Russie et économie de marché : un rendez-vous manqué

Les politiques économiques dramatiquement erronées suivies en Russie durant les années 1990 à l’instigation du Fonds Monétaire International ne sont pas sans lien avec ce qui se passe aujourd’hui.

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Russian dolls by Colin Smith(CC BY 2.0)

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Russie et économie de marché : un rendez-vous manqué

Publié le 9 mars 2022
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Avec la chute du mur de Berlin en 1989 a commencé l’une des plus importantes transitions économiques de tous les temps. Comme le note Joseph Stiglitz près de 15 ans plus tard dans La Grande Désillusion (Le livre de poche, 2003) : « Elle a donné en Russie des résultats très inférieurs à ce que les partisans de l’économie de marché avaient promis ou espéré ».

C’est un euphémisme, car de cet épisode très douloureux pour la société russe est né un capitalisme des copains et des mafieux mais non une économie de marché. Les élites alors au pouvoir à Moscou portent une très lourde responsabilité dans ce qui s’est passé et qui s’est traduit par un effondrement du niveau de vie moyen dans les années 1990 alors qu’un tout petit clan s’enrichissait démesurément.

Mais les conseillers occidentaux, en particulier ceux des États-Unis et du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas non plus sans reproche. C’est à leur instigation qu’on a suivi des politiques dramatiquement erronées, ne tenant pas compte du fait qu’après 70 ans de collectivisme la mise en place d’une économie concurrentielle ne pouvait se faire du jour au lendemain dans un pays où n’existaient aucune des institutions qui permettent au marché de fonctionner.

Un héritage accablant

Il y avait des banques dans l’ex-URSS, mais si elles collectaient l’épargne, ce n’était pas elles qui décidaient de l’attribution des prêts. Elles n’étaient pas non plus chargées de surveiller leur usage et de veiller à leur remboursement.

Il y avait des firmes en URSS mais elles ne prenaient pas de décision et se bornaient à essayer de produire ce qu’on leur ordonnait de produire. Elles devaient le faire avec les ressources qui leur étaient autoritairement affectées par le Gosplan mais qu’elles ne recevaient jamais dans les bonnes quantités, d’où l’essor d’une économie souterraine et d’une corruption endémique.

Il y avait des prix dans le système soviétique, mais ils étaient fixés par l’administration et non par la rencontre d’une offre et d’une demande. Ils ne pouvaient donc pas jouer leur rôle d’allocation rationnelle des ressources, ce qui était source d’un énorme gaspillage.

Lorsque cette économie centralement planifiée s’est effondrée, rien n’existait de ce qui est nécessaire au fonctionnement d’une économie libre. Faisait en particulier défaut le cadre juridique et réglementaire assurant le respect des contrats, prévoyant des solutions aux différends commerciaux et des procédures de faillite, veillant à maintenir la concurrence, surveillant la solvabilité des banques, garantissant un fonctionnement équitable du marché des titres, empêchant les dirigeants des entreprises de gruger leurs actionnaires etc.

Dans les pays développés à économie de marché, il a fallu beaucoup de temps pour édifier et  consolider un tel cadre institutionnel. Mais en Russie les réformateurs ont tenté de prendre un raccourci dangereux en créant une économie de marché sans les institutions qui la sous-tendent. Ce raccourci était d’autant plus périlleux que l’économie russe était confrontée aux redoutables défis que posaient la libéralisation des prix et la privatisation de l’appareil de production. Les choix difficiles à opérer pour y parvenir ont à l’époque suscité des débats acharnés dont l’issue a tué dans l’œuf l’espoir de faire naître une économie de marché viable et par voie de conséquence une démocratie digne de ce nom. Le conflit le plus vif portait sur la vitesse de la réforme : il opposait les tenants d’une approche gradualiste qui n’ont pas été entendus et les partisans d’une thérapie de choc qui l’ont emporté.

Le choix d’une thérapie de choc 

Les premières erreurs ont été commises dès le début de la transition avec l’adoption d’un programme en trois temps élaboré par le FMI et appliqué de façon particulièrement brutale.

Dans un premier temps, en 1992, la plupart des prix ont été libérés du jour au lendemain, ce qui a provoqué une hausse vertigineuse du coût de la vie et la destruction de l’épargne des ménages.

