Idée reçue : les pays scandinaves sont la preuve que le socialisme fonctionne

Les pays scandinaves sont en réalité bien plus libéraux que nos politiciens veulent nous le faire croire.

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Stockholm Suède CC flickr Let Ideas Compete

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Idée reçue : les pays scandinaves sont la preuve que le socialisme fonctionne

Publié le 28 mai 2022
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Nous entendons régulièrement des politiciens prendre en exemple les pays scandinaves pour justifier le matraquage fiscal qu’ils imposent aux citoyens français : « Regardez le niveau d’imposition en Suède ou au Danemark, et pourtant ils font partie des pays où les gens sont les plus heureux. »

CQFD : davantage d’impôts rend les gens plus heureux. Cette conclusion hâtive ne tient cependant pas compte du fait que les pays scandinaves sont en réalité bien plus libéraux que nos politiciens veulent nous le faire croire. En effet, leurs économies privilégient grandement le marché à la bureaucratie dans leurs fonctionnements.

 

L’exemple suédois

Il est intéressant de rappeler que certains pays scandinaves n’ont pas toujours été des pays socialistes.

La Suède a par exemple connu une histoire assez extraordinaire.

Avant 1850, le pays se résumait globalement à de grandes étendues de toundra peuplées de paysans. Durant le siècle qui va suivre, elle va s’ouvrir au monde grâce à une politique de libre-échange volontariste. Alors que de nombreux pays faisaient le choix de mettre en place des États-providence, la Suède privilégie le marché et la liberté individuelle. Ces choix lui permettent de devenir en 1950 la quatrième économie mondiale et d’afficher une liste impressionnante d’inventeurs et de société de premier ordre mondial : Alfred Nobel (dynamite), Baltzar von Platen (réfrigérateur), les constructeurs automobiles Volvo, Saab, l’entreprise Ericsson

Cependant, l’influence de l’aile gauche des sociaux-démocrates désireux de mettre en place un État-providence en Suède s’est renforcée à partir de 1950. En 1969, Olof Palme, fraîchement élu, va rompre avec l’histoire et la tradition suédoise : augmentation des taxes et impôts, vote des réglementations dans tous les sens.

L’arrivée au pouvoir des libéraux en 1976 ne change rien à l’orientation de la politique engagée sous Palme. À son retour au pouvoir en 1982, il poursuit l’œuvre qu’il avait engagée en 1969 à grands renforts de dévaluation et d’inflation. La déréglementation de l’offre de crédit effectuée dans un contexte de taux d’intérêt corrigés de l’inflation quasiment nuls, provoque une gigantesque bulle de crédit.

Autrement dit, au milieu des années 1980, la situation de la Suède est beaucoup moins réjouissante : l’inflation atteint 10 %, le PIB chute de plus de 25 % en trois ans au début des années 1980, le pays est sorti du top 10 des pays les plus riches de la planète…

À la suite de l’assassinat d’Olof Palme en 1986, Ingvar Carlsson va se montrer bien plus pragmatique que ses prédécesseurs et revenir aux fondamentaux qui avaient assuré la réussite de la Suède : moins de réglementations, plus de liberté. Alors que la fin des années 1980 est marquée par une forte reprise économique, une gestion désastreuse de la politique de changes et un contexte international tendu à la suite de la guerre du Golfe poussent la Suède au bord du précipice au début des années 1990.

Le gouvernement est obligé de privatiser un certain nombre de secteurs (compagnies aériennes, télécoms) et de dévaluer la krona. Ces réformes permettront à la Suède d’éviter le pire mais elle ne connaîtra plus jamais les niveaux de croissance qui étaient les siens avant 1970.

Il n’est donc pas surprenant de retrouver aujourd’hui des signes de ces deux phases libérale et socialiste dans le fonctionnement du pays. Le taux d’imposition sur le revenu est très élevé et les mécanismes de redistribution nombreux. Néanmoins de nombreux pans du fonctionnement de l’État suivent des mécanismes de marché.

