Assurance vie : faut-il investir ?

L’assurance vie demeure un excellent dispositif pour investir son argent. Et les fonds en euros n’ont pas dit leur dernier mot. Explications.

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Assurance vie : faut-il investir ?

Publié le 16 février 2023
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Avec des encours globaux avoisinant les 1850 milliards d’euros, l’assurance vie est le dispositif d’épargne le plus populaire en France. Si ce dispositif est autant plébiscité par les épargnants, c’est notamment en raison de ses deux atouts clés. Le premier avantage de l’assurance vie est la possibilité de placer son épargne sur les fameux fonds en euros. Ces fonds sont directement gérés par les assureurs et offrent des garanties sur le capital investi. Le deuxième avantage clé de l’assurance vie, c’est sa fiscalité au cours de la vie du contrat et à la succession, nous allons y revenir plus bas dans l’article.

Ces dernières années, la performance des fonds en euros était en baisse constante. Cette situation a érodé l’attrait des épargnants pour l’assurance vie. En contraste, les livrets réglementés ont récemment bénéficié d’une hausse sensible de leur taux de rémunération, si bien que le livret A et le livret de Développement durable et solidaire sont désormais plus rémunérateurs que la plupart des fonds en euros.

Malgré cela, nous allons voir que l’assurance vie demeure un excellent dispositif pour investir son argent. Et les fonds en euros n’ont pas dit leur dernier mot. Explications.

 

Le point sur les performances des fonds en euros

Ces dernières années, les fonds en euros affichaient des performances en baisse constante. Les moins performants du marché avaient même fini par délivrer des performances inférieures à 1 % en 2021 !

Cette baisse généralisée des performances des fonds en euros était le fruit d’un environnement économique particulier : les politiques des banques centrales ont poussé les taux sans risque à presque 0 % pour stimuler l’économie. Cette stratégie était possible car l’inflation était alors très faible.

Les fonds en euros sont directement gérés par les assureurs. Pour pouvoir garantir aux épargnants la préservation de leur capital, ces derniers n’ont pas d’autres choix que celui de se tourner essentiellement vers les obligations émises par les États les mieux notés par les agences de notation : France, Allemagne, etc. Or, ces dernières années, ces pays ont pu se financer via des émissions obligataires à des taux d’intérêt presque nuls. Au sein des fonds en euros, les nouvelles obligations (peu rémunératrices) ont progressivement remplacé les obligations plus anciennes (et plus rémunératrices) arrivant à échéance. Ce qui explique la baisse progressive de la rémunération de ces fonds.

L’année 2022 marque un point de rupture vis-à-vis de cette situation. Face à l’inflation galopante, les banques centrales ont dû changer de cap et nous avons assisté à une forte remontée des taux.

La bonne nouvelle est que les fonds en euros vont bénéficier de cette remontée des taux puisque les assureurs vont pouvoir mettre la main sur les nouvelles obligations affichant des taux de rémunération plus intéressants que ceux des obligations émises ces dernières années. Et les assureurs n’ont pas attendu longtemps pour en faire profiter les assurés. Les performances 2022 de l’ensemble des fonds en euros du marché sont en hausse sensible comparativement à 2021. Avec une moyenne de rendement de 1,50 % après prélèvements sociaux, les fonds euros en 2022 ont rapporté plus que le livret A (1,38 % en moyenne pondérée sur l’année).

La composition des fonds en euros (essentiellement des titres obligataires) gérés par les assureurs ne change pas du tout au tout d’une année sur l’autre. De fait, ils ont beaucoup d’inertie. La remontée des performances sera donc progressive.

À l’inverse, s’agissant des livrets réglementés, le taux de rémunération a été rehaussé sans délai sur décision du ministre de l’Économie et des Finances. Le calcul du taux de rémunération tient notamment compte du taux d’inflation. La performance des livrets A et livrets de Développement durable et solidaire (LDDS) est actuellement supérieure à celle des fonds en euros : 3 % net. Rares sont les fonds euros qui feront mieux en 2023 (taux connu en janvier 2024).

Les épargnants peuvent donc privilégier les livrets réglementés pour placer leur épargne sans risque. Toutefois, les versements sont plafonnés à 22 950 euros pour le livret A et 12 000 euros pour le livret de Développement durable et solidaire. Dès lors, le fonds euros s’impose pour sécuriser de grosses sommes d’argent.

