Législatives 2022 : trois leçons sur la défaite du camp Macron

Les résultats du second tour des législatives marquent la défaite d’Ensemble!, le camp du président, qui échoue à avoir la majorité absolue de 289 sièges. Dans le même temps, la NUPES et le Rassemblement national (RN) deviennent des forces majeures à l’Assemblée.

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macron_president_louvre by French Embassy in the U.S(CC BY-NC 2.0)

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Législatives 2022 : trois leçons sur la défaite du camp Macron

Publié le 20 juin 2022
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Les résultats du second tour des législatives marquent la défaite d’Ensemble, le camp du président, qui échoue à avoir la majorité absolue de 289 sièges. Dans le même temps, la NUPES et le Rassemblement national (RN) deviennent des forces majeures à l’Assemblée. Le tout avec une abstention record de 54 %.

C’est une véritable recomposition politique qui s’opère pour la première fois au sein de la Cinquième République et qui va avoir des conséquences importantes. Voici trois enseignements à retenir de ces résultats.

 

Le Rassemblement national sous-évalué et Ensemble! surévalué par les sondages

L’une des surprises de ces élections est le résultat du RN avec 89 sièges. La campagne des législatives a été dominée par la NUPES et Ensemble! Pourtant, les scores sont en deçà des prévisions données par les sondages : 142 pour la NUPES et 247 pour la majorité présidentielle. En effet, les sondages voyaient la coalition de gauche autour de 180 sièges (et pouvant monter jusqu’à plus de 200) et Ensemble! autour de 280 sièges. Les prévisions hautes pour le RN le mettaient à 50-60 sièges maximum.

De plus, si la NUPES est la principale force d’opposition, le RN est le premier parti d’opposition. Si la NUPES explose, le parti nationaliste gagnerait en poids dans l’Assemblée. De plus, le RN peut désormais se constituer un groupe parlementaire avec les avantages politiques et financiers liés à ceux-ci. L’accès à différentes instances de l’Assemblée pourrait même leur revenir comme la commission des finances.

Cette sous-estimation du RN montre que certaines tendances échappent encore aux sondeurs.

 

Un gouvernement minoritaire qui va devoir composer avec les autres forces en présence

Faute de majorité absolue avec son propre parti, le gouvernement devra faire des alliances et composer avec les députés de l’opposition pour faire passer des mesures. Ce genre de situation est habituelle et ancrée dans les traditions parlementaires de nos voisins comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne voire la Belgique. Le système de coalitions permet un meilleur fonctionnement et échange des idées démocratiques.

Néanmoins la France n’est pas habituée à ce fonctionnement : la Cinquième République a toujours fonctionné avec un parti dominant l’Assemblée. Quant à la Quatrième République qui était un vrai régime parlementaire, elle était marquée par une instabilité gouvernementale.

Dès lors, tout dépendra de la capacité du camp Macron à faire des alliances et à négocier. Toutefois, le ton donné lors du premier mandat laisse à penser que la tolérance de LREM vis-à-vis d’autres forces politiques n’est guère importante comme le montrent les débats houleux sur le pass vaccinal.

Le fait que la dissolution de l’Assemblée soit déjà évoquée par des proches du président démontre leur manque de volonté de négocier.

 

La fin du système Macron

Le score médiocre d’Ensemble! aux législatives combiné à la montée de la gauche et de la droite radicales montre l’essoufflement du système Macron. À bien des égards, la Macronie a fait sauter les digues contre la France Insoumise et le Rassemblement national en contribuant à détruire les partis de gouvernement au niveau national qu’étaient le Parti socialiste et Les Républicains (qui arrivent toutefois à conserver une existence à l’Assemblée).

Déjà aux régionales, la majorité présidentielle a été largement dépassée par la gauche et la droite classique. Mais au niveau national, la lassitude d’Emmanuel Macron et de son camp conduit à un vote plus contestataire et à l’abstention.

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Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • La majorité absolue c’est 51%. Dans l’Hémicycle elle est à 295.
    Aucun des partis n’est majoritaire et aucun des proclamés élus ne devrait pouvoir franchir le seuil de l’A.N. je voudrais bien avoir le nom d’un seul qui a obtenu 51% des voix des inscrits de la circonscription dont il brigue la représentation.

    -3
    • Il est évident qu’ il s’ agit d’ une défaite pour tous, mais surtout….Borne plaine!

    • La majorité absolue c’est le plus petit entier supérieur à la moitié de l’effectif.
      Dans l’hémicycle de 577 députés c’est donc bien 289.

  • La parti présidentiel a obtenu au second tour 38,6 %x 46,23 % = 17,8 % des inscrits
    Et avec çà ils ont 245 députés + un président omnipotent qui décide de tout
    Après 60 ans de V ème république qui nous a menés où nous en sommes ( crise politique, crise économique, crise énergétique, crise internationale) il serait d’instaurer un régime démocratique , avec de vrais débats pour éclairer les enjeux. C’est çà qui en fait est en question avec ces résultats calamiteux.

  • Le vote obligatoire est difficile à envisager, même grâce à une technologie électronique infaillible.
    De plus, il faudrait institutionnaliser le vote blanc, qui signifierait… toutes vos options m’emmerdent ; car l’absence de vote ne signifie rien. Or, actuellement, l’abstention remplace le vote blanc.

  • Les commentaires sont fermés.

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