Ukraine : Macron face à l’hiver populiste

Les réactions de Macron et d’autres dirigeants montrent une inquiétude sur la situation des mois à venir avec une montée des populistes.

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Ukraine : Macron face à l’hiver populiste

Publié le 25 août 2022
- A +

Le 19 août, Emmanuel Macron a invité les Français à « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs » du fait de la guerre en Ukraine.

Le 23 août, il a enfoncé le clou en déclarant : «  Nous ne pouvons […] avoir aucune faiblesse, aucun esprit de compromission, parce qu’il en va de notre liberté à toutes et à tous, et de la paix dans toutes les parties du globe ». Un message adressé aux pays à travers le monde.

Mais il a aussi appelé les Français à « résister aux incertitudes ». Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur CDU de la Rhénanie-du-Nord–Westphalie, en Allemagne, craint que le moral du pays ne se détériore avec les problèmes de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, que cela prépare un terrain propice à une forte contestation.

Selon lui :

« Il ne s’agit plus de manifestants, mais quasiment de ce que l’on pourrait qualifier de nouveaux ennemis de l’État. »

Ces réactions montrent l’inquiétude des dirigeants sur la situation des mois à venir. Et ce d’autant plus que les élections italiennes vont dans le sens d’une victoire de la droite radicale.

 

L’hiver populiste qui arrive

Difficile de ne pas voir la montée en puissance des partis anti-système en Europe. Les effets sur l’économie et la santé mentale des restrictions liées au covid, l’inflation et la guerre, les sanctions liées à celle-ci créent une situation favorable à une montée aux extrêmes.

Cette combinaison a déjà permis à des mouvements anti-système de gagner en force et de malmener les gouvernements pro-Union Européenne et pro-atlantistes.

On l’a constaté en France avec les législatives qui ont vu une poussée de la France Insoumise et du Rassemblement national. En Bulgarie, le gouvernement centriste a été renversé par motion de censure de la droite, moins hostile à la Russie. Viktor Orban, connu pour ses positions critiques envers l’Europe de l’Ouest a été réélu en avril 2022.

Mais se profile surtout l’ombre de l’élection italienne en automne.

 

Le cas italien

Le gouvernement d’Union nationale de Draghi a été renversé à la suite de divergences d’opinions sur plusieurs sujets, avec entre autres l’opposition du mouvement 5 étoiles à la livraison d’armes à l’Ukraine.

De ce fait, des élections parlementaires vont se tenir en Italie le 25 septembre. Le parti en tête des sondages, à égalité avec le parti démocrate de centre gauche, est Fratelli d’Italia (les Frères d’Italie). Ce parti est passé en deux ans de 5 % à 24 %.

Forza italia (le parti de Silvio Berlusconi), la Ligue de Mattéo Salvini, et Fratelli d’Italia forment une coalition dite de centre droit. Si dans le passé cette coalition était dirigée par Berlusconi, la perte de popularité de ce dernier a joué en faveur de la Ligue lors des précédentes élections et joue maintenant en faveur de Fratelli d’Italia.

Ce parti constamment dans l’opposition a pu capitaliser sur sa dimension anti-système. Il se définit comme conservateur, mais aussi euro-sceptique. Néanmoins, le fait que Fratelli d’Italia soit issu du Mouvement Social Italien, parti néo-fasciste du début des années 1990, ne sera pas bien perçu en Europe de l’Ouest et par l’opposition italienne.

 

Les mauvaises politiques ont des conséquences

Cette montée (voire prise de pouvoir) de ces forces anti-système de plus en plus radicales doit être considérée comme un symptôme, conséquence de mauvaises décisions politiques qui provoquent un rejet viscéral de la classe politique par une partie de plus en plus importante de la population.

La crise énergétique actuelle est la conséquence de décisions désastreuses en matière d’approvisionnement. La dépendance voulue de l’Allemagne envers la Russie met en danger les Européens et la cohésion de l’UE : l’économie allemande dominant l’Europe et le poids politique de Berlin étant important, sa faiblesse actuelle a des effets néfastes.

L’approche idéologue de nombreux dirigeants français, allemand ou italien mêlée à une baisse du niveau de vie des classes populaires n’a fait que paver le chemin des mouvements anti-système.

 

Relâcher la pression sur la population

Si les dirigeants européens veulent freiner la montée des partis anti-système, ils doivent relâcher la pression sur la population. Ce n’est pas en insultant et en menaçant ceux qui s’opposent à eux, ce n’est pas en tenant des discours catastrophistes qu’ils parviendront à gagner la confiance des classes populaires, bien au contraire.

