Plaidoyer pour le respect absolu des biens et des personnes

Personne ne pourra prétendre vouloir instaurer un régime de justice respectueux des individus s’il ne respecte pas absolument l’intégrité des personnes et des biens.

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Plaidoyer pour le respect absolu des biens et des personnes

Publié le 24 février 2022
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On sait que le bilan sécuritaire d’Emmanuel Macron n’est pas sensationnel. C’est tellement vrai que lorsque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est confronté aux chiffres de ses propres services, il entre dans une transe médiatique haineuse qui brille par sa mauvaise foi. Mais les Français ne sont pas dupes : 62 % d’entre eux estiment que le gouvernement a failli en la matière et 78 % déclarent que les propositions des candidats sur le sujet seront « importantes » dans leur choix présidentiel.

Ô combien ils ont raison : sans la sécurité, sans le respect de la propriété, rien de durable ne peut se développer. La protection des personnes et de leurs biens est au fondement même d’une société respectueuse des droits naturels des individus, à savoir la sécurité, la liberté et la propriété. Laissez proliférer les vols, les escroqueries et les agressions, éventuellement au nom de je ne sais quelle « bienveillance » (terme à la mode) mal placée, et rapidement, ce sera l’égalité et la fraternité que vous piétinerez, ce sera la liberté que vous déformerez. Et finalement, ce sera la justice que vous abolirez. Et l’initiative individuelle que vous tuerez.

Si la vaste majorité des Français en est bien convaincue, il est hélas beaucoup trop fréquent de voir des colères souvent qualifiées de « citoyennes » tomber dans la violence et les dégradations à l’encontre de qui n’agit pas ou ne pense pas comme il faudrait – ces éruptions suscitant plus ou moins d’indignation selon le côté politique où l’on se place.

Le danger de l’assaut des biens et des personnes en matière de manifestation

À ce titre, la révolte des Gilets jaunes avait rapidement dégénéré dans une pseudo révolution de barricades qui ne s’était pas trop embarrassée de respecter quoi que ce soit, et certainement pas la propriété ou le droit de circuler d’autrui. Dès les premiers samedis de contestation, on avait vu des manifestants saccager une Porsche au nom de la haine du « riche », démonter de lourdes grilles aux Tuileries, faisant un blessé grave parmi eux, exiger des automobilistes retenus à leurs barrages de porter un gilet jaune pour avoir le droit de passer, etc.

Quelques épisodes plus tard, bien loin de la révolte fiscale des débuts, les débordements, voire la mise en danger d’autrui, étaient devenues action légitime :

C’est génial que ça casse, parce que la bourgeoisie est tellement à l’abri dans sa bulle, qu’il faut qu’elle ait peur physiquement, pour sa sécurité, pour qu’ils lâchent.  Ana, 33 ans, factrice venue de Toulouse, acte 18, 16 mars 2020.

Le mois dernier, à Nantes, c’était les antifas qui nous donnaient un aperçu de leur proverbiale tolérance pour les biens et les opinions d’autrui. Ces militants de l’ultra-gauche qui se flattent de lutter sans relâche contre la peste brune qui menace de répandre terreur et destruction dans les chaumières de France, nous ont une fois de plus offert l’affligeant spectacle de leurs propres violences et destructions.

Une manifestation qui entendait dénoncer « le fascisme, le capitalisme et l’autoritarisme » s’est déroulée aux cris de « À mort l’État, les flics et les fachos » et s’est achevée dans le saccage de plusieurs vitrines de magasins, des coups et blessures devant « un bar réputé pour accueillir des militants d’extrême droite » et des envois de projectiles sur les forces de l’ordre.

Qui voudrait voir advenir un régime politique né sous de tels auspices ? Qui pourrait avoir confiance dans la justice selon les antifas ou dans la justice selon des manifestants qui appellent la violence à leur rescousse ? Une violence aveugle, qui cible des catégories, les riches, les bourgeois, les fachos etc., donc des personnes innocentes, et qui, viserait-elle une personne en particulier, se passe largement des subtilités d’un procès à charge et à décharge avec respect des droits de la défense.