Le marché de l’électricité est par exemple totalement libre : vous pouvez acheter votre électricité auprès de qui vous le souhaitez, même à l’étranger. Idem pour les transports : point de RATP qui opère des trains à Stockholm mais un Storstockholms Lokaltrafik, organisme public qui ne fait que gérer des contrats de sous-traitance. Le métro est d’ailleurs régi par une firme hong-kongaise, MTR.

L’école n’est pas gérée par un mammouth version rue de Grenelle. Les parents reçoivent des chèques éducation leur permettant de choisir l’école qui convient le mieux à leurs enfants, qu’elle soit publique ou privée. Les ministères centraux sont réduits au minimum pour laisser libre cours à l’initiative locale.

Si nous nous attardons sur des considérations plus économiques, la Suède a cependant un niveau de prélèvement très élevé, concentrés sur les revenus des individus et non des entreprises. Le taux d’imposition sur les sociétés dans les pays scandinaves se situe d’ailleurs autour de 25 % soit près de 8 % de moins que chez nous.

Par ailleurs, le fonctionnement de l’assurance chômage est bien différent de celui de notre beau pays. Loin d’être géré par la mafia des syndicats, les Suédois sont obligés de souscrire à un organisme d’assurance mais ont le choix entre plus de 30 organismes privés en concurrence afin d’offrir les meilleurs services.

 

Les pays scandinaves

Ils sont également plutôt pro-business, en témoigne leur classement Doing Business établi par la Banque Mondiale :

  • Danemark troisième,
  • Norvège neuvième,
  • Suède dixième.

 

À titre de comparaison, la France se classe… 31ème.

En regardant dans le détail, nous sommes donc bien loin du paradis socialiste que l’on nous vend en France.

Ces pays sont bien plus libéraux que le Royaume-Uni ou le Canada  présentés volontiers comme des enfers ultra-libéraux. La présence de très nombreux mécanismes de marché dans leur fonctionnement en est le témoin.

Il faut enfin souligner que la Suède n’a jamais retrouvé les niveaux de prospérité qui avaient été les siens lorsqu’elle était un pays pleinement libéral. Le nombre de créations nettes d’emplois dans le secteur privé a été quasi-nulle depuis 1970. Son taux de chômage relativement faible tient compte pour partie de départs à la retraite anticipés et de nombreuses personnes vivant de la redistribution opérée par l’État.

Ainsi, choisir de s’inspirer du modèle scandinave pourrait constituer une bonne première étape pour la France mais je ne pense pas que nos politiciens aient en tête la mise en place de mécanismes de marché lorsqu’ils évoquent les pays scandinaves.

Les principes socialistes ayant montré leur échec dans ces pays, il serait d’ailleurs inutile de s’en inspirer. Ne gardons que le meilleur de ces pays : davantage de liberté !

Article initialement paru le 25 mars 2018.

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  • Avec 40 à 50% de dépense publique, effectivement on peut regarder le verre à moitié plein ou à moitié vide.
    Ces états ont une cohésion sociale et nationale forte qui permet l’acceptation d’une redistribution et des services publics forts, mais pas centralisés ni rigides pour autant.

  • Nos politiciens ne savent faire qu’une chose bien: MENTIR.
    Ce pays est foutu!

  • Les pays scandinaves sont socialistes depuis aussi longtemps que la France mais à la différence que leur organisation administrative est beaucoup plus décentralisée. De ce fait le socialisme est beaucoup moins prononcé puisque les choix politiques sont éclatés sur des échelons inférieurs. En France, pays hautement centralisé avec un président au pouvoir fort, l’étatisme n’a aucune difficulté à se développer.
    En plus des conséquences que l’on connaît, le pire est que le pays ne se réforme pas.

