Fin du CAPES : on casse le thermomètre pour ne pas voir le vrai problème

Le souci du CAPES ? Il ne permet plus d’assurer correctement le recrutement des enseignants

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Fin du CAPES : on casse le thermomètre pour ne pas voir le vrai problème

Publié le 17 février 2022
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Quand un thermomètre persiste à ne pas indiquer la bonne température, le technocrate choisit de le casser.

Le souci du CAPES ? Il ne permet plus d’assurer correctement le recrutement des enseignants. Dans certaines disciplines (lettres, maths notamment), le niveau des candidats est de plus en plus faible. Le concours a donc été réformé, il est devenu de moins en moins exigeant sur la maîtrise des connaissances. Mais ça n’a pas suffi : les candidats sont toujours aussi désespérément mauvais.

Donc finalement, soit des candidats ayant obtenu des notes extrêmement basses au concours sont recrutés (ce qui la fiche mal puisque les résultats sont publics), soit les postes ne sont pas tous pourvus. Mais dans ce cas, comment faire pour pallier le manque d’enseignants ? Eh bien, ceux qui ont échoué au concours (donc des nuls) sont recrutés avec le statut précaire de contractuel payé au lance-pierres pour occuper les postes vacants.

 

Triple bénéfices :

  • recruter discrètement des enseignants totalement incompétents pour occuper le poste
  • réduire un peu la masse salariale
  • apparaitre réformateur en argumentant sur la maîtrise du nombre de fonctionnaires

 

Le recours aux contractuels est expérimenté depuis quelques années. Il s’agit vraisemblablement de généraliser la manipulation puisque c’est ce qui est annoncé : suppression du Capes ET fin de l’emploi à vie par le recours à des contractuels, ce qui a déjà aujourd’hui des conséquences désastreuses sur la qualité des enseignements et le niveau des élèves/lycéens. La généralisation d’une telle mesure ne fera donc qu’accentuer le naufrage de l’instruction en France.

Mais si les étudiants sont de plus en plus nuls, comment permettre leur accès à l’enseignement supérieur ? C’est là qu’intervient tout le génie du technocrate : en fusionnant l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur et la recherche, le recteur aura définitivement les mains libres pour gérer les flux d’étudiants comme il l’entend, y compris au sein de l’université ; les présidents d’université deviendront les valets des recteurs. Cette fusion permettra de parachever la destruction des filières sélectives.

Il y a peut-être de l’idéologie derrière tout ça. Je crois davantage à une dérive technocratique et bureaucratique.

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  • Pour les contractuels c’est tout à fait ça. Un libéral pourrait se dire: ouh intéressant, nous allons pouvoir embaucher au plus juste et choisir des profs d’élite. En réalité c’est plutôt un patron qui après un entretien d’embauche dit: bon vous êtes nul, incapable de faire le boulot, vous échouez à l’entretien. Mais comme il faut quelqu’un au moins pour chauffer le siège, je vous prends en CCD avec un salaire plus bas.

    • Il faut supprimer tous ces archaïsmes de la fonction publique comme les concours, le CAPES, l agrégation……. et laisser la main aux responsables d établissements pour recruter en pleine autonomie dans le cadre de leur budget. Toujours étonnant de voir de pseudo libéraux vouloir maintenir cette bureaucratie ????

      • Il faut supprimer la fonction publique…et laisser la main aux chefs d’établissements pour recruter, virer, fixer des objectifs, évaluer, augmenter le salaire, rendre compte aux parents du service qu’ils payent.
        Toujours étonnant de voir des pseudo libéraux vouloir maintenir l’éducation nationale ?

      • Le saviez-vous. Le chef d’établissement est souvent un ancien professeur. Beaucoup ne sont pas à leur place. Souvent ils se recyclent. Donc les laisser recruter c’est ni plus ni moins du copinage. Bienvenue dans la fonction publique 😉 regardez au gouvernement! Il faut savoir apprendre de nos erreurs.

