Pour en finir avec le « libéralisme »

En combinant minarchisme et subsidiarité, vous devriez pouvoir instiller un peu de libéralisme en évitant d’être étiqueté libéral-au-cœur-sec.

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Pour en finir avec le « libéralisme »

Publié le 29 janvier 2023
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Si vous défendez en France le libéralisme classique vous êtes rapidement soumis à un exercice pénible. Face à l’ignorance de votre auditoire, vous êtes contraint d’expliquer les « droits naturels », de remonter à l’humanisme et à l’école de Salamanque, de justifier laborieusement que le libéralisme n’est pas que le marché et la concurrence loyale. Ni le capitalisme de connivence.

Définir facilement le libéralisme est si malaisé que beaucoup commencent par expliquer « ce qu’il n’est pas ».

Bref, en invoquant le libéralisme, vous perdez vos interlocuteurs même ceux qui seraient plutôt disposés à aller dans votre sens. Car beaucoup commencent à douter du bien-fondé du « tout État ».

Le concept mussolinien du « tout dans l’État, rien contre l’État, rien en dehors l’État » n’a jamais été autant pris en défaut que ces deux dernières années :

  • Réforme des retraites
  • Gestion de l’épidémie de Covid-19
  • Crise énergétique provoquée
  • Dogmatisme écologique
  • Lutte contre la hausse des prix, stigmate de l’inflation monétaire
  • Dysfonctionnements de plus en plus flagrants de l’Éducation nationale, de l’hôpital, des transports publics, de la justice…

 

Autant de sujets qui mènent certains esprits sensés – pourtant nourris aux mamelles roses et rouges du mammouth – à douter.

Si vous vous réclamez du « minarchisme » comme solution possible à ces maux votre auditeur prête une oreille plus attentive que si vous agitez l’épouvantail du libéralisme. C’est ce que j’ai constaté.

 

Le minarchisme est plus simple à définir rapidement

D’abord, l’étymologie est simple : « min » = minimal et « archie » = gouvernement.

Pas de gros mot qui font peur comme « liberté » avec son effrayant corollaire de « responsabilité ».

Légère consonnance avec « anarchie » qui évitera de vous faire immédiatement ranger dans la case « fasciste » ou « capitaliste ».

Wikipedia définit ainsi le minarchisme :

« Idéologie politique dérivée du libertarianisme qui préconise un État minimal dont la légitimité est enserrée par des limites strictes ».

Évidemment, vous aurez tout intérêt à éviter la diabolique mention du libertarianisme et à condenser cette définition, par exemple : « politique qui préconise un « État minimal », dont la légitimité est enserrée par des limites strictes ».

Wikiberal complète un peu, mais en restant simple :

« L’État étant caractérisé comme un monopole de la violence, ses prérogatives légitimes sont souvent identifiées aux seuls domaines où la violence est justifiée, les « fonctions régaliennes » de l’État : le maintien de l’ordre, la justice, la défense du territoire. »

Vous pouvez à ce stade paraître sympathique car contre la violence d’où qu’elle provienne. Presque baba-cool… Vous devriez alors pouvoir argumenter sur le bien-fondé de faire reculer les prérogatives de l’État.

Certes, un libéral farouche vous objectera que la police, la justice et même l’armée pourraient être confrontées à la concurrence. Mais le libéral farouche est une espèce rarissime dans notre merveilleux paradis social et enfer fiscal et ce n’est pas à lui que vous cherchez à ouvrir des horizons.

À ce stade, vous devriez cependant recevoir les objections classiques :

« Oui,… mais non ! Que faites-vous de l’éducation, de la politique industrielle, de la culture, de la santé, de l’énergie… Que faites-vous du « lien social » ? ».

Vous pouvez alors dégainer une autre arme : la subsidiarité.