Dans un deuxième temps, la lutte contre l’inflation est donc devenue prioritaire, imposant une politique monétaire drastique qui a propulsé les taux d’intérêt à des niveaux exagérés, étouffé tout investissement nouveau et conduit à une surévaluation des taux de change.

Le troisième pilier de cette stratégie de réforme radicale était la privatisation à marche forcée de l’appareil de production. Mais les conséquences des deux premiers choix ont complètement perverti les opérations correspondantes qui de surcroît ont été menées sans avoir mis en place le cadre juridique et institutionnel nécessaire. L’argument sous-jacent était que des droits de propriété clairement définis sont essentiels pour l’efficacité d’une économie.

Dès lors que c’est le cas, si des actifs se trouvent attribués à quelqu’un qui ne sait pas les gérer correctement cette personne a intérêt à les vendre à plus compétent qu’elle et en sera dessaisie. C’est pourquoi, les partisans de la privatisation rapide (« on ne peut pas franchir un précipice en deux bonds »), concluaient qu’on n’avait pas vraiment besoin d’être très minutieux sur la façon dont on privatisait. De plus, une fois qu’existerait un groupe social personnellement intéressé à la propriété, il exigerait la mise en place de l’infrastructure institutionnelle nécessaire au fonctionnement d’une économie de marché.

C’était mettre la charrue avant les bœufs et rien ne s’est déroulé selon le scénario prévu. Les privatisations ont accru les possibilités de pillage et les raisons de piller au lieu de réinvestir dans l’avenir du pays. L’absence de lois assurant une bonne gouvernance d’entreprise a en effet incité ceux qui parvenaient à prendre le contrôle d’une firme à voler les actionnaires, en détournant les actifs : « Pourquoi s’échiner à créer des richesses quand il est bien plus facile de les voler ? » (Stiglitz, op. cité).

Les privatisations ayant été faites dans des conditions qui ne leur donnaient aucune légitimité politique, cela rendait encore plus impératif pour les oligarques de transférer le plus d’argent possible hors de Russie dans l’éventualité où accéderait au pouvoir un nouveau gouvernement tenté d’affaiblir leurs positions. L’ouverture sans préparation des marchés de capitaux leur a facilité les choses.

En 1997 apparaissent toutefois quelques lueurs de reprise. Mais elles sont vite étouffées par la crise de 1998.

Le choc de la crise financière de 1998

En 1998 la Russie lourdement endettée devait supporter des taux d’intérêt croissants (l’investissement est au point mort), une chute des prix du pétrole (qui fait fondre les recettes d’exportation et les rentrées fiscales) et un rouble surévalué (qui avantage les importations). Par peur d’une nouvelle poussée d’hyperinflation, les réformateurs s’opposent à toute modification du taux de change. Mais chacun est convaincu qu’une dévaluation est inévitable. Les capitaux fuient le pays, le taux d’intérêt sur les GKO (équivalents des bons du Trésor) monte à 150 %, les réserves de change fondent. Plus elles s’amenuisent, moins le pari sur une dévaluation devient risqué.

La crise russe survient pendant l’été et, comme prévu, le FMI déclenche un plan de sauvetage de grande ampleur portant sur 22,6 milliards de dollars pour soutenir le taux de change. Comme il fallait s’y attendre l’opération de sauvetage échoue. Les milliards prêtés à la Russie réapparaissent quelques jours seulement après le déblocage des fonds sur des comptes en banque chypriotes et suisses. Le 17 août, trois semaines après le prêt, la Russie annonce une suspension unilatérale de ses paiements et une dévaluation du rouble qui en quelques mois perd 45 % de sa valeur.

En prêtant à la Russie pour une cause perdue, le FMI a endetté les Russes davantage encore. Avec l’argent emprunté, qu’ont-ils obtenu de concret ? Rien. Qui va payer les coûts de cette erreur ? Pas les hauts fonctionnaires du FMI qui ont accordé le prêt. Pas les États-Unis qui ont fait pression pour le prêt. Pas les banquiers occidentaux et les oligarques qui ont profité du prêt. Ce sera le contribuable russe.

