Comment le marxisme abuse de l’éthique et de la science pour tromper ses adeptes

Le marxisme représente un dogme métaphysique qui promet un paradis terrestre mais menace la civilisation elle-même.

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Statue of Karl Marx : David Merrett - CC BY 2.0

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Comment le marxisme abuse de l’éthique et de la science pour tromper ses adeptes

Publié le 3 janvier 2023
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Par Antony P. Mueller.

Dans son livre de 1922 sur le socialisme, Die Gemeinwirtschaft, Ludwig von Mises attribue l’attrait du socialisme à l’affirmation selon laquelle la doctrine de Marx serait à la fois éthique et scientifique. En vérité, cependant, le marxisme représente un dogme métaphysique qui promet un paradis terrestre mais menace la civilisation elle-même.

 

La thèse de l’inéluctabilité du socialisme

Le marxisme explique que les économies capitalistes immorales seront nécessairement remplacées par des systèmes socialistes répondant à des normes morales plus élevées. Le socialisme promet de supprimer l’ordre économique privé irrationnel et d’instaurer une économie rationnelle et planifiée. Les socialistes proclament que la production capitaliste hiérarchique fera place à un ordre coopératif sans subordination :

Le socialisme apparaît comme un but vers lequel il faut tendre parce qu’il est moral et parce qu’il est raisonnable. Il s’agit de vaincre la résistance que l’ignorance et la mauvaise volonté opposent à son avènement.

Cette combinaison perfide d’éthique et de science s’accompagne de l’affirmation que le socialisme est inévitable. Marx déclare que l’arrivée du communisme représente la fin de l’histoire et la récompense de toutes les luttes historiques. Les socialistes croient qu' »une puissance obscure, à laquelle nous ne pouvons échapper, conduit progressivement l’humanité vers des formes supérieures d’existence sociale et morale. L’histoire est un processus progressif de purification, au terme duquel se dresse le socialisme comme perfection. »

Karl Marx a appelé son approche la « conception matérialiste de l’histoire ». Sa théorie affirme que le socialisme est le résultat inéluctable des forces naturelles.

Le matérialisme historique de Marx comporte plusieurs éléments significatifs.

Premièrement, il fait référence à une méthodologie spécifique de recherche historico-sociologique qui vise à déterminer la structure sociale globale des époques historiques.

Ensuite, en tant que doctrine sociologique, le matérialisme historique inclut la thèse selon laquelle la lutte des classes est la force historique déterminante.

Enfin, la perspective historique marxiste est une théorie du progrès qui englobe le but et l’objectif de la vie humaine.

En affirmant l’inéluctabilité scientifique d’un système socialiste à venir, l’efficacité pratique du matérialisme historique se déploie. Si le socialisme est le résultat positif de la civilisation humaine, tous les critiques réels ou imaginaires du socialisme sont des réactionnaires. Par conséquent, la lutte contre les adversaires du socialisme est une lutte éthique. Les critiques du socialisme doivent être qualifiés de réactionnaires parce qu’ils bloquent le chemin du paradis. Aux yeux de Marx et de ses partisans, la lutte contre le socialisme est particulièrement mauvaise en raison de sa nature superflue. Le socialisme gagnera de toute façon ; par conséquent, toute opposition à la victoire finale ne ferait que prolonger la privation de la classe ouvrière sous le capitalisme et retarder l’avènement du paradis socialiste.

Comme l’explique Mises, peu d’affirmations ont favorisé la propagation des idées socialistes plus que la croyance en l’inévitabilité du socialisme. Même les adversaires du socialisme sont tombés sous le charme de cette doctrine. Ils se sentent souvent paralysés par l’inutilité perçue de la résistance. Les « instruits », en particulier, ont tendance à craindre d’être perçus comme vieux jeu lorsqu’ils ne défendent pas le progrès social et politique que le socialisme prétend représenter.

Mises a observé cela en son temps et peu de choses ont changé depuis. L’opinion publique qualifie de plus en plus les libéraux classiques (ceux qui favorisent la propriété privée et la liberté individuelle) de réactionnaires et suppose que davantage de socialisme signifie davantage de progrès.

 

L’attente du salut

Bien que l’idée que certains développements historiques soient inévitables est clairement métaphysique, elle fascine les gens jusqu’à aujourd’hui.

Rares sont ceux qui peuvent échapper au charme du chiliasme et de sa promesse religieuse de salut. Pourtant, coupée de ses racines religieuses, la promesse marxiste de paix et de prospérité sous le socialisme devient une incitation à la révolution politique. Avec ce tournant politique, Marx réinterprète l’attente eschatologique judéo-chrétienne du salut. En accord avec les rationalistes du XVIIIe siècle et les matérialistes du XIXe siècle, le marxisme sécularise l’événement du salut comme une révolution sociopolitique globale. Dans le marxisme, la métaphysique philosophique et anthropocentrique du développement historique est essentiellement la même que la métaphysique religieuse. L’étrange mélange d’imagination extatiquement extravagante et de sobriété quotidienne, ainsi que le contenu grossièrement matérialiste de sa proclamation du salut, ont ceci de commun avec les plus anciennes prophéties messianiques.

Tant que le socialisme sera perçu comme étant à la fois scientifique et métaphysique, sa prétention chiliastique au salut restera à l’abri de toute critique rationnelle. Par conséquent, il est inutile de traiter le marxisme de manière rationnelle ou scientifique. Les critiques du socialisme tentent en vain de lutter contre les croyances mystiques du socialisme : « On ne peut pas enseigner aux fanatiques », écrit Mises.

 

Le socialisme comme utopie ratée

La propagande politique marxiste concerne les croyances selon lesquelles le socialisme est plus productif, moralement supérieur et inévitable.