 

La subsidiarité pour contrer l’irresponsabilité

Je vous l’accorde, la subsidiarité n’est pas le mot politique le plus usuel dans notre merveilleux paradis centralisé. Mais la définition coule assez bien :

Wikipedia

« la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. »

Vous pouvez là aussi prendre un peu de liberté avec la définition et la remplacer par :

« La décision d’une action publique doit revenir à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. »

Ainsi, vous serez vu d’un bon œil par les habitants des « territoires » excédés des décisions prises à Paris par des gens qui ne subiront jamais les nuisances de leurs erreurs.

Ceci vous permettra de butiner différents thèmes comme :

  • Le salaire minimal ou le RSA (pourquoi devraient-ils être identiques à Dunkerque et à Nice ? À Dunkerque, le chauffage est un poste bien plus lourd qu’à Nice)
  • La scolarité (pourquoi pas un peu d’initiatives locales dans la pédagogie et les programmes ? Qui est le plus apte à juger de ce qui convient à vos enfants ?)
  • Le lien social et la solidarité consentie et non pas imposée ne seraient-ils pas bien plus forts si les gens concernés avaient leur mot à dire ?
  • Pourquoi la monnaie devrait-elle être administrée par un organisme supranational irresponsable des conséquences de sa création monétaire ?
  • Etc.

 

Bref, en combinant minarchisme et subsidiarité, vous devriez pouvoir instiller un peu de libéralisme en évitant d’être étiqueté libéral-au-cœur-sec qui n’aspire qu’à être un loup parmi des loups dévorant des agneaux.

Voir les commentaires (17)

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Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Bravo et merci pour cet excellent article. Cela m’aidera sans aucun doute dans les débats avec mes chers compatriotes.

  • Personnellement, je me contente de dire que je suis pour les droits de l’homme (DDHC). Liberté, propriété privée, résistance à l’oppression.
    En général, cela cloue le bec de tous les collectivistes.

    • Oui, mais il n’est pas inutile dans ce cas d’avoir sur soi une version « papier » de la DDHDC de 1789 pour la fourrer sous le nez de possibles récalcitrants qui seraient contre sans l’avoir lue!
      En avoir seulement « entendu parler » ne suffit pas en général.

  • Pour passer un dimanche paisible oui.
    Et de subsidiarité en subsidiarité on découvre l’individu et la liberté. Super !
    Sur le papier tout va bien. Mais paf ! La réalité s’en mêle et nous voilà confronté à des limites d’ordre psychologiques.
    En effet chaque individu étant différent, ces inégalités naturelles vont se traduire par des inégalités sociales. La tendance des plus aptes sera d’abuser de leur situation en s’octroyant des privilèges. Les plus inaptes sont frustrés et menacent. Bien entendu le type de société « choisi » pourra atténuer ou exacerber ces inégalités. L’état en en se voulant régulateur de cette tension initiale ne fait que mettre ne fait que rajouter des inégalités par manque de vision globale.
    Je ne sais pas comment faire, je pense que cette tension sociale liée à nos indispensables différences pourrait être dépassée si chaque individu arrivait à se définir ainsi : je suis autarkès.

    •  » La tendance des plus aptes sera d’abuser de leur situation en s’octroyant des privilèges »
      Pourquoi voulez vous que les plus aptes abusent de la situation? C’est une pétition de principe qui vicie votre argumentaire. C’est plutôt les hommes d’état qui abusent de leur pouvoir, car dans une société d’échange volontaire, il n’y a pas de contrainte.

      • C’est un constat empirique pas un souhait, vous m’avez mal lu. D’ailleurs que se passait-il avant l’Etat ? Observer le réel doit se faire le plus dénudé d’esprit possible, et bien que les principes libéraux soient intéressant, ils biaisent l’observation. Or c’est ce que votre remarque me donne comme sentiment.

      • Devinette : sur quoi (sur qui ?) les « plus aptes » s’appuient-ils pour s’octroyer des privilèges ?

