Guerre culturelle : Jordan Peterson suspendu de Twitter

Il est facile de vilipender les trans-activistes, mais si nous voulons les dissuader d’ostraciser des personnes, il est important de comprendre d’où ils viennent.

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Jordan Peterson by Gage Skidmore (CC BY-SA 2.0)

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Guerre culturelle : Jordan Peterson suspendu de Twitter

Publié le 10 juillet 2022
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Le 22 juin, Jordan Peterson a écrit un tweet dans lequel il commentait la récente opération de transition de genre subie par un acteur qui s’appelle désormais Elliot Page.

Plus tard dans la journée, Twitter a suspendu le compte de Peterson pour avoir prétendument enfreint les règles de l’entreprise en matière de comportement haineux, avec l’avis suivant :

« Vous ne pouvez pas promouvoir la violence contre, menacer ou harceler d’autres personnes sur la base de la race, de l’ethnicité, de l’origine nationale, de l’orientation sexuelle, du genre, de l’identité de genre, de l’affiliation religieuse, de l’âge, du handicap ou d’une maladie grave. En cliquant sur Supprimer, vous reconnaissez que votre Tweet a violé les règles de Twitter. »

Peterson réagit à l’incident et déclare dans une vidéo :

« J’ai essentiellement été banni de Twitter en conséquence. Je dis banni, bien que techniquement, j’ai été suspendu. Mais la suspension ne sera pas levée à moins que je supprime le tweet ‘haineux‘ en question, et je préférerais mourir plutôt que de faire cela. »

Il conclut :

« C’est un soulagement, dans un certain sens réel, d’être banni et je le considère dans les conditions actuelles comme une médaille d’honneur. »

Le 29 juin, l’ami de Peterson, Dave Rubin, a pris la parole sur Twitter pour commenter la suspension du compte de Peterson.

Ironiquement, Rubin a a déclaré mardi avoir a été suspendu pour ce commentaire :

« J’ai été suspendu par Twitter pour avoir publié une capture d’écran du tweet de Jordan Peterson qui a entraîné sa suspension. Bien que la façon dont j’ai enfreint leurs conditions de service ne soit pas claires, il est évident qu’ils manquent à leur responsabilité fiduciaire envers leurs actionnaires en laissant une bande d’activistes woke diriger l’entreprise. »

Comme Peterson et Rubin le soulignent, il est difficile de savoir exactement ce que Twitter a trouvé de répréhensible dans les tweets en question. Cependant, une explication probable est qu’ils ont tous deux fait référence au désormais Elliot Page en utilisant son ancienne identité.

Jordan Peterson a déclaré :

« J’ai commis le crime fatal de ce que l’on appelle, dans l’effroyable terminologie des activistes fanatiques, le deadnaming qui est l’acte de se référer à quelqu’un ayant fait une « transition » – un autre jargon et slogan détestable – par le nom et, par déduction, le genre, en réalité le sexe, sous lequel tout le monde le connaissait auparavant. »

 

C’est là, semble-t-il, que réside le nœud du problème

Selon de nombreux trans-activistes, le deadnaming peut être incroyablement blessant pour les personnes en transition. Cela leur rappelle la personne qu’ils étaient, l’identité à laquelle ils ont renoncé, et même ce simple rappel peut avoir un impact psychologique énorme.

Si les activistes transgenres se contentaient de le signaler et d’encourager les gens à être respectueux, il n’y aurait probablement pas de problème et je pense que beaucoup seraient heureux de se plier à cette demande. Après tout, il existe de nombreuses façons de modifier notre langage et notre comportement pour que les gens se sentent plus à l’aise. Nous utilisons un surnom préféré lorsque quelqu’un le demande, et nous évitons d’aborder un sujet sensible avec lui si nous savons qu’il ne veut pas en parler.

Le problème, bien sûr, est que de nombreux trans-activistes ne s’arrêtent pas là. Au lieu d’une demande respectueuse, l’exhortation à se conformer aux règles du politiquement correct, en constante évolution, se présente comme une exigence, et ceux qui ne s’y conforment pas s’exposent à de lourdes conséquences, comme le bannissement.

