Vladimir Poutine, le scarface du KGB

Stéphane Courtois frappe à nouveau en publiant le livre noir de Poutine.

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putin happy wave : Jedimentat44 - CC BY 2.0

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Vladimir Poutine, le scarface du KGB

Publié le 13 novembre 2022
- A +

Le 6 novembre 1997 est une date-clé dans l’histoire de l’anticommunisme : le Livre Noir du communisme paraît dans les librairies françaises.

 

L’anticommunisme tient enfin sa Bible

Jamais, nulle part dans le monde jusqu’à ce jour, des historiens n’avaient tenté de compiler, expliquer et analyser les crimes commis par les régimes marxistes-léninistes. Cette impressionnante recension de 850 pages, avalanche de faits, de chiffres, de preuves, fait l’effet d’une bombe. En France, la classe politique s’en empare. À l’Assemblée nationale, le débat fait rage, on s’invective, le Premier ministre Lionel Jospin prend la parole pour défendre l’honneur du communisme français. Une formule-choc figure en bonne place sur la couverture du Livre Noir : « 100 millions de morts ».

Elle va faire l’objet de controverses qui n’ont jamais vraiment cessé depuis.

L’auteur de ce panorama historique est Stéphane Courtois. Historien et professeur d’université, l’homme est également un combattant. Militant maoïste à la fin des années 1960, il a connu intimement le pouvoir de fascination du totalitarisme rouge : il s’est laissé hypnotiser, manipuler et moralement salir par l’idéologie collectiviste. Alors, comme celles d’Annie Kriegel ou d’Alain Besançon, autres grands spécialistes du communisme, sa carrière sera une longue revanche sur la tromperie intellectuelle dont il a été victime dans sa jeunesse. Il ne veut pas seulement étudier, comprendre et décrire les conséquences planétaires d’Octobre 1917 : il entend faire rendre gorge à la tyrannie. Le Livre Noir du communisme est un succès considérable : traduit dans trente langues, il s’écoule à 120 000 exemplaires en France, plus d’un million à l’étranger. L’anticommunisme tient enfin sa Bible.

 

Stéphane Courtois frappe à nouveau

Cette semaine, en collaboration avec Galia Ackerman, il publie le Livre Noir de Vladimir Poutine. Galia Ackerman est une des voix qui comptent le plus en France depuis l’attaque russe en Ukraine. Née à Moscou sous Staline, elle a rejoint les rangs de la dissidence dès l’adolescence. Riche d’une intense et profonde expérience du combat pour la vérité, elle est aujourd’hui historienne, chercheuse, journaliste, rédactrice-en-chef de DeskRussie, le média francophone online le plus pointu sur le sujet du poutinisme. Elle a piloté avec Stéphane Courtois la conception de ce nouveau Livre Noir. Ils en signent et co-signent huit chapitres.

Comme son illustre prédécesseur, l’ouvrage est le fruit de la collaboration entre les meilleurs experts de la chose russe. Galia Ackerman, Françoise Thom, ont retroussé leur manches pour, comme le dit Courtois, « planter les derniers clous dans le cercueil » du maître du Kremlin. Car l’objectif est bel et bien d’allier la science à l’éloquence et de frapper le plus fort possible l’autocrate qui asphyxie le peuple russe et menace l’ordre du monde depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Vladimirovitch Poutine. La guerre est Ukraine est l’occasion rêvée pour sonner la charge : les démocraties semblent enfin commencer à comprendre combien cet homme est menteur, criminel, follement dangereux.

Le temps est venu de leur démontrer qu’il est bien pire qu’elles n’imaginent.

400 pages de texte et 50 pages de source et d’index : ici, pas de place pour le bavardage. Hubert Védrine n’est pas convié. Courtois, Ackerman, Thom, Hamant, Vaissié et de nombreux autres grands noms de l’étude des affaires russes scannent avec froideur et toute la sévérité nécessaire le pouvoir poutinien.

Le livre est divisée en trois grandes parties.

La première traite de la personne de Poutine, de son essence kagébiste et des raisons de son irrésistible ascension.

La deuxième trace une vaste fresque de la nouvelle géopolitique du Kremlin, avec un accent particulier mis sur la guerre en Ukraine.

La troisième examine les différentes dimensions de la dictature en place, avec ses puissantes techniques de désinformation et d’oppression.

L’ensemble est bien entendu fort sombre mais ni plaintif ni indigné : chirurgical et énergique comme le veut la meilleure tradition de la soviétologie, science où excellent les Français.

Qu’y apprend-t-on ?

Mille choses, que l’on soit un connaisseur ou un néophyte. Car le poutinisme est secret, retors, opaque et chapitre après chapitre, l’équipe de Stéphane Courtois lui arrache tous ses masques.

