Carburants : prix, coûts, et bénéfices pour l’État

Pour chaque litre acheté l’État prélève plus d’un euro, c’est-à-dire le prix jugé insupportable par les Gilets jaunes d’hier !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 11
oil barrels source https://unsplash.com/photos/4i5MZb1ry9E

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Carburants : prix, coûts, et bénéfices pour l’État

Publié le 3 mars 2023
- A +

Tandis que l’on nous promet un avenir radieux avec la généralisation du véhicule électrique, le prix du carburant pour les véhicules explose. La dernière fois l’augmentation des taxes avait suscité la révolte des Gilets jaunes qui a fait vaciller le pouvoir. Mais cette fois-ci tout le monde se tait puisque l’on a montré du doigt la guerre en Ukraine alors que des sommets inenvisageables hier ont été atteints.

Sur un produit dont le prix était encore hier autour d’un euro le litre, on finit par remercier le Groupe Total de nous annoncer un plafonnement pour 2023 à 1,99 euro !

La mémoire, l’analyse, le bon sens ont-ils à ce point déserté le pays pour que si peu de commentateurs fassent remarquer que les taxes prélevées désormais sur les produits pétroliers ont dépassé l’euro, c’est-à-dire que c’est bien l’État qui profite du prix élevé payé par tous les automobilistes et non pas les raffineurs et distributeurs. Pour chaque litre acheté l’État prélève plus d’un euro, c’est-à-dire le prix jugé insupportable par les révoltés d’hier !

Quand on ajoute à ce constat celui du prix de l’électricité qui a atteint des sommets ces derniers mois dans l’incompréhension totale de tous les consommateurs, en particulier les artisans et les industriels, on se doit de réfléchir à ce paradoxe qui voudrait que l’État veuille se séparer des véhicules thermiques qui alimentent son budget tandis qu’il nous entraîne vers des véhicules électriques sans avoir maitrisé ni la montée de la production d’électricité ni le prix auquel ils pourront les alimenter !

Tout semble indiquer que l’État utilise à fond la vache à lait actuelle du moteur thermique, se gave de taxes pétrolières, tandis qu’il condamne l’avenir de cette manne en lui substituant un produit dont il dénonce la pénurie potentielle de l’alimentation sans bien savoir quel profit pour son budget il pourra en tirer.

On maltraite les consommateurs actuels mais l’avenir est opaque. On peut donc parler de politique de gribouille tandis que l’on exhorte les producteurs, raffineurs et distributeurs de produits pétroliers à « faire des efforts » comme s’ils étaient responsables du premier euro des taxes prélevées !

 

Prenons donc un peu de hauteur

Les énergies fossiles fournissent aujourd’hui plus de 80 % de l’énergie consommée dans le monde.

Les alternatives ne sont pas nombreuses, elles tournent autour de l’énergie nucléaire et de l’utilisation de l’eau, du soleil et du vent sans oublier la géothermie et l’utilisation des déchets de toutes sortes. Bien évidemment, il faut lutter contre les gaspillages et améliorer les rendements, ce qui représente une des activités majeures aujourd’hui de la science, de la technique et de l’industrie.

Notre pays s’est engagé dans une politique suicidaire d’éradication des fossiles en affaiblissant les alternatives qu’il avait développées, le nucléaire et l’hydraulique, et en souhaitant faire confiance à des sources d’énergie intermittentes, le solaire et l’éolien, qui ne répondaient en rien à nos besoins de pics de consommation puisque dépendant du vent et du soleil !

En fait, sans le dire vraiment, nous avons engagé le pays dans une politique de décroissance, décroissance industrielle en parallèle à décroissance de production énergétique. On a beau jeu de célébrer aujourd’hui une nécessité de « sobriété », mais ce sont les risques de pénurie que nous constatons en incitant au changement de « modes de vie ».