  • Ce que veulent la plupart des parents, c’est uniquement qu’on garde leurs rejetons et qu’on leur délivre un bout de papier. Le CAPES est supprimé ? Le CAPES est une grosse part du problème pour qui se soucie du « niveau ». C’est une épreuve qui sert à sélectionner les candidats les plus aptes à se conformer aux doctrines et aux pratiques les plus délirantes.

    • Les réformes récentes (20 dernières années) vont toutes dans ce sens. Le concours accorde une part de moins en moins importante aux savoirs et de plus en plus à la communication. Ce problème n’est pas dû au concours, mais au pouvoir grandissant des INSPE sur les épreuves. L’agrégation reste pour l’instant relativement épargnée. Mais sachez par exemple que tous les profs (sauf ceux avec un doctorat qui sont tous en prépa) doivent avoir été positivement évalués par l’INSPE.

      • INSPE :
        « laïcité et valeurs de la République, gestes professionnels liés aux situations d’apprentissage, connaissances liées au parcours des élèves, appropriation des enjeux éducatifs transversaux et des grands sujets sociétaux, lutte contre toutes les discriminations, psychologie de l’enfant, droit de la fonction publique, école inclusive (adaptation scolaire et scolarisation des élèves en situation de handicap), sociologie des publics, gestion de la diversité, orientation, difficultés scolaires, décrochage, processus d’apprentissage, rapports aux savoirs, mémoire et apprentissage, styles cognitifs, intelligences multiples, posture d’enseignant et d’élève, communication professionnelle (voix, gestuelle, etc.), gestion des conflits et de la violence, lutte contre les stéréotypes femmes-hommes, mixité scolaire, éthique, posture professionnelle, travail coopératif, etc. »

        Mais ce qui me gêne le plus encore sur le site de l’INSPE, c’est que tout est écrit à la première personne du singulier. C’est sur, ce sont des pros de l’embrigadement pardon de la formation…

      • « ceux avec un doctorat qui sont tous en prépa » ? Pas tous, non …

    • @Cray « Ce que veulent la plupart des parents, c’est uniquement qu’on garde leurs rejetons etc » Ah bon c’est ce que vous vouliez vous ? A voir le succès des entreprises de cours privé je ne crois vraiment pas. Ce que veulent la plupart des parents c’est que leurs mômes apprennent quelque chose et que l’école ne soit pas la prise de tête et la maison de fous que c’est devenu.

      • Oui @Val, moi aussi, mais en pratique c’est différent.
        Comme vous le constatez aussi bien que moi, des tas de parents, des tas de profs,des tas de ministres de l’éducation nationale , des tas de syndicalistes, des tas de directions d’établissements , des tas d’éditeurs de manuels scolaires, des tas d’adultes s’en fichent royalement de ce qu’on apprend à la garderie de nos enfants. Si ils s’en souciaient, n’auraient-ils pas plus d’exigence ? Je sais bien que le socialisme déresponsabilise mais cela ne doit pas devenir une excuse lol.
        Ceux qui ne s’en fichent pas sortent leurs enfants de cet enfer quoiqu’il en coûte – ce n’est pas gratuit de payer deux fois et sans conséquences financières de s’arrêter de travailler pour faire l’école à la maison – du mieux qu’ils le peuvent, certains sont mêmes socialistes.
        Ne prenez pas votre cas et le mien pour une généralité 😉 Nous, nous soucions, c’est évident.

        • Et vous faites un mauvais procès à Cray qui ne dit pas qu’il est dans le cas de ceux qu’il dénonce. ( ça serait bizarre )

        • @Aero ma vision : une minorité profite éhontément de cette situation (vous en avez cité certains ) et la grosse majorité paye et trinque . Un gouvernement qui ferait son travail protégerait la majorité contre les cartels , mais comme notre république est l’alliée de ces cartels elle fait l’inverse .

