Encore plus d’argent gratuit pour combattre l’inflation

Le phénomène de l’inflation reste incompris en raison d’une terminologie inadaptée. Mal compris, il est donc mal combattu par ceux qui prétendent le contrer.

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billet Zimbabwe, credit Philippe Lacoude

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Encore plus d’argent gratuit pour combattre l’inflation

Publié le 9 novembre 2022
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Selon un récent sondage publié par Newsweek aux États-Unis, 63 % des personnes interrogées ont répondu qu’elles souhaitaient que la Réserve fédérale américaine émette de nouveaux chèques pour les aider à terrasser l’inflation. Seulement 18 % indiquaient être contre une telle mesure.

Ceci prouve que l’ignorance monétaire et financière n’est pas une exclusivité française. Les « chèques Trump » ont plu autant que le « Quoi-qu’il-en-coûte » et les expérimentations de la Théorie monétaire moderne (TMM) ne sont pas terminées.

En substance, la TMM énonce que les déficits publics n’ont aucune importance puisqu’un État qui contrôle sa création monétaire ne peut pas faire faillite.

Voici ce que nous dit Wikipedia sur le sujet :

Comme l’État dispose du monopole de création de sa devise, il ne peut faire faillite à moins de le vouloir ou de s’endetter dans une devise étrangère qu’il ne contrôle pas. En effet, la théorie considère la capacité de l’État à dépenser comme illimitée en terme nominal, mais limitée par la disponibilité des ressources réelles (ressources technologiques, ressources naturelles et force de travail). Lorsque l’État est en déficit, il crée de la monnaie et se renfloue ainsi, évitant tout défaut souverain.

Wikipedia peut-être considéré comme l’étalon de la pensée consensuelle sur un sujet donné. Mais un consensus n’est pas une vérité…

En lisant les prémisses de la TMM on se demande pourquoi, depuis l’adoption d’un système de devises flottantes adossées à rien, les déficits publics sont restés finalement si modérés.

 

La Théorie monétaire moderne s’appuie sur la violence légalisée

On pourrait également se demander pourquoi nous continuons à payer des impôts. Il suffit que l’État imprime ce dont il a besoin pour financer ses dépenses… Mais là, la TMM est claire : l’État doit taxer car c’est ce qui crée la demande de devises.

Citons Wikipedia, toujours :

La base de la théorie est que l’État dispose du monopole de la violence, ce qui lui donne la possibilité de taxer. Dans la mesure où l’État taxe dans une devise particulière, donc qu’il oblige à payer les taxes dans sa devise, il est nécessaire pour les agents du secteur privé de se la procurer en se faisant vendeurs de biens et de services.

Même si elle ne vaut rien, la devise sera toujours demandée dans la mesure où les ménages doivent payer des impôts. Le monopole de la violence légale contraint donc à échanger quelque chose de concret – bien ou service – ayant une valeur contre quelque chose qui n’en a pas. Car si l’État peut créer autant de sa devise qu’il le souhaite sans aucun effort, il n’a pas le pouvoir de créer de la marchandise. Un euro ou un dollar peut surgir du néant, mais pas un quintal de blé, un MWh ou un baril de pétrole.

La TMM revient donc à forcer les citoyens à échanger quelque chose contre rien. En langage courant, cela s’appelle du vol. Que le vol soit légal ne change rien à l’affaire.

 

Ce qu’est vraiment l’inflation

Les économistes de l’école autrichienne sont rares et n’ont pas la faveur des médias. C’est regrettable car leurs prévisions des crises que nous vivons se sont toutes avérées.

Si le principe de Milton Friedman reste encore parfois cité :

L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production.

Ludwig von Mises l’est moins et pourtant son éclairage est très utile pour comprendre la situation actuelle :

De la manière dont le terme inflation a toujours et partout été utilisé, il signifie une augmentation de la quantité de monnaie, de billets bancaires en circulation et de dépôts dans les comptes chèques. Aujourd’hui, les gens utilisent ce terme pour qualifier ce qui en est l’inévitable conséquence, à savoir la tendance à la hausse des prix et des salaires. Le résultat de cette déplorable confusion est qu’il ne reste plus de mot pour relater la cause de cette augmentation […] Puisqu’on ne peut parler de ce qui n’a pas de nom, on ne peut le combattre. Ceux qui prétendent combattre l’inflation ne combattent, en réalité, que sa conséquence, soit les prix qui montent. […] Ils essaient de maintenir les prix bas tout en poursuivant la politique d’augmenter la quantité de monnaie qui les fera inévitablement monter. Aussi longtemps que cette confusion terminologique ne sera pas dissipée, il ne peut être question de stopper l’inflation. »

Lorsque l’inflation désigne l’augmentation générale des prix, alors tout ce qui contribue à cette augmentation est qualifié d’inflationniste. Ce n’est plus la banque centrale et le système bancaire qui sont vues comme les sources de l’inflation, mais plutôt d’autres causes : le Covid, la guerre en Ukraine, etc.

Avec cette confusion, la banque centrale ne crée pas l’inflation, mais au contraire passe pour la combattre.

 

Le cruel retour à la réalité

Récemment, en Grande-Bretagne, la TMM a été sanctionnée par ce qui reste de marché.

Les baisses d’impôts de l’ex Premier ministre Liz Truss, qui ne s’accompagnaient d’aucune mesure de réduction des dépenses publiques, ont conduit à une hausse rapide des emprunts d’État et a mis les fonds de pension au bord de la faillite.

Au final, les déficits ont une conséquence.

Comme je l’explique dans mon dernier livre, ces expérimentations monétaires se termineront mal et pas seulement en Grande-Bretagne. Nous avons eu une crise d’endettement qu’on a prétendu régler en émettant davantage de monnaie factice. Nous sommes trompés par ceux qui prétendent nous protéger. Nous aurons donc bientôt une crise monétaire d’ampleur inédite. Autant s’y préparer dès maintenant.

Voir les commentaires (11)

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  • Vous avez dit pompiers pyromanes ? c’est pas possible….

  • Il n’y a pas de mot pour qualifier le phénomène? … Alors allons-y: concours d’idées sur Contrepoints, inventer le mot ayant pour définition « l’augmentation de la quantité de monnaie de manière artificielle sans création de valeur ».

    • Le vol. Le papier monnaie s’approche du papier q. Bientôt on pourra en avoir la même utilisation. Mais il faudra augmenter sa taille, sinon, si sa déborde, sa valeur sera inférieure car inutilisable.

    • « Euroflation ». (car il faut aussi préciser quelle est la monnaie qui est en cause).

    • PQmanie. Encore qu’avec les cartes de crédit, c’est pas gagné…

    • à jefjefjef : Votre définition correspond parfaitement à la création de fausse monnaie. Un des crimes les plus sévèrement punis dans la plupart des sociétés, parfois plus sévèrement que le meurtre.

  • Quand on pense qu’avec un seul de ces billets bleus de l’image en début d’article (libellé en euros), on pourrait:
    -Supprimer toute la dette de l’état
    -Verser un capital de départ à tous les français d’un million d’euros.
    -Faire disparaitre la pauvreté via une rente à vie pour tous les français de 10000€/mois.
    -Renflouer la Marie de Paris pour les 100 ans à venir (bon pas sûr à 100% pour celle là).
    La seule chose que l’état a à faire, c’est d’imprimer ce maudit billet! Mais pourquoi ne le fait il pas!

    • L’imprimeur n’a personne qui sache compter jusqu’à autant de zéros. Il faudra parler de pétaeuros (1 billiard) ou même de gogoleuros (10^100), de jolis noms malgré tout…

    • L’imprimeur n’a personne qui sache compter jusqu’à autant de zé-ros. Il faudra parler de pé-ta-euros (1 billiard) ou même de go-gol-euros (10^100), de jolis noms malgré tout…
      Les traits d’union sont là pour ne pas choquer le robot.

  • Après 2 ans de covid, plus personne ne veut travailler, a quoi bon, l’argent coule à flot, par conséquent la ruine totale de l’économie est au bout du chemin. L’inflation n’est qu’un petit symptôme d’un mal bien plus profond, la guerre économique pour sauver ce qu’il reste de l’empire anglo-saxons. Pire que la chute de l’empire romain ?
    Sans doute, ils sont prêt à sacrifier l’Europe en entier, les romains n’avaient pas cette ambition.. La chute de l’Allemagne est pour bientôt, le reste suivra. Pour la France….. On peut commencer à préparer l’avis d’obsèques….. Merci macron, en fossoyeur il est très présentable.

  • Donc, je résume la politique de l’état, et des banques centrales:
    1 – on imprime de l’argent gratuit (cad adossé à rien) pour mener une politique irresponsable
    2 – les prix flambent, puisque seule la masse monétaire augmente
    3 – on imprime (encore!) de l’argent gratuit, qu’on distribue tous azimuts pour faire face à l’inflation
    4 – Curieux! Les prix continuent à flamber?
    Alors on repasse en 1: et hop! Nouvelle boucle!
    Ce manège tourne ainsi depuis + de 40 ans! (cf l’augmentation de la dette).
    Un manège fou… Mais veut t’on seulement l’arrêter?
    Pas si sûr! Tant il est facile de trouver un coupable à livrer à l’opinion: le Covid, la guerre en Ukraine, bientôt la Chine…
    Et ça arrange bien trop de monde!

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