Des conséquences dramatiques

Le programme « libéralisation- stabilisation-privatisation » a créé les conditions préalables non de la croissance mais de son écroulement. Au cours de ces terribles années de récession, le PIB russe n’a cessé de se contracter : de 1990 à 1999, il a chuté de 54 %, la production industrielle de 60 %.

De géant industriel, certes peu efficace, la Russie a été transformée en pays exportateur de ressources naturelles comme le pétrole et le gaz. Les enquêtes sur la consommation des ménages montrent toutes que le niveau de vie de base s’est effondré et les indicateurs sociaux reflètent la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre.

Durant les années 1990, l’espérance de vie a reculé de 3,7 années et tous les indicateurs d’inégalité ont augmenté : si on prend le seuil de 2 dollars par jour, 23,8 % de la population vit dans la pauvreté en 1999, contre 2 % en 1989. La transition dans sa brutalité a ravagé les classes moyennes russes dont l’inflation a volatilisé l’épargne et laminé le pouvoir d’achat. Les réductions des dépenses d’éducation et de santé ont dégradé plus encore leur niveau de vie. En revanche, la richesse s’est concentrée entre les mains d’une élite restreinte et le niveau d’inégalité est devenu comparable à celui des sociétés latino-américaines.

La Russie a donc « eu le pire des mondes possibles, caractérisé par une énorme baisse de la production et une énorme hausse de l’inégalité » (Stiglitz, opus cité).

Vers la démocrature

Au passage, le gouvernement, la démocratie et les réformes inspirées par l’Occident ont été discrédités et le contrat social a été bafoué.

D’un côté l’État a bradé les entreprises publiques et de l’autre il se montre incapable de payer les pensions des retraités. Il devient clair pour tous que ce n’est pas en travaillant dur qu’on s’enrichit, ni en investissant, mais en faisant jouer ses relations politiques pour obtenir à bas prix des biens publics privatisés. Nous sommes aux antipodes d’une économie de marché qui si elle fonctionne correctement avec des règles appropriées est source de prospérité et de progrès.

La « thérapie de choc » du FMI a donc échoué en infligeant des dégâts considérables à la Russie.

La suite on la connait. Une fois porté au pouvoir par des intrigues de palais, Vladimir Poutine a maté les oligarques. Il s’est appuyé sur eux, sur les services de renseignement et sur l’armée pour patiemment mettre au pas la société russe et construire une économie tournée vers la guerre.

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  • Avatar
    jacques lemiere
    9 mars 2022 at 7 h 23 min

    on ne peut pas comprendre poutine si on ignore cela..
    et ce n’est que l’economie… si on ajoute la fierté nationale..

    • Avatar
      jacques lemiere
      9 mars 2022 at 7 h 40 min

      mais par contre… je ne vois pas de solution simple à une sortie du communisme…

      • La Russie n’est plus un pays communiste. Le parti gouvernemental, c’est Russie Unie, classé à droite. Le parti communiste est dans l’opposition.
        La Russie est un grand pays par la taille, doté de ressources naturelles gigantesques. Sur le papier il a tout pour devenir une grande puissance économique, autonome, comme les Etats-Unis.
        Pour l’instant ce n’est qu’une puissance militaire. Avec un dictateur à sa tête. Rien ne changera tant qu’un Etat de droit et un vrai pluralisme politique ne verront pas le jour.

        • C’était en passe de devenir une puissance économique, le PIB remontait très fort et c’est une des raisons des sanctions « du bien » de 2014 qui n’ont jamais eu d’autres justifications que la doctrine Brzezinski (maintien de l’hégémonie américaine).
          C’est après que Poutine a fait d’énormes efforts d’indépendance économique et de réarmement (3ème exportateur de céréale, système de paiement, réserves de changes, dédollarisation).
          .
          Certes, ce n’est pas à proprement parler un régime très démocratique, mais la France non plus et la Russie remonte pendant que la France s’effondre ce qui donne une idée du libéralisme respectif des deux économies. La répression n’est justement pas très forte en Russie malgré ce qui se dit parce qu’il a une vraie légitimité donnée par une bonne gouvernance aux résultats visibles et un vrai soutien majoritaire du peuple.
          .
          En France l’oligarchie ressert les rangs et accentue la répression et la propagande parce que ces gens n’ont plus aucune légitimité.