 

L’état d’esprit qui sous-tend la cancel culture

S’il est facile de vilipender les militants qui réclament ces suspensions et ces interdictions, il est important de comprendre d’où ils viennent. Pour la plupart d’entre eux, la motivation est la compassion. Ils agissent ainsi parce qu’ils se soucient des personnes marginalisées et opprimées. Nous devons comprendre cela, et même faire preuve d’empathie si nous voulons les dissuader de bannir des personnes pour des raisons de noms et de pronoms. Pensez à une mère ours qui s’en prend à un agresseur pour protéger ses petits. C’est effectivement ce qui se passe ici.

Les personnes compatissantes ont tendance à diviser le monde en victimes et agresseurs, ceux qui ont besoin d’être protégés et ceux à qui il faut tenir tête. Si la compassion vous anime, il est tout à fait logique d’attaquer les personnes que vous considérez comme des tyrans, de démolir vicieusement ce qui cause du tort.

Il est à noter que ce type de compassion n’est souvent pas une mauvaise chose. Les personnes en position de pouvoir causent beaucoup de tort, et il existe des circonstances (comme le véritable harcèlement) dans lesquelles il est tout à fait approprié de dénoncer les tyrans et de défendre les victimes. La compassion a sa place, même la compassion féroce d’une mère ourse.

Le problème est que la compassion peut être poussée trop loin. Ostraciser des personnes pour des noms et des pronoms en est un exemple clair, mais il y en a beaucoup d’autres. Pensez au nombre de programmes sociaux, de taxes et de réglementations qui sont promus par compassion pour les pauvres. Pensez au nombre de projets industriels auxquels on s’oppose par amour profond de l’environnement.

Bien sûr, les personnes qui promeuvent ces choses sont, pour la plupart, bien intentionnées. Mais dans leur obsession erronée de la compassion, ils finissent souvent par causer beaucoup plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.

 

Le chemin de la paix dans la guerre culturelle

Quelle est donc la bonne voie à suivre ? Eh bien, je pense qu’elle se situe entre deux extrêmes : trop de compassion et trop peu de compassion.

Premièrement, nous ne devrions pas avoir une compassion telle que nous ostracisions et attaquions tous ceux qui sont considérés comme des coupables. D’une part, cette approche risque de se retourner contre nous, car ce n’est qu’une question de temps avant que nous soyons tous étiquetés comme auteurs de violences. De plus, ostraciser des personnes est contraire à une véritable tolérance des différents points de vue.

Les militants LGBTQ, parmi tous les autres, devraient apprécier la valeur d’une telle tolérance. Après tout, c’est cette même tolérance de la diversité qui leur a permis d’aller aussi loin qu’ils l’ont fait. C’est la liberté d’expression – non seulement en tant que principe juridique, mais aussi en tant que valeur culturelle à défendre sur les plateformes sociales et universitaires – qui leur a permis de faire passer leurs idées dans la culture dominante. Il serait incroyablement hypocrite de leur part, après avoir défendu la liberté d’expression comme moyen de faire avancer leur cause, de lui tourner soudainement le dos maintenant que leurs détracteurs ont aussi quelque chose à dire.

Cela dit, tout comme trop de compassion peut être un problème, il serait également erroné de négliger complètement la compassion. Dire simplement « le nom n’a pas d’importance, je dis ce que je veux » est une approche insensible qui crache au visage de ceux qui font preuve de tolérance à votre égard.

« La protection de nos droits ne peut durer plus longtemps que l’exécution de nos responsabilités », a déclaré John F. Kennedy. Dans ce contexte, le droit à la liberté d’expression s’accompagne de la responsabilité de parler judicieusement. Si vous demandez aux gens de vous laisser parler librement, il n’est que juste que vous preniez au moins en considération leurs demandes – et que vous essayiez de comprendre pourquoi ils les font – en ce qui concerne ce que vous dites.

