Industrie : pourquoi Emmanuel Macron a un boulevard devant lui

Emmanuel Macron a devant lui un boulevard pour faire comprendre aux  Français qu’il est le mieux placé pour redresser l’économie du pays en le réindustrialisant.

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Emmanuel Macron by EU2017EE(CC BY 2.0)

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Industrie : pourquoi Emmanuel Macron a un boulevard devant lui

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 avril 2022
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Nous voici donc pour le second tour avec un duel Macron-Le Pen, un duel dont les instituts de sondage  nous avaient dit que les Français ne voulaient plus ! Et l’écart entre les deux candidats s’est très sensiblement resserré. Aussi, Emmanuel Macron s’est-il aussitôt précipité dans l’arène pour débattre avec les Français, et il a choisi d’aller en tout premier lieu croiser le fer avec les électeurs du bassin minier de Denain, un important fief ouvrier.

Les choix de Macron pour l’industrie

II a expliqué vouloir « aller au contact et convaincre » : « J’essaye de clarifier mon programme en montrant qu’il est juste et social, et c’est à moi de rassembler autour de cela ».

Lui, comme sa concurrente, vont chercher dans ces quinze derniers jours de campagne à puiser dans cette réserve électorale importante que constituent les partisans de Jean- Luc Mélenchon les voix qui leur sont nécessaires pour emporter la décision finale des électeurs.

Mais pour l’emporter le 24 avril prochain, Emmanuel Macron ne doit pas se tromper sur le chemin à emprunter. On le voit hésiter entre les réformes sur les retraites, le niveau des pensions, le pouvoir d’achat, l’orientation des jeunes, les discriminations, la lutte contre le séparatisme, les problèmes de sécurité…

Il ne doit pas se méprendre sur le thème qui le conduira à avoir pleinement l’assentiment de tous les Français.

Selon Alexis Brezet, directeur de la rédaction du journal Le Figaro, dans son éditorial du 11 avril :

« Puisque pour lui tout recommence, il doit reprendre les choses là où il les a laissées : au commencement ».

Effectivement, c’est bien ce qu’il doit faire. Le premier grand mécontentement qui s’est manifesté a été celui des Gilets jaunes, et l’on sait combien cette crise a agité le pays, on a même craint qu’elle puisse ébranler le régime.

Et il ne faut donc pas se méprendre sur les causes profondes de cette crise. Elle a été déclenchée par une simple taxe nouvelle sur les carburants, et aussitôt les commentateurs ont qualifié ces revendications de lutte pour le pouvoir d’achat. En braquant par trop les feux sur cette interprétation simpliste de ce qui a été nommé « la révolte des Gilets jaunes » on a manqué de voir qu’il s’agissait, avant tout, du problème de la grave désindustrialisation du pays.

En effet, les Gilets jaunes se sont plaints à la fois de leur difficulté à finir le mois et de la désertification du territoire : disparition des services publics dans les campagnes, raréfaction des emplois d’où la nécessité de recourir à sa voiture pour effectuer chaque jour de longs trajets pour se rendre à son lieu de travail, déserts médicaux, et finalement un sentiment d’abandon ressenti profondément par toutes ces personnes vivant dans les zones périurbaines. Tous ces symptômes sont bien ceux d’une désindustrialisation du pays : un très grand nombre d’usines ont fermé leurs portes et le secteur secondaire s’est trouvé complètement atrophié.

Comme on le sait, la France n’a pas cessé de se désindustrialiser depuis la fin des Trente glorieuses. Les effectifs industriels sont passés de 6,5 millions d’emplois en 1975 à 2,7 millions aujourd’hui. Le secteur industriel ne concourt donc plus à présent que pour 10 % à la formation du PIB, alors qu’il devrait s’agir au moins de 18 %. Les dirigeants du pays n’ont pas compris que cette grave désindustrialisation a eu pour conséquence d’appauvrir les Français ; appauvrissement qu’ils ont voulu combattre par des dépenses sociales de plus en plus importantes.

Ainsi, la France est-elle devenue le pays où en pourcentage du PIB, les dépenses sociales sont devenues les plus élevées de tous les pays de l’ OCDE, d’où chaque année des prélèvements obligatoires records et toujours insuffisants et un recours systématique à l’endettement. L’endettement extérieur français est ainsi extrêmement élevé : 116 % du PIB, alors que la moyenne de la zone euro se trouve à 90,7 %.

L’importance de la réindustrialisation

Emmanuel Macron a donc devant lui un boulevard pour expliquer aux Français qu’il est le mieux placé pour redresser l’économie du pays en le réindustrialisant. Il en résultera un retour aux grands équilibres : plus de chômage, une amélioration certaine du pouvoir d’achat et non pas une amélioration artificielle et passagère, une balance commerciale à nouveau à l’équilibre, et une sécurité de nos approvisionnements. Cette thèse de la nécessaire réindustrialistion du pays est devenue populaire avec la crise du Covid-19.