    • Non, le mot ‘socialisme’ a un sens, il signifie un régime où les moyens de production ont été collectivisés, il s’oppose au capitalisme qui est défini par la propriété privée des moyens de production. La Suède est un pays capitaliste, il n’y a pas de secteur public productif, toutes les entreprises est les terres sont privées, mais avec une forte redistribution fiscale (après le marché) et un Etat-providence universel. La France est aussi un pays capitaliste, mais avec un étatisme envahissant, bien moins libérale aussi que les pays scandinaves (politique industrielle inefficace, interventions publiques permanentes, centralisation poussée, administration inefficace, etc.). En général les pays scandinaves sont plus libéraux pour trois raisons : 1) ils n’ont jamais eu de secteur public productif (pas de nationalisations comme la France en a connues), 2) pas de planification ni de politique industrielle, 3) libre-échange depuis toujours.

      • Oui d’accord sur ces précisions cependant je considère que ce moindre libéralisme est en grande partie la conséquence de la différence de l’organisation administrative donc politique. Autrement dit la structure administrative française convient naturellement mieux au socialisme.

  • La Suède 4ème économie mondiale en 1950, avec 7 millions d’habitants ? Je ne crois pas.

  • Une légende. Depuis qu’ils ont entrouvert leurs portes, la xénophobie est revenue au triple galop.

  • La liberté conduit à la prospérité. Mais quel gouvernement se soucie de la prospérité?

  • Le système socialiste en France va aussi péricliter et disparaître quand il aura dépensé tout notre argent

  • C’est un peu hors sujet, mais je souhaite faire remarquer que l’europe et la France ont eu à affronter deux guerres mondiales génératrices de dettes colossales.

    Ainsi la première a fait monter la dette à 200% du PIB et a généré l’abandon de la parité franc/or. D’importants efforts ont permis de la faire redescendre à 110% en 1939…
    La deuxième guerre mondiale a refait remonter la dette à 160% et la croissance post-guerre et le travail intense de tous les français (horaires de travail hebdomadaires allant facilement jusqu’à plus de 60 heures) a permis de descendre à 30% à la fin des années « 50 ».

    Le poids de la dette, de nos jours comme avant, limite les capacités financières à faire du social impunément !
    Ce qui ne veux pas dire que le socialisme n’est pas nocif , tant s’en faut.

    • La Scandinavie a été aussi « un peu » touchée par la seconde guerre mondiale… Et la guerre froide. On pourrait même penser « plus que la France ».
      Mais oui, la dette c’est pas bon quand c’est mal géré (la plupart des entreprises ont et maintiennent une dette dans les 40 à 50% de leur valeur totale et s’en servent de façon à booster leur rentabilité). Le problème principal de nos pays c’est que non seulement nous avons accumulé une dette énorme mais que nous nous endettons pour le service de la dette et nous nous endettons encore pour des « redistributions » (trans générationnelles : les adultes d’aujourd’hui décident de politiques qui augmentent la dette, donc les taxes des enfants qui seront les adultes de demain… ou ceux d’après demain).
      Finalement le problème du social (financé par la dette ou autre) c’est que ce n’est quasiment jamais « rentable » : donnez du poisson à un pauvre, il mangera mais n’apprendra pas à subvenir à ses besoins et aura du ressentiment contre le donneur de poissons…

  • La sociale démocratie n’est pas le collectivisme à la française qui permettait d’affirmer que la France avait un régime soviétique réussi!

  • Mais ils n’ont pas eu Mitterrand. C’est pour ça que rien ne marche dans ces pays socialistes nordiques. Une bonne nationalisation, y a que ça de vrai.
    Et un mammouth qui forme des esprits bien pensants et rationnels à la S. Rousseau : ça ne peut que leur manquer.
    Comment voulez-vous qu’ils s’en sortent ?