Bien entendu, cela ne signifie pas que vous devez toujours acquiescer à leurs demandes. Cela dépendra du contexte. Le fait est que vous ne devez pas simplement ignorer la voix de la compassion, aussi stridente qu’elle puisse paraître.

Le but est donc d’arriver à un endroit où l’ostracisme et la moquerie sont remplacés par le dialogue et la compréhension, la tolérance et le respect. Ce ne sera pas facile, mais si nous nous engageons dans ce processus, nous pouvons créer une société où la compassion et la liberté d’expression peuvent être célébrées et encouragées.


Un article de la Foundation for Economic EducationSur le web

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  • Si Eion Musk est aussi fan de la liberté d’expression qu’il l’a clamé, il réinstaurera le compte et le Tweet de Peterson.

    • pas nécessairement, cela dépend de ce qu’il veut « faire » de twitter.. si c’est sa danseuse ou sa vache laitière..

      twitter est privé!!!! comme contrepoints il est libre d’appliquer des règles parfaitement arbitraires..pas content tu vas ailleurs.. et si il n’y pas d’ailleurs tu en crées un!!!!
      demandez vous comment ils gagnent de l’argent..

      on dit souvent go woke go broke..

      tigre de papier…

    • A priori il ne rachète plus Twitter, la valeur proposée étant basée sur un nombre de comptes « réels » proprement gonflée par des armées de bots.

  • TWITTER….j’ai apprécié la vidéo où il explique ce qu’ilpense de sa suspension.. mais je le répète vous rendez un hommage à twitter qui n’est pas plus que Facebook institutionnel..

    le problème…loi sur les fakes news ou limitant la liberté d’expression.. qui facilitent les monopoles..

    oui des gens perdent leur boulot… surtout dans la sphère des hypocrites professionnels..

    la liberté a un cout!!!!

  • La liberté de parole n’est pas négociable. Si vous dites des conneries vous vous décrédibiliserez. Tant pis si ça blesse il ne peut y avoir aucune censure.
    Après une boîte privée comme Twitter fait ce qu’elle veut mais du coup c’est elle qui se décrédibilise.

    • D’accord, mais uniquement si on assume de les dire sous son identité, ce qui parfois peut poser problème face à ceux qui répondent par la violence.

  • Il faudrait leur expliquer ce qu’est une agression tout simplement.
    On peut évidemment prendre mal les propos d’autrui, ça m’arrive tout le temps, mais confondre les émotions que l’on ressent comme une agression qui devrait être punie, même le grand émotif que je suis n’y arrive pas.
    Si des mots sont une agression alors il est logique de limiter la liberté d’expression.
    Jamais je n’aurais d’empathie pour ces gens, je les combats.

    • Je combats leurs idées car en réalité je ne fais que leur parler.

    • @Aerosolkid
      Bonjour,
      Combien de fois ai-je entendu : « Ce ne sont que des mots. » quand j’étais insulté étant enfant ? Combien de fois ai-je été puni pour avoir répondu à ces insultes avec des coups ?
      De nos jours, on nous dit que « les mots font aussi mal que des coups. » [Lu sur des affiches scolaires]. Ce sont des gens qui n’ont pas subi de coups qui ont pondu un slogan pareil. Et si des mots peuvent être aussi violents que des coups, alors on peut répondre à ces mots avec des coups.

  • Les victimes d’intolérance qui deviennent elles-mêmes intolérantes n’ont rien compris, rien appris.
    Elles sont restées bloquées à l’ancien testament : « Oeil pour oeil, dent pour dent ».
    Qu’elles deviennent bouddhistes : « Jamais la haine ne cesse par la haine, c’est la bienveillance qui reconcilie ».
    Et quel dommage que Musk n’ait pas acheté Twitter !