Et quand la rémunération du livret A et du LDDS baissera à nouveau, les fonds euros gorgés d’obligation à taux élevé pourront retrouver leur position de placements sécurisés les mieux rémunérés.

 

L’assurance vie ne se résume pas aux fonds en euros

Les fonds en euros sont très populaires, ils représentent près des trois quarts des encours investis en assurance vie. Mais l’assurance vie ne se résume pas aux fonds en euros !

Cela fait maintenant de nombreuses années que la quasi-totalité des contrats d’assurance vie commercialisés permet de diversifier son épargne sur différents supports. On parle de contrat multi-supports.

Ces supports de diversification autres que les fonds en euros sont appelés les unités de compte (UC). Celles-ci présentent un risque de perte en capital.

En clair, les épargnants peuvent ainsi diversifier leur épargne sur des fonds actions, des fonds obligations, des fonds diversifiés et/ou des fonds immobiliers.

Chaque épargnant peut librement allouer son épargne sur différents supports de son choix au sein de son contrat. Mieux encore, il peut à tout moment arbitrer d’un support vers un autre au cours de la vie du contrat. Les meilleurs contrats d’assurance vie sont sans frais d’arbitrage. L’assurance vie s’adapte donc aux différents projets financiers de son souscripteur.

Dans une optique d’investissement à long terme, les fonds actions et les fonds immobiliers sont les supports offrant les meilleures perspectives de gain. C’est la raison pour laquelle il est recommandé d’allouer une partie de son épargne sur ces fonds lorsque l’on souhaite préparer sa retraite ou simplement valoriser son patrimoine sur le long terme. Attention toutefois, ces supports sont volatils et présentent un risque de perte en capital. C’est la raison pour laquelle ces placements ne sont recommandés que pour investir à long terme.

 

Une fiscalité unique dans le paysage de l’épargne en France

L’attrait de l’assurance vie tient également à sa fiscalité unique dans le paysage de l’épargne en France.

L’assurance vie est ce que l’on appelle une enveloppe capitalisante. Cela signifie que les gains réalisés au sein du contrat peuvent être réinvestis (capitalisés) sans subir de frottements fiscaux. Cet avantage existe également pour le plan d’épargne retraite (PER) et le plan d’épargne en actions (PEA). L’assurance vie offre davantage de souplesse que ces deux dispositifs puisque des retraits et des versements sont possibles à tout moment et sans plafonnement des versements.

En cas de retrait sur une assurance vie de plus de 8 ans, l’épargnant bénéficie d’un abattement de 4600 euros par an sur les plus-values imposables.

L’autre avantage fiscal de l’assurance vie, et non des moindres, concerne la transmission du capital. En effet, à la succession, pour le calcul de l’assiette imposable, les bénéficiaires désignés du contrat d’assurance vie bénéficient d’un abattement de 152 500 euros sur les versements réalisés avant les 70 ans du souscripteur. Cet abattement s’applique par souscripteur et par bénéficiaire. Un couple avec deux enfants peut donc transmettre 610 000 euros sans que les bénéficiaires n’aient à s’acquitter de droits de succession. Ces abattements sont spécifiques à l’assurance vie et s’ajoutent aux abattements prévus par défaut sur les droits de succession.

En conclusion, l’assurance vie demeure un dispositif incontournable pour valoriser son patrimoine et éventuellement le transmettre. Les performances des fonds en euros sont amenées à progresser dans les années à venir en raison de la remontée des taux sans risque initiée par les banques centrales depuis 2022. Et les bons contrats permettent de diversifier son épargne sur des fonds actions et des fonds immobiliers, deux classes d’actifs incontournables pour dynamiser la performance de son patrimoine à long terme.

 

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  • Le danger d’investir en France c’est que vous êtes coincés en France. Il vaut mieux investir légalement à l’étranger car le jour où vous voudrez partir, ça sera beaucoup plus facile.
    En plus, le problème avec la France, c’est qu’il y a des lois fiscales rétroactives qui ne respectent pas les contrats d’origine. Ça a déjà été le cas avec les contrats les plus anciens qui ont subi des prélèvements supplémentaires.

