EDF étranglée par un marché doublement truqué

Ainsi, « l’État » a-t-il mis EDF en faillite au nom d’une vision dévoyée du concept de marché et de l’intangible écologisme élyséo bruxellois.

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Olivier Durand-EDF(CC BY-NC-ND 2.0)

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EDF étranglée par un marché doublement truqué

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 août 2022
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Dans son article du 24 juillet dernier intitulé « Renationaliser EDF est inutile ! comment relancer une filière nucléaire souveraine », François Henimann, ex-directeur national d’ENEDIS pour l’expertise des réseaux d’électricité, aujourd’hui consultant en énergie et en administration des sociétés, recommandait non seulement de revaloriser et de pérenniser l’ARENH, mais de mettre le parc électronucléaire d’EDF à la disposition de tous les « fournisseurs d’électricité ».

Votre serviteur lui fit observer que, outre le caractère immoral de ce dispositif léonin bafouant l’éthique et toutes les règles du commerce, EDF ne devant rigoureusement rien à personne pour la construction de son parc de production – en tout cas ni à l’État, ni au contribuable – n’était tenue par aucune obligation contractuelle, légale ou règlementaire recevable, dans l’exercice régulier de ses ventes d’énergie.

François Henimann objecta :

« Le dispositif ARENH institué par la loi NOME sous François Fillon et Nicolas Sarkozy, en 2010, était la seule façon de conjuguer ouverture du marché de l’électricité et le maintien d’EDF en tant que groupe intégré, dans un contexte européen qui s’imposait à la France, et continue de s’imposer, quoiqu’on en pense… »

Cette considération appela le développement suivant.

En 2010, le seul contexte européen qui s’imposait au principal producteur d’électricité français était de respecter les règles de la concurrence libre et non faussée du marché européen de l’électricité nouvellement instauré. Partant, on ne voit pas en quoi conserver à l’opérateur historique la spécificité de groupe intégré demeurait une obligation cardinale. L’exploitation des réseaux de transport et de distribution d’énergie relevant, seule, d’un monopole naturel à conserver partout, en tout temps et en toute circonstance, faudra expliquer aux Français quel (grave) inconvénient il y avait à ne conserver à EDF qu’une activité de production en situation, à l’époque, de mettre commercialement KO celle de l’ensemble de la concurrence européenne !

Les zélateurs de l’économie administrée aux manettes depuis 30 ans ne trouvèrent rien de mieux qu’exciper de la menace de dépossession des Français de tarifs règlementés du KWh censés pouvoir être maintenus toujours plus bas que ceux du marché libre, selon une idée largement reçue dans cette opinion que lesdits zélateurs préfèrent flatter qu’édifier. D’où l’obligation d’obtenir de Bruxelles une dérogation au traité UE de libéralisation énergétique au prix de la balle ARENH que nous nous tirâmes dans le pied, arrangeant bien nos concurrents européens, l’Allemagne en particulier, qui n’en demandaient pas tant. Or, renationalisation ou pas d’EDF, la France continue d’être piégée par cette scélérate contrepartie à la transgression d’une règle qu’elle a elle-même co-instituée avec ses partenaires.

Le pire c’est que, en guise de marché libre à la concurrence réputée non faussée, dont la France avait le devoir de veiller à la plus rigoureuse des applications, non seulement notre pays se laisse imposer une abjecte magouille marchande dans laquelle intérêts et lobbies de tout poil, institutionnels ou non, s’en donnent à cœur joie pour falsifier le prix de vente du KWh, mais il s’en fait délibérément le complice ; complice de la plus criminelle des iniquités consistant à dissimuler aux Français qu’il n’y a de vraie concurrence que dans la production.

