L’Allemagne ne sera pas écologique sans nucléaire

L’Allemagne pâtit donc d’une décision idéologique animée par un principe de précaution sans la moindre base rationnelle.

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Robert Habeck (Vors Bündnis 90 Die Grünen) Foto Stephan Röhl by Heinrich-Böll-Stiftung (creative commons CC BY-SA 2.0)

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L’Allemagne ne sera pas écologique sans nucléaire

Publié le 30 juin 2022
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La semaine dernière, l’Allemagne a annoncé la relance de ses centrales à charbon suite aux risques de rupture d’approvisionnement en gaz par la Russie. Présentée comme temporaire, cette solution paraît pourtant irrémédiable depuis la décision de fermeture progressive du parc nucléaire allemand par les sociaux-démocrates il y a près de 20 ans – et accélérée par Angela Merkel suite à l’accident de Fukushima en 2011.

Aujourd’hui, l’Allemagne pâtit donc d’une décision idéologique animée par un principe de précaution sans la moindre base rationnelle. Et cela implique une rupture évidente avec ses objectifs climatiques en termes d’émissions de CO2, que ce soit à échelle nationale avec le projet de fermeture des centrales à charbon d’ici 2038, et européenne avec la dernière taxonomie verte qui inclut, notamment, gaz et nucléaire pour la neutralité carbone en 2050.

Fait notable : malgré le consensus France-Allemagne à ce sujet, le ministère allemand de l’Économie et du Climat – dirigé par le Vert Robert Habeck – a finalement voté contre ce projet de taxonomie en mai dernier…

Le démantèlement des centrales nucléaires représente donc un coût environnemental non seulement pour les Allemands, mais aussi pour les Européens. De facto, l’intermittence des énergies renouvelables est compensée par des énergies fortement émettrices de CO2 comme le gaz ou le charbon. Or, les externalités négatives se matérialisent par de la pollution atmosphérique qui peut voyager jusqu’à des centaines de kilomètres – et composée de gaz toxiques comme le dioxyde de soufre, l’oxyde d’azote, ou encore le mercure.

 

Un sabordage franco-allemand

S’il semble y avoir un revirement récent du président Macron à ce sujet, la France reste ancrée dans un engrenage de réduction du nucléaire depuis plusieurs années – dont 14 fermetures de centrales prévues d’ici 2035. Là encore, ce sabordage n’est que le résultat d’une énième décision politique arbitraire : la loi sur la transition énergétique adoptée en 2015, et pour la croissance qui n’a de « verte » que le nom puisqu’elle prévoit, notamment, le plafonnement de la production d’électricité d’origine nucléaire.

Résultat : tout comme l’Allemagne, la France se retrouve confrontée au choix épineux entre prolonger ses centrales à charbon, ou s’exposer à des risques de black-out en période hivernale. Ainsi, la fermeture de la centrale à charbon de Saint-Avold a été repoussée face aux déboires rencontrés par le parc nucléaire d’EDF.

Mais alors, pourquoi un tel sabordage ?

 

Le lobby écologiste sous-estimé

Au vu du contexte géopolitique actuel, il peut sembler évident que l’Allemagne cherche à conserver sa place sur la scène internationale. Sans nucléaire ni gaz, elle risque de se retrouver dans une position de faiblesse face à la France – dont le mix énergétique reste majoritairement composé de nucléaire. Mais plutôt que de remettre en question sa politique énergétique, l’Allemagne s’assoie sans complexe sur ses grands principes écologiques.

En réalité, la puissance du lobby écologiste est largement sous-estimée. Représenté par la filière du renouvelable et autres organismes dont l’existence repose principalement sur des subventions, il incarne désormais de puissants intérêts financiers. 67 ans après le traité Euratom, le développement de l’industrie nucléaire est aujourd’hui freiné, voire totalement bloqué… En Allemagne, les principales organisations écologistes entretiennent des liens étroits avec l’État russe, dont la société Gazprom. À ce titre, l’une des fondations émanant de WWF, BUND et NABU a été financée à hauteur de 10 millions d’euros par le géant gazier.

