Passer de l’impuissance à la puissance dans la société

Dans l’entreprise comme en famille ou en société, la question se pose : comment passer de l’impuissance à la puissance sur tous les terrains de jeu ?

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Passer de l’impuissance à la puissance dans la société

Publié le 18 février 2022
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Le monde des entreprises ne cesse de se transformer depuis des décennies. C’est sa nature. Il le fait dans un processus que l’on peut appeler « de responsabilisation », d’innovation sociale, de raison d’être et d’alignement de tous sur celle-ci. Ainsi, de nombreux collaborateurs se retrouvent désormais dans un contexte nouveau, fondé sur un management constitutionnel. Mais, hors de l’entreprise, ils continuent de vivre tout autre chose. Une situation mise en lumière par la crise sanitaire que nous traversons. Celle-ci a servi de révélateur à notre impuissance au sein de nos institutions.

Une configuration inédite des choses, venant inverser un ordre qui jusque-là faisait que la société, ses nouveaux modèles, précédaient le monde de l’entreprise. C’est d’abord au sein de celle-ci que chacun d’entre nous est à même de s’exprimer et de révéler sa puissance, et non plus en dehors d’elle.

Aujourd’hui, cette impuissance de chacun face aux institutions touche tout le monde sans exception : les élus, l’administration et, bien sûr, les citoyens. À ce stade, l’enjeu est donc simple : souhaitons-nous empuissancer l’ensemble de ces parties prenantes ou les asservir ? Dans ces conditions, n’est-il pas temps de s’interroger sur la nécessité, la possibilité de simplement changer les règles du jeu ?

Du gouvernement et du management des services publics

Commençons par dire que nul en particulier n’est visé ci-après. À commencer par l’exécutif qui lui-même se retrouve contraint et impuissant comme les autres du fait d’institutions inadaptées.

Prenons l’exemple de cette maire d’une commune de taille moyenne accompagnée il n’y a pas si longtemps. Celle-ci souhaite mettre en place l‘holacratie pour redessiner les contours de son organisation de 1400 agents publics. Élus et agents sont impliqués dans la réflexion et les chantiers ainsi déployés. Mais, très vite, la machine administrative, déjà sous-performante, révèle son incapacité à simplement gérer le quotidien et ne laisse apparaître aucune conscience de la raison d’être qui est la sienne. On imagine l’embarras de cette maire qui, fraîchement élue, se rend compte de l’impossibilité d’atteindre ses objectifs, d’être fidèle à son programme – sur lequel elle s’est fait élire – avant même d’avoir réellement commencé. Et malheureusement, cette situation n’a rien d’une exception.

On est donc face à une machine administrative qui ne marche pas et dans laquelle l’élu se retrouve face à sa propre impuissance. Une situation par ailleurs encore aggravée par l’absence d’alignement des collaborateurs sur la raison d’être de l’organisation, dans le cas de cette mairie, le service des citoyens. Et ce constat peut sans doute être étendu à d’autres environnements. Celui de l’hôpital en France où, par exemple, la mise en place de la facturation à l’activité en 2007 (T2A) est venue introduire une approche financière venant à rebours de la véritable raison d’être : la santé  des patients. Sans doute doit-on voir ici l’une des principales explications au malaise des professions médicales confrontées à une dissonance cognitive entre ce qu’elles perçoivent de leur mission et la réalité de ce qui leur est demandé. Alors qu’elles pensaient s’être mises au service du public, on leur demande de travailler à l’activité et de servir avant tout le profit.

Même chose du côté des grands laboratoires pharmaceutiques à propos desquels Paulo Amaro disait :  « Croire que l’industrie pharmaceutique lutte contre les maladies, c’est comme croire que les fabricants d’armes luttent pour la paix ». Des laboratoires privés qui en l’espèce ne travaillent pas pour la santé mais pour la vente de nouveaux médicaments et un profit qui implique des amendes intégrées d’emblée à son modèle économique.

Quid des citoyens ?

Dans une entreprise qui fonctionne avec un management constitutionnel, les collaborateurs ont non seulement des rôles et des missions, des autorités explicites qui y sont associées, mais en plus ils peuvent changer les choses à leur initiative. En traitant leurs tensions – dans leurs rôles – en réunion de gouvernance, ils peuvent changer les choses y compris jusqu’à modifier la façon dont les choses fonctionnent dans l’organisation, y compris l’organigramme. Dans cette entreprise, le collaborateur se trouve ainsi empuissancé, partie prenante d’une organisation capable de changer aussi vite que le changement. Ici, on change la nature et l’exercice du pouvoir. Bien sûr, rien de cela ne se fait en un claquement de doigt.

C’est tout un chemin pour émanciper les collaborateurs, les responsabiliser avec trois étapes majeures :

  1. Celle du pari de la confiance et un travail sur les croyances implicites limitantes.
  2. Celle de la structure et de la disruption du pouvoir.
  3. Celle de l’énergie de la responsabilité prise par chacun.

 

Pourtant, lorsque le collaborateur sort de l’entreprise et redevient simple citoyen, il n’a plus du tout les mêmes droits, si ce n’est celui d’élire, de désigner des élus. Dès lors, deux sentiments dominent chez le citoyen : la préoccupation et l’impuissance face à une démocratie – le gouvernement par le peuple littéralement – bien imparfaite, où le citoyen est trop souvent réduit au rang de spectateur.

En somme, difficile d’avancer et de progresser avec un système qui, finalement, infantilise les citoyens. Car on ne peut prétendre faire pour les gens, sans les gens. C’est d’ailleurs ce que met en lumière ce proverbe touareg : « Faire pour les gens sans les gens, c’est faire contre les gens. » Il convient donc de sortir de cette impasse, notamment en s’inspirant de ce qui se met en place dans toutes ces entreprises qui ont choisi un management constitutionnel.

Quelle différence entre une entreprise et une nation ?

La première différence tient d’abord à la prise en compte de la question de la raison d’être.

En l’état, quelle est la raison d’être de la France ou de telle ou telle collectivité territoriale qui en émane ? Pour une entreprise, c’est une réalité assez simple : il s’agit de son potentiel créateur de valeurs qu’elle est à même de manifester. Pour la France la question se pose au travers d’un prisme unique, celui des citoyens.

Pour aller plus loin, intéressons-nous à la constitution du 4 octobre 1958. Dès l’article 2, est exposé la devise de notre pays : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Le principe présenté est clair : le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. C’est la raison d’être de la France et de toutes les collectivités territoriales qui en découlent de façon fractale.

Mais alors comment faire pour appliquer réellement le principe même de la Constitution dans le fonctionnement du pays, au-delà du droit accordé à chaque citoyen de déposer son bulletin de vote dans une urne ? À ce stade, on est loin du peuple responsable et empuissancé.

La seule solution pour permettre au peuple d’incarner la raison d’être et de venir le positionner comme patron des élus, c’est la démocratie directe via un mécanisme appelé référendum d’initiative citoyenne (RIC) constituant, qui permet d’intégrer le peuple dans le mécanisme de modification de la Constitution, le droit des droits. Il ne s’agit bien sûr pas que tout le monde décide de tout, tout le temps. Il s’agit plutôt que le peuple décide des règles qui régissent sa représentation et puisse les changer le cas échéant. C’est le principe même d’un peuple souverain.

Quid des administrations publiques ?

Et de ce peuple souverain doit découler une administration publique régie par un management constitutionnel c’est-à-dire centrée sur la raison d’être : au service du peuple, des citoyens. Ici on mesure l’impact colossal que va avoir la clarification de la raison d’être avec la mise en place d’un management centré sur celle-ci.

Mais, pour avancer dans cette direction, il convient au préalable de mettre un terme à cette croyance limitante qui voudrait qu’on ne puisse faire confiance aux personnes, aux citoyens. Alors que tout démontre en entreprise que cela est possible, pourquoi cela ne le serait-il pas en dehors ?

Oui il est possible d’empuissancer les personnes au sein d’une nation comme cela a pu être fait dans les entreprises. Tous les outils existent et ne demandent qu’à être utilisés. Pour ce faire, il suffit de transformer les règles du jeu, le « droit des droits » qu’est la Constitution française pour y intégrer le peuple et en respecter l’esprit et la lettre : le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. En s’appuyant sur le référendum d’initiative citoyenne constituant mais aussi en transformant des services publics avec un management constitutionnel, c’est-à-dire en les centrant sur leur raison d’être, au service des citoyens.

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  • Bonne description des difficultés rencontrées par les YAKA. La vrai difficulté est d’avoir de bons opérationnels, malheureusement ceux-ci sont considérés comme des « techniciens », (estimés inaptes aux décisions) alors qu’ils connaissent souvent parfaitement les rouages et connaissent même les solutions. Le manque de compétences, de vision synthétique et d’objectifs clairement définis affaiblit les décideurs (parfois aveuglés par l’idéologie).

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