  • « En cliquant sur Supprimer, vous reconnaissez que votre Tweet a violé les règles de Twitter  »
    Wahou, ça c’est un vrai coup pourri, il faut que le gars se censure lui même. C’est ça qui est dingue avec le wokisme, il s’agit pas d’être convaincu, il s’agit de se soumettre…

    • Justice moyenâgeuse.
      Jadis, pour identifier une sorcière, on lui liait pieds et mains et on la jetait à l’eau. Si elle coulait, elle était innocente. Si elle flottait, elle était coupable et on la noyait.

    • Quelles sont les règles de Twitter ? On peut déplorer qu’elles ne favorisent pas plus la libre expression, mais on doit les respecter telles qu’elles sont et non telles qu’elles devraient être.

      • La liberté d’expression est un « droit de », pas un « droit à » se faire offrir une tribune par ceux qui ne le souhaitent pas.

      • C’est pas tant les règles que la manière dont elles sont appliquées, le gars n’est pas banni, il est suspendu jusque au moment ou il supprime de lui même son tweet, il est jugé par twitter mais doit avouer sa « culpabilité » et s’appliquer lui même la « sentence ». C’est du chantage à la soumission, je trouve ça hypocrite et pervers.

        • Et moi je trouve hypernaïf d’imaginer que Twitter serait un média neutre à votre service ou devant respecter quelque règle que ce soit autre que celles dont il est seul à décider.

  • Non, ces gens ne sont pas bien intentionnés. Leur « compassion » les pousse à faire le « bien », et pour faire le plus de bien possible, ils en passent par la contrainte, le contrôle, la menace. Car ils pensent que c’est pour le bien.
    J’ai rencontré des hommes comme cela, ils ne comprennent même pas pourquoi on leur résiste, leur notion du bien et du mal s’érode par la fin qui justifie les moyens. Peu à peu ils deviennent tels les tyrans auxquels ils se sont parfois opposés.
    Un exemple parmi d’autres: Jérome Marty. Il veut faire le bien, il est outré par les références nazis au pass sanitaire, nazis qui ont torturés son père. Mais les arguments qu’il avance sont en fait les mêmes que les bourreaux de son père (pour défendre l’ordre public, les services de l’état, la santé publique etc). Il ne le voit pas car, pour lui c’est pour le bien et ce n’est donc pas comparable.

    • Et tous ces hommes qui sont nos frères
      Tellement qu’on n’est plus étonnés
      Que par amour ils nous lacèrent
      (Jacques Brel)

  • Twitter peut faire ce qu’il veut… s’il est une plateforme éditoriale. Sinon, si c’est une plateforme de communication (le statut qu’il a effectivement) c’est problématique. Twitter qui bloque qui dit un truc qui « lui » déplait, c’est comme si la compagnie de téléphone, d’eau ou votre banque vous coupait parce que vous avez dit un truc « non conforme à leur charte ». Certes ils sont privés, mais leur fonctionnement même repose sur une neutralité nécessaire pour que l’on puisse leur faire confiance/passer des contrats avec eux.

    Par ailleurs, d’une façon générale, je veux bien comprendre qu’appeler quelqu’un par son nom de naissance plus que celui qu’ils se sont choisis puisse être terrible, mais pourquoi donc le droit des « personnes en transition » à cela serait ils plus important que mon droit à être appeler « votre majesté l’empreur-Dieu des univers connus » ou plus simplement ma liberté d’expression ? Si un « droit » de quelqu’un exige de violer un autre droit de quelqu’un d’autre, alors il y a problème… L’un de ces deux droit n’existe pas. Comme la liberté d’expression est un droit naturel (seul sur une île je peux évoquer tel acteur qui fut une actrice comme bon me semble) alors le « droit à ne pas être offensé par la façon dont d’autres m’appellent » n’existe pas. Au lieu de m’appeler « votre majesté l’empreur-Dieu » on m’appellerait « le tyran » (ou plus réellement « le clown » ou « le fou »), je revendique de ne pas appeler « Elen » « Eliott » mais « le fou » (ou la folle, si ça peut lui faire plaisir)… par pure symétrie.

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