Considérons, par exemple, le chapitre 5, signé par Françoise Thom : « La création de l’Homo post-soviéticus : l’ingénierie des âmes sous Poutine ». La soviétologue la plus en vue de 2022 dissèque l’effroyable humanité générée par le poutinisme. Elle explique que les hommes du FSB veulent « se créer un peuple à leur image, totalement cynique, dépourvu de morale, fasciné par la violence et la délinquance, galvanisé par l’instinct de la meute, téléguidage à volonté grâce à des injections de haine et de paranoïa, dressé à suivre aveuglément ses chefs jusque dans un précipice, comme les rats ensorcelés par le joueur de flûte de Hamelin ».

Le résultat de cette expérimentation est un peuple désespéré et désespérant, digne rejeton de la masse soviétique, tristement célèbre pour son esprit de parasitisme, son abandon de toute éthique et sa veulerie mais dans une version plus barbare et plus chaotique. L’homo sovieticus était un robot dysfonctionnel, égoïste, alcoolique et pessimiste. L’homo post-sovieticus ajoute à ces traits un goût prononcé pour l’agressivité décomplexée et l’indécence assumée. Le refus de se comporter de manière civilisée est encouragé par le dressage, la propagande, la corruption. Poutine a greffé sur le droïde les pulsions d’un charognard. D’où l’immense succès des mafias en Russie : sous la haute protection du FSB, elles symbolisent, structurent et systémisent l’âme malade d’un peuple rendu fou. On ne s’étonnera donc pas que l’armée russe soit désorganisée, misérable, incapable de conquérir et surdouée pour échouer.

Qu’on ne s’y trompe pas : le Livre Noir de Vladimir Poutine n’a rien d’une somme russophobe. Ces auteurs aiment les Russes : ils n’ont d’autre intention que de les aider à sortir du bourbier où ils se noient. Mais s’interdisant tout angélisme, ils balancent par-dessus bord le sentimentalisme russophile et kitsch des gaullistes, des communistes et des nationalistes français confrontés au problème russe. Au centre de gravité de l’actualité, ce Livre Noir est l’encyclopédie de la nuisance poutinienne.

À lire avec un gilet pare-balles.

Stéphane Courtois, Le Livre noir de Vladimir Poutine, Robert Laffont, 2022, 464 pages.

Mise à jour 21/11/2022

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  • C’est tout de méme rassurant d’apprendre que tous nos malheurs viennet de Poutine. Surtout si ,comme on le raconte, il est trés malade.
    A lire aussi : « Le Grand Echiquier » de Zbignniew Brzezinski , Conseilller militaire de divers president americains)de 1997 , Sous titre : L’amérique et le reste du monde. (Ce qui en dit long sur la considération des USA envers l’UE). Entre les Lignes l’objectif d’une guerre Russie Ukraine y est envisagé ….. Quel Sale Oh ce Poutine !

    • Vous m’inquiétez ! Votre susceptibilité poutinienne traduit probablement une grande fragilité. Rassurez-vous cet article n’est pas contre vous !

      -2
      • Je vous rassure, Je n’ai jamais immaginé que cet article pourrait-etre contre moi qui ne suis pas Poutine caché derriére un pseudo. Mais il est un peu contre le bon sens , celui de l’observation et de l’analyse.

    • Tu l’as lu au moins, kamarade, ou tu ne fais que le citer d’après des citations d’autres kamarades?

  • Historiquement la continentalité russe est sans doute en grande partie responsable de ces dérives de « forçage socio-économique ». Alors que l’europe maritime s’est tournée vers l’ouest et développée, l’immense Russie continentale est restée scotché et à part. Intégré dans le réseau des élites mais pas dans le mouvement de conquêtes économiques, la Russie devait maintenir un prestige sans véritables ressources. Reste la contrainte tournée vers l’intérieur d’abord puis l’extérieur. ce fût dans une moindre mesure le problème allemand également.

    • « ….la Russie devait maintenir un prestige sans véritables ressources…. »
      De quelles ressources ! ?
      Du quart des reseves naturelles diverses de la planéte qui exitent tant la convoitise des USA avec leur gaz de schiste ….

      • Aujourd’hui oui mais il y a 2 à 3 siècles. Je parlais plutôt des ressources liées aux activités marchandes.
        Depuis quelques décennies la donne change avec la technologie moderne, le pays est de moins en moins enclavé et ses ressources naturelles ont de la valeur. Toutefois les mauvaises manières en gouvernance évoluent beaucoup moins rapidement.

  • Ouf, je commençais à avoir peur : Nous, les occidentaux restons dans le camp des Bons. Les « autres » et principalement les Russes, n’ont qu’à sortir de leur bourbier pour nous rejoindre. Notre colonialisme, historique et actuel et ses pillages, nos guerres, nos provocations ne sont là que pour les y aider, « c’est pour leur bien ».

    -2
    • Le colonialisme russe continue de plus bel ses pillages ses exactions que ce soit en ukraine au caucase en Sibérie mais aussi en Géorgie en syrie, en Libye en RCA au mali………
      🤣🤣🤣🤣😂

      -1
  • Le plus consternant c’est que cela représente le modèle vers lequel la France glisse progressivement.

    -1
    • La France a toujours un état de droit et des élections tout a fait démocratiques
      Les populistes nous racontent leurs voeux fanstasmes……😁😁😁😁

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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