Avec la NUPES, la nouvelle réforme de l’ortaugraf et des matts

Les erreurs d’orthographe et de calcul dans les tweets de la NUPES montrent le ton.

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Mélenchon Bastille by Blandine Le Cain(CC BY 2.0)

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Avec la NUPES, la nouvelle réforme de l’ortaugraf et des matts

Publié le 9 juin 2022
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On peut en rire, mais on doit aussi s’en inquiéter : bêtise ou volonté délibérée de tromper ? Peut-être les deux. Mais aucune de ces hypothèses n’est charitable.

Twitter ne pardonne pas. Pas grand-chose ne lui échappe.

Quelqu’un a repéré un visuel d’un candidat de la NUPES, tendance écolo. Quatre fautes sur deux lignes et une douzaine de mots. Cela reste plaisant et sans conséquence autre que de plonger notre personnel politique – et, partant, notre démocratie – encore davantage dans le discrédit.

 

Plus inquiétant est cet autre visuel qui a émané des instances dirigeantes de la France Insoumise. Il a été publié en juin 2018 par un personnage qui se présentait alors comme membre du pôle numérique de LFI, et vient de refaire surface. On prétend y faire le point sur les prestations sociales (whatever that means).

 

Les drôles de calculs de la France Insoumise

 

Pour le calcul de l’augmentation du PIB, on a fait : 2300/511*100 = +450 %, alors que la formule correcte est : (2300-511)/511*100 = 350 %.

Curieusement, la deuxième ligne est à peu près juste : si l’on prend les chiffres de la population avec une décimale, le résultat est 21,3 %, et non 21,5 %.

Observons cependant que si l’auteur avait commis la même erreur que pour la première ligne, l’augmentation aurait été affichée (selon ses chiffres) à 121,5 %. L’erreur aurait été trop visible, alors qu’elle passe pour la première ligne. D’où la question : l’erreur de la première ligne est-elle volontaire pour grossir le prétendu scandale ?

Cette coalition politique aspirant à gouverner, nous pouvons donc déjà nous inquiéter. Et il y a bien sûr tous les autres problèmes.

Mais il nous faudra sans doute une bonne dose d’anxiolytiques au vu de la troisième ligne.

Tenons pour acquis que la part des prestations sociales est bien passée de 24,7 % en 1981 à 33,8 % du PIB en 2018.

Permettons-nous une incidente : cette augmentation en proportion est-elle le reflet d’un État social plus généreux – et disposant des moyens nécessaires – ou d’une détérioration de la situation économique de la population imposant une augmentation des aides ?

Retour aux génies de la NUPES : aux arrondis près, 33,8 % – 24,7 % = +9,0 % !

En réalité, en 1980, les prestations sociales représentaient en chiffres arrondis : 511*24,7/100 = 126 milliards d’euros.

En 2018, ce furent : 2300*33,8/100 = 777 milliards d’euros.

D’où une augmentation de (777-126)/126*100 = … Êtes-vous prêts ?

Vraiment prêts ?

516 %

Et nos génies concluent :

Les prestations sociales ont largement baissé en rapport avec la population et sa production de richesses.

Rapportées à la population, les prestations sociales représentaient 2300 euros/habitant en 1981 et 11600 euros en 2018… une augmentation de 408 %.

En juin 2018, les décodeurs du Monde s’étaient empressés de produire un article et de railler l’auteur du visuel et du tweet, qu’il a fini par retirer au bout de 12 heures.

Twitter ne pardonne pas… et il y a les archives… Nous avons trouvé cet échange qui ne manque pas de sel.

 

(Source)

Il faut donc croire qu’un dirigeant de LFI devrait être absous si l’erreur relève d’une « subtilité » qui n’est pas au programme du collège, mais du lycée (et encore…), voire de prépa. Le niveau collège – sans bon sens supplémentaire – serait donc suffisant pour diriger la France.

Notons encore que l’auteur du visuel se décrivait sur Twitter comme ingénieur R&D…

Voir les commentaires (9)

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Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Devant un tel constat accompagné des sondages actuels, on se met soudain à douter de la démocratie représentative …

  • Vu le niveau de maths actuel , surtout chez les jeunes , ils ont en effet un boulevard devant eux pour raconter des carabistouilles . Le temps où les profs martelaient : les pourcentages ne s’additionnent ni ne se soustraient avec bien sûr démonstration à la clé est bel et bien révolu. D’autant plus révolu que nos jeunes peinent de nos jours à comprendre ce que signifient des opérations simples , alors les pourcentages , pensez donc ….

  • Il n’y a qu’à voir aussi les médias avec leurs sondages sur les législatives… Ils utilisent les mêmes procédés que pour les présidentiels, en paniquant quand ils voient que NUPES peut potentiellement dépasser R (Renaissance ?) nombre de voix, et donc être majoritaire à l’assemblée… Alors que tout se passe au niveau circonscription. Si tous les militants sont réunis dans 1 seule circonscription, ça ne fera pas plus d’un député à l’assemblée.
    Et pas un journaliste pour faire une remarque sur le process d’information.
    Lamentable, CPEF.

  • Les calculs de pourcentages…à mon époque on apprenait ça en CE2. Je savais que l’éducation était à la ramasse mais je ne pensais pas que cela avait atteint ces niveaux abyssaux.

    • Toute la question est de savoir quand et comment les utiliser. Sinon, les pourcentages, c’est simple, c’est comme ‰ mais ça vous fait un zéro en moins. Il paraît que c’est appréciable, dans les test PISA, un zéro en moins.

      • On a plus le droit de mettre en dessous de 10 dans certaines écoles aux US, car c’est « offensant » ! 😀

        • Mais il me semble qu’aux US, on note sur 100. Alors 10, ça ne fait guère que 2/20 (qu’est-ce que je suis bon en calcul !).

  • Ah oui quand même….!!😳

  • Woa. Les prestations sociales sont passées de 24 à 34% du PIB mais ils ont baissé par rapport à la production de richesse. Voilà messieurs ce qui attend la France si l’extrême gauche passe. Remarquez qu’ils sont déjà majoritaire dans l’éducation nationale et on voit le résultat (PISA)…

  • Les commentaires sont fermés.

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