          • « Certes, ce n’est pas à proprement parler un régime très démocratique, mais la France non plus et la Russie remonte pendant que la France s’effondre ce qui donne une idée du libéralisme respectif des deux économies. »
            Ça, c’est typiquement le genre de propos qui décrédibilise tout votre post.
            Jetez un oeil au classement des pays selon l’indice de démocratie. Le seul truc qui fasse un peu foi et permet de s’affanchir des avis au doigt mouillé.
            La France est 24eme, la Russie est 124eme.
            Avec 7,99, la France est classée dans les démocraties imparfaites, à la limite des démocraties pleines (le score débute à 8).
            Avec un score de 3,31, la Russie est classée dans les régimes autoritaires.
            Sur les 10 dernières années, le score français s’est amélioré, le score russe s’est dégradé. Là aussi, vous avez tout faux.
            Donc, soit vous ne savez pas de quoi vous parlez, désolé d’être brutal, soit vous faites de l’entrisme poutinien.
            Guillaume P… P comme Poutine ?

            • Il me semble que Guillaume parle de « progrès économique (au sens large) « , pas de « progrès démocratique ».

              Je pense que c’est un bien meilleur indicateur de la qualité d’un gouvernement que son aptitude à la démocratie.

              Dans le cas de la Russie, il est a peu prés clair que le pouvoir en place « gère » les choses par une régulation de l’offre (comprendre: élimination +/- brutale des concurrents non convenables à ses yeux).

              Mais est ce qu’on est mieux en occident? Pas sur!

              Ce que fait le kremlin en Russie avec du novitchok, en France c’est les medias qui s’en chargent par le dénigrement. Un peu moins brutal, mais beaucoup plus efficace. Si pas suffisant, on peut éliminer des candidat gênants en utilisant la pression sur les maires pour les signatures, en utilisant la justice de manière très ciblée (Fillion) ou encore de graves accusations qui sortent juste un mois avant les élections… Ajoutez à cela l’infiltration du système éducatif qui forment le futur électeur à voter pour « le bon candidat ».

              Bref, je ne suis pas convaincu qu’on soit bien mieux que la Russie.
              Bien trop souvent, la démocratie est réduit à un système qui donne l’illusion au peuple qu’il choisit son dirigeant, on peut +/- librement critiquer son président, mais ça s’arrête là…

              • @ Hervé
                Je répondais à son deuxième paragraphe où il parle de démocratie.
                Mais si vous voulez vous en tenir uniquement à l’économie, il existe un autre indice – indice de liberté économique. La France est 71eme, la Russie 107eme (valeurs 2018).
                Là encore, l’écart est significatif.

            • Pierre Ponce – Jetez un oeil au classement des pays selon l’indice de démocratie

              D’une vous déformez ou avez mal compris mon propos, de deux une petite leçon d’esprit critique: ces classements sont faits par des gens qui ne connaissent pas les pays et qui sont aussi soumis aux idées préconçues.
              La Norvège aux 6 référendums en 100 ans 1re du classement et la Suisse aux 850 référendums en 30 ans 9ème deux places derrière Taïwan qui n’en a eu qu’un, c’est une farce qui sent l’idée reçue sur les pays.
              Quant à la France ou l’oligarchie a tout verrouillé et ou les juges volent les élections, je ne l’aurais même pas placée dans les « démocraties » mais dans « système hybride ».
              .
              Pierre Ponce – Guillaume P… P comme Poutine ?
              .
              Je rappelle que la réalité est bien plus complexe qu’il n’y parait et qu’hurler « hitler/guerre » sans réfléchir pourrait bien nous valoir la 3ème. Hurler « vendu » dès qu’on sort du discours convenu n’est pas spécialement une marque de grande réflexion.

              • C’était couru d’avance. La température affichée par le thermomètre ne vous plaît pas, donc vous cassez le thermomètre.
                Si vous avez une autre échelle de mesure, je suis preneur.
                Mais vu votre réponse, je suppose que vous n’avez rien d’autre que vos certitudes personnelles sur le libéralisme russe et le quasi-autoritarisme français.

