La concurrence a favorisé le marché américain de l’électricité

La large privatisation du marché et la concurrence offrent au consommateur une énergie à meilleur prix et peut-être plus sécurisée que sur le marché hyper réglementé de l’Europe.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Photo de Didssph sur Unsplash

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La concurrence a favorisé le marché américain de l’électricité

Publié le 28 février 2023
- A +

Un article de l’Iref-Europe

 

Le marché américain de la production, du transport et de la distribution de l’électricité est ouvert à de nombreuses entreprises privées ou publiques, des utilities, régulées au niveau fédéral par deux agences qui coordonnent leur travail : la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) et la Energy Information Administration (EIA). Une réglementation veille à éviter les abus de monopole territorial des réseaux qui gèrent le transport (lignes à haute tension), tandis que la production et la distribution d’électricité (lignes à basse tension), plus concurrentiels par nature, sont plus libres.

Alors qu’antérieurement les utilities devaient en principe limiter leurs activités au seul domaine régulé et au territoire d’un seul État face à une crise énergétique, une loi de 1978, dite PURPA, a encouragé la concurrence, la fiabilité et l’efficacité de la production et de la distribution de l’électricité en favorisant la création de nouvelles centrales de production, des qualifying facilities (QFs), auxquelles les opérateurs électriques traditionnels, les utilities, étaient désormais obligés d’acheter une partie de leur électricité lorsque les prix affichés par les QFs permettaient de proposer une électricité moins chère pour le consommateur que si l’utility s’était chargée elle-même de la production. Cette loi fédérale, dont l’application était confiée aux États fédérés, contribua à la construction de nombreuses centrales nouvelles et indépendantes de production d’électricité.

En 1992, une nouvelle loi fédérale, Energy Policy Act (EPACT), a encore ouvert le marché de la production électrique à la concurrence en permettant à de nouveaux producteurs indépendants, les « Exempt Wholesale Generators », moins réglementés que les QFs et les compagnies traditionnelles, de vendre leur production ou même de l’électricité acquise ailleurs, à des acheteurs sur un ou plusieurs États via les réseaux électriques locaux auxquels les utilities devaient leur donner accès.

D’autres lois subséquentes en 2005, 2007 (Energy Independence and Security Act), le Clean Power Plan en 2015… ont encore favorisé, notamment par des programmes d’aides publiques, la compétition intérieure et incité à la production d’énergies renouvelables.

Globalement, la production d’énergie électrique aux États-Unis est bien réglementée tant au niveau fédéral, via l’organisme indépendant de contrôle, la Federal Energy Regulatory Commission, qu’au niveau des 50 États – avec leurs Congrès respectifs et leurs autorités de régulation locales : les Public Utilities Commissions. Une autre agence fédérale indépendante, Energy Information Administration (EIA), est chargée de fournir des données et des prévisions indépendantes du pouvoir politique, et des analyses permettant des décisions politiques appropriées. Mais globalement, la production, le transport et la distribution en gros de l’électricité sont beaucoup plus diversifiés et plus décentralisés qu’en France.

Curieusement, le marché de détail offrant aux consommateurs la possibilité de choisir leur fournisseur géré au niveau des États, a été moins ouvert à la concurrence qu’en Europe. Des États importants avaient ouvert leur marché de détail à la concurrence : Texas, New York, Michigan, Ohio, Illinois, Pennsylvanie… mais ils ont été plus frileux après le scandale Enron et la crise de l’électricité en Californie au début des années 2000 que certains ont attribué à la libéralisation du marché. Il semble pourtant que cette crise a été surtout due à la réglementation du marché qui imposait des contraintes environnementales excessives aux producteurs, un prix plafond aux distributeurs d’électricité et empêchait ceux-ci de signer des contrats d’approvisionnement à long terme.

 

Les tarifs d’électricité

Le marché américain de l’électricité a permis d’offrir aux consommateurs des prix inférieurs à ceux de la France et leur augmentation de 2000 à 2020 a été en moyenne (tous secteurs confondus) de l’ordre de 25 % ainsi que l’indique ce tableau de l’EIA sur les prix de détail mensuels de l’électricité de 2000 à 2020 :

En France, le tarif électrique est plus élevé, même le tarif réglementé, et il a connu des hausses de l’ordre de 70% de 2000 à 2020 :

 

Prix de l’énergie en France

Graphique évolution prix énergie – Source : Info énergie

Mais contrairement aux États-Unis les prix ont flambé en France et en Europe depuis 2021 ainsi que l’indique le tableau ci-dessous (cf. le graphique de l’EIA ci-dessus) :

