États-Unis : faut-il interdire les réseaux sociaux aux mineurs ?

Les Républicains américains ne sont-ils pas censés être opposés à trop de gouvernement ? Pourtant certains veulent légiférer sur l’accès aux réseaux sociaux.

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États-Unis : faut-il interdire les réseaux sociaux aux mineurs ?

Publié le 15 décembre 2022
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Lorsqu’ils sont dans l’opposition, les Républicains adorent dénoncer les excès de leurs pairs démocrates. La dernière pandémie leur a certainement donné beaucoup de munitions. Mais quand ils sont au pouvoir, ces principes libéraux sont relégués aux ordures.

Ron DeSantis l’a démontré en Floride avec une loi imprécise sur l’éducation qui fera sûrement le délice des avocats. Et tout récemment, un législateur du Texas a proposé une loi pour interdire la fréquentation des réseaux sociaux aux mineurs. Seraient notamment imposées la vérification de l’âge et l’obligation de retirer le profil d’un enfant à la demande des parents.

Selon le politicien, une hausse spectaculaire des problèmes de santé mentale justifie cette restriction. Un institut de recherche conservateur défend la motion, rappelant la nature addictive des réseaux sociaux.

 

Un problème réel…

Il ne fait pas de doute que les médias sociaux sont structurés de telle façon qu’on en redemande encore et encore.

Et la pandémie qui nous a isolés les uns des autres n’a certainement pas aidé. Comme nous sommes des « animaux politiques », nous avons aussi besoin de contacts humains et sociaux pour pleinement vivre nos vies. En l’absence/l’impossibilité de tels contacts, certains chercheront à compenser. Avant c’était les drogues, maintenant ce sont les réseaux sociaux.

Les mécanismes se ressemblent. Comme les drogues, les likes sur les médias sociaux causent une hausse (très) temporaire de dopamine, nous incitant à continuer pour obtenir le prochain rush. Ce dernier ne se fait généralement pas attendre longtemps grâce à des algorithmes spécialement conçus pour titiller notre intérêt en intégrant nos intérêts avec de l’excitation. En quelques coups de défilement sur Instagram, vous pouvez passer de la bande-annonce de votre film préféré à un mannequin en petite tenue.

Certaines langues de vipère affirmeront que la Chine a ainsi relâché une arme de destruction massive avec Tik Tok. Sa version est à des années-lumière de ce que nous avons, spécialement pour les plus jeunes. Ils ont une version « épinard », nous avons une version « opium. »

 

… que les parents doivent régler

Malgré tout, je refuse que le gouvernement contrôle ou réglemente quoi que ce soit des réseaux sociaux sauf en cas de crime réel (menace de mort, exploitation, fraude).

Comme je l’ai dit l’an dernier, c’est aux parents de contrôler ce que leur progéniture consomme sur Internet. Certes, ils n’ont pas tous les connaissances informatiques de mon père qui, malgré mes meilleurs efforts, finissait toujours par connaître les sites que je consultais.

Mais considérant l’abondance d’informations disponibles sur Internet – considérez le paragraphe précédent – en seulement quelques clics, les parents peuvent facilement se renseigner eux-mêmes et avertir leurs enfants. Et il n’y a pas de « c’est trop difficile » qui tienne. Quand mon père (un mètre 93) dit non, c’est non.

De toute façon, ce reportage très intéressant montre que les médias sociaux végètent dans les bas-fonds de ce qui augmente le bonheur. Je m’en suis vite rendu compte durant la pandémie alors que tout était fermé. Au moins une fois par semaine (en évitant les pics de chaleurs cuisants du Texas), j’explorais un nouveau sentier de marche ou un parc avec mon mari. Ainsi, en moins de trois ans nous avons davantage exploré notre voisinage et notre région qu’en huit ans en Idaho. Et maintenant, il est accro à la marche !

Bref, j’espère que cette loi ridicule sur l’accès des mineurs aux réseaux sociaux échouera. Oui, ils comportent certains dangers et peuvent créer des dépendances. Mais comme avec toute chose, la modération a bien meilleur goût.

Il existe des problèmes nettement plus criants au Texas, notamment une criminalité supérieure à la médiane nationale et la quinzième pire incidence de crimes violents du pays en 2020. En comparaison, la Californie est seizième et l’État de New York, vingt-sixième.

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  • La modération ne vaut pas mieux que l’interdiction. Qui modère et comment ? Seul un dispositif obligeant à la responsabilité peut convenir. Et effectivement, pour les mineurs, il y a souvent du flou dans la responsabilité…

  • Quel est l’intérêt d’en réseau social pour un mineur scolarisé ?
    La pandémie du Covid a bon dos pour justifier de cet intérêt. Espérons qu’il n’y aura jamais de pandémie longue durée de serveurs.
    Ceux qui défendent tant les réseaux sociaux ne devraient pas oublier que c’est avant tout un moyen d’espionnage commercial de leurs comportements. Si les adultes devraient en être conscients (ce qui est déjà rarement le cas) alors les enfants n’en sont absolument pas conscients.

  • Voilà pourquoi la droite ne sera jamais libérale. Ni en France ni ailleurs.

  • Ah, je comprends ! Il faut dire du bien de la m0dératlon, sinon vous serez m0déré. Parce que pour lui trouver bon goût sans même savoir comment elle s’exercerait…

  • Les commentaires sont fermés.

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