États-Unis : le parti libertarien vire à droite

Angela McArdle, portée par le Libertarian Party Mises Caucus devient présidente du parti libertarien des États-Unis, opérant un retour à l’esprit de la « Ron Paul Revolution ».

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États-Unis : le parti libertarien vire à droite

Publié le 1 juin 2022
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Back to the Ron Paul Revolution ! La convention nationale du parti libertarien américain qui se tenait samedi à Reno (Nevada) a désigné sa nouvelle présidente, Angela McArdle, elle-même portée par l’aile droite du parti, le Libertarian Party Mises Caucus. Sa victoire est sans appel : elle bat ses adversaires dès le premier tour, avec 692 votes et 69 % des votes des délégués nationaux du parti.

L’élection va-t-elle pour autant mettre un point final à la guerre culturelle intestine qui traverse le troisième parti des États-Unis ? Les défenseurs les plus radicaux de la liberté individuelle vont-ils réussir à faire taire leurs différences pour se rassembler ? Pas si sûr. Déjà les critiques pleuvent contre la « droitisation » du parti, voire sa dérive vers l’extrême droite nationaliste et racialiste.

 

Revirement paléolibertarien

Le Mises Caucus qui a porté Angela McArdle au pouvoir a été fondé en 2017 par Michael Heise en opposition aux factions jugées trop modérées et trop acquises au politiquement correct incarnées par Nicholas Sarwark et Gary Johnson.

Pour ses partisans, le parti libertarien doit opérer un retour aux sources et s’inspirer des campagnes du sénateur Ron Paul de 2008 et de 2012. Pour beaucoup de militants, le nom de Ron Paul reste associé au « moment libertarien » de la fin de l’ère Obama, où le mouvement bénéficiait d’une audience totalement inédite. Surfant à la fois sur l’optimisme économique général et se posant comme un rempart radical contre un État à la fois expansionniste et guerrier, il caressait l’ambition de sortir de la marginalité politique une fois pour toutes.

La ligne politique du Mises Caucus se veut dans le sillage strict du Mises Institute, le think tank fondé par le « paléolibertarien » Lew Rockwell, et qui n’a de cesse depuis sa création de promouvoir les idées de Ludwig von Mises, Murray Rothbard ou encore Friedrich Hayek. Pacifiste et isolationniste, pro-marché et contre les confinements, le Mises Caucus est cependant accusé par ses ennemis de faire le lit de l’extrême droite la plus radicale. C’est que l’objectif premier des militants du Mises Caucus est de bouter le  wokisme hors du parti. De manière plus controversée encore, ils veulent à la fois éliminer toute référence à l’avortement et à la condamnation du fanatisme afin d’élargir l’audience libertarienne.

 

Deux stratégies « grande tente » inconciliables

La manière d’élargir l’audience du libertarianisme sépare radicalement les amis des ennemis du Mises Caucus et renvoie à une fracture culturelle plus profonde entre libertariens.

D’un côté, le MC baigne dans la culture paléo et estime que c’est à droite que l’ouverture se fera. Selon l’organisation d’extrême gauche Southern Poverty Law center, la stratégie du Mises Caucus vise à drainer les déçus du trumpisme et signe leur proximité avec les hard liners de l’ancien président, quitte à en emprunter leur populisme et leur xénophobie.

De l’autre côté, les ennemis du Mises Caucus rassemblent les factions qui ont cherché à notabiliser le parti en le dissociant du folkore de la old right. Pour eux, c’est le caractère droitier des fans du Mises Institute qui empêche l’élargissement de l’audience du parti, qui devrait se faire au centre et à gauche. La victoire du MC signifie pour eux la mort définitive du parti et des idées libertariennes aux USA.

La guerre culturelle entre les deux factions a été intense ces dernières années, jusqu’à l’explosion du parti libertarien du New Hamphire en juin 2021 suite à sa reprise par des militants du Mises Caucus.

Interrogés par le journal Reason, Michael Heise et Joshua Smith du Mises Caucus ont réfuté les accusations de racisme. Pour eux, le parti libertarien doit s’adresser aux jeunes qui apprécient les podcasts avant-gardiste et l’humour décalé, à l’image de celui de l’humoriste et podcasteur libertarien Dave Smith, lui aussi figure importante du Caucus.

 

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  • On retrouve apparemment à l’intérieur du mouvement libertarien la même crispation que dans la politique générale, la gauche (celle des libertariens ou du spectre politique global) accuse la partie droite de fascisme, xénophobie, nationalisme, etc, on a entendu du « Trump worst than Hitler ? » si, si.
    C’est un schéma ultra-classique et même si probablement la droite (du partie libertarien, ou de la droite classique) s’est plus ou moins droitisée (en réaction à mon avis à l’extrême gauchisation de la gauche, il suffit de voir ce que disaient l’ensemble des leaders démocrates sur l’immigration illégale ne serait-ce que 10 à 15 ans auparavant).
    C’est étonnant de voir des libertariens reprendre la même rhétorique et cela pourrait faire penser qu’il faut plus l’analyser comme un phénomène purement psychologique, un genre de « virtue signaling » universel inconscient de type Jungien, mais je ne suis pas un spécialiste…

  • Accuser les nouveaux dirigeants du parti libertarien américain de « faire le lit de l’extrême droite » est une imposture. L’extrême droite, comme l’extrême gauche, c’est la recherche de la prise du pouvoir par n’importe quel moyen, y compris la force et la terreur, qui deviendront les moyens de s’y maintenir une fois conquis. Seuls défenseurs cohérents de la liberté, ces nouveaux dirigeants du parti, anti Etat, anti guerre, pro paix et pro marché libre en sont tout le contraire. Ces accusations ne sont que l’expression de la mauvaise foi qui caractérise les bien pensants. Rappelons tout de même que ces bien pensants du parti ne se sont même pas opposés aux confinements et à toutes les mesures liberticides imposées par la force à une bonne partie du peuple américain. Or la libre disposition de son corps est bien la première de toutes les libertés.

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