L’actionnariat salarié chez TotalEnergies

L’actionnariat est une aide sans pareille à la résolution du problème de la retraite.

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Screenshot 2023-02-20 at 15-52-55 TotalEnergies is continuing to transform

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L’actionnariat salarié chez TotalEnergies

Publié le 21 février 2023
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Divine surprise que tous ces articles relatant les 100 000 euros perçus en moyenne par les salariés de La Redoute, une magnifique démonstration de la puissance de l’actionnariat salarié. La somme passe très bien dans l’opinion : il y a bien sûr dans ce cas une dimension chance, la mise était faible, c’est arrivé vite mais ça a été aussi un énorme travail et le fruit d’une cohésion exceptionnelle de toutes les équipes. Voilà une juste récompense  !

Par contre, on a peu parlé de l’actionnariat salarié chez TotalEnergies sur lequel la foudre médiatique s’est acharnée. Même s’il est très élevé, le profit n’a rien d’exceptionnel si on le ramène au chiffre d’affaires (7 %) et aux capitaux propres (16 %).

Les Français n’ont tout simplement pas réalisé la taille considérable atteinte par leurs champions dont ils devraient avant tout être fiers. Curieusement, personne n’a expliqué que TotalEnergies est une société qui accorde une grosse part à l’actionnariat salarié (7,2 %) et que cela représente 100 000 euros de capital par employé et un dividende de 7000 euros en 2022 ; ce qui rend encore moins acceptable le blocage des raffineries.

Voilà deux bonnes raisons pour évoquer ce dispositif qui pourrait, si chacun en connaissait toutes les facettes, changer les conditions du dialogue social et le rapport de nos compatriotes avec l’entreprise.

 

La valeur créée par l’entreprise

Il faut d’abord revenir sur le concept de valeur créée par l’entreprise : d’une part la valeur annuelle et d’autre part l’augmentation de la capitalisation de l’entreprise sur la longue durée.

La valeur annuelle créée, soit la différence entre ventes et achats de matières premières, était partagée entre salaires, investissement, impôts et dividendes1. Les ordonnances de 1964 inspirées par le général de Gaulle ont permis à travers l’intéressement et la participation d’associer les salariés à la création annuelle de valeur.

Avec l’actionnariat salarié on est sur une autre dimension. Il s’agit de la participation à la création capitalistique de valeur sur le très long terme grâce aux actions acquises par le personnel.

L’intéressement et la participation sont largement développés : en 2022, 11 millions de personnes ont perçu en moyenne 1700 euros. C’est moins le cas pour l’actionnariat salarié qui n’a percé que dans les très grandes entreprises cotées comme TotalEnergies. L’investissement des salariés dans les affaires cotées est de l’ordre de 50 milliards, soit 3,3 % de la capitalisation, alors qu’il n’est que de 1,5 milliard  pour les PME et ETI. Au global on ne parle donc pas de chiffres considérables.

Il y a plusieurs raisons à cela.

D’abord beaucoup de réticences du côté des syndicats qui sont très prudents en la matière et qui considèrent que « le risque c’est pour le patron ! ».

Ensuite, jusqu’à un passé récent le marché financier ne lui était pas non plus favorable craignant que la présence d’administrateur salarié ne freine les restructurations même dans le cas où celles-ci étaient nécessaires.

Enfin du côté des entreprises familiales les arguments sont d’un autre ordre et d’ailleurs tout à fait respectables : les familles considèrent que ce sont elles qui doivent porter l’ensemble des risques, craignant que les employés soient perturbés s’ils savent qu’ils le portent eux aussi.

Ce qui a changé depuis quelque temps c’est que grâce au marché boursier, il est avéré que les entreprises à fort actionnariat salarié ont des performances meilleures que la moyenne. Le private equity ne s’y est d’ailleurs pas trompé et c’est lui qui en est aujourd’hui le premier pourvoyeur.

Si on veut le développer dans les PME/ETI il y aurait intérêt à s’intéresser à ce qui se passe aux États-Unis et leur plan 4O1(k). Il s’agit d’un fonds diversifié dans lequel les salariés investissent en respectant une condition : les actions de leur entreprise ne peuvent pas dépasser 50 %. Cette formule est confortable pour les familles qui restent maîtres du temps, elle atténue le problème du risque et permet au personnel disposant de la liquidité disponible dans le fonds soit de racheter les actions des familles quand celles-ci décident de vendre, soit de participer aux augmentations de capital si l’entreprise vient à en lever.