Les pressions sur les élus

Je pensais à tout cela en lisant hier dans la presse qu’un certain Bernard Denis, maire Modem de la petite commune de Saint-Côme-du-Mont (Manche), 500 habitants, avait été la cible de menaces de mort et de dégradations de ses biens à trois reprises depuis décembre dernier. Sa faute : apporter son soutien et son parrainage à Emmanuel Macron.

De la part d’un maire Modem, rien de bien extraordinaire. Mais cette prise de position semble irriter au plus haut point l’un ou plusieurs de ses administrés qui ont pour leur part d’autres idées politiques (révélées par un tag « Zemour Président », faute d’orthographe comprise).

Ceux-ci pouvaient éventuellement lui faire savoir, arguments à l’appui, combien ils trouvaient ce soutien peu opportun compte tenu du bilan somme toute très léger du quinquennat Macron, ils pouvaient lui envoyer un courrier signé, lui demander un rendez-vous, éventuellement organiser une manifestation pacifique ou encore créer une section locale de soutien à leur candidat favori. Ils pouvaient même présenter une liste lors des dernières élections municipales – et essayer de se faire élire, ce qui est une tout autre affaire que le coup de force

Mais non, l’action anonyme et violente a prévalu. En décembre, l’élu fut donc victime d’un incendie volontaire dans son garage (trois voitures appartenant aux membres de sa famille furent brûlées) ainsi que de tags avec menace de mort inscrits sur le mur de sa propriété (photo de couverture) : « Le maire soutien Macron À mort ». Peu après, lettre anonyme du même tabac : « Le maire a vendu la commune, soutien à Macron, dehors ou la mort ». Et la semaine dernière, nouvelle lettre : « T’as choisi Macron, s’il est élu, tu vas mourir d’une balle dans la tête. »

Un deux poids deux mesures particulièrement délétère est à l’œuvre dans tous ces exemples. Il est assez facile de se dire victime d’une oppression. Dans certains cas, c’est exact ; on pense par exemple aux non-vaccinés qui, du fait du pass vaccinal toujours en vigueur sans raison sanitaire fondée, sont empêchés de fréquenter certains lieux tels que cinémas, restaurants et TGV.

Mais dans d’autres cas, l’oppression mise en avant ressemble plus à un noble prétexte pour se livrer à sa propre petite oppression sur les autres. Pourquoi un maire régulièrement élu ne pourrait-il pas apporter son parrainage à Emmanuel Macron ? Et comment justifier de s’y opposer par une atteinte à ses biens et des menaces de mort ? L’opprimé, surtout quand il s’auto-proclame tel, se transforme assez vite en petit tyran quand il y voit l’occasion de gagner une bribe de pouvoir, trahissant ainsi non pas son aspiration à la liberté, mais son autoritarisme réel.

Personne ne pourra prétendre vouloir instaurer un régime de justice respectueux des individus s’il ne respecte pas absolument l’intégrité des personnes et des biens, quelles que soient les personnes et quelles que soient leurs idées politiques ou religieuses. Si l’on dit que la justice est aveugle, c’est justement pour cela.

Ma remarque, essentielle je pense, si l’on veut vivre dans une société tolérante et ouverte aux débats, je l’adresse aux gouvernements, à commencer par celui d’Emmanuel Macron, afin qu’il fasse respecter la loi sans faiblesse ni préférences politiques. Et je l’adresse aussi à tous ceux qui, se considérant floués – à tort ou à raison par le gouvernement actuel, ne rechigneraient pas à un peu d’illusion lyrique sur fond de lutte finale ou nationale.

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  • Bien entendu, et dans la posture d’opposition politique, a personne de macron est insignifiante, c’est ce qui le différencie du dictateur ou du tyran..
    il suffit de ne pas voter pour lui..
    et j’ajouterais il suffit de l’ignorer quand il joue au prince ..