Et la politique d’augmentation des prélèvements partout où c’est possible ne mène nulle part ; elle appauvrit les entreprises, les font disparaître, réduit l’activité, réduit les salaires réels et donc le pouvoir d’achat, et surtout n’engage pas la réforme essentielle, celle de la réduction du train de vie de l’État, réduction des bureaucraties, réduction des normes et règlements, des contrôles, des sanctions et des punitions qui entravent la liberté et l’envie d’entreprendre.

L’augmentation non maitrisée des taxes sur l’énergie, qu’elle soit pétrolière, gazière ou électrique permet aujourd’hui à l’État de ne pas s’interroger sur les économies structurelles à effectuer d’urgence pour que notre pays puisse survivre en maintenant sa prospérité. La pédagogie indispensable à effectuer est celle des coûts actuels de l’énergie et du passage de ces coûts -factuels- aux prix qui sont demandés aux consommateurs, en mettant fin à la politique désastreuse des chèques et des boucliers.

Cette habitude est coûteuse, elle est aveugle et inefficace. C’est une politique de communication indigne d’un pays comme le nôtre. Il s’agit, non pas de satisfaire momentanément un électorat déboussolé par les peurs et les injonctions contradictoires mais d’engager l’avenir du pays sur la voie de l’énergie abondante, bon marché et souveraine, c’est-à-dire l’inverse de ce qui a été fait depuis bien longtemps.

Expliquons d’abord qui gagne quoi avec les prix actuels de l’essence, du gazole, du gaz et de l’électricité. Que chaque profession indique ce qu’elle fait payer au consommateur français et que l’État expose à la population tout entière combien il prélève et quel usage il en fait. Cette présentation pourrait permettre à la population de comprendre d’où l’on part et quels sont les enjeux : les automobilistes, les routiers, les industriels, les commerces, les artisans, tous ceux qui souffrent quotidiennement de voir leurs prix augmenter ont le droit de savoir de quelle façon leurs efforts contribuent ou non au bien commun et au redressement du pays. Pour l’instant chacun se sent dans la peau du « cochon de payant » sans perspective de rétablissement.

Voir les commentaires (17)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Avatar
    jacques lemiere
    3 mars 2023 at 7 h 07 min

    Il faudrait connaitre la somme affectée à l’entretien des routes et de façon générale les couts induits par la route..
    et un euro d’aujourd’hui…par rapport à un euro d’hier…

    -1
    • Entretien des infrastructures routières : environ 15 milliards.
      Recettes liées à l’automobile : environ 70 milliards.
      Qu’est-ce que vous faites du pognon ? (Jacline Mouraud)

  • Quel dommage que tant de personnes compétentes comme l’auteur ne soient pas écoutées. Nos dirigeants idéologues ne se soucient pas du pays, ni des français, il ne suivent que leur égo.

  • Le prix de l’énergie, en tout cas celui du KWh électrique, c’est le prix de l’abandon délibéré de la souveraineté du pays.
    https://www.lalibre.be/international/amerique/2023/03/02/joe-biden-recevra-la-presidente-de-la-commission-europeenne-ursula-von-der-leyen-le-10-mars-7UJXFM7KXRGD3LODQT5VHNXQSY/

  •  » le solaire et l’éolien, qui ne répondaient en rien à nos besoins de pics de consommation »
    Euh? ils ne répondent à nos besoins ni pour les pics de consommation, ni pour la consommation ordinaire (par exemple faire sa lessive les nuits sans vent et sans soleil) à réserver habituellement aux « heures creuses »

  • « en mettant fin à la politique désastreuse des chèques et des boucliers »
    Tout à fait! On se demande bien comment des esprits supposés correctement éduqués peuvent penser qu’une telle gestion puisse être « durable » ( selon l’expression consacrée, mise à toutes les sauces de la communication transitoire!). La gestion en « bon père de famille » a déserté les hautes sphères de l’administration publique! CPEF

  • Ne cherchez pas pourquoi le prix de l’électricité augmente autant, le but final de nos gouvernants étant de tout mettre en œuvre pour compenser la perte des rentrées fiscales sur les carburants qui vont fortement diminuer après 2035 date à laquelle nos « apprentis sorciers » ont décidé d’interdire la fabrication de voitures thermiques en Europe!

    • Je doute que nos gouvernants soient capables de réfléchir à aussi long terme et surtout de thésauriser sur ces nouvelles recettes.

  • Elle est de combien la dette de la France ?
    Voilà pourquoi toute cette clownerie se produit et se serait produit même sans l’Ukraine.
    Baisse des impôts directs mais augmentation de l’indice t et tout le monde est aveugle et revoter micron,, sa femme plutôt…. C’est elle la politique pas son bébé.

  • Le niveau des taxes est précisément ce qui m’avait fait tiquer quand je voyais, à la fin de l’année dernière, l’autocollant disant que « grâce au gouvernement, votre litre d’essence est réduit de 20cts ». Ce qui ne couvrait même pas la TVA (qui elle-même ne s’applique pas uniquement au prix réel du litre d’essence, mais au prix du litre d’essence avec ses taxes !)

    • Ah oui, mais là vous demandez à notre Bruno de Bercy de faire un calcul qui dépasse largement ses compétences! Règles de trois et pourcentages ne sont pas encore au programme de l’agrégation de Lettres Classiques. Quant à connaître en détail l’avalanche de loi, normes, règles fiscales et autres inventions de nos hauts fonctionnaires, seuls les inventeurs savent ce qu’ils inventent et encore, on peut en douter!

  • Adieu TIPP. Il faut préparer l’avenir. Et cet avenir est la TIPPE. Cet avenir consiste à tondre le gueux sur sa consommation d’électricité, bien plus indispensable que le pétrole. Et quand les gueux seront équipés en panneaux solaires (ce qui n’est pas pour tout de suite grâce aux prix artificiellement maintenus élevés), alors on taxera la pollution que fera le gueux en respirant. Après tout, ce sera un juste impôt sur sa pollution individuelle.

    • Pour résumer, quand il n’y aura plus de stations vendant des carburants fossiles et plus d’électricité abordable dans les réseaux, le seul habitat pertinent sera le bateau à voiles équipé de panneaux solaires! Grand avantage, ça permet d’aller partout dans le monde à moindre frais et d’échapper à cette Europe gangrainée par l’écologisme!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l'énergie et de l'environnement, IAE Savoie Mont Blanc

Avec une hausse des prix de l’électricité de 26 % et du gaz de 50,6 % entre janvier 2018 et décembre 2022 en France, nous aurions pu nous attendre à une progression significative de la rénovation dans le résidentiel.

En France, ce dernier compte pourtant encore 36 % de chaudières au gaz et 26 % au fioul. Seuls 5 % des résidences principales sont classées en étiquette A ou B en 2022, et le nombre de loge... Poursuivre la lecture

Le Parlement examinera le budget de l’Etat jusqu’à Noël. Comme chaque année, à défaut de faire l’inventaire des impôts français et de débattre de leur opportunité, il ajoute, supprime ou modifie de nouvelles niches fiscales, exonérations ou encore exceptions à l’exonération. Ces débats techniques occupent toutes les pensées des parlementaires durant trois mois pendant lesquels il n’est jamais question de débattre de l’essentiel : les conditions du consentement à l’impôt sont-elles réunies ?

 

La France, championne de la pressi... Poursuivre la lecture

Avant d’être une série de films d’horreur à succès des années 1980, le vendredi 13 était déjà un de ces jours qui ne laissaient pas indifférent. Même les plus rationnels ont une petite pensée lorsque le treizième jour du mois rencontre le cinquième de la semaine. Pour cause : ce jour fait référence à celui de la crucifixion du Christ après la trahison du treizième invité de la Cène, un certain Judas.

C’est pourtant ce jour-là que les syndicats français ont décidé de se mobilier, le 13 octobre, d’après un communiqué de presse intersyndi... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles