Électricité : les renouvelables créent une hausse des prix

La forte corrélation entre poids des renouvelables dans le mélange électrique et niveau des prix de l’électricité le suggère

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Electricity By: Tom Taker - CC BY 2.0

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Électricité : les renouvelables créent une hausse des prix

Publié le 7 février 2023
- A +

On sait depuis longtemps que la multiplication des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) entraîne une hausse du coût moyen de la production de l’électricité. La forte corrélation entre poids des renouvelables dans le mélange électrique et niveau des prix de l’électricité le suggère : à faible poids, prix bas (Hongrie) ; à poids moyen, prix moyen (France) ; à poids considérable, prix élevé (Allemagne).

On sait également que l’année 2022 a montré qu’à cette inflation par les coûts s’ajoute une inflation par la mécanique du marché de gros européen. Les prix de l’électricité en Europe ont été largement déconnectés des coûts de production de l’électricité. En France, par exemple, le coût moyen de production a augmenté d’environ 15 % (du fait de l’augmentation du prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité) alors que le prix de vente moyen a augmenté d’environ 130 %. Cette augmentation des prix de vente provient principalement de la généralisation du prix qui s’établit sur le marché européen de l’électricité à l’ensemble des prix de l’électricité en Europe. En 2022 ce prix a été largement celui de la production des centrales au gaz allemandes.

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il y a une double relation causale entre les renouvelables et cette mécanique infernale :

  • la hausse du prix du gaz est liée au développement des renouvelables,
  • le marché européen a été conçu dans le but de favoriser ces mêmes renouvelables.

 

L’éolien et le photovoltaïque sont intermittents

Durant la majorité des heures de l’année, le vent ne souffle pas et le Soleil ne brille pas. Qui plus est, en particulier pour l’éolien, cette intermittence est aléatoire car on ne sait guère longtemps à l’avance quand les installations vont produire. Pour répondre à la demande, notamment de pointe, il faut donc avoir sous le coude des centrales capables de démarrer instantanément. Les centrales les mieux adaptées à cette tâche sont les centrales au gaz qui est ainsi un complément nécessaire aux renouvelable. Plus de renouvelables, c’est davantage de gaz.

L’Allemagne, mais aussi l’Italie et l’Autriche étaient et sont toujours des pays très dépendants des importations de gaz, et en particulier de gaz russe. La décision de Gazprom de diminuer brutalement ses ventes de gaz à ses clients européens a évidemment fait flamber le prix du gaz en Europe, et le prix de l’électricité au gaz sur le marché européen de l’électricité.

Cet enchaînement maintenant bien connu n’explique pas la contagion de la hausse des prix dans le reste de l’Europe et notamment en France. La part de notre électricité achetée sur le marché européen est faible (même si elle a augmenté en 2022 du fait de l’indisponibilité temporaire d’une vingtaine de nos centrales nucléaires) et de plus l’essentiel de ces achats se font de gré à gré, hors marché.

Cela aurait dû nous protéger de la contagion. Si cela n’a pas été le cas, c’est à cause d’une « règle » particulière de ce marché européen. La Cour des comptes européenne, qui n’est pas suspecte d’hostilité à ce marché et à cette règle, la présente en ces termes :

« Toutes les offres de fournisseurs ayant trouvé preneur […] doivent être rémunérées au même prix que l’offre la plus élevée qui équilibre le marché ».1

D’où sort cette règle ?

La Cour des comptes européenne mange le morceau et avoue clairement :

« Cette méthode vise à faire en sorte que les producteurs d’énergie verte dégagent un bénéfice, et donc un retour sur investissement, ainsi qu’à accroître l’approvisionnement en énergie produite à partir de sources renouvelables».

Pour faire plaisir aux industriels de l’éolien et du photovoltaïque, les achats obligatoires à prix rémunérateurs (qui existent dans la plupart des pays européens, notamment en France) ne suffisent pas, peut-être parce qu’ils sont trop voyants. L’Union européenne a tenu à les renforcer par des prix élevés totalement déconnectés des coûts de production.

Les prix élevés de l’électricité qui ruinent les ménages et les industries européennes ne sont donc pas seulement une conséquence imprévue des renouvelables, ils sont au contraire une cause voulue, un moyen conscient de la multiplication des renouvelables. Les boucliers énergétiques dont nos gouvernants dotent à grands frais les consommateurs ne servent qu’à les protéger des flèches et des javelots que ces gouvernants eux-mêmes ont systématiquement et savamment décochés.

Le gouvernement actuel n’est pas à l’origine de cette absurdité mais il la perpétue. Le président déclare que « l’électricité doit être vendue aux Français à un prix qui correspond à son coût de production », mais en même temps il fait voter le doublement rapide des renouvelables et ne remet pas en cause le mécanisme inflationniste du marché européen qui a la double vertu d’être un marché et d’être européen.

  1. Cour des comptes européenne 2023. L’intégration du marché intérieur de l’électricité. Encadré n°1, p. 33.
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  • Bof !
    Plus d’éolien que la France aux Pays-bas, électricité moins chère. Moins d’éolien que la France en Italie et électricité plus chère.
    Et d’un.
    En France, le thermique fossile, mobilisable immédiatement, c’est 11,2 % en 1990, pour zéro éolien et zéro solaire. En 2020, c’est 8,6 % de fossile, pour 10,2 % éolien et solaire.
    Et de deux.
    Va falloir trouver autre chose !

    -6
    • Plus d’éoliens = plus de gaz , il faut bien gérer l’intermittence ! il suffit de trouver du gaz pas trop cher, c’est tout ?

  • Corrélation entre le prix de l’électricité et la pénétration des énergies éoliennes et solaires dans le mix énergétique:
    https://www.lemondedelenergie.com/wp-content/uploads/2022/01/6-300×278.jpg
    Hongrie 0.12€/kWh, Allemagne 0.30€/kWh. Hongrie 2 fois moins de ENR installée/hab

    • Comme me disait mon prof de math, un exemple ne prouve rien.
      Mais un contre-exemple suffit à démonter une hypothèse farfelue.

      -3
    • Si vous virez vos deux points aberrants de la courbe (Allemagne et Danemark), votre droite peut prendre n’importe quelle pente, y compris l’horizontale.

      -3
      • Bonjour,
        Non, vu l’organisation du nuage de points, la courbe de tendance d’ordre 1 aura toujours la même pente, même si vous enlevez les deux points les plus haut.

    • Sur l’autre hypothèse farfelue (plus d’éolien, c’est plus de fossile), le cas du Danemark offre un joli contre-exemple.
      En 1990, 97 % de son électricité vient du fossile. 30 ans plus, l’éolien représente près de 60 % et le fossile est tombé à 15 %.
      Décidément, j’ai connu Prud’homme en meilleure forme.

      -5
      • Si votre production de base est assurée par du charbon et du gaz, l’éolien, à défaut de remplacer les centrales, va permettre de réduire la consommation de carburant et par conséquent les émissions de GES qui vont avec (Cas du Danemark…).

        Si comme pour le cas de la France, votre production de base est nucléaire, donc déjà plus performante que l’éolien (excepté les soucis propre au nucléaire bien sur), l’éolien n’a pas d’utilité! Et si vous voulez fermer des centrales nucléaires faudra construire des backup gaz ou et charbon qui mécaniquement feront augmenter les émissions de la France. C’est aussi simple que ça… Quant à utiliser l’éolien pour la pointe, tant qu’on ne sait pas maitriser éole, la rentabilité du truc est franchement discutable…

    • Derniers points, et je rends l’antenne – je finis vite par me lasser des organes anti-éoliens comme anti-nucléaires :
      1. L’intermittence est un sujet has-been ; les gestionnaires de réseaux sont devenus très performants, et l’interconnexion européenne facilite grandement les choses ;
      2. Les coûts actuels de l’électricité prennent en compte les investissements en cours – aujourd’hui l’éolien, demain le nucléaire ; c’est un régime transitoire ; on doit raisonner en coûts de fonctionnement une fois l’investissement réalisé et amorti. Ou à la rigueur sur toute sa durée de vie. Mais pas en mélangeant à l’instant T coûts d’investissement et coûts de fonctionnement. Que sera le coût du kW/h dans 10-15-20 ans, une fois la transition opérée ? Certainement pas celui d’aujourd’hui. Ne pas prendre la photo pour le film.

      -5
      • L’intermittence n’est pas un problème quand vous avez des centrales à gaz qui prennent le relais, ce qui explique pourquoi il est difficile aux pays qui ont choisi ce mix de descendre en dessous d’environ 200gr CO2 /Kwh. Pour rappel, la France, c’est environ 60gr/Kwh sauf cette année ou on est a 100 du fait des soucis sur qq réacteurs nucléaires…

        Choisir le temps en bas à droite:
        https://app.electricitymaps.com/zone/FR

  • Les éoliennes : du business subsidié par les Etats dépendants de Bruxelles et aussi le symbole d’une transition écologique qui ne mènera nulle part si ce n’est à un appauvrissement généralisé sans que cela n’influe en quoi que ce soit sur le climat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Vf9EbpzDvoY

  • a part un sérieux déficit de neurones, je ne puis comprendre que certains continuent à vouloir défendre ces filières
    mais il y a de gros intérêts en jeu, et des valises de billets qui circulent au coeur même des institutions européennes qui nous imposent toute cette quincaillerie coûteuse et inutile
    à quoi bon argumenter avec ces enclumes, il faut les combattre pied à pied, ou on va se retrouver « à poil »

  • L’éolien et le photovoltaïque, c’est comme la taxe carbone : c’est fait pour qu’un tas de petits copains s’en mettent plein les poches sans être condamnés pour escroquerie.

  • Les commentaires sont fermés.

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