C’est pourquoi on met au défi ceux qui nient une connivence aussi manifeste de citer ne serait-ce que 5 authentiques producteurs d’électricité, parmi les « (soi-disant) fournisseurs alternatifs » ou parmi « les (prétendus) 80 concurrents » chers à monsieur Carenco. On peut d’avance leur dire ceci :

Ne vous fatiguez pas, vous savez parfaitement que la quasi-totalité de la fallacieuse concurrence d’EDF ne vit que d’un téléphone et d’un ordinateur. Et, de grâce, ne nous servez pas les opérateurs outrancièrement subventionnés, aux commandes des quelques 17 GW éoliens qui, le 13 juillet dernier, à 12 h 30, ne couvraient que 1,5 % de notre consommation, quand nos importations en couvraient 14 achetés au prix de 455 euros/MWh !

Non seulement ce qui précède ruine tout argumentaire en faveur du maintien de l’ARENH, mais, eu égard au fait que le bien-fondé du dispositif ne semble remis en cause dans aucun projet gouvernemental, il relève d’un devoir citoyen de mettre plus que jamais nos compatriotes en garde contre lui. Un devoir analogue consiste depuis longtemps à exiger de l’État qu’il s’érige contre la perversion marchande infligée aux Français par une gouvernance bruxelloise orfèvre en discriminations positives desquelles l’éolien sort grand gagnant.

 

Le rôle de l’État dans la chute de l’EDF

Le lecteur trouvera ici les liens d’accès aux trois volets d’une lamentable genèse : celle de la décadence planifiée de tout un secteur industriel français, combinée à celle de la précarisation non moins planifiée d’un approvisionnement électro énergétique national devenu hors de prix. Il n’est pas inutile de préciser que le directeur de la publication de ces trois Lettres géopolitiques de l’Électricité fut un collaborateur direct de Marcel Boiteux.

Ainsi, l’État a-t-il mis EDF en faillite au nom d’une vision dévoyée du concept de marché et de l’intangible écologisme élyséo bruxellois, avec, au bout du compte, la paupérisation des Français découlant de la prévisible précarisation de leur approvisionnement énergétique. Mais l’État n’est pas une immanence tutélaire désincarnée qu’aucune sanction ne saurait rétrospectivement atteindre. Alain Juppé y introduisit le mal dont on découvre aujourd’hui le caractère funeste, en y nommant celle qui en installa la souche dont le quarteron Jospin-Voynet-DSK-Cochet se fit une triste spécialité : Corinne Lepage.

Avec les Thierry Breton, Francis Mer, Roselyne Bachelot, Nicolas Sarkozy (ministre) et autre Nicole Fontaine, les gouvernements Raffarin et Villepin en entretinrent ensuite soigneusement le bouillon de culture, jusqu’à ce que, précédé de l’alerte Grenelle-Environnement, sévit fin 2010 le variant NOME de la calamité que l’équipe Sarkozy-Fillon-Kosciusko-Morizet-Besson s’appliqua à doter d’une nocivité aussi mortelle que ciblée.

Le coup de grâce dont le pays n’est pas prêt de se relever fut porté à EDF, au confort et au porte-monnaie des Français par le second variant arrivé dans les bagages de François Hollande et de son inénarrable ex épouse, émule d’une Vandana Shiva se revendiquant physicienne nucléaire et ayant de sérieux comptes à rendre aux Sri-Lankais : Ségolène Royal. Or, d’Emmanuel Macron à Élisabeth Borne, en passant par Nicolas Hulot, Sébastien Lecornu, François De Rugy et autre Barbara Pompili, ce sont les complices de la fondatrice de Désirs d’avenir et les universitaires, fonctionnaires ou grands commis de l’État affidés – à la tête de RTE, le dénommé François Brottes tout particulièrement – qui se sont fait un devoir d’en réaliser l’essentiel du toxique programme énergétique. En dépit de postures ne trompant personne, leur dernier gosplan éolien montre qu’ils ne sont moins que jamais disposés à s’interrompre.