    • Exactement. Ces contrats implémentent un modèle qui devrait être la règle générale, alors quelle est leur raison d’être ? Le refuge qu’ils procurent contre la « battue aux investisseurs » ressemble à une embuscade. Les chasseurs attendent juste qu’assez de gibier soit pris dans la nasse pour déclencher le tir.
      Ceci dit, investir légalement à l’étranger reste complexe, on a là aussi l’impression de se glisser dans une fissure de la réglementation qui pourrait se refermer sur vous sans préavis. Le plus simple semble de s’exiler pour de bon, mais ça n’est pas forcément à la portée de tout le monde.

  • Un excellent article. Toutefois, outre le côté « nasse » de l’assurance-vie, il faudrait aussi bien mettre en garde contre la folie obligataire. Bien des assureurs n’ont échappé que par miracle à la faillite au moment du démarrage de l’inflation, qui a d’un seul coup réduit drastiquement la valeur des obligations anciennes à faible taux. Aujourd’hui, l’investisseur, comme eux, peut limiter les dégâts de cette inflation et même espérer un bon profit si elle diminue, comme chacun l’espère. Mais 1. elle peut se ranimer brusquement, et cette fois dévaster pour de bon le secteur obligataire, et surtout 2. qui paie ? Une obligation est une promesse, si c’est une obligation d’Etat, c’est la promesse que le contribuable paiera, donc qu’il sera à même de supporter les impôts qu’on lui infligera pour ça. La question, c’est le sera-t-il vraiment ? Si c’est une obligation privée, le risque est du même ordre.
    Une bonne assurance-vie, ça n’est pas un noyau obligataire avec une diversification vers des actions et des pays lointains. C’est un investissement très diversifié, où les obligation n’ont pas à apparaître par principe, mais seulement quand comme aujourd’hui elles apparaissent prometteuses. La sécurité ne vient pas de la faible volatilité, elle vient de la diversification, laquelle réduit non seulement la volatilité, mais surtout le risque de chute brutale et sévère. Une chute brutale et sévère est un événement extrême dont la survenue est indépendante des conditions courantes.

    • Le fonds € base de l’AV, c’est l’Histoire qui veut ça. Héritage du temps où seuls existaient les AV mono-support.
      Le principal avantage du Fonds € est l’effet cliquet. Les intérêts gagnés chaque année le sont définitivement. Indépendamment du marché obligatoire. Seul un défaut de l’assureur pourrait inquiéter l’épargnant.
      Et cette sécurité là, aucune unité de compte ne pourra jamais l’égaler. En ce moment, elle a un coût : le rendement du Fonds € est faible par rapport à un autre support, bien sécurisé lui aussi, les SCI/SCPI. Les actions, ou encore les produits structurés, sont par contre à réserver aux épargnants avisés, et à tous ceux qui peuvent laisser leur épargne à moyen-long terme. Cette dernière remarque vaut aussi pour les SCPI, non à cause du risque de volatilité, mais des frais de rachat.

  • Avec les dettes accumulées par les États comme la France et l’Italie, les taux d’emprunt ne sont pas prêts de baisser car ces emprunts deviennent de plus en plus risqués. Les fonds en euros vont donc rapporter beaucoup plus pendant longtemps… Mais désormais le risque existe que la France et l’Italie fassent défaut. Ils seraient alors poussés hors de l’euro rapidement. Ça devient compliqué de conserver dans la zone euro les pays sous développés que sont la France, l’Italie et la Grèce.

  • Le tour de force de cet article est d’oublier de parler de la loi Sapin 2, destinée à cantonner les gains dans le virtuel jusqu’à, on peut le craindre ! que l’hyperinflation ou une spoliation au nom d’un quelconque intérêt général ne permette de les lessiver. Les « contrats » avec un Etat seront toujours léonins, surtout dans un pays surendetté mais où les lois fiscales rétroactives sont bien admises et où un exécutif sans aucun contre-pouvoir peut abolir toutes les libertés en une journée (cf les confinements et l’apartheid sanitaire).
    D’après mon expérience personnelle, les assurances-vie (pourquoi cette dénomination ?) sont des produits opaques aux performances médiocres (et, pour les unités de compte, toujours bien inférieures à celles du marché quand celui-ci monte, mais qui suivent au contraire bien ses baisses). La carotte fiscale vaut-elle d’entrer dans des placements qui ne permettront même pas de battre l’inflation, au moins à court terme ?
    D’autant moins que l’assurance-vie ne protège pas de la CSGRDS (ce que banquiers et assureurs s’arrangent pour ne jamais rappeler).

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