        • Les plus aptes, par définition, sont capables de s’appuyer sur n’importe quoi – sur l’Etat ou sur l’absence d’Etat, pour, disons, s’en tirer, toujours, mieux que les autres.
          Etat ou absence d’Etat, c’est kif-kif pour eux.
          Certains, pour leur briser les ailes, invoquent plus d’Etat, d’autres moins d’Etat.
          La question est mal posée. Elle ne devrait pas être : – quel est le meilleur outil pour leur briser les ailes ?
          Mais : – est-il pertinent de leur briser les ailes ?

  • « libéral-au-cœur-sec qui n’aspire qu’à être un loup parmi des loups dévorant des agneaux »
    Justement, la démocratie c’est deux loups et un agneau votant pour décider du repas, donc si vous êtes libéral on vous reproche de ne pas être démocrate. Moi quand je réponds que la démocratie c’est la dictature de la majorité (comme le remarquait finement le socialiste André Laignel), ça dégoûte.
    Pour convaincre il faut déboulonner les dogmes les plus immuables: bonne chance!

    • Avatar
      Philippe Lemenager
      30 janvier 2023 at 11 h 14 min

      Je vais plus loin sur la définition de la démocratie :
      La démocratie, c’est la dictature d’une minorité sur toutes les autres.
      Du fait des non-inscrits, des abstentionnistes, des votes blancs et nuls, la majorité absolue n’est jamais réellement atteinte. Sauf pour certaines élections locales ou certains députés après désistement de l’adversaire qualifié au second tour et qui sait qu’il n’a aucune chance.

  • Bonne question..faut il être « pragmatique? »

    à court terme oui..on peut changer des choses dans « le bon sens »..

    mais je persiste à penser que si on laisse le sens des mots biaisé, si on laisse des idées foireuses s’établir en vérité , on construit sur du sable..

    « être étiqueté libéral-au-cœur-sec »..oh que si !!! d’abord ..pour mettre en pièce la fausse générosité du tyran..

    en général celui qui me traite de salaud…ne s’adresse jamais à moi…il me désigne comme cible à d’autres…

    Et je ne suis pas « libéral ».. je ne sais d’aillerus pas ce que cela recouvre au juste..et j’ai de gros problèmes avec par exemple la propriété privée du sol comme le concept de nation.. que je me contente de regarder comme des trucs qui ont fait leur preuve mais qui ne sont pas indiscutables.. il y a bel et bien un « contrat social »…
    si je donne ma vie pour empêcher qu’un autre peuple prenne possession de mon pays..
    si je donne ma vie pour empêcher qu’un autre ne s’empare de votre propriété..

    dans le capitalisme privé et le libre échange , le profit est mutuel..

    on n’y arrivera pas tant que l’education reste d’état..et étatique.. nous aurons un afflux de jeunes collectivistes mis ne première ligne..

    • « j’ai de gros problèmes avec par exemple la propriété privée du sol  »
      Cela pourrait se comprendre avec celui qui plante le premier son drapeau sur le rivage d’un continent ou sur la lune, cette prise de « possession » ignorant superbement la présence des premiers occupants ( telles les communautés amérindiennes).
      Par contre, dès l’instant où vous « achetez » un morceau de territoire à un propriétaire reconnu comme légitime, pour construire et vous loger, je ne vois aucun problème de propriété du sol sauf à remonter à l’occupation préhistorique du lieu! (et faire condamner le vendeur pour tromperie).

  • Encore un excellent papier de Simone Wapler.
    Clair, pédagogique, à mettre dans le maximum de mains.

  • Astucieux. Cela permet de gagner du temps. Et de ne se voir ostraciser, dans les discussions familiales, qu’au dessert et non plus dès l’apéro.

  • Excellent, Madame Wapler. C’est parfaitement clair et vraiment ideal pour faire comprendre le libéralisme sans se faire insulter. C’est super !

  • Les commentaires sont fermés.

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