Suivre une politique plus dépassionnée et avoir un vrai recul seraient plus efficaces pour nos dirigeants. Sinon, l’Europe risque de continuer sa montée aux extrêmes et sa polarisation avec toujours plus de divisions.

Voir les commentaires (21)

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  • Petit rappel . Le Populisme est le syndrome du peuple qui n’est pas écouté ni méme entendu.
    Ce n’est pas une tare des citoyens, mais le fait d’une imcompétannce et d’un negationisme des réalités chez nos dirigents.

    15
  • « Ce n’est pas en insultant et en menaçant ceux qui s’opposent à eux, ce n’est pas en tenant des discours catastrophistes qu’ils parviendront à gagner la confiance des classes populaires, bien au contraire. »
    Si le système est contre le peuple, il est normal que le peuple soit contre le système.
    C’est même incroyable que ça ait tenu aussi longtemps !

    15
    • « Si le système est contre le peuple, il est normal que le peuple soit contre le système. »
      Je suis d’accord avec vous mais dans une vraie démocratie, c’est le rôle des Urnes de régler ce genre de probleme. Sommes nous encore en démocratie?

      • Quand tous les partis sont bonnet blanc et blanc bonnet, les urnes ne peuvent plus rien

      • @Hervé2
        Bonsoir,
        « dans une vraie démocratie, c’est le rôle des urnes de régler ce genre de problème. »
        Dans une démocratie le pouvoir appartient au Peuple. Les urnes ne servent qu’à élire des représentants du Peuple issus du Peuple.

        « Sommes nous encore en démocratie? »
        Non, pour deux raisons.
        La première est que les élections sont pipées vu qu’elles ne se font pas à celui qui obtient 51% des voix des citoyens mais à la seule majorité des suffrages exprimés aux candidats.
        La deuxième est que le Peuple n’est pas souverain et ne possède aucun pouvoir.
        De plus, la démocratie suppose des citoyens libres avec des Droits. Or, les citoyens français ne sont pas libres car il leur faut une autorisation pour tout (même pour travailler donc pour gagner sa croûte) et ils n’ont plus aucun des 4 droits fondamentaux.
        Le principe de la France est « le gouvernement du Peuple, par le Peuple, pour le Peuple. » On se demande où.

  • meme si je suis globalement d accord avec l article, il y des details qui me genent.
    L auteur critique le choix de s approvisionner en gaz en russie. Pourtant c etait a l epoque une option tout a fait rationelle et toute entreprise privee aurait fait de meme
    Si vous avez le choix entre
    b) une techno maitrisee, qui permet d avoir de l energie a un cout modeste et rapidement (contruire une centrale c est l affaire de quelque mois)
    b) une techno pas vraiment maitrisee (cout final = cout initial *10) , qui necessite 15 ans pour construire un reacteur comme a Flammanville (quel sera le prix de l electricite dans 15 ans ??)
    Vous choisissez a) ou b) ?

    Pour le reste, meme sans l Ukraine la France se trouve face a un mur. Pendant 50 ans on a vecu au dessus de nos moyens, on ne produit plus grand chose, on a sacrifié le futur pour payer des prestation sociales, ce qui fait que maintenat des pans entiers du pays sont en lambeau (visitiez un commissariat, voyez le niveau de l education nationale). Et pire que tout, le redressement est quasi impossible car il signifierait de mettre a une diete severe ceux qui beneficient des largessses de l etat social. C est a dire tailler des les soins medicaux et les pensions de retraitesqui representent 50 % des couts (c est pas en supprimant un poste de garde champetre a trifouills qui vous allez resoudre le probleme)

    • Une centrale nucléaire ne prend pas 15 ans à construire hein… Les problèmes de l’EPR ne sont clairement pas lié à la technologie, mais à l’incompétence des gestionnaires de projet… Car on a les compétences techniques pour cela.
      Et concernant le gaz Russe, vous semblez oublier que la guerre ukraine/russie a commencé bien avant 2022, avec un sérieux premier épisode il y a 8 ans…

    • (Tailler dans les soins médicaux) nous payons toute une vie pour nos soins et maintenant il faudrait nous les supprimer. Abjecte.
      Diminuer les pensions même les petites.
      Abjecte
      A la place de taper sur les gens il faudrait mieux trouver des solutions.
      Dire que nous avons vécu au dessus de nos moyens c est fort de café.