Cette nouvelle forme de capitalisme de connivence se fait donc au détriment du contribuable. Contrairement à ce que professent les défenseurs d’un « patriotisme écologique » à l’instar de Robert Habeck – ministre fédéral de l’Économie et du Climat, la transition énergétique ne pourra se faire sans nucléaire. À moins de se voiler la face sur les bénéfices pour la société allemande et son économie.

Malgré l’influence croissante de ces lobbies et partis politiques dont certains sont sous perfusion russe, il devient plus que jamais indispensable de défendre le nucléaire pour une réelle politique écologique.

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  • Avatar
    jacques lemiere
    30 juin 2022 at 6 h 30 min

    bizarre d’un coté déplorer le lobby écologiste et dans le titre de dire en somme que être écologique est une bonne chose..

    l’écologisme est inhumain et dogmatique….
    il pose que le nucleaire est « le mal »..
    entre autres affirmation subjectives..

    • Avatar
      jacques lemiere
      30 juin 2022 at 7 h 34 min

      affirmations

    • Avatar
      jacques lemiere
      30 juin 2022 at 7 h 42 min

      quiconque vous explique qu’un truc est plus écologique qu’uun truc est plus écologique qu’un autre est dans la plus grande généralité un escroc…les impacts environnementaux sont multidimensionnels..

      écologique est arbitraire..et défini par les écologistes.. et le nucleaire ne peut être ni écologique ni plus écologique..

      c’est une liste de « vilains « et de « gentils!!  »

      au moins quand on parle d’émissions de CO2 fossiles on peut compter…

      sin on veut réduire SES emissions de CO2, tout en diminuant SA richesses le moins possible alors le nucleaire est un meilleurs choix que les lubies vertes….

      • Avatar
        jacques lemiere
        30 juin 2022 at 7 h 45 min

        mais à l’evidence si vous ne voulez pas de déchets nucleaire ou d’accidents nucleaire alors ben vous avez un problème!!!

        -1
        • Il y a ( avait plutôt) près de chez moi une centrale photovoltaïque de près de sept hectares, toute neuve et prête à être inaugurée et mise en production en juillet quand un orage de grêle extrêmement puissant a détruit en quelques minutes près de 80% des panneaux! C’est cocasse que les moyens de lutter contre le changement climatique et le méchant CO2 soient détruits à cause de ce même changement (enfin si le changement est causé par le CO2 ce qui reste à prouver).
          Comme on peut imaginer que ce genre d’équipement doit être assuré, on peut aussi imaginer que si de tels événements se renouvellent fréquemment, nos primes d’assurance von aussi exploser!
          Une centrale nucléaire est quand même moins sensible à ce genre d’accident climatique à condition bien sûr de ne pas être trop au niveau de la mer qui monte, ni sur une faille tectonique, ni en zone inondable près d’une rivière.

          • Une centrale nucléaire est par définition placée soit au bord d’une rivière ayant un débit suffisant, soit au bord de la mer.
            Et manque de chance : en France, certaines des rivières ayant le débit le plus intéressant sont en plus sur des failles sismiques majeures (les vallées du Rhône et du Rhin).
            On peut cependant espérer que les constructions sont dimensionnées en tenant compte de ce risque (pour Fessenheim, si je ne me trompe pas, les constructeurs avaient prévu la centrale pour résister à un séisme similaire à celui qui avait détruit Bâle en 1356 – degré 9 à 10 sur l’échelle de Richter)
            Pour la « montée du niveau de la mer », je vous suggère de vous renseigner sur le sujet en passant par les données des marégraphes plutôt que par les articles sensationnalistes des journaux, ça vous donnera une bonne indication du degré d’inquiétude dont ce sujet a besoin.

        • @jacques C’est sûr que le nucléaire ne fait pas bon ménage avec la corruption, l’amateurisme et vous faites bien de le signaler . Maintenant , le jour où les écolos feront le bilan sanitaire des morts causés par l’abus programmé de lignite en Allemagne , ils seront plus écoutés et crédibles .

          • Avatar
            jacques lemiere
            30 juin 2022 at 17 h 46 min

            quand on défendait le nucleaire il ya des décennies devant le charbon la pollution atmosphérique de ce dernier était un argument..

            on argumente tant qu’on croit que les écolos mettent leur subjectivité et leur dogmatisme de coté..