  • dans l absolu je suis d accord avec l auteur. Menacer les gens (voire pire) est inacceptable.
    Mais pour que ca soit ainsi, il faut aussi que les gens puissent s exprimer et surtout que leur demande ne soient pas ignorées (comme disait coluche « la dictature c est ferme taguele, la democratie c est cause toujours »). Par ex en Suisse vous avez des referendum declenchee par la population et des lois peuvent etre approuvee malgre l opposition du gouvernement. En France, c est l inverse (Sarkozy s est assi sur le dernier referendum et a fait voter une loi a l opposé du resultat de celui ci)

    Prenons un exemple ancien pour depassionner le debat
    Pendant la revolution, de nombreux francais ont fait irruption dans les chateaux, ont brulés les registres ou etaient inscrit les impots qu ils devaient payer aux nobles et dans certains cas molesté ceux ci. C est ce qui a donné la nuit du 4 aout et l abolition des privilèges
    Doit on condamner ceci car c est en effet une violation des biens et des personnes ? ou bien trouver ca acceptable car sinon nous serions toujours dans une société ou votre naissance decide de tout et ou 99 % des lecteurs devraient encore payer la taille ?

    • Les révolutions doivent en effet s’apprécier sur le temps long.
      Nous devons aujourd’hui la base de notre Constitution, la DDHC de 1789, texte éminemment libéral, consacrant la propriété privée, à la Révolution française…

    • Nous pouvions attendre des Gilets jaunes un surplus de démocratie avec la mise en place du RIC.
      Cette idée n’allait pas germer d’emblée dans les cerveaux de nos dirigeants macroniens.

  • article etonnant . le respect absolu des personnes est pietiné par le gouvernement depuis 2ans .

  • Merci pour cet article devenu aujourd’hui nécessaire.

  • On assiste aujourd’hui d’une part, à une remise en cause progressive de la propriété privé assez tolérée par les pouvoirs publics de façon violente comme les squats ou non violente par une règlementation de plus en plus restrictive comme le blocage indirect des loyers (loyers de référence, blocage à terme par le DPE, augmentation future de la taxe foncière …) et celle-ci est vécue comme une atteinte personnelle.
    D’autre part, il y a une remise en cause de la liberté de s’exprimer dans les médias officiels et sociaux (censure Facebook, Youtube …) faute de quoi on s’expose à un harcèlement public et judiciaire. Cette expression, interdite de fait maintenant, constituait une soupape de sureté qui permettait d’identifier les individus extrêmes et dangereux, de répondre à leurs opinions et de parvenir à un consensus plus modéré. C’est probablement une des causes de ces actions dissimulées et violentes.
    Ce à quoi on assiste est une situation détestable et condamnable mais elle peut aussi n’être que la conséquence de la défaillance progressive de notre démocratie.

  • Bien vu mais il ne faudrait pas oublier la pire des violences, celle qui réside à Bercy.

  • « exiger des automobilistes retenus à leurs barrages de porter un gilet jaune pour avoir le droit de passer, etc. »
    C’est peut-être un détail pour vous… Mais dès le début de la crise, et peut-être plus encore au début, quand cette crise s’apparentait à une jacquerie fiscale, le filtrage aux ronds-points était la règle. Beaucoup moins ensuite quand la crise s’est gauchisée…
    Quant au droit de circuler… Relativisons… La manif est par construction un blocage… Et la révolte des Gilets jaunes est elle-même une réaction à l’atteinte au droit de circuler des automobilistes (80 km/h, durcissement du contrôle technique, taxe carbone, on peut aussi parler de l’interdiction faite aux vieux véhicules, pourtant dûment homologués, de pénétrer en ville – et il faut s’attendre à de nouvelles réactions avec la généralisation de ces interdictions !)…
    Nous avons en France un énorme problème démocratique. Le gouvernement (particulièrement le PM) a longtemps fait la sourde oreille à des revendications partagées par 80 % des Français, comme le rejet du 80 km/h, ou certaines des mesures réclamées par les GJ.
    On ne peut pas gouverner contre son peuple… ou alors pas longtemps !

  • Je suis pas riche, ni, ni, ni…
    Super point de vue à mon avis, pas extrémiste du tout, paraissant témoigner d’un certain ras le bol.

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Ian Bremmer est chroniqueur des affaires étrangères et éditorialiste au Time Magazine. Il est le président d'Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques, et de GZERO Media, une société qui se consacre à la couverture et l'intelligence des affaires internationales. Il enseigne la géopolitique à l'université de Columbia.

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