Nous sommes devenus beaucoup trop dépendants de l’étranger, et tous les Français s’en inquiètent.  Les jeunes générations majoritairement écologistes apprécieront particulièrement le fait qu’il ne sera plus nécessaire de faire venir du bout du monde les fruits et légumes dont nous avons quotidiennement besoin puisqu’ils militent pour des approvisionnements de proximité qui permettront de revaloriser la fonction de paysan et feront que des tankers géants n’auront plus à polluer l’atmosphère de la planète en traversant les océans.

Certes, Marine Le Pen est elle aussi sur ce thème, mais plutôt il y a quelques années. En effet, pour réindustrialiser le pays, elle proposait de sortir de l’Europe afin de protéger les industries françaises de la concurrence de la Chine et des pays de l’est. Son abandon récent du projet de sortie de l’Europe a en effet beaucoup affaibli sa crédibilité dans ce domaine.

Emmanuel Macron, dont on soupçonne  aisément qu’il a de plus grandes compétences, tant au plan économique que pour ce qui est des mécanismes de fonctionnement de l’Union européenne, pourrait expliquer aux Français comment il va procéder pour réindustrialiser notre pays.

L’affrontement d’Emmanuel Macron avec sa rivale le jour du débat télévisé sera déterminant pour ce vote crucial. Il aura la possibilité de montrer réellement sa supériorité, s’agissant d’un terrain où on le sait très supérieur à sa rivale. Il lui faut donc tout centrer sur le thème de la réindustrialisation du pays.

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Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • 1) Je n’ai pas vu beaucoup de réindustrialisation au cours des 5 dernières années. Pourquoi alors les 5 prochaines?
    2) Les causes de la désindustrialisation que l’on connait depuis 20 ans ont elles disparu ?
    4) la hausse énorme des prix de l’énergie et des matières premières en cours est elle un facteur favorable ?
    3) Est ce en instaurant un dividende salarié (article précédent) que l’on va y arriver ?

    • Avatar
      passmoilselmike
      15 avril 2022 at 9 h 25 min

      Je suis tout à fait d’accord avec vous. Cet article est fort interessant, merci à son auteur, toutefois, le postulat dans tous les esprits ou plutôt la solution au problème soulevé n’a absolument pas été mis en oeuvre, quoique le diagnostic soit assez clair pour un président. Ce qui me fait dire que ce président progressiste n’a aucune intention de réindustrialiser le pays. Pas plus que valoriser la propriété, pas plus que protéger la famille, ni même désendetter le pays ou contrôler son immigration. On a plus l’impression qu’il fédéralise la France, la place à un stade de petitesse, perdu au sein d’un occident qui à mon sens perds totalement les pédales. Si c’est ça le projet mondialiste, je ne vois pas tellement d’adhésion de masse, sauf à parler d’élites ou médias. Réindustrialiser est une antienne pourrions nous dire…

    • 1/ Il y a eu réindustrialisaton …
      2/ parce-qu’il y a eu réduction du chômage … la 1e fois depuis très lontemps et que Miterrand disait qu’on avait tout essayé sous-entendant qu’il n’y avait plus qu’à renoncer et payer … avec quoi ?
      3/
      4/

      -2
      • Vous auriez des données pour infirmer l’impression que la réduction du chômage se serait faite par des emplois dans les services sans la moindre qualification technique ?

  • Avatar
    Esprit critique
    15 avril 2022 at 8 h 57 min

    Ben Voyons ! Avec la vente des turbines alsthom et de quelques autres entrepises stratégiques, Macron a déja prouvé sa volonté de déconstruction de la Nation France.
    Si la France doit survivre ,ce ne pourra etre que sans Macron.

  • Où il est dit mais non démontré qu’Emmanuel Macron est supérieur, a de plus grands compétences. Expliquez moi alors pourquoi il n’a pas fait valoir cette supériorité au cours de son premier mandat, la situation de l’industrie française lui était inconnue? Vos propos sont plus ceux d’un militant que d’un observateur. Le quinquennat achevé d’Emmanuel Macron est un terrible échec, le seul argument possible c’est que la venue au pouvoir de Marine le Pen serait pire mais elle, au moins, bénéficie du doute.

  • Ça fait 5 ans que, sur ce site, la politique de Macron est vertement critiquée, et voilà qu’on nous explique maintenant qu’il est notre espoir !?

    10
  • On a vu. Quand il a un boulevard devant lui, il en fait une zone 30, y fait mettre ralentisseurs et rétrécissements de sécurité, laisse s’y creuser les nids de poule, et verse une prime aux clodos qui accepteraient d’y faire la manche.

  • Petit rappel pour l’auteur : on n’est plus en 2017…

  • Le Régalien !
    Rien que le Régalien !
    Mais tout le Régalien !
    Ensuite, en Économie, que l’Inaptocratie* ne s’occupe surtout de rien, si ce n’est de permettre à chacun selon ses capacités ou mérites ?
    *Gouvernement des moins capables, élus par les moins capables de produire.
    Et où les moins aptes à subvenir à eux-mêmes bénéficient de la confiscation de la richesse du Travail de Producteurs en continuelle diminution.

  • Les commentaires sont fermés.

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