        • Combien de personnes le nucléaire civil a-t-il tué ? Et combien le charbon, avec ses coups de grisous et ses effondrements de galeries ? Le rapport est probablement de 1/10.000 !

          • D’après Greenpeace, environ 9 millions. Pour le charbon, c’est d’après Greenpeace 48000/an. Même sur 50 ans, ça fait donc moins.
            Statistiquement donc, tout le monde doit connaitre qqn mort de Tchernobyl autour de lui. Et je connais bien qqn dont la femme est morte de Tchernobyl (à ce qu’il parait). Donc ça colle!
            Bon maintenant il faut que Greenpeace compte les morts de Fukushima. Ceux qui ont pris un tronc d’arbre dans la figure lors du tsunami, ils ont eu le temps d’être irradiés un peu non? On va dire que oui, bon qui d’autre…

            • Fukushima, 23500 morts et disparus, dont 0 (zéro) en raison de l’accident nucléaire. C’est effectivement conforme aux objectifs de sécurité qui demandent que le risque nucléaire soit 10^5 fois moins important que le risque naturel normal. Et ça pose bien entendu la question de la justification d’allouer des fonds considérables à la sécurité nucléaire au détriment de la réduction du risque naturel normal. Si l’objectif de risque nucléaire avait été seulement à 10^3 au dessous du risque normal, il y aurait eu de quoi faire partout ailleurs des murs anti-tsunami plus hauts, l’accident nucléaire n’aurait pas été pire et des milliers de vies auraient été sauvées…

            • L’ennui en appliquant la méthodologie de Greenpeace, c’est que la radioactivité naturelle, qui est 1000 fois plus élevée que les fuites des centrales a donc tué toute l’humanité….
              Donc soit vous êtes mort, soit Greenpeace se fout de vous…

              • Pas toutes, mais dans les 95% des personnes ayant jamais existé sont mortes. Et si ça n’est pas de la radioactivité, c’est parce que Gengis Khan ou le glyphosate les ont tuées avant, mais si elles avaient vécu…

          • Avatar
            jacques lemiere
            30 juin 2022 at 17 h 50 min

            alors oui MAIS….. les vraies morts compter sont les morts subies.. un mineur dans une mine de charbon y gagne aussi sa vie…

            l’interventionnsime politique via la réglementation se justifie pour les morts comme celle de la pollution des accidents etc..

            on réglemente à cause du tabagisme passif..

        • Non, c »est ceux « qui veulent des accidents nucleaires » qui ont un problème.

          -1
  • L’écologie…… Mais, le charbon est naturel non ?
    De plus, il n’est pas cher moins cher que tout le reste, c’est donc très ecolo…. Quant à dire qu’il peut remplacer le gaz…….. Le calcul est sûrement mauvais très mauvais surtout pour se chauffer. L’électricité… Bof, la lumière le frigo et c’est tout… Fait pas chaud en Allemagne l’hiver… Les immeubles sont chauffés électrique ?

  • Résumons.
    1. Par une enquête digne de Détective, on apprend que les gaziers russes ont financé les écolos allemands (pour que le pays abandonne le nucléaire au profit des ENR ?). Aujourd’hui, l’Allemagne rouvre ses centrales à charbon. Trop fort ce Poutine.
    2. Il n’y a pas de lobby nucléaire en France. On comprend mieux pourquoi ça va si mal pour ce secteur.

  • Une centrale à charbon d’une puissance de 1000 MW utilisée la moitié de l’année (environ 5000 heures) rejette chaque année 5 millions de tonnes (Mt) de gaz carbonique dans l’atmosphère (chaque kilowattheure produit émet presque 1 kilogramme de CO2), et produit des cendres contenant des métaux lourds (cadmium, nickel, mercure, plomb…) et autres produits toxiques (antimoine, arsenic, béryllium, fluor…), ainsi que plusieurs tonnes d’uranium et de thorium avec ses descendants radioactifs : radium, radon, polonium…. qui ne sont pas gérés contrairement à ceux produits dans le cycle nucléaire. Plus que tout le trafic intérieur aérien en France.
    Une récente tentative allemande de réhabiliter la lignite qui contiendrait plus d’oxygène que le charbon et donc pourrait être considéré comme un carburant pouvant bénéficier de la taxonomie verte (mais pas le nucléaire bien sur !).