 

L’actionnariat salarié, réponse au problème de la retraite et changement de la relation au travail

L’actionnariat salarié est de toute évidence ce qu’il faut pousser aujourd’hui. Il est la prolongation naturelle de l’intéressement et de la participation ; à la différence qu’il est un investissement risqué, il ne faut pas le cacher. Y adhérer doit donc être une décision personnelle qui ne peut en aucun cas être forcée par la loi.

On peut réduire le risque en organisant un système de décote et d’abonnement mais on ne l’annulera jamais totalement. La façon la plus efficace de le développer c’est de baisser la fiscalité de la vente des actions détenues plus de 25 ans, l’expérience montrant que les salariés gardent longtemps leurs actions. C’est une façon élégante d’encourager le capitalisme patient nécessaire à l’élaboration de stratégies puissantes et qui redorera l’image fiscale de notre pays.

L’actionnariat est une aide sans pareille à la résolution du problème de la retraite.

Faites vous-même le calcul !

Un collaborateur investit régulièrement 5 % de son salaire. Si ce salaire est abondé de 50 % et si la rentabilité sur longue durée se situe à 4 % (la bourse c’est 6 %) après 45 ans de travail le collaborateur aura constitué un capital qui augmentera sa retraite d’au moins 50 %.

On parle alors d’un changement de société ! Quand les salariés actionnaires deviennent… actionnaires salariés c’est-à-dire quand leur investissement dans l’entreprise représente une part importante de ce qu’ils possèdent, ils appréhendent toutes les dimensions de l’entreprise, non seulement l’aspect opérationnel par l’intéressement mais aussi sa dimension stratégique par la montée de la valeur de leur investissement. Et ce d’autant plus qu’en mettant ensemble leurs actions ils peuvent prétendre à des postes au conseil d’administration et participer de plain-pied aux décisions et à la gouvernance. On peut alors s’attendre à un changement fondamental de la relation au travail.

C’est pour cela qu’en mettant en lumière toutes les vertus d’une formule que notre pays ferait bien de développer, cette affaire de La Redoute est à classer comme une excellente nouvelle à partager sans modération !

  1. En 2021 de la façon suivante : 61 % allaient aux salariés, 17 % à l’investissement, 16 % à l’État sous forme d’impôts et 6 % aux actionnaires.
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  • Bien entendu aucun média n’a relayé cette information

  • C’est facile de prendre comme exemple l’entreprise la plus riche de France
    Allez demander aux salariés de GO SPORT ce qu’ils en pensent

    -1
    • vous avez raison.
      l’actionnariat salarié représente une trop grande concentration du risque de l’épargnant
      chaque personne devrait avoir un compte épargne détaxé où il pourrait épargner et/ou désépargner en faisant les arbitrages de risques qu’il souhaite.
      pour éviter d’encourager la désépargne, les avantages fiscaux devraient aussi concerner la transmission pour cause de mort.
      les flots de richesses créés par un tel système favoriseraient les plus pauvres qui auraient ainsi accès au capitalisme
      les seuls perdants seraient les politiques qui deviendraient totalement inutiles
      raison pour laquelle ce système ne verra jamais le jour

  • C’est le problème de l’épargne salariale : le salarié épargne en investissant dans son entreprise. Quand celle ci fait faillite, le salarié perd son emploi et son épargne.
    L’épargne salariale va à l’encontre de toutes les règles d’investissement qui disent qu’il ne faut jamais mettre ses oeufs dans le même panier.

    • C’est pédagogique. Le rapport est proportionné au risque, sinon ce serait du privilège et de la connivence. Mais qu’un actionnaire salarié n’aie pas idée de diversifier ses placements en investissant aussi dans d’autres secteurs et d’autres pays me sidère.

  • Deux points oubliés:
    -L’actionnariat salarié, ce n’est pas la même chose qu’un salarié actionnaire. C’est une structure financière spéciale, contraignante pour les parties. Le pourcentage d’actions Total détenues par les salariés reste inconnu par exemple.
    -Pour le salarié, du point de vue du risque, investir dans l’entreprise où il travaille est le pire. S’il perd son job à cause d’une faillite, il perd aussi son capital.

    • Il y a là un sous-entendu désagréable : celui qui perd son job à cause de la faillite de son employeur, pourquoi n’aurait-il pas des compétences à faire valoir chez un autre ? A moins, bien sûr, que ce ne soit son incompétence qui est justement à la source de la faillite…

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