Certes, la relative liberté de marché et le nombre important d’acteurs privés, y compris dans la production nucléaire, ont parfois causé des accidents de parcours aux États-Unis. La relative stabilité des prix de l’électricité y est due aussi à l’augmentation significative de la production du gaz de schiste à bas prix. Ayant de la peine à soutenir la concurrence avec ce gaz, de nombreuses centrales nucléaires ont été en difficulté et ont dû faire appel à l’argent public (Nex-York, Illinois, Ohio, Pennsylvanie) et/ou se placer sous la protection du  « chapter 11 » pour éviter les faillites, comme Westinghouse en 2017, tandis que certaines entreprises comme Santee Cooper et Scana Corporation stoppaient la construction de nouveaux réacteurs.

Aux États-Unis le secteur de l’énergie électrique parvient néanmoins à réduire sensiblement sa production carbonée, la production venant du charbon et du pétrole ayant baissé de 50 % environ depuis 20 ans comme le montre le graphique ci-après :

En définitive, avec toutes les imperfections du marché américain et le mélange parfois nocif de réglementation et de compétition qui y existe, la large privatisation du marché et la concurrence offrent au consommateur une énergie à meilleur prix et peut-être plus sécurisée que sur le marché hyper réglementé de l’Europe.

Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
    • Avatar
      jacques lemiere
      3 mars 2023 at 7 h 29 min

      non pas si évidemment… Un problème de lue est que les prix sont « faux », factices..

      la liberté est une fin en soi .que ça conduise à la prospérité est heureux mais aussi dépend d’autres facteurs religion ,culture , circonstances….

      tiens la religion écolo …

      soyez décroissants si ça vous chante passez vous de pétrole si ça vous chante..soyez pauvres si ça vous chante..

  • Avatar
    jacques lemiere
    3 mars 2023 at 7 h 24 min

    Une remarque, le niveau de prix est une chose mais sa du prix en est une autre..
    Les usa ont des fossiles, du gaz..donc le niveau de prix..
    Si les énergies ne sont pas remplaçables..une pour une.. elles se concurrencent néanmoins.. .

    Il faut aussi parler de taxation.. leur usage.. le résultat, je songe au réseau routier.. un défenseur de l’etat vous dira  » oui on mais on a de meilleures routes..ou la médecine ‘gratuite’ ..  »

    le problème du collectivisme étatique prix reste que bous ne savez pas ce que vous payez car tout devient lié.. ça dure tant que le pekin moyen a l’ilusion d’etre gagnant.. mais comme la voie de sortie est pour POUR LUI SEUL l de ne pas perdre pour lui… qui passe par le fait de ne pas reconnaitre avoir été un bénéficiaire net du système.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Philbert Carbon.

La Fondation Valéry Giscard d’Estaing – dont le « but est de faire connaître la période de l’histoire politique, économique et sociale de la France et de l’Europe durant laquelle Valéry Giscard d’Estaing a joué un rôle déterminant et plus particulièrement la période de son septennat » – a organisé le 6 décembre 2023 un colloque intitulé : « 45 ans après les lois Scrivener, quelle protection du consommateur à l’heure des plateformes et de la data ? ».

 

Protection ou infantilisation du cons... Poursuivre la lecture

Un article de Dorothée Charlier, Maîtresse de conférences en économie de l'énergie et de l'environnement, IAE Savoie Mont Blanc

Avec une hausse des prix de l’électricité de 26 % et du gaz de 50,6 % entre janvier 2018 et décembre 2022 en France, nous aurions pu nous attendre à une progression significative de la rénovation dans le résidentiel.

En France, ce dernier compte pourtant encore 36 % de chaudières au gaz et 26 % au fioul. Seuls 5 % des résidences principales sont classées en étiquette A ou B en 2022, et le nombre de loge... Poursuivre la lecture

La « libéralisation » du marché européen a fait monter les prix partout, et les a fait exploser en France. Cela ne devrait pas faire l’objet d’un article sur un media qui prône le libéralisme. Mais c’est un fait, cela s’explique aisément, et n’enlève en rien l’intérêt de la libre entreprise et de la concurrence pour générer du dynamisme et du progrès. C’est que l’électricité n’est pas un produit comme un autre.

 

L’électricité est en effet un des rares domaines où il n’est pas absurde de concevoir des acteurs monopolistique... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles