morvan, écrivaine et fondatrice du GRIB (Groupe information Bretagne).

En effet, la genèse de l’ethno-régionalisme se situe dans la deuxième moitié du XIXe siècle et plus précisément au sein des mouvements réactionnaires, qui cherchaient alors à affaiblir la République : un grand penseur de l’ethno-régionalisme fut Charles Maurras. Ce fut seulement entre les années 1960 et 1980 que les ethno-régionalistes se tournèrent vers le socialisme et l’écologie afin de rendre acceptables leurs utopies aux fondements racialistes.

Mais au-delà de ces réécritures de l’histoire, Benjamin Morel montre que les récits ethno-régionalistes se sont construit eux-mêmes au mépris des identités locales. La plupart des langues régionales ont été créées par des grammairiens qui ont fusionné des patois locaux en y supprimant toute influence française : ainsi le breton est une langue fictive, reconstruite par les grammairiens Le Gonidec, Vallée et Roux. Il en est de même pour l’occitan dont la reconstruction a été étudiée par Pierre Bourdieu. De ces fictions découle un impérialisme linguistique imposé par les pouvoirs publics dont une manifestation évidente fut l’installation à Nantes de panneaux de signalisation en breton : historiquement, la langue parlée à Nantes était pourtant le gallo, une langue issue de la langue d’oïl.

La langue opère ainsi comme un outil-clé du « kit culturel » ethno-régionaliste auquel il faut ajouter, cela va de soi, des origines mythifiées. Les Bretons choisirent le celtisme. Trop purs pour choisir, les ethno-régionalistes basques affirmèrent leur singularité génétique et se dépeignirent en précurseurs du féminisme à travers le mythe d’un Pays-Basque paritaire.

 

La responsabilité de la classe politique et médiatique française

Après avoir démasqué les mensonges du prémâché ethno-régionaliste, Benjamin Morel revient longuement sur les raisons de leur propagation : une politique active d’endoctrinement savamment orchestrée par les administrations publiques locales et dont la classe politique nationale est largement complice. Les journaux, l’école, les universités mais aussi le secteur associatif ont toujours été les principaux relais d’influence de cette idéologie.

En général, la bourgeoisie régionale est friande d’ethno-régionalisme : Benjamin Morel explique que cette idéologie permet aux élites locales de résister à la bourgeoisie parisienne. On peut notamment penser au Club des Trente, le lobby des grands dirigeants d’entreprises bretons, entre qui les ententes tacites ont pu être un secret de polichinelle. Bien évidemment, ces chefs d’entreprises financent la presse : c’est en partie pour cela que les journaux régionaux sont devenus d’importants relais du nationalisme. Christian Troadec est un exemple frappant de l’homogamie de ces milieux : ancien journaliste au Télégramme, il a par la suite fondé Les Vieilles Charrues, un festival engagé dans la diffusion et le financement de l’ethno-régionalisme breton, notamment à travers les écoles Diwan.

Les hommes politiques nationaux ont toute leur responsabilité dans la diffusion de l’ethno-régionalisme : selon Benjamin Morel, ils accordent aux revendications des caciques locaux, qu’il surnomme « ventriloques du peuple », une prépondérance qu’elles n’ont pas. Les Corses, les Guadeloupéens et les Martiniquais ont pu se prononcer récemment contre l’autonomie par référendum : cela n’empêche en rien les dirigeants nationaux de remettre sur la table cette aspiration nationaliste à chaque semblant de crise dans ces territoires. Ils s’accordent ainsi la grâce des caciques locaux, qui du fait de leur entrisme croissant au sein des partis nationaux, rapportent des voix cruciales.

La dernière échelle de pouvoir perméable aux revendications ethno-régionalistes est l’Union européenne. L’influence de l’utopie d’origine allemande de « L’Europe des cent drapeaux », diffusée par la revue Europa Ethnica, est identifiée par l’auteur comme une des grandes responsables de cette complicité européenne à l’égard des nationalistes régionaux. Pour certains fédéralistes européens, affaiblir la nation aux profits de la région peut même se révéler un habile coup politique. Jacques Delors est connu pour avoir été parmi les plus fédéralistes des présidents de la Commission européenne : l’Institut Jacques Delors finance aujourd’hui des recherches sur « la contribution potentielle du régionalisme à la gouvernance mondiale »…

 

Réforme territoriale : le péril Macron

Dans la dernière partie de son essai, Benjamin Morel avertit sur les conséquences que peuvent avoir les cessions aux revendications des ethno-régionalistes.

Nos voisins (Espagne, Royaume-Uni, Italie) l’ont démontré :

« Dans ce nouveau monde où les statuts sont à vendre et peuvent être inventés au gré de l’imagination fertile des élus locaux, ils deviennent un enjeu électoral par nature ».

Ces dernières semaines, Emmanuel Macron a mené des concertations avec plusieurs associations d’élus dans le cadre d’un projet de réforme des institutions axé sur la décentralisation et l’amélioration des finances locales. La présidente de Régions de France, Carole Delga, est sortie enthousiaste de son entretien avec le président de la République : celui-ci se serait déclaré favorable à l’approfondissement du « pouvoir de différenciation entre régions », une revendication portée par Régions de France.

Dans un entretien donné au média Le vent se lève, Benjamin Morel prévient :

« L’État favorise cette évolution en faisant le choix d’un nouveau mode d’organisation des territoires qui accroit la complexité et renforce le sentiment identitaire : la différenciation territoriale. L’État accorde ainsi de façon quasiment discrétionnaire compétence et statut ad hoc. Il se retrouve à individualiser, à singulariser sa gestion des différents territoires et collectivités, ce qui ne cesse d’alimenter, au bout de la chaîne, le discours des mouvements régionalistes. En différenciant de la sorte, l’État est dans une posture de seigneur concédant des privilèges.  Il y a à la fois un manque de vision et un opportunisme politique qui fait le lit du régionalisme en donnant des gages à telles ou telles revendications locales ».

Heureusement, la France a quelques longueurs de retard sur ses voisins européens. Pourtant, les idiots utiles des ethno-régionalistes sont de plus en plus nombreux. En deux semaines de vacances à Biarritz, les élites parisiennes n’ont malheureusement pas le temps de comprendre les conséquences des politiques ethno-régionalistes :

Affaiblissement de la solidarité interterritoriale 

Les ethno-régionalistes finissent toujours par réclamer un statut fiscal propre qui diminue leur participation aux mécanismes de solidarité interterritoriale.

Perte de liberté et de mobilité pour les plus modestes 

Lorsqu’il est promu par les pouvoirs publics, l’apprentissage de la langue régionale se fait au détriment de la langue commune, réduisant ainsi la liberté et la mobilité territoriale de la jeunesse. Les mieux lotis échappent à ce phénomène : il n’y a rien d’anodin à ce que les principaux nationalistes catalans placent leurs enfants dans des écoles privées quadrilingues alors qu’ils limitent l’apprentissage de l’espagnol dans le système éducatif public.

Discriminations à l’égard d’autres citoyens et plus particulièrement des non-nationalistes 

Les exemples espagnols de la Catalogne et du Pays basque sont frappants. Pour devenir médecin au sein du système public de santé du Pays basque espagnol, il faut passer un concours dont le barème prévoit qu’un doctorat obtenu avec mention « Très bien » ne rapporte que 10 points, contre 18 quand on maîtrise l’euskera ;

Communautarisation de la société 

La pétition des nationalistes corses de s’exprimer en corse au sein de l’Assemblée de Corse traduit bien cette volonté d’exclure les francophones de la vie publique.

 

Lire La France en miettes c’est se vacciner contre les mensonges de caciques locaux dont le seul but est d’endoctriner leurs populations afin de rejeter plus facilement sur l’État français la responsabilité de leur incompétence.

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  • Le projet, derrière l’ethno régionalisme , est de détruire l’Etat nation et de faire des régions directement dépendantes de Bruxelles, à l’instar des états américains dépendant de l’Etat fédéral. Je rappelle que l’Alsace est devenue, sans que personne n’y fasse attention , une « région européenne ». On peut penser que la Corse suivra.
    Ce projet est expliqué en détail par François Asselineau, dans une de ses interventions sur Youtube.
    Il s’agit en réalité d’un véritable complot bruxellois – un parmi d’autres – qui se fait évidemment sans aucun débat. L’Etat européen totalitaire est en marche.

    • L’ Alsace n’est pas devenue une région européenne, il s’agit d’une collectivité européenne pour être précis. Cela n’empêche pas les 2 départements qui la compose de demeurer circonscription administrative de l’état Français.

  • Certes, les régionalistes de tous poils ont leurs propres excès, mais l’auteur passe sous silence le fait que la soit-disant indivisibilité française n’a été obtenue qu’assez tardivement dans l’Histoire, et à la pointe du fusil par dessus le marché. La politique d’aujourd’hui montre suffisamment les dérives du modèle ultra-centralisé Français pour me convaincre qu’une certaine dose de régionalisme ne peut pas faire de mal. Après, tout est dans la définition de ce qu’est une certaine dose, reconnaissons qu’on peut tomber dans l’excès d’un côté comme de l’autre.

    • @alain il y a pas mal de choses qui ont été obtenues tardivement dans l’histoire et parfois à la pointe des fusils , est ce que cela en fait systématiquement des mauvaises ou de bonnes choses ? Pour moi l unité de la France était clairement bonne . Après on peut décentraliser sans pour autant éclater le pays . Réintroduire des langues locales artificiellement est parfaitement néfaste. Et bien sûr ce seront les moins armés financièrement et intellectuellement qui trinqueront, avant que ce soit tout le monde .

      • Je vous lis « Réintroduire des langues locales artificiellement est parfaitement néfaste. »
        Qu’est-ce vous en savez ? Sur quels arguments vous vous basez pour dire cela ?
        Avez-vous entendu parler que le cerveau humain est si bien évolué que le billinguisme est quelque de courant (voir même de normal) dans la majorité des pays et que les gens billingues sont reconnus comme plus agiles intellectuellement, qu’ils parlent donc plusieurs langues sans pour autant être des ‘dangereux » ethno-régionalistes ?
        Cela n’a rien à voir avec un quelconque handicap financier ou intellectuel, à moins de considérer que l’on ne peut pas apprendre d’autres langues
        Il suffit de prendre l’exemple de la Suisse pour s’en convaincre.
        Il n’y a que dans les pays à visée impériale que ces considération d’une langue unique ont encore court. Et pourtant tous les jours le progrès des sciences humaines nous démontre le contraire.
        Ne serait-ce pas plutôt la France qu’il faudrait réformer au lieu de rechercher des pretextes fallacieux qui permettent de rassurer les Français que la France est le meilleur pays du monde et qu’il fait bon vivre dans ce pays jacobin.
        CPEF ????

        • Le multilinguisme officialisé serait en France un retour aux siècles passés. Ce désir est le résultat de l’infatuation régionale, dérisoire dans un pays ficelé au jacobinisme ! Pas plus que dans d’autres débats, les pays du Nord, la Suisse ne peut servir de comparaison. Non seulement elle ne représente comme eux que les deux-tiers de l’Île-de-France, mais elle s’est établie sur une structure économique et financière que nous n’aurons jamais. Ses langues dominantes sont celles de ses voisins autrement plus importantes que le gaëlique, l’occitan, le flamand, le corse, le catalan… etc. et je vous fais grâce des dialectes mélanésiens et maghrébins… Tout ça n’est pas sérieux. La force de l’État fédéral des États-Unis est , malgré quelques divergences d’us et coutumes, tout de même l’anglo-saxon yankee. Dans le pays où nous sommes, il fallait évidemment instaurer des régions puissantes, quasi autonomes, mais il est bien trop tard ! Les communautarismes ont déjà rempli la place.

  • Les pays fédéralistes, avec autonomie fiscale, Suisse (et autonomie linguistique), l’Allemagne (avec ses patois régionaux), les USA, se portent en general mieux que les pays centralises. L’autonomie fiscale, et la concurrence qui va avec, étant essentielle. De plus la concurrence fiscale a un effet modérateur sur les aspirations de pureté ethnographique ; tout le monde aime l’argent.

    • @fabien parce que vous pensez sincèrement que nous évoluons vers le modèle suisse ou américain ? avec concurrence fiscale ? laissez moi rire . Vous me faites penser aux gens qui nous ont vendu l Europe avec les mêmes arguments …. que dire …

  • Je ne sais pas ce qui a pris à l’auteur de faire l’apologie de ce livre qui est un tissu d’idées reçues, de contre-vérités, d’approximations et de confusions volontaires. Oser écrire que « Benjamin Morel neutralise les mensonges des régionalistes français » est pour le moins surprenant et n’a pas sa place dans un blog qui défend le libéralisme.
    je n’ai pas le temps d’énumérer toutes les sottises qui sont écrites dans cet article, il suffit d’aller sur d’autres sites où des spécialistes du sujet demontent un par un les arguments de ce M. Morel.
    Il faut savoir que ce M. Morel fait ,en ce moment, le tour des médias parisiens pour « vendre » son livre, qu’il est proche de M. Chevenement, qui je ne pense pas soit consideré comme un liberal mais plutôt comme un jacobin adepte des états-nations et des empires….
    Ce livre n’est sûrement pas à prendre en exemple pour soit disant ‘neutraliser » les ethno-régionalistes français.
    Peut être à décharge pour l’auteur de cet article, M Casino Capian, le fait qu’il soit plus Espagnol que Francais, car manifestement il ne connait pas du tout l’histoire de la France et de son combat histérique face aux langues qui ont toujours été parlées en France.

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