Michel Kelly-Gagnon : “C’est avec la culture que l’on gagne les combats”

Entretien avec Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’Institut économique de Montréal.

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Michel Kelly-Gagnon : “C’est avec la culture que l’on gagne les combats”

Publié le 29 juin 2022
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Le monde francophone compte plusieurs centres de réflexions libéraux. L’un des principaux est l’Institut économique de Montréal, situé au Québec. Il est dirigé par Michel Kelly-Gagnon que nous avons l’honneur d’interviewer. Michel fut l’un des cofondateurs des Amis de la Liberté au milieu des années 1990 et a contribué à la relance de l’IEDM à partir de 1997, notamment grâce à ses talents de leveur de fonds. Après avoir dirigé l’IEDM de 1999 à 2006, il a été président du Conseil du patronat du Québec de mars 2006 à décembre 2008. Au début de sa carrière, il a pratiqué le droit pour ensuite devenir entrepreneur dans le domaine de la formation sur mesure en entreprise. Il a été membre du comité exécutif du conseil d’administration de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) de 2006 à 2009. Il a été l’un des six Québécois honorés par le palmarès 2008 des 40 Canadiens performants de moins de 40 ans™. Les lauréats ont été choisis parmi plus de 1100 personnes nominées.

Au fil des ans, M. Kelly-Gagnon a siégé à plusieurs conseils d’administration, dont celui de la Fondation canadienne pour l’innovation, qui verse chaque année plusieurs centaines de millions de dollars afin de financer l’infrastructure de recherche scientifique au Canada. Il est également senior fellow de l’Atlas Network et membre du conseil d’administration de la Fondation John Dobson, qui vise à parfaire l’éducation du public à la libre entreprise et aux activités entrepreneuriales.

Cet entretien a été réalisé par Alexandre Massaux.

 

Alexandre Massaux : Comment es-tu devenu libéral ?

Michel Kelly-Gagnon : D’une certaine façon, je dirais que j’ai “découvert” que j’étais libéral vers l’âge de 19 ou 20 ans en lisant divers ouvrages, dont ceux de Pierre Lemieux et Frédéric Bastiat. Je veux dire par là que mon cheminement intellectuel initié au début des années 1990, et qui s’est poursuivi par la suite sur plus de trois décennies, m’a permis de mettre des mots et d’attribuer des concepts à des instincts et sentiments que j’ai par ailleurs ressentis depuis mon tout jeune âge, mais qui étaient confus ou purement intuitifs. En d’autres termes, je crois bien que je suis né libéral, en tout cas en termes d’inclinaisons naturelles. Peut-être suis-je porteur de ce que mon ami Alphonse Crespo appelle le “gène de la liberté” ?

 

Y a-t-il eu des éléments de ta vie qui t’ont poussé à t’intéresser à la liberté et à y consacrer ta carrière ?

Il n’y a pas nécessairement eu un grand événement choc ou cristallisateur, mais plutôt une série d’opportunités et de coïncidences qui se sont présentées à moi au fil du temps et qui, combinées à ma profonde passion pour la liberté, m’ont amené à prendre ce chemin. Mais il n’est pas impossible que je sois actuellement devant une croisée des chemins à cet égard. Quoi qu’il en soit, qui vivra, verra.

 

Tu diriges l’Institut économique de Montréal, le principal think tank économique libéral du Québec et l’un des principaux au Canada. Quel est pour toi la plus grande réussite de l’Institut sous ta direction ? Quels sont les projets futurs de l’Institut ?

Si l’on regarde les choses à travers le prisme d’un continuum, et non seulement en se focalisant sur une année en particulier, je dirais que la principale réalisation est d’avoir fait de l’IEDM une institution stable et financièrement solide qui s’inscrit dans la durée et dont le rayonnement médiatique et sociétal est incomparable à quoi que ce soit de semblable pouvant exister au Canada francophone ou même dans la francophonie en général.

Quant aux principaux projets futurs de l’IEDM, il appartiendra au conseil d’administration de les établir. Mais personnellement je suis de plus en plus d’avis que notre mouvement ne connaîtra pas un succès large ou durable s’il ne fait pas bien davantage sa marque dans le domaine des arts et de la culture, par rapport à ce qui est actuellement le cas. Antonio Gramsci avait probablement raison, c’est surtout par le biais de la culture que l’on peut ultimement gagner les combats politiques et idéologiques.

Mon petit roman illustré Base Type Null constitue ma modeste contribution à cette vaste mais nécessaire entreprise. J’ai par ailleurs déjà une idée assez précise pour une suite à celui-ci dont l’action commencerait à peu près immédiatement après la fin du premier tome. Je crois bien qu’il sera intitulé Le code Da Gionvanni. À suivre…

Quelle est ta principale crainte et ton principal espoir pour l’avenir de la liberté en Occident et dans le monde ?

Les « ennemis de la Société Ouverte », pour reprendre l’expression consacrée par Karl Popper, ont toujours été présents, mais il me semble qu’ils se sont ragaillardis au cours des 10 à 15 dernières années.

Je ne vais pas tenter ici de recenser les causes de ce phénomène et encore moins de les analyser, mais il m’apparaît clair que lorsque les individus ne sont plus appréciés en fonction de leurs caractéristiques individuelles mais plutôt en lien avec un groupe ou la tribu auxquels ils sont supposés appartenir (noirs, homosexuels, musulmans ou que sais-je encore) les pires dérives illibérales deviennent alors nettement plus probables.

Côté espoir, il me semble que de plus en plus de mes concitoyens sont sensibilisés à l’importance de la liberté individuelle depuis les mesures liberticides mises en œuvre par la plupart des États pendant la pandémie. Nous sommes encore clairement minoritaires au Québec, mais notre nombre a quand même indubitablement augmenté au cours des 18 à 24 derniers mois.

 

Base Type Null de Michel Kelly-Gagnon est disponible sur Amazon en version brochée ici.

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  • «  lorsque les individus ne sont plus appréciés en fonction de leurs caractéristiques individuelles mais plutôt en lien avec un groupe ou la tribu auxquels ils sont supposés appartenir (noirs, homosexuels, musulmans ou que sais-je encore) les pires dérives illibérales deviennent alors nettement plus probables »
    Tout le monde est d’accord, j’espère.

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