                • Ma « certitude » comme vous dites, est basé sur l’examen des conditions fiscales et législatives, mais surtout sur les performances économiques respectives. Pendant que la France liquidait tous ses fondamentaux, la Russie s’est reconstruite et est redevenue une puissance de premier plan avec l’émergence d’une vraie classe moyenne et une très nette amélioration des autres ce que les analyses économiques confirment.
                  .
                  Si vous dites que c’est l’étatisme autoritaire et le socialisme qui a réussi cette performance, tout le monde va vous rire au nez ici.

  • L’auteur ne dit pas ce qu’il aurait fallu faire… Au moment de la libération des prix, qui décidait des prix? En général c’est le patron de l’entreprise productrice, mais il n’y en avait pas encore. Dans l’affaire de la privatisation des outils de production, qui choisissait le prix de vente? C’était vendu aux enchères ou par une introduction en bourse?
    Sachant que le niveau de vie était nivelé au temps de l’URSS, comment les oligarques ont accumulé le capital de départ pour acheter les biens de production intéressants? Ont ils été donnés aux administrateurs d’alors?
    J’ai discuté avec des gens de l’ex URSS, ils ne savaient pas répondre à ces questions. J’en déduis que le processus a été opaque pour la population générale…

    • Je crois que l’auteur a donné la réponse. Il aurait fallu au préalable mettre en place des institutions économiques et politiques inclusives (cf Daron Acemoglu – Why nations fail), fixant le cadre général de l’économie de marché : a minima, respect de la propriété privée, sûreté des contrats, système concurrentiel, réseau bancaire fiable, si possible Etat de droit, pluralisme politique, etc.
      Pour le dire crûment, la Russie a mis la charrue avant les boeufs.

      • Avatar
        jacques lemiere
        9 mars 2022 at 13 h 13 min

        je ne sais pas .. le respect de la propriété privée n’ets pas le problème..

        il s’agit de la rétablir sans créer d’injustice;.

        regardez les autoroutes..

      • Il aurait fallu …

        Oui, sauf que « il » concerne les Russes, que personne n’avait et n’a l’expérience de comment changer radicalement de système politique, que la CIA est plus douée pour faire la guerre (chez les autres) que faire la paix, et que l’Europe est trop faible et engluée dans ses contradictions pour prendre le relai.

      • Les pays bien gérés sont rares et la France qui avait tout a même été détruite par les gauchistes.
        Dans un pays complètement détruit par le communisme avec toute une oligarchie corrompue et un peuple qui meurt de faim, plus personne n’a pu gouverner quoi que ce soit pendant un bon moment.

    • « comment les oligarques ont accumulé le capital de départ pour acheter les biens de production intéressants »
      Très facile, se faire prêter de l’argent par un banquier « complice » ou avoir détourné des marchandises au préalable.
      Je travaillais dans le recyclage début des années 90, tous les jours on avait des propositions de camion de cuivre, d’aluminium, etc, je suppose que c’était la même chose dans d’autres domaines. C’était à un tel point que date de cette époque l’obligation des portiques de détection des émissions radioactives dans les usines métallurgiques, il y avait tellement de matériaux contaminés en provenance d’usines d’armement ou de centrales nucléaires.

  • L’histoire de la guerre commence réellement en 2008 après l’offre d’adhésion a l’OTAN de la Géorgie et… de l’Ukraine, dont la moitié à l’est du Dniepr est russe et n’a aucune envie de passer à l’Ouest.
    Il faut garder à l’esprit que l’Ukraine est 117ème pour la corruption et 150ème pour la liberté économique, c’est un état fantoche avec des occidentaux ouvertement infiltrés dans les organes de pouvoir. Le Colonel américain Douglas MacGregor qualifiera Zelensky de « marionnette ».
    .
    En 2014 après un référendum dont les Criméens se félicitent toujours, les Américains vont pour la première fois menacer de déconnecter les 144 millions de Russes de Swift. C’est une bombe nucléaire économique, mais une bombe nucléaire utilisable. En Irak les sanctions avaient fait 1 million de morts.
    C’est une déclaration de guerre au peuple russe.
    Toujours en 2014, un conflit soigneusement attisé démarre et Zelensky bombarde l’est séparatiste pour un total de 14’000 morts et 2 millions de réfugiés en 8 ans.
    .
    C’est à cette époque que Poutine se rend compte que jamais la Russie ne sera acceptée dans le « droit international » et que tout ce qu’il pourrait construire avec l’ouest pouvait être détruit en un appui sur le bouton Swift. L’économie « tournée vers la guerre » commence réellement à ce moment: dédollarisation, développement d’alternatives de paiement, de nouvelles armes, de l’économie agraire, de réserves de changes, rapprochement avec la Chine.
    .
    En 2022 sans qu’on ne sache si c’est un plan réfléchi ou l’envie de faire oublier le bilan calamiteux de Biden, les démocrates réitèrent leur menace avec Swift après une intensification des bombardements de « Kiev ».
    L’Ours Russe n’est pas totalement prêt, mais il a fait le maximum et 8 ans de bombardement sur des Russes appartenant au cœur historiques de la Russie. 8 ans de menace grave contre le peuple russe et 20 ans d’avance de l’OTAN malgré les promesses se sont terminé le jour de cette annonce.
    .
    Poutine a toujours joué carte sur table dans ces discours, il va finlandiser l’Ukraine après l’avoir débarrassée de l’Otan, réintégrer la partie Russe, s’accorder par la force un « droit international » qui lui était refusé et recréer un monde multipolaire avec une partie qui pourrait faire contrepoids à un « humanisme » et un « droit » américain qui a fait 6 millions de morts en 30 ans sans aucune bougie.