      • +1000
        Le problème, c’est que les solutions, pourtant simples et nombreuses, ne sont pas idéologiquement satisfaisantes pour certains.

      • « Dire que nous avons vécu au dessus de nos moyens c est fort de café. »
        Votre commentaire est ambigu! Moi je dirais plutôt que les ressources financières que l’Etat nous pompe de plus en plus fort ont été et sont de plus en plus mal utilisées avec les résultats que chacun peut constater. De nombreux pays moins idéologues ont fait beaucoup mieux avec moins, et sont aujourd’hui peu impactés par la crise mondiale de l’endettement.

  • Heureusement il existe un recours après Macron : LFI. Seul regret, « Merluchon » Ne sera plus là !

    -9
  • « Il ne s’agit plus de manifestants, mais quasiment de ce que l’on pourrait qualifier de nouveaux ennemis de l’État. Ces réactions montrent l’inquiétude des dirigeants sur la situation des mois à venir. Et ce d’autant plus que les élections italiennes vont dans le sens d’une victoire de la droite radicale » : et voilà ! les « populistes » (dissimulés derrière le terme de « droite populiste » sont donc les ennemis de l’Etat ! Parce que, voyez-vous, seuls, le cas échéant, les « progressistes » (auto-proclamés comme tels) sont les amis de l’Etat. J’ai failli me moquer de ce sous-entendu, mais je me suis ravisé : l’Etat est bel et bien l’instrument dont se sont emparés depuis des décennies le soi-disant « progressistes » pour détruire le « peuple ».

  • « Dire que nous avons vécu au dessus de nos moyens c est fort de café. »
    Votre commentaire est ambigu! Moi je dirais plutôt que les ressources financières que l’Etat nous pompe de plus en plus fort ont été et sont de plus en plus mal utilisées avec les résultats que chacun peut constater. De nombreux pays moins idéologues ont fait beaucoup mieux avec moins, et sont aujourd’hui peu impactés par la crise mondiale de l’endettement.

  • Macron est il autiste?
    En tout cas, il ferait mieux de fermer sa grande gueule et adopter un profil bas !

    Factuellement, les sanctions imposées a la Russie font souffrir les européens, mais permettent à la Russie d’avoir un bon bilan malgré son effort de guerre.

    https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Le-rouble-russe-atteint-son-plus-haut-niveau-en-7-ans-au-dela-de-53-par-rapport-au-dollar-dans-le-co–40783559/

    On doit faire des efforts pourquoi au juste? …

  • Je retiens le commentaire radical de « delor » qui divise le pays en populistes d’un côté, écrasés par les progressistes de l’autre. C’est parfaitement exact que le progrès n’intéresse que ceux qui peuvent en jouir matériellement et intellectuellement. Il y a en quelle que sorte un concervatisme du progrès chez ceux qui y sont confortablement assis tout en ayant l’illusion qu’il vont de l’avant!

  • conservatisme, pardon!

  • M Macron et ses comparses européens si nous les écoutons ils trouvent toujours un évènement, sanitaire , sécuritaire , climatique,guerre…. Pour dramatiser et effrayer le peuple tout ça afin de créer une ambiance de peur de méfiance .et ça marche.
    il y a rien de plus simple pour asservir la population et surtout de cacher leurs incompétences et leurs erreurs.

  • Il eut été bien de signaler que le mouvement italien Fratelli d’Italia n’est pas pro russe, et donc le mettre dans le même sac qu’Orban ou que le 5 étoiles (pour la mouvance Conte) est sur ce point abusif.

  • « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs » E. Macron.
    Le prix de la liberté est toujours le même soit pour la garder soit pour la retrouver : c’est le sang.
    Ce qu’il dit est que tout va augmenter, l’inflation va continuer, on va raquer ! Et l’Etat va se gaver et se servir quand il jugera qu’il n’aura pas assez.

    « Nous ne pouvons […] avoir aucune faiblesse, aucun esprit de compromission, parce qu’il en va de notre liberté à toutes et à tous, et de la paix dans toutes les parties du globe . »
    Dixit celui qui nous prive depuis plus de 2 ans du peu de liberté qui nous reste. Quant aux « compromissions » et autres « faiblesse »… je pense que Poutine a bien vu les compromissions et les faiblesses du Chef de l’Etat français vu qu’elles ont été diffusées sur les réseaux sociaux (gay parties à l’Elysée, roulades dans le jardin avec des « influenceurs » de YT, et autres…)

  • Les commentaires sont fermés.

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