Finalement le monde des GAFAM a des limites, lesquelles ?

Chiffre d’affaires en berne, licenciement, projets foireux, la Silicon Valley semble dans un cauchemar.

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Finalement le monde des GAFAM a des limites, lesquelles ?

Publié le 12 décembre 2022
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Article disponible en podcast ici.

La réalité est brutale surtout quand on ne s’y attend pas. L’ascension des GAFAM semblait sans fin avec des taux de croissances à deux chiffres depuis 10 ans et des cours de bourse stratosphériques.

Depuis six mois, c’est le drame, la chute est abrupte. Facebook, Google, Amazon et Twitter licencient tour à tour. Les limites sont atteintes, mais quelles sont telles ?

 

Limite matérielle

L’innovation peine

En 1965, le CEO d’Intel prophétisa la loi de Moore qui prédit qu’en informatique les performances doubleront tous les deux ans. Cette loi a été vérifiée pendant 40 ans aussi bien pour la puissance de calcul, le stockage ou le débit internet.

Malheureusement, les arbres ne montent pas au ciel et la technologie non plus. Les PC se satisfont très bien de leurs caractéristiques actuelles, pareil pour les offres internet.

Les performances de calcul ont permis les jeux vidéo, le montage vidéo, le graphisme ou les logiciels d’ingénierie. Le stockage a permis le multimédia et notamment les baladeurs MP3. Le débit haute vitesse a permis le streaming et les logiciels collaboratifs.

Les nouveaux processeurs n’apportent pas de nouveaux logiciels. La 5G n’apporte pas de nouveau service en ligne comme l’a fait la 4G avec le streaming.

Sans nouvelle technologie disruptive, il n’y a pas de nouveau marché ni de nouveau produit.

On peut noter l’apparition des Neuronal Process Unit (NPU), des composants dédiés à l’IA qui apportent un léger souffle au marché.

Que peut-on vendre à quelqu’un qui a déjà un ordinateur, un smartphone, une télé ? Les montres et autres objectés connectés ne s’adressent pas à un marché aussi global, ils ne peuvent pas colmater le manque de dynamisme du numérique.

Incertitude sur la supply chain

On se rend compte aussi que le monde immatériel repose sur beaucoup de matériel. Le numérique nécessite une logistique mondiale et optimisée conçue durant la paxa america avec le dollar comme courroie d’entraînement de l’économie mondiale.

Les perspectives de guerre entre la Chine et Taïwan ou la dédollarisation du monde entraîneront un choc dans la supply chain. Des composants électroniques risquent de manquer. Au moindre composant indisponible, c’est tout le château de cartes qui s’effondre, les usines sont à l’arrêt, le produit ne peut plus être fabriqué.

D’autant que la pénurie peut provenir en amont de la fabrication, sur les matières premières. À mesure que le monde se numérise, des métaux comme le cobalt, le cuivre, l’aluminium ou le lithium deviennent critiques.

Macron souhaite d’ailleurs ouvrir une mine de lithium en France pour anticiper la dépendance sur ce métal avec les voitures électriques.

 

Limite humaine

Les limites humaines entrent dans le bilan d’une entreprise des deux côtés.

Coté chiffre d’affaires

La source d’utilisateurs à conquérir se tarit. Cela fait bien longtemps que toute personne susceptible d’acheter un ordinateur en a un. De même avec les smartphones, tablettes ou télévision. Même les services en ligne se vident : Facebook perd des utilisateurs comme Netflix.

Le marché du numérique n’a pas d’autre produit révolutionnaire en stock. On tente d’ouvrir des débouchés dans la réalité virtuelle ou le métavers, mais sans succès jusqu’à présent.

Or la capacité à surfer d’un vague numérique à l’autre est la différence entre les gagnants et les perdants. Microsoft a bien failli couler car il restait bloqué dans le monde vieillissant du PC sans avoir réussi à prendre la vague du smartphone. Heureusement son pivotement vers le cloud avec Azure l’a sauvé. Certains n’ont pas eu cette chance, IBM a dû revendre sa branche PC à Lenovo, Nokia n’a pas réussi à passer du mobile au smartphone, Kodak est mort ainsi que la pellicule.

Apple a réussi le grand chelem : d’abord en surfant sur le PC puis sur les baladeurs numériques. Ensuite il a ouvert la révolution des smartphones et tablettes. Et maintenant il surfe sur le wearable avec l’Apple Watch, qui se vend davantage que toutes les montres suisses et les earpods, et qui lui rapporte 12 milliards de dollars de bénéfice.

Les Occidentaux sont donc globalement équipés et faute de nouvelle technologie ils ne veulent pas forcément changer de smartphone ou de tablette.

En soi de nouveaux utilisateurs existent. Mais à défaut de l’Amérique ou de l’Europe qui disposaient déjà d’une infrastructure internet, les réserves d’utilisateurs se trouvent en Afrique, Asie ou en Inde. Pour les conquérir, il va fallait apporter le haut débit. Google et Facebook se lancent dans les câbles sous-marins ou des projets plus exotiques comme Google Loon. Toutefois le coût d’acquisition client vient de brusquement augmenter.