  • Excellente analyse de Pierre Robert, j’attends avec impatience son analyse pour la période Poutine, soit depuis l’année 2000.

  • Une simple question ici.
    Quel est est l’impact réel de toutes ces considérations sur l’envahissement de l’Ukraine?
    Ne s’agit il pas tout simplement de la volonté de M. Poutine et ses amis de s’approprier les nombreuses richesses agricoles et minérales de ce pays?
    Un peu comme les USA avec le Guatemala? une sorte d’opération PBSUCCESS, mais en beaucoup moins subtil?
    On ne peut s’empêcher de penser que « dénazification » ressemble beaucoup au prétexte « anticommuniste » de l’époque.

    • C’est certainement une partie de l’explication mais pas la seule.

      Une autre est que la fédération de Russie reste un montage fragile avec à ses frontières des peuples qui n’ont pas une réputation de pacifiques ou un niveau de vie les rendant hostiles à mener une guerre avec leur voisin pour lui piquer son pot de miel. V.Poutine doit donc montrer que les baffes de l’ours russe font encore mal.

      Une troisieme est probablement de discréditer la protection de l’OTAN pour dissuader d’autres pays de rejoindre cette alliance qui lui est de plus en plus hostile. Jeu compliqué, mais à sa portée actuellement.

    • L’Ukraine est un pays très mal né de la chute de l’URSS.
      L’est du pays très industriel (héritage de l’URSS) est russophone avec des populations qui n’ont pas du tout envie ni de l’OTAN ni de l’UE comme la Crimée qui a voté à une majorité écrasante son rattachement à la Russie en 2014 et qui s’en félicite (gros investissements structurels pour une région abandonnée de Kiev).
      L’ouest qui est constitué de grandes plaines agricoles est ukrainophone et ce sont eux qui rêvent de l’UE et de l’OTAN et qui tienne les rênes du pouvoir à grand renfort « d’aide » occidentale.
      .
      Le pays est corrompu jusqu’à l’os et en très mauvais état avec des nationalismes exacerbé des deux côtés. Évidemment que la Russie aimerait bien récupérer la partie russe, mais le fond de l’histoire est que les américains très implantés (a l’image du fils de Biden accusé de corruption et de Biden lui-même qui se vantait d’avoir fait virer un juge ukrainien avec un chantage de 1 milliards d’euros d’aide) se sont servis de l’Ukraine comme « fiole de Powell » pour énerver la Russie et avoir des prétextes de sanctions, entre autre de virer la Russie du système économique « mondial » on les sortants de Swift et ce dès 2014.
      C’était une déclaration de guerre et nous avons la réponse de Poutine après 8 ans de préparation.
      .
      Au dernière nouvelles des négociations, les russes proposeraient la finlandisation du pays, la reconnaissance de l’est et de la Crimée séparatiste et l’assurance que l’Ukraine ne pourrait jamais rentrer dans l’OTAN. Ce qui serait une bonne idée dans une région aussi conflictuelle. Au moindre incident un peu sérieux ce serait la guerre mondiale.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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