En tant que tel, le marxisme va au-delà du chiliasme et justifie ses enseignements comme une « science ». Le marxisme s’oppose au libre-échange et à la propriété privée. Les socialistes prétendent que l’économie de marché est individualiste et donc antisociale. Or rien n’est plus faux. Le marxisme prétend faussement que le capitalisme atomise le corps social. Comme le souligne Mises, c’est le contraire qui est vrai car les marchés sont des phénomènes sociaux par nature :

C’est seulement la division du travail qui crée des liens sociaux, c’est la chose sociale par excellence. Ceux qui défendent les économies nationales et étatiques cherchent à subvertir la société universelle. Quiconque cherche à détruire la division sociale du travail parmi le peuple par la lutte des classes est antisocial.

Le marxisme prétend être une philosophie sociale mais il s’oppose à la compréhension de la nature coopérative du capitalisme libéral. Au contraire, le marxisme est antisocial.

Mises nous avertit que « la disparition de la société libérale basée sur la division du travail en marché libre représenterait une catastrophe mondiale ne pouvant même pas être comparée de loin à quoi que ce soit dans l’histoire connue. Aucune nation n’en serait épargnée ». Malgré l’absurdité de réduire l’histoire à la lutte des classes, le marxisme a eu un impact énorme sur la politique qui se poursuit encore aujourd’hui.

Mises a publié Die Gemeinwirtschaft il y a plus de cent ans et les échecs du socialisme sont encore plus évidents aujourd’hui. L’effondrement de l’Union soviétique a déjà montré que le communisme apporte le contraire de ce qu’il promet. Alors que les premiers socialistes croyaient que la productivité serait plus élevée dans une société sans classes que dans une société fondée sur la propriété privée, le leader révolutionnaire soviétique, Vladimir Lénine, a dû admettre peu après la création de la Russie soviétique que la dictature du prolétariat avait apporté une souffrance plus grande que celle jamais connue dans l’histoire et que la tâche à venir serait la juste répartition de la misère.

Le socialisme n’a pas tenu ses promesses. Cette doctrine a été réfutée tant en pratique qu’en théorie. Si les socialistes avaient tenu compte des arguments de Mises, ils auraient également été épargnés par les conséquences de la collectivisation agricole. Avec ses millions de morts l’Holodomor ou Grande Famine du début des années 1930 a été la conséquence de cette erreur socialiste. Ils croyaient pouvoir augmenter la productivité tout en abolissant les droits de propriété et en collectivisant l’agriculture. Ils se sont lourdement trompés.

Malgré l’horrible héritage du socialisme, les mouvements anticapitalistes se manifestent encore et encore. Ainsi, prévient Mises, la division hautement productive du travail qui a connu sa plus grande réussite dans le capitalisme restera toujours en danger. Les tendances anticulturelles se développent au sein même de la société capitaliste. Il faut être conscient que toute civilisation risque de succomber à l’esprit de décomposition qui s’abat sur les sociétés où les mouvements socialistes réussissent.

 

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  • il faut aussi comprendre pourquoi le socialisme marche..parce que par contre, il sait faire.. garece à ce mal dont on parle moins l’étatisme….

    enseignants, chercheurs..

    l’étatisme finit en général en socialisme;.

    il faut donc parler de l’etatisme et d’ autres idées ineptes mais admises..
    d’abord le culte de la démocratie..
    et le mythe de l’existence dun bien commun..

    si on inocule aux enfants la critique de l’étatisme, on a le bénéfice de l’immunité au socialisme..

  • « un ordre coopératif sans subordination ». Je suis intéressé par cela, mais ce n’est pas du tout ce que le socialisme propose. Le paysan, l’ouvrier sont bien plus soumis dans un régime socialiste que capitaliste: ce n’est pas comme s’ils pouvaient changer de travail, changer d’employeur, voire partir et concurrencer leur employeur.
    Alors oui, le maitre change lors d’une révolution marxiste: ce n’est plus le patron, mais l’état. Cependant, le pouvoir de ce nouveau patron est bien plus grand que l’ancien. Supprimer sa subordination, c’est créer sa propre entreprise.
    Un ordre coopératif sans subordination, serait un monde où tout le monde devrait être son propre patron, le salariat serait interdit donc, ce qui me semble diamétralement opposé au socialisme.

  • « Personne ne sait ce qui se passe aujourd’hui
    parce que personne ne veut qu’il se passe quelque chose
    en réalité on ne sait jamais ce qu’il se passe
    on sait seulement ce que l’on veut qu’il se passe
    et c’est comme ça que les choses arrivent.
    En 17 Lénine et ses camarades ne disaient pas:
    Nous allons faire la révolution parce que nous voulons la révolution.
    Ils disaient « Toutes les conditions de la révolutions sont réunies
    la révolution est inéluctable! »
    Ils ont fait la révolution qui n’aurait jamais eu lieu
    s’ils ne l’avaient pas faite et qu’ils n’auraient pas faite
    s’ils n’avaient pas pensé qu’elle était inéluctable uniquement parce qu’ils le voulaient.
    A chaque fois que quelque chose a bougé dans ce monde ça a toujours été pour le pire!
    Voilà pourquoi personne ne bouge
    personne n’ose provoquer l’avenir!
    Faudrait être fou pour provoquer l’avenir
    Faudrait être fou pour risquer de provoquer un nouveau 19, un nouveau 14, ou un nouveau 37.
    Alors, il ne se passera jamais plus rien?
    Si parce qu’il y aura toujours des fous et des cons pour les suivre
    Et des sages pour ne rien faire… »

    -1
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