Coté charges

Elon Musk vient de révéler le pot aux roses. Après avoir licencié 50 % du personnel de Twitter, le site est toujours en ligne. À quoi servaient les 50 % virés ?

Dans les entreprises tech, combien de personnes non productives se retrouvent à gesticuler entre le donneur d’ordre et l’exécutant ?

La Silicon Valley s’est montrée particulièrement créative en bullshit job, des executive meeting manager, des happiness officers ou des comités éthiques à perte de vue.

Quand le gâteau s’agrandit de 20 % par an, on ne se soucie pas de qui est à table. Maintenant qu’il rétrécit, on se demande si tous les convives ont participé en cuisine.

Elon Musk sert de paratonnerre médiatique. Il n’y a pas que Twitter qui vire par milliers : Amazon licencie 10 000 personnes, HP 4000, Facebook 11 000 et Google 10 000.

 

Conclusion

L’industrie de la tech était bâtie sur des ressources illimitées qui se raréfient, une supply chain idéale qui se complexifie, un coût d’acquisition infime qui explose et une boulimie en ressource humaine pour satisfaire toutes les causes médiatiques.

L’heure est venue à la rationalité, aux coupes budgétaires. L’argent doit aller dans les labos de recherche et non dans les comités woke ou écolos.

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  • Très bon résumé de la situation dans le numérique. D’ailleurs, vous citez Loon, et dans la logique de recadrage qui sous-tend cette tendance de fond, Google a jeté l’éponge en janvier 2021. Trop cher.
    Cela me rappelle une morale de La fontaine « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ».
    Et ici la cruche c’est l’occidentalo-centrisme qui pense que tout ce que l’occident invente étant du « progrès », cela va fatalement être désirable par tous et désiré par l’univers entier.
    Mais quand on tire trop sur la corde, que l’on abuse de sa position dominante (ex. extra-territorialité du dollar, droit de propriété bafoué), on détruit la confiance. Longtemps perçu comme un phare par les élites des pays pauvres, l’occident est maintenant ouvertement perçu comme nocif.
    Alors, quand on se paie de mots et qu’en même temps on oublie comment se constitue le capital (intelligence, prévoyance et frugalité, F. Bastiat, « Harmonies Economiques »), on se paye les maux.
    Cette civilisation est foutue, pour paraphraser H16.

  • Et les mêmes causes (arrogance occidentalo-centrée) produisant les mêmes effets, après la bulle des technos numériques qui se déballonne (comme Loon), la prochaine grande déconvenue de l’occident sera dans la reconnaissance que la décarbonation n’est qu’un mirage inutile qui détourne l’industrie humaine de ses vraies responsabilités : arrêter de polluer la planète (plastiques et perturbateurs endocriniens) et nourrir l’humanité avec plus de surfaces cultivées.

    • Parce que la Chine par exemple n’a pas de programme de décarbonation ambitieux ? J’ai même entendu Xi parler de civilisation écologique. Ce sont peut être principalement des déclarations d’intention mais le discours existe.

      • Je me trompe peut-être, mais la Chine ne lutterait-elle pas contre la pollution réelle et visible que subit son peuple, sans trop se préoccuper de CO2 et des trucs invisibles invérifiables du genre bâtons de cotons-tiges ou insecticides et désherbants efficaces ?

      • La Chine est en pleine (vraie) transition écologique, elle… En effet, elle est en construction d’une vingtaine de réacteurs (si je ne me trompe pas), donc en attendant, elle utilise de l’énergie polluante.
        J’attends avec impatience 2050 pour :
        1. voir les températures commencer à baisser (prédiction des scientifiques « climatosceptiques » qui pensent « naïvement » que l’activité du Soleil « pourrait » avoir un impact sur le climat de la Terre…)
        2. voir la production d’électricité « propre » par habitant de la France, USA, Allemagne et Chine pour comparer
        3. l’évolution de cette production d’électricité « propre » depuis 2000
        4. en bonus, et pour rire, un graph avec la production par heure de la journée (pour la stabilité)

  • « Macron souhaite d’ailleurs ouvrir une mine de lithium en France pour anticiper la dépendance sur ce métal avec les voitures électriques ».
    Il n’a qu’à pas, avec l’Europe, rendre obligatoire la conversion vers les véhicules électriques !

  • Il n’y a plus d’innovation significative dans l’internet. Le reste est littérature.
    Maintenir un site en ligne, ça devrait pouvoir se faire avec 1% du personnel de Twitter. Il y en a donc encore beaucoup trop. Le secteur ne dépend plus d’informaticiens et de programmeurs, mais de techniciens de terrain, livreurs d’achats physiques ou rebrancheurs de fibres coupées par les voyous. Aussi difficiles à trouver qu’un plombier, un couvreur ou un chauffagiste, torcher les réseaux n’attire pas plus que torcher les vieux dans les EHPADs et demande souvent une qualification supérieure. Et après ? Qui, à part ceux qui veulent les taxer, a cru que les GAFAM grossiraient sans fin ?

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