  • « Nous entendons régulièrement des politiciens prendre en exemple les pays scandinaves pour justifier le matraquage fiscal qu’ils imposent aux citoyens français : « Regardez le niveau d’imposition en Suède ou au Danemark, et pourtant ils font partie des pays où les gens sont les plus heureux. »

    CQFD : davantage d’impôts rend les gens plus heureux. Cette conclusion hâtive ne tient cependant pas compte du fait que les pays scandinaves sont en réalité bien plus libéraux que nos politiciens veulent nous le faire croire. En effet, leurs économies privilégient grandement le marché à la bureaucratie dans leurs fonctionnements »

    Cela prouve au moins une chose : un niveau d’impôt élevé n’a qu’un rapport très lointain avec le « socialisme ». De même, un pays à l’imposition basse n’est pas nécessairement libéral…

    • Nous sommes d’accord, mais toutes choses étant égales par ailleurs, un pays avec 2 fois plus d’impôts est plus collectiviste/socialiste/étatiste.
      PS La comparaison entre les législations peut être trompeuse, car un pays peut avoir plus de lois liberticides qu’un autre mais ces dites lois peuvent ne pas être appliquées, ce qui est le cas des pays du sud par rapport aux pays protestants du nord.
      Au final moins de lois, mais elles sont suivies rigoureusement par les populations protestantes tandis que les populations méditerranéennes ‘s’arrangent’ avec les lois.

  • Notons qu’il n’y a pas à proprement parler de statut de fonctionnaire en Suède : https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/IMG/Suede_.pdf . Une différence de taille, une différence qui leur a permis de se réformer et d’éviter la guerre civile que nous aurons peut être . Mais quel candidat parlerait en France de supprimer ce statut inique ? personne , attention vache sacrée .

  • Les élus nordiques se réclament-ils du socialisme ?

  • En réalité, nous souffrons du gaucho-libéralisme.
    Notre pays et nos entreprises sont ouverts aux 4 vents,
    des pans entiers de notre industrie sont cannibalisés par
    les américains, les chinois ou les allemands.
    Résultat : Nos entreprises ferment et licencient et pour contrer
    ces problèmes, nous augmentons le social et les impôts.
    Nous avons réussi en France en quelques décennies à cumuler les inconvénients du système américain avec ceux de l’ex URSS.
    Consternant.

    • J’ai vu vos notes négatives, j’attends vos arguments.

      • Votre description porte en elle les solutions, que comme tout le monde vous oubliez en préférant accuser les autres de bousiller notre superbe modèle que le monde devrait nous envier.
        N’accusons pas les Chinois, Américains ou Allemands, imitons-les ! Nos entreprises n’auront plus besoin de fermer et de donner un prétexte à des politiciens impatients d’augmenter le social et les impôts. Et, prétextes ou pas, virons les politiciens qui se livrent à ces pratiques.

        • Imitons les chinois mais pas trop quand même, même sur les aspects business.
          Arrêtons plutôt d’assommer de contraintes et de taxes ce type bien particulier d’être humain prêt à miser ses économies, son futur et son temps et qui consacrer son esprit à la création de la richesse ( terme honnis entre tous ) et à la recherche d’utilité pour ses semblables, avec absolument aucune garantie que cela portera des fruits. C’est un malade le gars !
          Alors le gars brillant fait fonctionnaire ou ouvrier ou cadre ( ou vrai fou ) lui qui voudrait bien prendre les risques inhérent au choix de vie d’entrepreneur, mais pas avec l’Etat sur le dos toute la sainte journée, je ne suis pas une traînée. Y’a que les entreprises du CAC 40 qui supportent ça, à croire que ça les protège de la concurrence 😈
          Plus vous aurez de contraintes, moins ces « fous », ces créateurs de richesse potentiels s’y risqueront. Et moins vous aurez de subventions publiques pour les aider plus vite le bon grain se séparera de l’ivraie.
          Ça serait déjà un bon début en France qu’on arrête de mépriser la réussite. Je ne sais pas comment. J’ai de l’admiration/fascination pour les créateurs ( je n’en suis pas un ) au delà des opinions politiques qu’ils peuvent avoir ou de la sympathie que j’ai pour eux. Je ne dis pas qu’il faut les aider, il faut leur laisser vendre leur service ou leur bidule sans les suspecter à chaque instant de vouloir nuire aux autres. Lorsque l’entrepreneur nuit effectivement à la propriété ou à la personnalité d’autrui, la taule, forcément, comme le vulgaire criminel qu’il serait…😁. Après, je crois pas que ça ressemble à la Chine mon « modèle »

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