Start-ups, innovations et mépris étatique : la crypto à la française

Encore une fois la France est un vivier de talents, d’entrepreneurs et de chercheurs pour les crypto. Encore une fois, le gouvernement les soutient comme la corde soutient le pendu.

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Set of cryptocurrencies on dollar bills by Marco Verch (CC BY 2.0)

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Start-ups, innovations et mépris étatique : la crypto à la française

Publié le 8 janvier 2022
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L’article est disponible en podcast ici.

Après avoir fait le tour d’horizon du cloud français, place à la cryptosphère française !

Les acteurs français

La France à très vite été un haut lieu de la crypto, aussi bien pour ses innovations, ses entreprises ou sa recherche.

On peut commencer par la licorne française de la crypto : Ledger. Créée en 2014, l’entreprise commercialise des porte-monnaies électroniques pour cryptomonnaie. Ses produits sont réputés pour leur sécurité et sont rapidement devenus leader du secteur.

Autre proposition de stockage de cryptomonnaie innovante, l’entreprise Uniris a développé une technologie permettant de transformer votre empreinte digitale comme moyen d’identification décentralisée et porte-monnaie pour vos cryptomonnaies. Sa technologie sera essayée lors des JO de Paris afin de sécuriser l’accès aux espaces privés.

La France a aussi hébergé le premier lieu physique dédié à Bitcoin. La Maison du Bitcoin fut ouverte de 2014 à 2019 rue du Caire à Paris. N’importe qui pouvait y entrer librement pour se renseigner sur le bitcoin et en acheter. L’espace est maintenant en ligne avec la plateforme d’échange CoinHouse.

En termes de plateforme, on peut citer Paymium, créée en 2011, soit seulement deux ans après la première transaction bitcoin. Ce qui en fait une des plus anciennes encore en activité.

La France s’illustre aussi par ses recherches académiques. On peut citer le projet Blockchain Advanced Research & Technology (BART) qui fédère quatre centres de recherches : INRIA, l’IRT SystemX, Télécom ParisTech et Télécom SudParis, autour de la blockchain.

À mi-chemin entre la recherche académique et l’industrie, nous retrouvons la blockchain Tezos, qui propose une technologie de blockchain reposant sur le Proof of Stack (PoS), ainsi que sur l’utilisation de la programmation formelle, domaine de pointe de la recherche française. Sa sûreté a notamment été sélectionnée par des banques comme Société Générale ou la Arab Bank Switzerland pour lancer des projets pilotes.

Crypto : l’État français toujours fidèle à lui-même

Comme un air de déjà vu avec le cloud, l’État français méprise son écosystème.

D’abord en dénigrant les cryptomonnaies telle Christine Lagarde en septembre 2021 qui déclare :

Les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies. Point final.

Alors même que le bitcoin est utilisé comme monnaie au Salvador. Ou encore Bruno Le Maire ministre de l’Économie qui ne manque jamais une occasion de relier bitcoin au financement du terrorisme comme en décembre 2020 :

Ces demandes ont bien été entendues et ont donné lieu aux magnifiques Presatataires Sur Actifs Numériques (PSAN). Depuis décembre 2020, n’importe quelle entreprise qui gère des actifs numériques doit, avant de faire le premier euro de chiffre d’affaires, s’armer d’un département juridique complet pour devenir PSAN.

On arrive parfois à des situations kafkaïennes comme avec les NFT. Le simple fait d’en créer et d’en vendre peut être considéré comme gestionnaire d’actif numérique et donc vous obliger à être PSAN. De toute manière la France interdit la vente de bien immatériel, ce qui a le mérite de clore le débat.

Ainsi la maison d’enchère Auguttes n’a pas vendu le NFT du premier SMS de l’histoire. Non, elle a vendu un cadre avec à l’intérieur le contenu du NFT, ce dernier étant un cadeau attaché à la vente du cadre.

Les particuliers détenteurs de cryptomonnaies en ont aussi pour leur argent.

Le fisc français oblige les contribuables à déclarer toutes leurs cryptomonnaies… en oubliant un peu vite que le bitcoin a justement été conçu pour éviter Big Brother.

Question fiscalité, le détenteur doit payer la flat tax à 30 % sur les plus-values, y compris si l’on ne revend pas !

Ainsi, après avoir acheté un bitcoin à 1000 euros, celui-ci monte à 10 000 euros, vous décidez d’acheter une moto. Hé bien il faudra remplir un CERFA au fisc pour lui donner les 3000 euros de la plus-value latente présente dans l’achat de votre moto.

On peut corser l’exercice et se demander quelle est la fiscalité d’une revente d’un NFT : celle des cryptoactifs ou celle des œuvres d’art ?

Cette réglementation floue et sévère où on peut vite tomber dans l’illégalité refroidit les banques françaises déjà peu attirées par l’innovation. La plateforme Paymium a dû se résigner à prendre une banque allemande devant les déboires avec les banques françaises, pareil pour CoinHouse. Récemment c’est Bitcoin Avenue, qui malgré l’obtention du PSAN a été éjectée du jour au lendemain par sa banque (celle d’un monde qui bouge).

Encore une fois le particulier n’est pas épargné, puisque certaines banques rejettent tout virement vers les plateformes d’échanges y compris celles agréées PSAN.

Comme avec le cloud, les restrictions ne freinent que nos jeunes pousses, les géants étrangers y trouvent un pré carré. Le géant asiatique Binance a été reçu en personne par le secrétaire du numérique Cédric O à Bercy en novembre dernier. L’entreprise qui possède 70 % de parts de marché veut faire de la France son siège régional, voire mondial.

Encore une fois la France est un vivier de talents, d’entrepreneurs et de chercheurs. Encore une fois, le gouvernement les soutient comme la corde soutient le pendu. Il crée une réglementation et une fiscalité étouffantes, tout en aidant la concurrence étrangère à entrer sur le marché domestique.

 

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