  • impasse ..la compétence pour l’ed nat est suivre les directives pas enseigner bien.

  • Dans les faits, le CAPES est déjà un concours « zombie », plus vraiment utile car l’Éducation Nationale propose des postes de contractuels aux recalés, plus vraiment sélectif car le contenu disciplinaire est en grande partie remplacé par de la didactique.

    Néanmoins, cette réforme sera catastrophique car elle ne touche que les profs et ne remet pas en cause le monopôle de l’EN sur la formation des enseignants, leur recrutement et la fixation des salaires. Or, là est le problème : les cours dispensés par l’INSPE sont nuls, les contenus disciplinaires quasiment supprimés et leurs enseignants n’ont pas mis les pieds sur le terrain depuis des lustres. Il est donc peu étonnant de voir des gens qui obtiennent un master meef en ayant de grosses lacunes disciplinaires. De même, l’égalité des salaires entre les territoires et les disciplines n’est jamais remise en cause : un poste de prof de maths dans une campagne isolée, bien que difficile à pourvoir, sera rémunéré de la même façon qu’un poste de prof d’Arts Plastiques en ville.

  • Avec ou sans CAPES, les meilleurs élèves d’une classe d’âge ne se dirigent plus depuis fort longtemps vers l’enseignement. La question du gouvernement, de tous les gouvernements c’est comment mettre quelqu’un au moindre coût devant les élèves. La qualité de la formation universitaire et pédagogique est complètement secondaire. L’autre idée géniale est de laisser aux chefs d’établissement le soin de recruter les enseignants. Je ne vois pas sur quels critères un ex CPE va recruter un prof de maths ou d’allemand. En Allemagne d’ailleurs où les chefs d’établissement sont élus par le personnel, les professeurs sont choisis par les équipes disciplinaires sous proposition du ministère du Land. Là au moins, on n’a quelque chose de solide, même si des abus comme le copinage peuvent avoir lieu. De toute façon les contrats sont d’abord à durée limitée et une titularisation comme fonctionnaire ne peut avoir lieu qu’au boit de 5ans. Malgré les salaires beaucoup plus élevés, il y a également un problème de recrutement pour les mêmes disciplines qu’en France et après surtout au primaire. L’argent est une chose, supporter des élèves et des parents de plus en plus détraqués en est une autre.

  • Allez passez le capes, avant d’affirmer que les étudiants qui ont échoué au capes sont « des nuls ». Beaucoup de facteurs peuvent influencer un échec à un examen.. c’est malheureux d’avoir une telle fermeture d’esprit!

    • Bonjour,
      Raté un examen fait de celui qui le rate un raté. Il peut néanmoins se représenter au concours suivant et même le tenter dans plusieurs académies.
      Reussir le CAPES était la condition pour enseigner.
      Il y a un peu plus de 12 ans, il était.ouvert au Bac+3. Depuis, il faut Bac+5 et le niveau des nouveaux profs est moyen. Donc ceux qui échouent au CAPES ont bac+5. Que le concours soit difficile est normal, la sélection des meilleurs aussi, et cela est précisément ce que l’EdNat déteste.
      Nous sommes sous un régime socialo-communiste, celui qui crée la penurie et qui pense pouvoir la gérer (et non pas y mettre fin).

  • Je travaille pour l »Ednat depuis presque 10 ans. Je ne suis pas enseignant ni administratif. J’ai entendu des collègues professeurs titulaires dire quelque chose que je n’aurais pas cru entendre un jour : s’ils devaient entrer dans la vie active de nos jours, ils n’enseigneraient pas.
    Il y a 25 ans, l’EdNat faisait déjà appel aux étudiants en 3ème année de Licence pour des remplacements plus ou moins longue durée. Avant, je ne sais pas.
    Les remplaçants non titulaires, corvéables, peuvent etre appelés à 8h du matin pour commencer à… 8h du matin à 40km de chez eux le même jour. L’EdNat montre que l’Etat est le pire employeur.

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