Dramatique bilan de cet État avec lequel on prend ses distances dès qu’on n’y sévit plus, quand on ne parvient pas à en devenir le directeur de conscience UE, comme aujourd’hui Thierry Breton : pas la moindre trace de lobbying patriotique dans les directives UE 2003/54/CE et UE 2009/72/CE prescrivant la libéralisation du marché UE de l’électricité ; abusive traduction NOME de ces directives caractérisée par une félonie rarement aussi assumée. Ainsi, les fruits pourris de 30 ans de prévarication, d’impéritie et d’incurie gouvernementales ne devraient-ils plus tarder à éclater à la figure des Français et à déclencher leur légitime colère. Surtout que, non contents de ne chercher nullement à se faire oublier, les coupables les plus notoires de ces manquements ont le front de prodiguer leurs doctes conseils, analyses et pertinents états d’âmes à une presse qu’ils n’hésitent pas à courtiser, quand micros et caméras complaisants n’accourent pas à leur devant !

Si ces Français veulent vraiment conserver à leur État ce qu’ils croient encore être leur égide, ils vont devoir donner avec force publicité à la sanction électorale de ses réputés serviteurs la sévérité et la durabilité dissuasives d’une sanction pénale que, au demeurant, certains d’entre eux méritent largement…

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  • bah… quand on admet que le politique s’occupe d’un tuc, il ne faut pas venir se plaindre..

    sinon qu’on me dise par pitié les raisons claires de l’action de l’état..
    ce que l’etat pose comme absolument necessaire.. je ne suis pas certain qu’il y ait un vaste consensus..

    ce qu’on a est un réseau de connivence.. ou je dois avouer raisonner hors système ou alternativement est devenu bien difficile..

    le politique prétend SURTOUT stabiliser et sécuriser..hors en matière d’énergie, c’est une farce..
    on voit toujours et encore que l’énergie c’est toujours et encore les fossiles..

    donc quelle est notre erreur politique ou idéologique fondamentale?
    l’abandon du nucleaire ou l’abandon des fossiles  » pour le climat »?

    Sauf miracle technologique, un objectif de diminution de consommation énergétique passe par une augmentation du prix de l’énergie;.

    tous les décroissants , et ils sont nombreux parait il devraient danser dans les rue..

    Oui on va avoir un hiver compliqué.. la belle affaire…c’ets une bonne chose si ça nous permet d’arreter l’hypocrisie..et une catastrophe si ça nous enferme dans l’erreur de diabolisation des fossiles..

    consommation accrue de fossile = diminution du risque de mourir..

    moins de fossile augmentation de la mortalité.. il faut savoir assumer ses choix idéologiques.

    • ce serait déjà un progrès si on arrêtait de prétendre que se passer des fossiles est un objectif politique .. se passer des fossiles est le danger..;

      c’est les utiliser « mieux ».. donc essentiellement rien de nouveau..

      le nucleaire c’est AUSSI du fossile..mais surtout à l’investissement..

      spéculer juste..rien de nouveau.

      peut on spéculer juste avec l’argent des autres????

  • Merci pour cette description d’un scandale d’état, il y en a malheureusement d’autres qui eux aussi restent impunis.

  • « EDF ne devant rigoureusement rien à personne pour la construction de son parc de production – en tout cas ni à l’État, ni au contribuable  »

    Oui mais pas au Clients qui ont payé un peu plus cher que les pays voisins pour financer la construction de ce parc. Vu que la boite était publique et qu’il y avait un monopole, ça s’apparente à des impôts.

    -3
  • Où est le problème ?
    – SNCF : 50miliards de dette
    – AREVA : 0 dette. Coulée.
    – EDF : 50 milliards de dette
    – état français : 250 milliards de dette.
    Heureusement que la Nupes s’accroche bec et ongle à l’impôt sur les bénéfices des entreprises privées. Il faut que ces entreprises prennent exemple sur la gestion de l’État.

  • Un autre scandale c’est que pour l’électricité comme pour le gaz ou l’essence il y a des taxes, de la Tva à 20% et même de la Tva sur les taxes…et personne ne dit rien.

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