    • Avatar
      Hyacinthe Herve
      30 juin 2022 at 12 h 47 min

      J’en ai rien à faire perso d’où vient mon énergie. Tant que :
      On ne vient pas m’exproprier, tant qu’on ne dégrade pas la valeur de la propriété en construisant un projet etatique voir bolchévique à côté de chez moi, tant que c’est libéral et privé.
      Bref tout ce que n’est pas le nucléaire aujourd’hui en somme.

  • Il est grand temps d’arrêter les dérives et délires écologistes qui nous mènent tout droit à la décroissance, à la pénurie et à la famine. Et que la promotion du nucléaire soit plus agressive aussi !

  • L’Allemagne avait fin 2021 11GW de nucléaire en parfait état de marche qui fonctionnaient en base càd toujours plein pot sauf maintenance et rechargement. Ils en ont arrêté 7GW en décembre 2021 et vont, sauf revirement extraordinaire arrêter les 4GW qui restent en décembre 2022, en plein cœur de l’hiver, cherchez l’erreur!
    Autre exemple du stupide jusqu’auboutisme écolo, les déchets de Très Faible Activité, les TFA. Ils ont une radioactivité résiduelle souvent inférieure à la radioactivité naturelle mais doivent cependant être entreposés et gérés comme des déchets aux frais du contribuable. Le problème devient plus critique dans le cadre des prochains démantèlements. Dans la partie conventionnelle il y a des centaines, voire des milliers de tonnes de métaux qui pourraient être fondus et récupérés, le cuivre des transformateurs et des bobinages de l’alternateur, l’acier de la turbine et des tubes du condensateur, à cela on peut ajouter les gravats résultant de la destruction des tours de refroidissement qui pourraient servir de remblai en travaux publics. Jusqu’à récemment ceci était interdit mais un décret qui date, je crois mais je n’ai pas le temps de vérifier de 2020 autorise la fusion et réutilisation des métaux sous deux conditions i) il doit y avoir un acheteur identifié, ii) la radioactivité résiduelle du métal doit être 100 fois inférieure (vous avez bien lu!!!) à la limite autorisée pour des métaux provenant de sources conventionnelles. Malgré ces conditions drastiques ça n’a pas empêché France Nature Environnement de s’opposer fermement au prétexte que « tout ce qui entre sur un site nucléaire ne peut en ressortir que comme déchet » avec des arguments du genre « vous n’aimeriez pas que votre casserole provienne d’une centrale nucléaire » Bref pas possible de discuter avec ces gens là mais les vilains lobbies c’est les autres.

    • Sur le principe, et pour rassurer la populasse, il vaut mieux que la valorisation des matières recyclées issues des centrales retourne aux centrales. Ca permettrait de monter une filière de recyclage parallèle et spécifique et permettrait d’afficher pour le nucléaire un taux de récupération impressionnant.

    • « Ils ont une radioactivité résiduelle souvent inférieure à la radioactivité naturelle mais doivent cependant être entreposés et gérés comme des déchets aux frais du contribuable. »
      Le but est de montrer que l’énergie nucléaire, si l’on intègre les coûts liés au stockage des déchets, n’est pas aussi bon marché qu’on le dit. On alourdit la facture pour rendre les énergies dite renouvelables plus concurrentielles.
      « Malgré ces conditions drastiques ça n’a pas empêché France Nature Environnement de s’opposer fermement au prétexte que « tout ce qui entre sur un site nucléaire ne peut en ressortir que comme déchet » avec des arguments du genre « vous n’aimeriez pas que votre casserole provienne d’une centrale nucléaire » Bref pas possible de discuter avec ces gens là mais les vilains lobbies c’est les autres. »
      Dérive sectaire, très ancienne, des anti-nucléaires qui s’auto-proclament écologistes : à tord.

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